Pierre-Joseph Proudhon

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Pierre Joseph Proudhon
Anarchisme
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« la plus haute expression de l’ordre »
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sociale : collectiviste • individualiste
économique : mutualiste • communiste
politique : syndicaliste • communaliste • associationiste

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Pierre-Joseph Proudhon (né le 15 janvier 1809 à Besançon[1] dans le Doubs, mort à Passy[2] le 19 janvier 1865[3]), est un économiste et sociologue français, théoricien du socialisme, et considéré comme un des premiers penseurs anarchistes.

La publication en 1840 de son Å“uvre maîtresse Qu'est-ce que la propriété ?, question à laquelle il répondra par « c'est le vol », suscitera l'attention des autorités judiciaires et celle de Karl Marx qui débutera alors une correspondance avec Proudhon, et le défendra contre Edgar Bauer dans La Sainte Famille.[4] Les deux hommes se sont influencés mutuellement et se sont rencontrés lorsque Marx était en exil à Paris. Leur relation (il ne semble pas qu'une amitié ait jamais lié les deux hommes) cessera lorsque Proudhon refusera de devenir le correspondant parisien d'une association d'intellectuels révolutionnaires que Marx souhaitait mettre en place (V. lettre de Marx à Proudhon et réponse, mai 1846). Leur brouille sera définitive à la parution de Misère de la Philosophie réponse au livre de Proudhon La Philosophie de la Misère. Proudhon, qui pourtant est un polémiste né, ne verra là qu' "un tissu de grossièretés, de calomnies, de falsifications, de plagiats" (lettre à Guillaumin 19 sept. 1847). Leur dispute est une des origines de l'opposition entre anarchistes et marxistes.

Dans son livre Les confessions d'un révolutionnaire, Proudhon affirmera entre autres choses : « L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir ».

Après avoir tenté de créer une banque de prêts gratuits (à taux zéro), il pose les fondements d'un système de mutuelles dont les principes sont encore appliqués de nos jours dans les assurances.

Vie et Å“uvre[edit]

Pierre-Joseph Proudhon et ses enfants, Gustave Courbet, 1865.

Biographie de Proudhon (par H. Bourgin, La Grande Encyclopédie, 1916)

Proudhon (Pierre-Joseph), né à Besançon le 15 janvier 1809, mort à Passy le 16 janvier 1865. Ses parents étaient de très humbles gens, de souche paysanne, qui restèrent toujours pauvres ; pendant qu'ils peinaient eux-mêmes dans leur modeste brasserie, lui travaillait aux champs, ou gardait les vaches. À l'âge de douze ans, il obtint de la bienfaisance d'un protecteur une bourse d'externe au collège de Besançon : il étudia avec passion et sans méthode : il avait une érudition considérable et une intelligence éveillée sur tout quand il passa, vers dix-neuf ans, de l'école à l'atelier : il entrait, en 1828, dans une grande imprimerie de Besançon, où il devint bientôt correcteur. Là il apprit encore : les ouvrages de théologie et de patrologie, qui passaient le plus souvent sous ses yeux, firent de lui un théologien ; il apprit l'hébreu, et, par cette voie, s'aventura dans la grammaire comparée. Sa critique trouvait à chaque instant une occasion de s'exercer ; ses idées bouillonnaient déjà ; ses ambitions s'élevaient au-dessus de sa condition d'ouvrier ; il attendait impatiemment le moment de produire quelque chose ; ses amis espéraient beaucoup de lui, et ne le lui cachaient pas. En 1831-32, il fit son tour de France, par Paris, Lyon, Marseille, Toulon ; il chôma plus d'une fois, connut le besoin, se sentit supérieur à son état, observa la société de près et sans indulgence, devint républicain. De retour à Besançon, des offres lui furent faites par le journal phalanstérien l'Impartial : il les refusa, pour conserver son indépendance et l'entière disposition de sa pensée. Après un nouveau voyage à Paris et un second tour de France (1833), il quitta, en 1836, la place qu'il occupait depuis huit ans, pour fonder, à Besançon même, avec deux associés, une petite imprimerie : il ne leur apportait d'autres capitaux que son intelligence et ses travaux projetés. Le premier prêt fut un Essai de grammaire générale qu'il ajouta, sans le signer, aux Éléments primitifs des langues, de l'abbé Bergier (1837) : essai très ingénieux et très érudit de grammaire comparée de l'hébreu, du grec et du latin, enrichi de digressions sur l'histoire de l'humanité, mais construit avec des hypothèses, et dépourvu de fondement scientifique. C'était une publication très honorable, mais elle ne fut suivie d'aucune autre. L'imprimerie périclita rapidement, et, cette même année 1837, la folie de l'un des associés en causa la fermeture immédiate, suivie d'une lente et difficile liquidation.


