Difference between revisions of "Émile Armand"

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Pour Armand, cette révolte ne doit toutefois pas être violente et collective. Elle doit consister en un refus d'obéir, en un rejet des lois qui limitent la liberté de l'individu. En ce sens, Armand n'hésite pas à appuyer les anarchistes [[Illégalisme|illégalistes]] pratiquant des méthodes d'insoumission active comme la [[reprise individuelle]], même s'il ne préconise pas personnellement ce type d'action. Se définissant plutôt comme «alégaliste», il estime que le refus passif d'obéir est plus compatible avec l'intérêt de l'individu.  
 
Pour Armand, cette révolte ne doit toutefois pas être violente et collective. Elle doit consister en un refus d'obéir, en un rejet des lois qui limitent la liberté de l'individu. En ce sens, Armand n'hésite pas à appuyer les anarchistes [[Illégalisme|illégalistes]] pratiquant des méthodes d'insoumission active comme la [[reprise individuelle]], même s'il ne préconise pas personnellement ce type d'action. Se définissant plutôt comme «alégaliste», il estime que le refus passif d'obéir est plus compatible avec l'intérêt de l'individu.  
  
Pour Armand, la société n'est que « le produit d'additions individuelles Â». Ainsi, l'individu ne doit «jamais ''obligatoirement'' et ''à son insu'' se trouver dépossédé et sacrifié au profit de l'ensemble social ». L'individu vit isolé, en marge, et s'associe à l'occasion quand le besoin se fait sentir, mais toujours volontairement. Ceci explique le vif intérêt qu'Armand porte, un temps du moins, aux [[milieux libres]] qui devainet permettre l'association dégagée de toute contrainte.
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Pour Armand, la société n'est que « le produit d'additions individuelles Â». Ainsi, l'individu ne doit «jamais ''obligatoirement'' et ''à son insu'' se trouver dépossédé et sacrifié au profit de l'ensemble social ». L'individu vit isolé, en marge, et s'associe à l'occasion quand le besoin se fait sentir, mais toujours volontairement. Ceci explique le vif intérêt qu'Armand porte, un temps du moins, aux [[milieux libres]] qui devaient permettre l'association dégagée de toute contrainte.
  
 
Une grande partie de l'oeuvre d'Armand est consacrée à l'amour libre. Le concept de camaraderie amoureuse est d'ailleurs une de ses principales contributions à la pensée anarchiste.
 
Une grande partie de l'oeuvre d'Armand est consacrée à l'amour libre. Le concept de camaraderie amoureuse est d'ailleurs une de ses principales contributions à la pensée anarchiste.

Revision as of 22:13, 29 April 2006

File:armand emile-01.gif Ernest Lucien Juin, dit Émile Armand, anarchiste individualiste né à Paris le 26 mars 1872 et mort à Rouen le 19 février 1962.

Biographie

Fils d'ancien communard, le petit Ernest Juin ne fréquente pas l'école et c'est dans la bibliothèque paternelle qu'il fait son instruction. Suite à la lecture de l'Ancien testament, il est secoué vers l'âge de seize ans par une crise mystique qui le tourne vers la religion. Il fréquente les réunions de l'Armée du Salut, qu'il joint officiellement en décembre 1889.

Vers 1895-1896, Armand découvre l'anarchisme à travers la revue Les Temps nouveaux de Jean Grave. Il est alors déchiré entre les principes salutistes et les idées libertaires qui le séduisent et qu'il commence graduellement à adopter. Vers la fin de 1897, il écrit sous les pseudonymes de Junius et de Franck des articles dans Le Libertaire de Sébastien Faure.

Suite à son départ de l'Armée du Salut en 1897, Armand collabore à divers journaux anarchistes et pacifistes comme La Misère, L'Universel et le Cri de révolte. En 1901, il fonde avec Marie Kugel, qui sera sa compagne jusqu'à sa mort en 1906, le journal L'Ère nouvelle, « tribune libre du prolétariat rédigée par les disciples du Christ ». Le journal se propose initialement de répandre « l'Évangile intégral : spirituel, moral et social » mais se radicalise graduellement en abandonnant la référence chrétienne. Ainsi, dès 1903, L'Ere nouvelle porte en sous-titre : « Revue d'émancipation intégrale et de communisme pratique ». La revue évolue ensuite du communisme libertaire à l'individualisme anarchiste jusqu'à sa fermeture en 1911. File:armand emile-02.jpg À partir de 1902, Armand participe aux Causeries populaires animées par Libertad. Après la mort de Marie Kugel, Armand se marie le 4 avril 1911 avec une institutrice, Denise Rougeault, qui le soutient financièrement et lui permet de se consacrer entièrement à l'action anarchiste. Armand gravitera un moment autour du journal "L'Anarchie", fondé par Libertad, qu'il éditera plus tard d'avril à septembre 1912. Armand fonde successivement plusieurs journaux où il expose ses théories individualistes et pacifistes : Hors du troupeau (1911), Les Réfractaires (1912), L'En dehors (dont il reprend la publication en 1922) et L'Unique (1945). Il collabore également à l'Encyclopédie Anarchiste de Sébastien Faure.

