FAQAnar:I.4.1 - Quel est l'intérêt d'une activité économique en anarchie ?
Catégorie:À quoi une société anarchiste ressemblerait-elle ?
L'essentiel de l'activité économique dans une société anarchiste est de veiller à ce que nous produisions ce que nous désirons consommer et que notre consommation soit sous notre propre contrôle et non l'inverse. Le deuxième point peut paraître étrange, comment la consommation peut nous contrôler - puisque nous consommons ce que nous voulons et personne ne nous oblige à le faire ! Il peut être étonnant que l'idée que nous ne consommions que ce que nous voulons n'est pas tout à fait vrai dans le cadre d'une économie capitaliste. Le capitalisme, pour survivre, doit se développer, doit créer de plus en plus de profits. Cela conduit à des effets secondaires irrationnels, par exemple, l'industrie de la publicité. S'il va sans dire que les producteurs ont besoin de laisser les consommateurs savoir ce qui est disponible pour la consommation, le capitalisme assure la publicité qui va au-delà de cela en créant des besoins qui n'existaient pas.
Par conséquent, l'interêt d'une activité économique dans une société anarchiste est de produire tant qu'il y a de besoins et non pas, comme sous le capitalisme, pour organiser la production pour des raisons de production. La production, pour utiliser les mots de Kropotkine, est de devenir "le simple serviteur de la consommation, elle doit être elle-même moulé sur les désirs du consommateur, et pas les lui [ou elle] dicter"[1]. Cependant, alors que l'objectif fondamental de l'activité économique dans une société anarchiste est, bien entendu, de produire des richesses - c'est-à -dire de satisfaire les besoins individuels - sans enrichir les capitalistes ou d'autres parasites dans le processus de production, il est bien plus que cela. Oui, une société anarchiste aura pour but de créer la société dans laquelle tout le monde aura un niveau de vie convenable pour une vie pleinement humaine. Oui, il visera à éliminer la pauvreté, l'inégalité, les jalousies et les déchets et la misère sociale, mais il vise beaucoup plus que cela. Il vise à créer des individus libres qui expriment leur individualité avec et sans « travail ». Après tout, quelle est la chose la plus importante qui sort d'un lieu de travail ? Les Pro-capitalistes peuvent dire "les bénéfices", d'autres les commodités ou les biens. En fait, la chose la plus importante qui sort d'un lieu de travail est le travailleur. ce qui leur arrive dans le lieu de travail aura un impact sur tous les aspects de leur vie et ne peut donc pas être ignorée.
Par conséquent, pour les anarchistes, "la réélle richesse consiste dans les choses de l'utilité et de beauté, dans des choses qui aident à créer de solides et beaux corps et aux alentours inspirant de vivre dedans... Le but [de l'anarchisme] est l'expression la plus libre possible de tous les pouvoirs latents de l'individu... [Et ce] n'est possible que dans un état de société où l'homme [et la femme] est libre de choisir le mode de travail, les conditions de travail, Et la liberté du travail. Celui qui veut faire un tableau, la construction d'une maison, ou le labour du sol est ce que la peinture est à l'artiste et la découverte au scientifique - le résultat de l'inspiration, du désir intense, et un vif intérêt au travail comme une force créatrice"[2].
Pour évaluer «l'efficacité» au-dessus de toute chose, comme le capitalisme prétend qu'il fait (en fait, ça valorise les profits au-dessus de toute chose et ça entrave le dévelopement à l'instar du contrôle des travailleurs qui augmentent l'efficacité, mais endommage le pouvoir et les bénéfices), c'est nier notre propre humanité et individualité. Sans une reconnaissance pour la grâce et la beauté, il n'y a pas de plaisir à créer des choses et aucun plaisir à les faire. Nos vies sont faites pour s'épanouir plutôt que de s'enrichir par le "progrès". Comment une personne peut-elle être fiere dans son travail lorsque les compétences et l'attention sont considérés comme un luxe (si non nuisibles à «l'efficacité» et, sous le capitalisme, les bénéfices et le pouvoir du capitaliste et du gestionnaire) ? Nous ne sommes pas des machines. Nous avons besoin d'un travail épanouissant[3] et l'anarchiste le reconnaît et le prend en compte dans sa vision d'une société libre.
Cela signifie que, dans une société anarchiste, l'activité économique est le processus par lequel nous produisons ce qui est à la fois utile et beau de la manière que permet l'individu. Comme Oscar Wilde l'a dit, les individus produisent ce qui est beau. Cette production sera fondée sur l'"étude des besoins de l'humanité, et les moyens de les satisfaire avec le moins possible de perte de l'énergie humaine"[4]. Cela signifie que les idées économiques anarchistes sont les mêmes que ce que l'économie politique devrait être, pas ce qu'elle est actuellement, à savoir la "base essentielle de toute économie Politique, l'étude des conditions les plus favorables pour que la société donne la plus grande quantité de produits utiles avec le moins de gaspillage d'énergie humaine" (et, nous devons ajouter aujourd'hui, le moins de perturbation de la nature)[5].
Les anarchistes accusent le capitalisme de gaspiller l'énergie humaine et le temps en raison de son caractère irrationnel et de son fonctionnement, de l'énergie qui pourrait être consacré à la création de ce qui est beau (à la fois en termes d'individualité et de produit du travail). Sous le capitalisme nous sommes "à vivre pour travailler, alors que nous pouvons travailler pour vivre"[6][7].