Proudhon dut se tourner ailleurs : d'abord il reprit ses études, et bientôt une occasion s'offrit à lui d'en tirer parti en les continuant. La pension instituée à l'Académie de Besançon par la veuve de Suard en mémoire de son mari, et en faveur du jeune littérateur reconnu par l'Académie comme le plus digne dans le département du Doubs, devint vacante : c'était une rente de 1500 francs pendant trois ans ; Proudhon posa sa candidature, et, après s'être fait recevoir bachelier, condition indispensable, il fut choisi. En 1838, il alla s'installer à Paris, où, sous la direction de M. Droz, son tuteur, il devait préparer des ouvrages qui fissent honneur à l'Académie ; mais ce devoir fut vite oublié. Il n'avait formellement promis à l'Académie qu'une chose, c'est de travailler à l'amélioration matérielle et morale de ceux qu'il appelait ses frères, les ouvriers ; l'économie politique, sur laquelle se porta alors toute sa pensée, lui révéla sa tâche. Il chercha dans les bibliothèques et dans les cours publics toutes les parcelles qu'il pouvait recueillir de cette science de l'avenir ; et, en même temps qu'il étudiait, il faisait la critique de ses maîtres, orateurs et écrivains, il élaborait les parties et les morceaux de théories nouvelles : dès le début de 1839, il songeait à écrire un gros livre sur la question de la propriété. Il en fut momentanément distrait par deux travaux académiques : dans le premier semestre de 1839, il envoya à l'Académie des inscriptions et belles-lettres un mémoire où il reprenait les idées contenues dans son Essai de grammaire, et, à l'Académie de Besançon, une pièce de concours sur l' Utilité de la célébration du dimanche ; il jugeait cette pièce révolutionnaire, parce qu'il y entremêlait de vagues théories égalitaires une paradoxale interprétation de la loi mosaïque ; l'Académie n'infirma pas son jugement, mais, tout en déclarant l'auteur audacieux et parfois dangereux, lui accorda une médaille de bronze.


Un pareil succès ne pouvait contenter Proudhon : il se résolut de frapper un grand coup avec son ouvrage sur la propriété, qu'il publia en 1840, sous ce titre : Qu'est-ce que la propriété? ou Recherches sur le principe du droit et du gouvernement. Passant en revue les différentes théories présentées jusqu'alors pour établir le droit de propriété, il les réfutait l'une après l'autre, et concluait que la propriété ne pouvait être fondée ni sur l'occupation ni sur le travail, qu'elle était immorale, injuste, impossible. En dépit de cette thèse violente et saisissante, l'ouvrage n'atteignit pas le grand public, la vente en fut restreinte : et déjà Proudhon, impatient d'attendre le succès, préparait un second volume pour compléter sa thèse, lorsque, enfin le premier attira l'attention du pouvoir, qui faillit poursuivre l'auteur, et de l'Académie de Besançon, qui condamna publiquement son pensionnaire et ne s'apaisa qu'après l'avoir fait comparaître à plusieurs reprises devant elle, et après avoir entendu ses explications. Cependant le second volume était achevé ; il parut en 1841 sous la forme d'une Lettre à M. Blanqui, professeur d'économie politique. Il fournissait la confirmation du premier mémoire ; Proudhon y insistait sur l'idée que la société a déjà porté plusieurs atteintes sur la propriété, et qu'elle doit continuer son Å“uvre par la restriction progressive de l'intérêt. Il fallut, cette fois, que Blanqui intervînt auprès du ministre de la justice pour empêcher des poursuites ; mais le gouvernement prit sa revanche sur une brochure de polémique que Proudhon publia en 1842 pour répondre aux phalanstériens, l'Avertissement aux propriétaires : la brochure fut saisie, et l'auteur cité devant la cour d'assises de Besançon : il présenta lui-même sa défense, dont la dialectique et l'idéologie, volontairement obscures, enlevèrent l'acquittement aux jurés, qui n'avaient pas compris.


Ce procès convainquit Proudhon qu'il n'y avait pas de réformes à attendre du gouvernement réactionnaire de Louis-Philippe Ier ; il abandonna les questions d'application immédiate pour les questions de philosophie générale, de science économique et de méthode, auxquelles il crut donner une solution complète et définitive dans son livre De la création de l'ordre dans l'humanité, exposition assez laborieuse et mal faite de l'évolution sociale depuis la religion jusqu'à la science, et de la méthode de groupement « sériel » destinée à remplacer l'ancienne logique syllogistique (1843). Cependant sa librairie de Besançon venait d'être vendue, il quittait une place de secrétaire qu'il avait chez un légiste de Paris ; après avoir sollicité en vain une petite fonction administrative à Besançon, il obtint un emploi important dans une grande maison de transports fluviaux à Lyon ; il y prit la connaissance du grand commerce, de la grande banque, des grandes entreprises, et il y trouva assez de loisirs pour continuer, en toute liberté d'esprit, ses études d'économie politique. Le résultat de ces études fut la publication, en 1846, après deux années de labeur, du Système des contradictions économiques : il y appliquait la méthode antinomique à l'économie, et s'efforçait de dégager les contradictions qu'en renferment tous les phénomènes : valeur, division du travail, concurrence, crédit, propriété ; il se contentait de reporter à un ouvrage ultérieur le système de solutions on de synthèses qu'appelait ce système de contradictions. Mais il ne tarda pas à se rendre compte que des traités comme ceux qu'il avait publiés jusqu'ici, tout en lui valant l'estime des savants et des professeurs, ne faisaient point à ses idées de popularité dans le public : il se décida à fonder un journal et à répandre par livraisons la solution du problème économique qu'il avait formulé. Le premier numéro spécimen du Représentant du peuple parut le 14 octobre 1847, et le second le 15 novembre. Mais la Révolution devança tous les projets qui s'y trouvaient indiqués.


