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'''August Vincent Theodore Spies''' (Friedewalde (Hesse-Cassel)) [[10 décembre]] [[1855]] - Chicago, [[11 novembre]] [[1887]]) fut un activiste [[anarchiste]] américain et fut pendu suite à l'attentat à la bombe contre la police à  [[Haymarket Square]].  
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'''August Vincent Theodore Spies''' (Friedewalde (Hesse-Cassel)) [[10 décembre]] [[1855]] - Chicago, [[11 novembre]] [[1887]]) est un activiste [[anarchiste]] américain qui fut pendu suite à l'attentat à la bombe contre la police à  [[Haymarket Square]].  
  
Son père était employé forestier à Kurbesse. Élevé par les maîtres de la maison, il fut envoyé plus tard à Kassel où il entra à Polytechnique afin de préparer sa profession forestière. À 16 ans, il était déjà géomètre et à 17 libre penseur. Passionné par les études, mais aussi par la lecture, il dévorait les classiques allemands, [[Ludwig Feuerbach|Feuerbach]], [[Emmanuel Kant|Kant]], [[Molleschott]], etc.
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==Jeunesse==
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Son père était employé forestier à Kurbesse. Élevé par les maîtres de la maison, il est plus tard envoyé à Cassel où il rentre à l'École Polytechnique afin de préparer sa profession forestière. À 16 ans, il était déjà géomètre et à 17 un libre penseur. Passionné par les études, mais aussi par la lecture, il dévore les classiques allemands, [[Ludwig Feuerbach|Feuerbach]], [[Emmanuel Kant|Kant]], [[Molleschott]], etc.
  
Il étudiait depuis un an à Kassel quand son père mourut et il dut interrompre ses études. C’est alors que Spies décida d’émigrer en Amérique où vivaient des parents très aisés de sa mère . En [[1872]], il débarqua à [[New York]]. Sur le conseil d’un oncle, qui habitait cette ville, il se mit à apprendre le métier de tapissier. À cette époque, il était encore fervent admirateur de Otto von Bismarck|Bismarck et de l’empereur allemand. Du socialisme, il ne savait strictement rien. À peine avait-il lu çà et là quelques lignes sur la [[Commune de Paris]] et il croyait que les socialistes et les communistes ne voulaient que détruire toute propriété. Spies considérait cela comme une monstrueuse absurdité.
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==L'émigration==
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Il étudie depuis un an à Cassel quand son père meurt et il est contraint d'interrompre ses études. Il décide alors d’émigrer en Amérique où vivent des parents très aisés de sa mère . En [[1872]], il débarque à [[New York]]. Sur le conseil d’un oncle, qui habite cette ville, il se met à apprendre le métier de tapissier. À cette époque, il est encore un fervent admirateur de [[Otto von Bismarck|Bismarck]] et de l’empereur allemand. Du socialisme, il ne sait strictement rien, à peine a-t-il lu çà et là quelques lignes sur la [[Commune de Paris]] et il croit que les socialistes et les communistes ne veulent que détruire toute propriété, chose qu'il considère cela comme une monstrueuse absurdité.
  
Après avoir appris son métier, il décida d’aller explorer l’Ouest, mais comme il ne trouva sur place aucun emploi dans sa profession, il se lança dans le commerce et géra une librairie.
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Après avoir appris son métier, il décide d’aller explorer l’Ouest américain, mais comme il ne trouve sur place aucun emploi dans sa profession, il se lance dans le commerce et gère une librairie.
  