L'activité anarchiste, pacifiste et antimilitariste d'Armand lui vaut d'être condamné et emprisonné à de multiples reprises. Arrêté le 6 août 1907, il est condamné le 9 mai 1908 à cinq ans de prison pour complicité d'émission de fausse monnaie. Arrêté le 6 octobre 1917, il est condamné le 5 janvier 1918 à cinq autres années de prison pour complicité de désertion (il est libéré en avril 1922). Arrêté une troisième fois le 27 janvier 1940, il est condmané pour appel à l'insoumission le 16 avril suivant et est interné dans divers camps jusqu'en septembre 1941.

L'action militante d'Armand s'oriente également vers les «milieux libres» (les colonies anarchistes) où il prône l'amour libre, la camaraderie amoureuse, le naturisme et le refus généralisé des contraintes. Armand se définit par l'épitaphe qu'il se composa : « Il vécut, il se donna, il mourut inassouvi ».

Pensée

L'individualisme anarchiste d'Armand puise à des sources très diverses. Dans ses nombreuses publications, il fait régulièrement référence à l'égoïsme stirnérien de John Henry Mackay, à l'individualisme aristocratique de Friedrich Nietzsche ainsi qu'à l'individualisme libéral de Herbert Spencer.

Le modèle de l'individu fort et libre tel que proposé par Armand est le marginal, l'en dehors. Il évoque à plusieurs reprises le personnage du vagabond qui a choisi son état, qui vit à l'écart du troupeau, et en fait une sorte de modèle mythique. Le marginal d'Armand est un révolté, en rupture avec la société et ses lois. Armand fut lui-même un endehors, même en milieu anarchiste, et se prononça régulièrement contre toute unification du mouvement (comme, par exemple, la synthèse de Voline et Faure) qui selon lui « exhale un relent chrétien ».

Pour Armand, cette révolte ne doit toutefois pas être violente et collective. Elle doit consister en un refus d'obéir, en un rejet des lois qui limitent la liberté de l'individu. En ce sens, Armand n'hésite pas à appuyer les anarchistes illégalistes pratiquant des méthodes d'insoumission active comme la reprise individuelle, même s'il ne préconise pas personnellement ce type d'action. Se définissant plutôt comme «alégaliste», il estime que le refus passif d'obéir est plus compatible avec l'intérêt de l'individu.

Pour Armand, la société n'est que « le produit d'additions individuelles Â». Ainsi, l'individu ne doit «jamais obligatoirement et à son insu se trouver dépossédé et sacrifié au profit de l'ensemble social ». L'individu vit isolé, en marge, et s'associe à l'occasion quand le besoin se fait sentir, mais toujours volontairement. Ceci explique le vif intérêt qu'Armand porte, un temps du moins, aux milieux libres qui devaient permettre l'association dégagée de toute contrainte.

Une grande partie de l'oeuvre d'Armand est consacrée à l'amour libre. Le concept de camaraderie amoureuse est d'ailleurs une de ses principales contributions à la pensée anarchiste.

Citations

« Ce qui importe, c'est de défendre l'individu contre "l'Homme", l'indécrottable suiveur, l'incurable superficiel, l'éternel grégaire. » (L'Unique, no 34, novembre 1948))

«Chaque homme ou femme disposant de sa vie sexuelle, et ce sans restrictions ni réserves, il ne peut y exister théoriquement de jalousie. Pratiquement, cependant, l'absence de jalousie ne se réalise qu'à condition que l'atmosphère éthique qui baigne ce milieu soit révolutionnaire, quant à la conception de la liberté de l'amour.» (La révolution sexuelle et la camaraderie amoureuse, 1934)

« La camaraderie qui n'inclut pas les manifestations amoureuses est une camaraderie tronquée. L'hospitalité d'où est absente le sexualisme est mutilée. » (Lettre à A. Colomer, 1925)

Oeuvres

  • L’idéal libertaire et sa réalisation. (1904)
  • De la liberté sexuelle (1907)
  • Mon athéisme (1908)
  • Qu’est-ce qu’un anarchiste ?(1908)
  • Le Malthusianisme, le néo-malthusianisme et le point de vue individualiste (1910)
  • La Procréation volontaire au point de vue individualiste (1910)
  • Est-ce cela que vous appelez « vivre ? » (1910)
  • Les Ouvriers, les syndicats et les anarchistes (1910)
  • Mon point de vue de « l’anarchisme individualiste » (1911)
  • La Vie comme expérience (1916)
  • Les besoins factices, les stimulants et les individualistes (1917)
  • Le plus grand danger de l’après-guerre (1917)
  • Lettre ouverte aux travailleurs des champs (1919)
  • L’illégalisme anarchiste. Le mécanisme judiciaire et le point de vue individualiste. (1923)
  • L’illégaliste anarchiste est-il notre camarade ? (1923)
  • L’Initiation individualiste anarchiste (1923)
  • Entretien sur la liberté de l’amour (1924)
  • L’ABC de « nos » revendications individualistes anarchistes (1924)
  • Liberté sexuelle (1925)
  • Amour libre et liberté sexuelle (1925)
  • La révolution sexuelle et la camaraderie amoureuse (1934)

Bibliographie

Michel Tarou, E. Armand, un individualiste anarchiste vu à travers l'une de ses œuvres, L'En-dehors, Maîtrise sous la direction de J. Droz, J.Maitron, Univ. Paris 1, 1971. 91 p.

Liens externes

Armand, Émile Armand, Émile