Le 24 février 1848 posa toutes les questions : Proudhon se vit forcé d'y répondre plus tôt qu'il n'avait compté. Dans le Représentant du peuple, dans ses deux livraisons de la Solution du problème social (22 et 26 mars), qui ne furent suivies par aucune autre, dans les brochures où il reprit ses articles du Représentant : «Organisation du crédit», «Résumé de la question sociale», il mit en avant des idées très nettes : la solution du problème social est seulement dans l'organisation du crédit mutuel et gratuit ; la solution du problème politique est dans l'anarchie; la démocratie du suffrage universel n'est qu'une fausse image du pays ; il faut établir une république sans constitution et sans limitation de la liberté individuelle. Au bout de trois mois, Proudhon avait acquis par le journal et par la brochure une place parmi les chefs du parti socialiste ; il fut élu le 4 juin à l'Assemblée nationale pour le département de la Seine. Il forma, presque à lui seul, à l'extrême gauche, un groupe distinct de la Montagne, et fut sans action sur l'Assemblée, qu'il déroutait ; sa proposition en faveur d'un impôt d'un tiers sur le revenu fut ignominieusement repoussée et flétrie (séance du 30 juillet) ; dès lors il se tut. Mais, au dehors de l'Assemblée, son énergie n'était pas brisée ; son journal le Peuple (novembre 1848 à juin 1849) reprit avec vaillance l'Å“uvre du Représentant, également violent contre les bourgeois, les réactionnaires, les démocrates, le prince-président, contre lequel ses attaques répétées finiront par lui valoir trois ans de prison ; il se sauva en Belgique, et, comme il repassait par Paris pour se rendre en Suisse, il fut saisi et incarcéré. Cet emprisonnement mit fin à ses projets de crédit mutuel (Banque d'échange, devenue Banque du peuple), mais non à son Å“uvre politique. De Sainte-Pélagie, où il jouissait, du reste, d'un régime de faveur, il dirigea la Voix du peuple (octobre 1849 à mai 1850), et le Peuple de 1850 (juin à octobre 1850) ; il publia à un fort tirage les Idées revolutionnaires (recueil d'articles du Représentant et du Peuple), et les Confessions d'un révolutionnaire (1849), remarquable exposition de sa politique révolutionnaire et anarchique ; puis, l'Idée générale de la révolution au XIXe siècle (1851), où sont présentées ensemble et combinées ses théories politiques et économiques ; enfin il prépara, pour la publier peu après sa libération (1854), la Révolution sociale démontrée par le coup d'État, appel à Louis-Bonaparte pour l'achèvement de la Révolution, qui devait être son Å“uvre.


Ainsi, de politicien et de polémiste, Proudhon était devenu presque exclusivement historien et théoricien. Marié depuis 1849, père de deux petites filles, rudement frappé par les épreuves de la vie politique en France depuis quatre ans, il avait résolu de renoncer à l'action, de se consacrer à des travaux de science et de philosophie, d'élever enfin une Å“uvre positive à la place des doctrines que sa critique avait jetées par terre depuis plus de dix ans. Un petit opuscule sur la Philosophie du progrès, dont la vente ne fut pas permise en France, indiqua son Programme (1851, publié en 1853) ; et, presque aussitôt, des projets de travaux, nombreux et divers, dont la plupart n'aboutirent pas, le détournèrent de ce programme pour plusieurs années ; il travailla presque à la fois à un cours d'économie politique, à une biographie générale, à une chronologie générale, à un projet d'exposition perpétuelle au Palais de l'Industrie (1855), projet dans lequel il reprenait une partie de ses idées sur l'échange et le crédit ; rien de tout cela ne vit le jour ; il publia seulement deux ouvrages spéciaux et presque techniques, un Manuel du spéculateur à la Bourse (1853), et un traité sur la Réforme des chemins de fer (1855), en faveur de l'abaissement des tarifs et du contrôle des compagnies par l'État. Alors, il revint à son plan de 1853 ; à partir de 1856, il travailla sans arrêt à un grand ouvrage où il voulait donner à la révolution sa philosophie et sa morale, qu'il fit tenir dans la justice, en opposant à la révolution l'Église, qui nie et combat la justice. Mais, à peine parue (1858), la Justice dans la Révolution et dans l'Église fut saisie, l'auteur poursuivi devant la cour d'assises de la Seine, et condamné à trois ans de prison et 4.000 fr. d'amende. Après de vaines tentatives pour faire réformer cet arrêt par les tribunaux ou par le gouvernement, Proudhon prit le parti de se retirer à Bruxelles (juillet 1858), où sa famille vint le retrouver au bout de quelques mois. Son énergie, d'abord un peu diminuée par l'exil et par le spectacle de la réaction croissante en France, lui revint bientôt tout entière, et il reprit son activité. Cette même année 1858, il publia dans l'Office de publicité, à Bruxelles, des articles contre la propriété littéraire ; l'année suivante, il se mit à préparer une réédition de la Justice, considérablement augmentée, et un gros ouvrage sur la Guerre et la Paix (paru en 1861), où il justifie le droit de la force comme un droit primordial de l'humanité, considère la guerre comme une conséquence des maux économiques et du paupérisme, et en fait prévoir l'élimination dans la société future fondée sur le travail. Un concours dans le canton de Vaud, en 1860, lui offrit une occasion de revenir aux sujets purement économiques, et sa Théorie de l'impôt, qui eut le prix à ce concours (1861), puis ses Majorats littéraires, réédition remaniée de ses articles de l'Office de publicité (1862), précisèrent sa position nouvelle de critique radical en théorie, et de conservateur réformiste dans la pratique. Il commençait un grand traité doctrinal et historique sur la propriété quand, de nouveau, la politique le détourna de l'économie sociale.