En [[1877]], il adhéra au mouvement ouvrier, après avoir lu une partie de la littérature socialiste. Membre de la section de Chicago de l' [[International Working People's Association]], il fut extrêmement actif durant la période électorale de [[1878]], quand le Dr Smith fut présenté comme candidat à l’intendance par les socialistes. Lui-même fut désigné de [[1879]] à [[1881]] pour la législation et autres fonctions politiques. En [[1880]], il avait accepté le poste d’administrateur de l’''[[Arbeiter Zeitung]]'' (Le Quotidien du travailleur), qui était au bord de la faillite. Par son travail et ses compétences, il ramena le journal à la prospérité. La rédaction s’intéressait encore à l’agitation politique, mais lorsque s’effectua la scission entre la section socialiste et la tendance social-révolutionnaire, orientée par [[Johann Most]], celle-là suivit Spies.
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==La prise de conscience anarchiste==
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En [[1877]], il adhère au mouvement ouvrier, après avoir lu une partie de la littérature socialiste. Membre de la section de Chicago de l' [[International Working People's Association]], il est extrêmement actif durant la période électorale de [[1878]], quand le Dr Smith est présenté comme candidat à l’intendance par les socialistes. Lui-même est désigné de [[1879]] à [[1881]] pour la législation et d'autres fonctions politiques. En [[1880]], il accepte le poste d’administrateur de l’''[[Arbeiter Zeitung]]'' (''Le Quotidien du travailleur''), qui est au bord de la faillite. Par son travail et ses compétences, il ramène le journal à la prospérité. La rédaction s’intéresse encore à l’agitation politique, mais lorsque s’effectue la scission entre la section socialiste et la tendance social-révolutionnaire, orientée par [[Johann Most]], celle-là suit Spies.
  
Au Congrès des socialistes en 1882, à Pittsburg, Spies défendit la propagande social-révolutionnaire, déclarant que les travailleurs n’obtiendraient jamais leurs droits par la voie des urnes et des suffrages. Dès cette époque, il se considérait anarchiste et se mit à étudier [[Proudhon]] et [[Bakounine]].
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Au Congrès des socialistes en [[1882]], à Pittsburg, Spies défend la propagande social-révolutionnaire, déclarant que les travailleurs n’obtiendront jamais leurs droits par la voie des urnes et des suffrages. Dès cette époque, il se considère anarchiste et se met à étudier [[Proudhon]] et [[Bakounine]].
  
Le 1er mai [[1886]], plusieurs jours avant le rassemblement de [[Haymarket Square]], Spies menait la marche des 80 000 ouvriers tout au long de Michigan Avenue, dans le cadre de la grève pour la revendication de la journée de huit heures. Spies a été le premier orateur de la manifestation et en repartit avant sa conclusion.
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==L'émeute de Haymarket Square==
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Le [[1er mai 1886|1<sup>er</sup> mai 1886]] Spies mène la marche des 80 000 ouvriers tout au long de Michigan Avenue, dans le cadre de la grève pour la revendication de la journée de huit heures. Spies est le premier orateur de la manifestation et repart avant sa conclusion. La grève se poursuit les jours suivants, notamment aux [[Grève des usines McCormick|usines McCormick]], où il prend la parole avec [[Samuel Fielden]] le [[3 mai]]. Le meeting se conclue par la mort de deux ouvriers par la police. Le lendemain a lieu le rassemblement de [[Haymarket Square]] en protestation de la violence policière. Une bombe est jetée contre les policiers. L'émeute qui s'en suit fait de nombreuses victimes dans les deux camps.
  
Il a été déclaré coupable avec sept autres co-accusés, et pendu en [[1887]]. Ce jour, le [[11 novembre]] [[1887]], a été appelé le ''[[Black Friday]]'' (Vendredi noir). Ses derniers mots ont inspiré nombre d’anarchistes : ''Le jour viendra où notre silence sera plus fort que les voix qui nous étranglent aujourd’hui.''
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Bien qu'il n'était pas sur les lieux lors de l'attentat, Spies est arrêté. Le [[21 juin]], il est déclaré coupable avec sept autres co-accusés, et pendu le [[11 novembre]] [[1887]], jour appelé par la suite le '''[[Black Friday]]''' (''Vendredi noir''). Les derniers mots qu'il prononce inspireront nombre d’anarchistes : « ''Le jour viendra où notre silence sera plus fort que les voix qui nous étranglent aujourd’hui.'' »
  
''En aucun cas je ne suis partisan des courtes révoltes qui sont dues aux conditions actuelles'', déclare-il aussi en [[1886]], à l’époque de son procès, lors d’une entrevue en prison.
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« ''En aucun cas je ne suis partisan des courtes révoltes qui sont dues aux conditions actuelles'' », déclare-il aussi en [[1886]], à l’époque de son procès, lors d’une entrevue en prison.
  