En outre, nous devons souligner que l'objectif de l'activité économique dans une société anarchiste n'est pas de créer une égalité des résultats - c'est-à -dire que tout le monde obtenant exactement les mêmes produits. Comme nous l'avons signalé dans la section A.2.5, une telle "vision" de "l'égalité" attribué aux socialistes par des pro-capitalistes indique plus la pauvreté d'imagination et d'éthique des critiques du socialisme qu'à un véritable compte sur des idées socialistes. Les anarchistes, comme les autres socialistes, soutiennent l'égalité afin de maximiser la liberté, y compris la liberté de choisir entre des options pour satisfaire les besoins.
Traiter les gens équitablement, d'égal à égal, signifie respecter leurs désirs et leurs intérêts, reconnaître leur droit à l'égale liberté. Mettre les gens à consommer pareil que tout le monde ne respecte pas l'égalité pour tous à développer leur capacité comme bon leur semble. Ainsi, ça signifie l'égalité des opportunités pour satisfaire les désirs et les intérêts, et non l'imposition d'un minimum (ou maximum) abstrait sur des individus uniques. Traiter des individus uniques avec égalité signifie reconnaître l'unicité, et non pas la nier.
Ainsi, l'objectif réel de l'activité économique en anarchie est d'assurer "que chaque être humain puisse avoir les moyens matériels et moraux de développer son humanité"[8]. Et vous ne pouvez pas développer votre humanité si vous ne pouvez pas vous exprimer librement. Inutile de dire, que traiter les gens unique en son genre sur "un pied d'égalité" (c'est-à -dire à l'identique) est tout simplement mal. Vous ne pouvez pas, par exemple, avoir une femme de 70 ans, faisant le même travail afin de recevoir le même revenu tel qu'un homme de 20 ans. Non, les anarchistes ne souscrivent pas à cette "égalité", qui est un produit de l'"éthique des mathématiques" du capitalisme et non des idées anarchistes. Un tel système est étranger à une société libre. L'égalité des anarchistes est un désir d'égalité sociale, basé sur le contrôle sur les décisions qui vous concernent. L'objectif de l'activité économique anarchiste est, donc, de fournir les produits nécessaires pour "l'égale liberté pour tous, une égalité de conditions tel que ça permette à chacun de faire comme ils l'entendent"[9]. Ainsi les anarchistes ne "demandent pas la naturelle, mais l'égalité sociale des individus comme la condition pour la justice et les fondements de la morale"[10].
Sous le capitalisme, au lieu que l'homme contrôle la production, c'est la production qui les contrôle. Les anarchistes veulent changer cette situation et désirent créer un réseau économique qui permettra la maximisation du temps libre d'un individu afin de leur permettre d'exprimer et de développer leur individualité (ou de "créer ce qui est beau"). Ainsi, au lieu de prévoir juste pour produire parce que l'économie s'effondrerait si nous ne le faisions pas, les anarchistes veulent faire en sorte que nous produisons ce qui est utile d'une manière qui libère l'individu et les habilite à tous les aspects de leur vie. Ils partagent ce désir avec (certains) des libéraux classique et sont totalement d'accord avec la déclaration de Humbolt que "la fin de l'homme... Est le plus élevé et le plus harmonieux développement de ses pouvoirs pour un tout cohérent et remplit"[11].
Cette volonté signifie que les anarchistes rejettent la définition capitaliste de «l'efficacité». Les anarchistes sont d'accord avec Albert et Hahnel quand ils font valoir que "puisque les gens sont des agents conscients dont les caractéristiques et les préférences se développent au fil du temps, pour acceder à l'efficacité à long terme, nous devons accéder à l'impact des institutions économiques sur la population en matière de développement"[12]. Le capitalisme, comme nous l'avons expliqué précédemment, est très inefficace à cet égard en raison des effets de la hiérarchie, ce résultant de la marginalisation et la mise en impuissance de la majorité de la société. Comme Albert et Hahnel passent à noter que l'"auto-gestion, la solidarité et la variété sont tous des critères d'évaluation légitimes des institutions économiques... Demander si certaines institutions aident les gens à atteindre l'auto-gestion, la variété et la solidarité est raisonnable"[13].
En d'autres termes, les anarchistes pensent que toute l'activité économique dans une société libre est de faire des choses utiles de telle sorte que ça donne le faisant autant de plaisir que possible. Le point de cette activité consiste à exprimer la personnalité de ceux qui le font, et pour cela ils doivent contrôler le processus de travail lui-même. Seul l'auto-gestion peut devenir un moyen d'autonomiser l'individu et le développement de ses pouvoirs.
En un mot, pour utiliser l'expression de William Morris, un travail utile remplacera le labeur inutile dans une société anarchiste.
Notes et réferences[edit]
- ↑ Act For Yourselves, p. 57
- ↑ Emma Goldman, Red Emma Speaks, p. 53 and p. 54
- ↑ Ndt : craftspersonship
- ↑ Pierre Kropotkine, La Conquête du pain, p. 175
- ↑ Op. Cit., P. 144
- ↑ Ndt : traduction à vérifier : "toiling to live, that we may live to toil."
- ↑ William Morris, Useful Work Versus Useless Toil, p. 37
- ↑ Michel Bakounine, la philosophie politique de Bakounine, p. 295
- ↑ Errico Malatesta, vie et idées, p. 49
- ↑ Bakounine, op. Cit., P. 249
- ↑ cité par J.S. Mill dans liberté et autres essais, p. 64
- ↑ The Political Economy of Participatory Economics, p. 9
- ↑ Ibid.
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