Cette fois, ce fut la politique extérieure. La question de l'unité italienne était alors débattue par la diplomatie et par l'opinion de l'Europe entière : Proudhon prit résolument parti contre l'unité, en faveur de la fédération, dans des articles qu'il donna à l'Office de publicité (1862). Un passage de ces articles, mal compris des Belges, le fit passer pour un agent annexionniste au service de Napoléon III ; il y eut autour de sa maison un commencement d'émeute, et il se vit forcé de regagner précipitamment la France, où l'amnistie de 1859 n'avait pu le décider à rentrer. De retour à Paris, il développa ses idées fédéralistes, et les exposa complètement dans son Traité sur le Principe fédératif (1863), qui le ramenait aux questions de politique intérieure. Il se montra très favorable à la reconstitution d'un parti démocratique solidement uni, mais en même temps il recommanda l'abstention aux élections de 1864, en guise de protestation formelle contre le gouvernement de l'Empire (Les Démocrates assermentés ; 1863). En 1864, il publia dans le Messager de Paris de Nouvelles observations sur l'unité italienne, et acheva le manuscrit de la Capacité des classes ouvrières, sorte de manuel pratique de la politique fédéraliste et abstentionniste. ll mourut l'année suivante, de maladie de cÅ“ur et de congestion.


Il laissait de très nombreux ouvrages inédits, plus ou moins achevés, sur les matières les plus diverses d'économie politique, d'histoire, de morale, de politique, de littérature et d'art ; il en a été publié une partie dont les plus remarquables, avec la Capacité politique, sont : Théorie de la propriété (1866), en faveur de la réforme de la propriété par sa généralisation et par l'institution d'un système de garanties ; Théorie du mouvement constitutionnel (1870), critique des constitutions françaises depuis 1789 ; Du principe de l'art (1875), un plaidoyer pour la peinture réaliste et pour l'art social de l'avenir. Proudhon a aussi laissé une correspondance extrêmement précieuse, qui a été recueillie en 14 vol. in-8 (1875).

Philosophie politique[edit]

Le "premier anarchiste"[edit]

De nombreuses personnes avant lui se sont opposé aux autorités, mais il est le premier à se qualifier d'anarchiste dans sa thèse Qu'est-ce que la propriété ? publiée en 1840, sous la forme d'un dialogue :

« Eh ! pouvez-vous le demander, répond sans doute quelqu'un de mes plus jeunes lecteurs ; vous êtes républicain.

— Républicain, oui ; mais ce mot ne précise rien. Res publica, c'est la chose publique ; or quiconque veut la chose publique, sous quelque forme de gouvernement que ce soit, peut se dire républicain. Les rois aussi sont républicains.

— Eh bien ! vous êtes démocrate ?

— Non.

— Quoi ! vous seriez monarchiste ?

— Dieu m'en garde.

— Vous êtes donc aristocrate ?

— Point du tout.

— Vous voulez un gouvernement mixte ?

— Encore moins.

— Qu'êtes-vous donc ?

— Je suis anarchiste. »

Auparavant le terme anarchiste servait à insulter la Gauche durant la Révolution française, il désigne depuis Proudhon la philosophie politique anarchiste.

« La propriété c'est le vol »[edit]

Selon Proudhon, de même que l’esclavage est l’assassinat de l’homme, la propriété c’est le vol. Si, écrit-il dans Qu’est-ce que la propriété ? (1840) : « tel auteur enseigne que la propriété est un droit civil, né de l'occupation et sanctionné par la loi » ; si « tel autre soutient qu'elle est un droit naturel, ayant sa source dans le travail », lui prétend « que ni le travail, ni l'occupation, ni la loi ne peuvent créer la propriété, qu'elle est un effet sans cause ».