Dans son autobiographie, publiée par [[Nina Van Zandt]], on peut lire : ''Ma philosophie a toujours été que le but de la vie soit seulement l’épanouissement de l’individu et l’application rationnelle de ce principe est la véritable moralité. Le socialisme peut être défini comme une science, comme une forme déterminée d’organisation sociale, tandis que l’anarchisme (la négation de l’autorité imposée) est le fil qui anime toutes les époques de l’évolution sociale et humaine ;c’est la lutte pour la souveraineté de l’individu. Bien que dans le concept général je sois anarchiste, je suis aussi pratiquement et spécifiquement socialiste.''
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==Sa philosophie==
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Dans son autobiographie, publiée par [[Nina Van Zandt]], on peut lire : « ''Ma philosophie a toujours été que le but de la vie soit seulement l’épanouissement de l’individu et l’application rationnelle de ce principe est la véritable moralité. Le socialisme peut être défini comme une science, comme une forme déterminée d’organisation sociale, tandis que l’anarchisme (la négation de l’autorité imposée) est le fil qui anime toutes les époques de l’évolution sociale et humaine ; c’est la lutte pour la souveraineté de l’individu. Bien que dans le concept général je sois anarchiste, je suis aussi pratiquement et spécifiquement socialiste.'' »
  
Voici une autre pensée de Spies : ''Non, je n’exige pas la terre entière, je veux que tous soient en possession de la terre. Y a-t-il là quelque chose de ridicule ?''
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Voici une autre pensée de Spies : « ''Non, je n’exige pas la terre entière, je veux que tous soient en possession de la terre. Y a-t-il là quelque chose de ridicule ?'' »
  
 
== Sources ==
 
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ROCKER (Rudolph), « Les cinq martyrs de Chicago », in ''Le monde libertaire'' 222, mai 1976.
 
ROCKER (Rudolph), « Les cinq martyrs de Chicago », in ''Le monde libertaire'' 222, mai 1976.
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==Liens internes==
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:[[Émeute de Haymarket]]
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:[[Black Friday]]
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:[[Grève des usines McCormick]]
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:[[George Engel]]
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:[[Adolph Fischer]]
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:[[Louis Lingg]]
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:[[Albert Parson]]
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:[[Samuel Fielden]]
  
 
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Revision as of 20:40, 16 September 2009

August Vincent Theodore Spies (Friedewalde (Hesse-Cassel)) 10 décembre 1855 - Chicago, 11 novembre 1887) est un activiste anarchiste américain qui fut pendu suite à l'attentat à la bombe contre la police à Haymarket Square.

Jeunesse

Son père était employé forestier à Kurbesse. Élevé par les maîtres de la maison, il est plus tard envoyé à Cassel où il rentre à l'École Polytechnique afin de préparer sa profession forestière. À 16 ans, il était déjà géomètre et à 17 un libre penseur. Passionné par les études, mais aussi par la lecture, il dévore les classiques allemands, Feuerbach, Kant, Molleschott, etc.

L'émigration

Il étudie depuis un an à Cassel quand son père meurt et il est contraint d'interrompre ses études. Il décide alors d’émigrer en Amérique où vivent des parents très aisés de sa mère . En 1872, il débarque à New York. Sur le conseil d’un oncle, qui habite cette ville, il se met à apprendre le métier de tapissier. À cette époque, il est encore un fervent admirateur de Bismarck et de l’empereur allemand. Du socialisme, il ne sait strictement rien, à peine a-t-il lu çà et là quelques lignes sur la Commune de Paris et il croit que les socialistes et les communistes ne veulent que détruire toute propriété, chose qu'il considère cela comme une monstrueuse absurdité.

