FAQAnar:H.1.9 - L’organisation implique-t-elle la fin de la liberté ?

From Anarchopedia
Jump to: navigation, search
FAQ anarchiste
Anarchy-symbol.svg
« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
H - Pourquoi les anarchistes s'opposent au socialisme d'État ?

Introduction
H.1 - Les anarchistes se sont-ils toujours opposés au socialisme d'État ?



H.2 - Quelles parts de l'anarchisme les marxistes représentent sous un mauvais jour ?



H.3 - Quels sontles mythes du socialisme d'État ?



H.4 - Engels refuta-t'il l'anarchisme dans son essai De l'Autorité ?



H.5 - Qu'est-ce que l'avant-gardisme et pourquoi les anarchistes le rejettent-ils ?



Sommaire complet et détaillé


Catégorie:Pourquoi les anarchistes s'opposent au socialisme d'État ? L’argument d’Engels dans son ouvrage "On Authority" (Sur l’Autorité) peut se résumer à cela : Toute forme d’activité collective signifie la coopération avec d’autres et ceci implique que certains se soumettre à d’autres, ou au moins au groupe. En tant que telle, l’autorité ne peut pas être supprimée, car l’organisation signifie que la « volonté d’un individu devra toujours se soumettre, ce qui signifie que les problèmes seront réglées de façon autoritaire ». [Op. Cit., p. 731]

En tant que tel, l’argument d’Engels est trop puissant. Comme chaque forme d’activité commune comporte l’accord et la « subordination », alors la vie elle-même est « autoritaire ». La seule personne libre, selon la logique d’Engels, serait l’hermite. Comme George Barrett le disait :

« Pour donner à la vie tout son sens, nous devons coopérer, et pour coopérer nous devons passer des accords avec nos camarades. Mais supposer que de tels accords signifient une limitation de la liberté est sûrement une absurdité ; au contraire, ils sont l’exercice même de notre liberté. »

« Si nous inventions un dogme selon lequel faire des accords est dommageable pour la liberté, alors immédiatement la liberté devient tyrannique, parce que elle empêche des hommes [ et des femmes ] de prendre les plaisirs quoitidiens les plus ordinaires. Par exemple, je ne puis pas faire une promenade avec mon ami parce que c’est contre le principe de la liberté que de devoir accepter d’être à un certain endroit à un certain moment pour le rencontrer. Je ne puis pas étendre mon pouvoir au-delà de ma propre personne, parce que faire ainsi implique de coopérer avec quelqu’un d’autre, et la coopération implique un accord, et c’est contre la liberté. On voit immédiatement que cet argument est absurde. Je ne limite pas ma liberté, mais l’exerce simplement, quand je suis d’accord avec mon ami pour faire une promenade. »

« Si, d’autre part, je décide du haut de ma connaissance supérieure qu’il est bon que mon ami fasse de l’exercice, et donc que j’essaye de le contraindre à faire une promenade, je commence à limiter sa liberté. C’est la différence entre l’accord libre et le gouvernement. » [Objections to Anarchism]

Ainsi, si nous prenions l’argument d’Engels sérieusement, alors nous devrions conclure que la vie rend la liberté impossible ! Après tout, en faisant n’importe quelle activité commune vous vous « subordonnez » vous-même à d’autres et, ironiquement, exercer votre liberté en prenant des décisions et en s’associant à d’autres deviendrait un déni de la liberté. Il est clairement que l’argument d’Engels oublie quelque chose !

Peut-être ce paradoxe peut-il être expliqué une fois que nous comprenons qu’Engels emploie une vue précisément libérale de la liberté — c.-à-d. absence de contraintes. Les anarchistes rejettent cette définition. Nous voyons la liberté en tant qu’holistique — absence de contraintes et liberté de faire. Cela signifie que la liberté est maintenue par le genre de rapports que nous formons avec les autres, et non par l’isolement. La liberté est niée quand nous formons des rapports hiérarchiques avec d’autres, pas nécessairement quand nous nous associons à d’autres. Combiner avec d’autres individus est une expression de la liberté individuelle, et pas le contraire ! Nous nous rendons compte que la liberté soit impossible à l’extérieur des associations. Dans une association, l’« autonomie » absolue ne peut pas exister, mais un tel concept d’« autonomie » limiterait la liberté à un tel degré qu’elle serait ainsi en situation de s’auto-détruire au point de ridiculiser le concept de l’autonomie et aucune personne raisonnable ne la chercherait.

Clairement, la « critique » d’Engels cache plus qu’elle n’explique. Oui, la coopération et la coercition toutes les deux font partie des rapports entre les personnes travaillant conjointement ensemble, mais elles ne sont pas équivalentes. Tandis que Bakunin identifiait cette différence fondamentale et essayait, peut-être incomplètement, de les différencier (en réfutant « le principe de l’autorité ») et de baser sa politique sur la différence, Engels obscurcit les différences et assombrit une eau claire en confondant les deux concepts, radicalement différents, dans le mot « autorité ».

N’importe quelle organisation ou groupe est basée sur la coopération et la coordination (le principe de l’« autorité » d’Engels). Comment cette coopération est réalisée dépend du type de l’organisation en question et cela, à son tour, dépend des relations sociales internes à cette organisation. Ce sont ces rapports sociaux qui déterminent si une organisation est autoritaire ou libertaire, et non la nécessité universelle de faire et accepter des accords. Engels confond simplement obéissance et accord, coercition avec coopération, organisation avec l’autorité, réalité objective avec despotisme.

En tant que tel, plutôt que de voir l’organisation en tant que limitrice de liberté, les anarchistes prétendent que c’est le genre d’association que nous faisons qui est important. Nous pouvons former des rapports avec d’autres qui sont basés sur l’égalité, pas sur la subordination. Comme exemple, nous nous verrons les différences entre le mariage et l’amour libre (voir la prochaine section). Une fois qu’on l’identifie que des décisions peuvent être prises sur la base des accords entre personnes égales, l’essai d’Engels peut être vu pour ce qu’est il est — une diatribe gratuite, imprécise, et gravement entachée de nullité.