Dans ses premiers travaux, Proudhon analyse la nature et les problèmes d'une économie capitaliste. Bien que profondément critique du capitalisme, il objecte aussi aux socialistes contemporains qui idolâtrent l'association. Dans des séries de commentaires, de Qu'est ce que la propriété ? jusqu'au posthume Théorie de la propriété (1863-64), il déclare d'abord que « la propriété c'est le vol », mais affirme in fine que « la propriété, c'est la liberté ». Il explique alors que quand il disait que la propriété est du vol, il avait été compris à contre-sens : il désignait en fait les seuls propriétaires terriens oisifs qui volent les profits aux travailleurs. Dans Théorie de la propriété, il affirme que la « propriété est la seule force qui puisse servir de contre-poids à l'État ». Ainsi, « Proudhon pouvait maintenir l’idée de propriété comme vol et en même temps en offrir une nouvelle définition comme liberté. Il y a possibilité perpétuelle d’abus, d’exploitation qui produit le vol. Mais simultanément la propriété est une création spontanée de la société et une défense contre le pouvoir insatiable de l’État. »[5] Ainsi la propriété est la principale des contradictions éternelles qui explique la société.

Proudhon affirme également que le propriétaire capitaliste, en payant le travail des ouvriers, paye « autant de fois une journée qu'il a employé d'ouvriers chaque jour, ce qui n'est point du tout la même chose ». Ainsi il a fallu quelques heures à deux cents grenadiers pour dresser l'obélisque de Louxor sur la place de la Concorde, « suppose-t-on qu'un seul homme, en deux cents jours, en serait venu à bout ? »

La production est le résultat de l'utilisation de la force collective du travail et non de l'addition des forces individuelles des travailleurs. C'est la force collective qui permet le surplus d'énergie, et c'est le propriétaire capitaliste qui s'attribue ce surplus d'énergie. La propriété capitaliste, selon Proudhon, c'est le droit de jouir du travail des autres, c'est le droit de disposer du bien d'autrui. C'est pourquoi la propriété c'est le vol.

Selon Proudhon, il y a donc entre l'ouvrier qui reçoit le salaire de sa journée de travail et le propriétaire capitaliste qui s'empare du produit de la force collective auquel l'ouvrier a participé une erreur de compte. C'est pourquoi « le travailleur conserve, même après avoir reçu son salaire, un droit naturel de propriété sur la chose qu'il a produite ». Il s'en suit que le travailleur a droit, dans la proportion de son travail, à la participation des produits et des bénéfices. L'existence de la propriété capitaliste a pour conséquence une situation économique et politique désastreuse. Du point de vue économique la propriété capitaliste conduit à l'exploitation du travailleur en effectuant une retenue sur son travail productif, et donc en limitant sa consommation au profit d'une minorité d'oisifs (les rentiers). Du point de vue politique la propriété capitaliste conduit à l'inégalité des droits et au triomphe de la raison du plus fort. Est-ce à dire qu'il faille substituer la communauté des biens à la propriété capitaliste. Proudhon ne le pense pas car pour lui la communauté des biens est injuste et oppressive. Elle est injuste car elle permet l'exploitation du fort par le faible, en récompensant de même manière le paresseux et celui qui travaille, en récompensant de même manière la bêtise et le talent. La communauté des biens est oppressive parce qu'elle enchaîne par « une uniformité béate et stupide [...] la personnalité libre, active, raisonneuse, insoumise de l'homme [...]. »

Quelle est la solution ? La solution c'est la possession. La propriété capitaliste doit être remplacée par une possession individuelle, transmissible et susceptible d'échange, cette possession « ayant pour condition le travail, non une occupation fictive, ou une oisive volonté. » Cependant, dans Théorie de la propriété, Proudhon constate que : « [...] le peuple, même celui du socialisme, veut, quoi qu'il dise, être propriétaire [...] » et il pense qu'en définitive la propriété individuelle, absolue et incoercible, peut assurer la protection des faibles contre l'État. Car c'est l'État l'ennemi véritable du citoyen.

Mais l'on ne saurait confondre cette propriété individuelle avec la propriété capitaliste, celle des rentiers, car cette propriété individuelle est fondée sur le travail associatif, c'est une "propriété fédéraliste". La propriété n'est acceptable que dans la mesure où elle permet l’usus et non pas l’abusus.

L'ennemi principal c'est donc l'État. C'est la raison pour laquelle Proudhon est hostile à l'État, pour l'anarchie et pour la révolution.

En soutenant que la propriété est essentielle à la liberté, il renvoie non seulement au produit du travail de l'individu mais aussi au foyer du paysan ou de l'artisan, aux instruments de son commerce et au revenu qu'il perçoit de la vente de ses marchandises. Pour Proudhon – à la suite de Locke – la seule source légitime de propriété est le travail. Ce que chacun produit est sa propriété et rien d'autre. Il peut être considéré comme un socialiste libertaire puisqu'il plaide pour l’autogestion du travailleur et argue contre la possession capitaliste des moyens de production. Cependant, il rejette la possession des produits du travail par la société estimant que « la propriété du produit, quand même elle serait accordée, n'emporte pas la propriété de l'instrument [...]. Le droit au produit est exclusif, jus in re ; le droit à l'instrument est commun, jus ad rem. » Le même constat est fait à propos de la terre : « Pareillement la terre est chose indispensable à notre conservation, par conséquent chose commune, par conséquent chose non susceptible d'appropriation » et à propos des lieux de travail : « tout capital accumulé étant une propriété sociale, nul n'en peut avoir la propriété exclusive. »[6]Proudhon a de nombreux arguments pour ne pas conférer des droits à la terre et au capital comprenant des raisons fondées sur la morale, l'économie, la politique et la liberté individuelle. Un de ses arguments est que cela permettrait le profit, qui mènerait à son tour à l'instabilité sociale et à la guerre par la création de cycles de dettes qui au final rendraient impossible le remboursement par le travail. Un autre est que cela produirait le « despotisme » et transformait les travailleurs en salariés sujets à l'autorité d'un chef, c'est-à-dire à la hiérarchie.