Après avoir appris son métier, il décide d’aller explorer l’Ouest américain, mais comme il ne trouve sur place aucun emploi dans sa profession, il se lance dans le commerce et gère une librairie.

La prise de conscience anarchiste

En 1877, il adhère au mouvement ouvrier, après avoir lu une partie de la littérature socialiste. Membre de la section de Chicago de l' International Working People's Association, il est extrêmement actif durant la période électorale de 1878, quand le Dr Smith est présenté comme candidat à l’intendance par les socialistes. Lui-même est désigné de 1879 à 1881 pour la législation et d'autres fonctions politiques. En 1880, il accepte le poste d’administrateur de l’Arbeiter Zeitung (Le Quotidien du travailleur), qui est au bord de la faillite. Par son travail et ses compétences, il ramène le journal à la prospérité. La rédaction s’intéresse encore à l’agitation politique, mais lorsque s’effectue la scission entre la section socialiste et la tendance social-révolutionnaire, orientée par Johann Most, celle-là suit Spies.

Au Congrès des socialistes en 1882, à Pittsburg, Spies défend la propagande social-révolutionnaire, déclarant que les travailleurs n’obtiendront jamais leurs droits par la voie des urnes et des suffrages. Dès cette époque, il se considère anarchiste et se met à étudier Proudhon et Bakounine.

L'émeute de Haymarket Square

Le 1er mai 1886 Spies mène la marche des 80 000 ouvriers tout au long de Michigan Avenue, dans le cadre de la grève pour la revendication de la journée de huit heures. Spies est le premier orateur de la manifestation et repart avant sa conclusion. La grève se poursuit les jours suivants, notamment aux usines McCormick, où il prend la parole avec Samuel Fielden le 3 mai. Le meeting se conclue par la mort de deux ouvriers par la police. Le lendemain a lieu le rassemblement de Haymarket Square en protestation de la violence policière. Une bombe est jetée contre les policiers. L'émeute qui s'en suit fait de nombreuses victimes dans les deux camps.

Bien qu'il n'était pas sur les lieux lors de l'attentat, Spies est arrêté. Le 21 juin, il est déclaré coupable avec sept autres co-accusés, et pendu le 11 novembre 1887, jour appelé par la suite le Black Friday (Vendredi noir). Les derniers mots qu'il prononce inspireront nombre d’anarchistes : « Le jour viendra où notre silence sera plus fort que les voix qui nous étranglent aujourd’hui. »

« En aucun cas je ne suis partisan des courtes révoltes qui sont dues aux conditions actuelles », déclare-il aussi en 1886, à l’époque de son procès, lors d’une entrevue en prison.

Sa philosophie

Dans son autobiographie, publiée par Nina Van Zandt, on peut lire : « Ma philosophie a toujours été que le but de la vie soit seulement l’épanouissement de l’individu et l’application rationnelle de ce principe est la véritable moralité. Le socialisme peut être défini comme une science, comme une forme déterminée d’organisation sociale, tandis que l’anarchisme (la négation de l’autorité imposée) est le fil qui anime toutes les époques de l’évolution sociale et humaine ; c’est la lutte pour la souveraineté de l’individu. Bien que dans le concept général je sois anarchiste, je suis aussi pratiquement et spécifiquement socialiste. »

Voici une autre pensée de Spies : « Non, je n’exige pas la terre entière, je veux que tous soient en possession de la terre. Y a-t-il là quelque chose de ridicule ? »

Sources

Le texte provient de :
ROCKER (Rudolph), « Les cinq martyrs de Chicago », in Le monde libertaire 222, mai 1976.

Liens internes

Émeute de Haymarket
Black Friday
Grève des usines McCormick
George Engel
Adolph Fischer
Louis Lingg
Albert Parson
Samuel Fielden



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