Dans Qu'est-ce que la propriété ?, Proudhon écrit :

« La propriété, agissant tout à la fois par l'exclusion et l'envahissement en même temps que la population se multiplie, a été le principe générateur et la cause déterminante de toutes les révolutions. Les guerres de religion et de conquête, quand elles n'allèrent pas jusqu'à l'extermination des races, furent seulement des perturbations accidentelles et bientôt réparées dans la progression toute mathématique de la vie des peuples. Telle est la puissance d'accumulation de la propriété, telle est la loi de dégradation et de mort des sociétés. »

Proudhon s'oppose tant à la propriété individuelle que collective, cependant il abandonne plus tard sa défense de la « possession » contre la « propriété ». Dans Théorie de la propriété, il maintient : « Or, en 1840, j'ai nié carrément le droit de propriété [...] pour le groupe comme pour l'individu, pour la nation comme pour le citoyen » mais ensuite il expose sa nouvelle théorie de la propriété : « La propriété est la plus grande force révolutionnaire qui existe et qui se puisse opposer au pouvoir » et « servir de contre-poids à la puissance publique, balancer l'État, par ce moyen assurer la liberté individuelle ; telle sera donc, dans le système politique, la fonction principale de la propriété. » Cependant, bien qu'il soutienne maintenant la propriété de la terre (incluant le droit à l'héritage, décrit « comme un des fondements de la famille et de la société »), il croit encore que la « propriété » devrait être distribuée plus égalitairement et limitée en taille afin qu'elle soit utilisée réellement par les individus, les familles et les associations de travailleurs. Il défend le droit d'héritage, défendu « comme un des fondements de la famille et de la société ».[7] Il refuse cependant de l'étendre au-delà des possessions personnelles arguant que « La transmission des biens, sous la loi de l’association, ne s’appliquant point aux instruments du travail, ne peut devenir une cause d’inégalité. »[8]

« Le gouvernement de l'homme par l'homme c'est la servitude »[edit]

Si l'exploitation de l'homme par l'homme dans la propriété capitaliste est donc le vol, Proudhon ajoute dans Les Confessions d'un révolutionnaire : « Eh bien ! le gouvernement de l'homme par l'homme, c'est la servitude. »[9] Le gouvernement démocratique n'est pas non plus épargné : « L'erreur ou la ruse de nos pères a été de faire le peuple souverain à l'image de l'homme. Et dire qu'il y a parmi nous des démocrates qui prétendent que le gouvernement a du bon ; des socialistes qui soutiennent au nom de la liberté, de l'égalité et de la fraternité cette ignominie ; des prolétaires qui posent leur candidature à la Présidence de la République ! ».[10] Selon lui, le suffrage universel est une « institution excellente pour faire dire au peuple non ce qu'il pense, mais ce qu'on veut de lui. »[11]

Finalement Proudhon en arrivera à mépriser la démocratie capitaliste, car : « Religion pour religion, l'urne populaire est encore au-dessous de la sainte ampoule mérovingienne. Tout ce qu'elle a produit a été de changer la science en dégoût et le scepticisme en haine »[12]. C'est que Proudhon s'oppose à toute autorité imposée, à celle de l'Église comme à celle de l'État. Et il n'entend pas que le peuple soit soumis à une nouvelle religion, quelle qu'elle soit. Voilà pourquoi il s'opposera également à Karl Marx, dans lequel il voit une nouveau religieux dogmatique et intolérant : « Ne nous faisons pas les chefs d'une nouvelle religion, cette religion fut-elle la religion de la logique, la religion de la raison. »[13]

Pour un ordre volontaire[edit]

Proudhon est pour une certaine forme d'ordre, pour un ordre volontaire, comme il le dit dans L'Idée générale de la Révolution au XIXe siècle :
« Je veux aussi l'ordre, autant et plus que ceux qui le troublent par leur prétendu gouvernement, mais je le veux comme un effet de ma volonté, une condition de mon travail et une loi de ma raison. Je ne le subirai jamais venant d'une volonté étrangère, et s'imposant pour conditions préalables la servitude et le sacrifice. »[14]

Proudhon est donc contre l'ordre de l'État, qui est un ordre militaire, qui a pour but de « maintenir avant tout la féodalité capitaliste dans la jouissance de ses droits ; assurer, augmenter la prépondérance du capital sur le travail ; renforcer, s'il est possible, la classe parasite, en lui ménageant partout, à l'aide des fonctions publiques, des créatures, et au besoin des recrues ; reconstituer peu à peu et anoblir la grande propriété. »[15]

Ce que veut Proudhon c'est un ordre qui, sans la force coercitive, ramène à l'unité la divergence des intérêts, identifie le bien particulier et le bien général, efface les inégalités naturelles des facultés par l'égalité de l'éducation. Proudhon veut un ordre dans lequel chaque individu « soit [...] producteur et consommateur, citoyen et prince, administrateur et administré ; où sa liberté augmente toujours, sans qu'il soit besoin d'en aliéner jamais rien ; où son bien-être s'accroisse indéfiniment. » Cet ordre ne sera pas un ordre politique, selon Proudhon, mais un ordre économique basé sur l'autogestion et la fédération.[16]

La révolution anarchiste sera donc économique : c'est la révolution économique qui permettra de réaliser la justice sociale de l'anarchie par l'autogestion fédéraliste.

L'égalité c'est la liberté[edit]

En effet, selon Proudhon, l'égalité c'est la liberté. C'est parce qu'un homme est l'égal d'un autre qu'il peut être son propre juge, et qu'il se constitue en autorité vis-à-vis de lui-même. Il ne peut y avoir de liberté si l'autorité est extérieure à l'homme. Il ne peut y avoir de liberté que si l'homme est son propre maître. La devise de l'anarchie est d'ailleurs Ni Dieu Ni Maître (devise due à Blanqui). C'est la raison pour laquelle la justice de la révolution ne peut être que la justice de l'autogestion fédérative, la justice du mutualisme et de la coopération.

Mutualité et coopération[edit]

L'économie sera autogérée dans le cadre d'institutions mutualistes et coopératives résultant de la conclusion de contrats synallagmatiques et commutatifs, avec des obligations réciproques et égales. Les hommes se grouperont volontairement en s'obligeant réciproquement les uns envers les autres et en s'engageant à donner ou faire une chose qui est regardée comme l'équivalent de ce que l'on fait pour eux.

Ainsi seront constituées des unités de production et de distribution qui passeront entre elles des contrats destinés à régir leurs rapports. Ces unités se regrouperont volontairement pour constituer des unités autonomes dans les différents domaines de l'activité humaine : industries extractives, manufacturières, commerciales, agricoles, des lettres, sciences et arts. Le regroupement volontaire des unités autonomes donnera naissance à une Fédération agricole-industrielle qui sera chargée de gérer tous les services publics. La politique, c'est à dire l'administration générale, sera autogérée de même manière.

Vers une Fédération mondiale[edit]

Politiquement les hommes se regrouperont volontairement, par le contrat mutualiste, dans des communes qui s'associeront volontairement dans le cadre de provinces, qui s'associeront elles-mêmes pour constituer une fédération politique, c'est à dire une Organisation fédéraliste.

Cette organisation fédéraliste, afin de ne pas devenir oppressif, ne devra pas dépasser une certaine taille. C'est la raison pour laquelle Proudhon écrit que « L'Europe serait encore trop grande pour une confédération unique : elle ne pourrait former qu'une confédération de confédérations. »[17]

L'organisation fédéraliste a « un rôle de législation, d'institution, d'inauguration, d'installation [...] de premier moteur et de haut directeur [...] d'organe principal du mouvement social. »[18]

Mais attention, le pouvoir de cette organisation fédéraliste ne peut être coercitive puisqu'elle émane de l'association volontaire d' hommes égaux donc libres. Le pouvoir de l'organisation fédéraliste est fondamentalement un pouvoir de coordination dirigeante qui laisse les unités de base exécuter librement. L'organisation fédéraliste autogéré ne peut donc être comparé à l'État français de son époque, l'État napoléonien, un État centralisé, hiérarchisé et autoritaire. L'organisation fédéraliste est une Organisation décentralisé.

Seule l'organisation fédéraliste permet la justice, l'égalité et l'équilibre dans la liberté : « La société doit être considérée, non comme une hiérarchie de fonctions et de facultés, mais comme un système d'équilibration entre forces libres, dans lequel chacun est assuré de jouir des mêmes droits à condition de remplir les mêmes avantages en échange des mêmes services. »[19]

Cependant, Proudhon se fait peu d'illusions à propos de la réalisation de son système puisqu'il écrit en 1860 :
« Nous marchons à une formation de 5 ou 6 grands empires, ayant tous pour but de défendre et restaurer le droit divin et d'exploiter la vile plèbe ... Il n'y aura plus en Europe ni droits ni liberté ni principes ni mÅ“urs. »[20]

Critiques[edit]

Misogynie[edit]

La misogynie de Proudhon est visible dans une lettre que Proudhon fit en réponse à Mme d’Héricourt, lettre qui sera diffusée dans quelques journaux francophones, mais qui ne sera jamais diffusée en tant qu'Å“uvre, si ce n'est en tant qu'élément bibliographique posthume :

« Non, Madame, vous ne connaissez rien à votre sexe ; vous ne savez pas le premier mot de la question que vous et vos honorables ligueuses agitez avec tant de bruit et si peu de succès. Et si vous ne la comprenez point, cette question ; si, dans les huit pages de réponses que vous avez faites à ma lettre, il y a quarante paralogismes, cela tient précisément, comme je vous l'ai dit, à votre infirmité sexuelle. J'entends par ce mot, dont l'exactitude n'est peut-être pas irréprochable, la qualité de votre entendement, qui ne vous permet de saisir le rapport des choses qu'autant que nous hommes vous le faisons toucher du doigt. Il y a chez vous, au cerveau comme dans le ventre, certain organe incapable par lui-même de vaincre son inertie native, et que l'esprit mâle est seul capable de faire fonctionner, ce à quoi il ne réussit même pas toujours. Tel est, madame, le résultat de mes observations directes et positives : je le livre à votre sagacité obstétricale et vous laisse à en calculer, pour votre thèse, les conséquences incalculables. »[21]

NB Cette lettre est du 20 décembre 1856. Jenny d'Héricourt la fera imprimer, sans l'autorisation de Proudhon, dans la Revue philosophique et religieuse de janvier 1857. Elle la recopiera (toujours sans autorisation) en intégralité (3 pages imprimées) dans son livre La femme affranchie (1860). Vous la retrouverez dans l'édition TOPS P. 115. Elle ne se trouve pas dans la Pornocratie.

Cette position de Proudhon sera critiquée et incendiée par l'anarchiste Joseph Déjacque dans sa lettre De l’Être-Humain mâle et femelle (notamment les propos méprisants de Proudhon), et traitant Proudhon d'« Anarchiste juste-milieu, libéral et non LIBERTAIRE ».


PROUDHON ET LES FEMMES

Dans sa vie privée, Proudhon peut nous faire penser au Docteur Jeckyll et à Mister Hyde.

Dans sa correspondance avec d'autres hommes, ses carnets, ses conversations avec ses amis (hommes), il est souvent d'une misogynie totale, absurde et même, parfois, d'une phallocratie frisant l'imbécilité. Et ce n'est pas de la plaisanterie. Ce ne sont pas des histoires misogynes, des histoires sur les blondes... pour rigoler. C'est parfaitement du premier degré.

En revanche, dès qu'il est en relation avec des femmes, il est généralement d'une courtoisie et d'un respect irréprochables. La lettre à J. d'Héricourt citée plus haut est une exception. Les premières lettres de Proudhon sont parfaitement cordiales alors qu'il semble qu'elle n'y soit pas allé de main morte. Nous ne disposons pas des lettres de J. d'Héricourt - elle ne les a pas publiées. Mais dans une réponse du 6 octobre 1856 Proudhon écrit : « Vous m'avez interpellé, Madame, avec une brusquerie toute franc-comtoise. » (La femme affranchie, ed TOPS P. 109). J. d'Héricourt va faire paraître les lettres de Proudhon, sans son autorisation, dans la Revue philosophique et religieuse en sachant pertinemment qu'il considérait cette action comme une véritable trahison. Cela va profondément l'énerver.

Proudhon a toujours été bien plus proche de sa mère que de son père (ce dernier le lui reproche). Dans son foyer, Mme Proudhon est clairement la maîtresse de maison. On ne connaît qu'une seule algarade, au début de leur mariage, quand elle avait tenté de l'empêcher de travailler. L'éducation et l'enseignement que Proudhon donne à ses filles est quasi féministe. Jamais il ne regrettera de n'avoir eu que des filles et il regrettera que son aînée (elle n'a que 14 ans lorsqu'il meurt) ne semble pas intéressée à poursuivre ses recherches.

Demeure ce qu'il a écrit dans son œuvre, essentiellement un petit paragraphe dans l'Avertissement aux propriétaires et les deux chapitres Amour et mariage dans le De la Justice...

Tout d’abord, précisons que je ne pense pas qu’un libertaire puisse partager les positions de Proudhon. Cela étant clairement affirmé, comme toujours avec Proudhon, sa pensée est plus complexe que peuvent laisser à penser ce que lui-même appelait ses gros mots : Courtisane ou ménagère (ménagère, dis-je, et non pas servante), je n'y vois pas de milieu (Ph. de la misère) ; Bien loin d'applaudir à ce que l'on appelle aujourd'hui émancipation de la femme, inclinerai-je bien plutôt, s'il fallait en venir à cette extrémité, à mettre la femme en réclusion (Qu'est-ce que la propriété ?), etc.

Voici mes convictions. Proudhon n’ayant écrit que fort peu de choses sur le sujet, nous sommes souvent tenus à l’interprétation (cela fait plus de trente ans que je cherche vainement une ou un féministe qui aurait lu Proudhon afin de confronter mon analyse). C’est donc une vision personnelle mais tout de même étayée par la lecture de l’ensemble de son œuvre.

1/ Proudhon a toujours soutenu que les rapports familiaux et sociaux étaient de natures fondamentalement différentes (Cf. Avertissement aux propriétaires, 1842) : les uns basés sur des notions d’affection, d’amour, de confiance ; les autres d’intérêts (principe du mutuellisme : Je m’associe avec un autre par un contrat synallagmatique et commutatif parce que j’estime y avoir intérêt).

2/ L’amour, l’affection, la confiance permettent que s’introduisent sans problème des rapports d’autorité. La famille est même "la sphère de l'autorité et de la subordination" (De la Justice, Les Biens, XXVIII). J’accepte que mon compagnon ou ma compagne ait plein pouvoir dans tel domaine parce que j’ai affection et confiance en lui ou en elle. On sait que Mme Proudhon avait placé un crucifix au dessus de leur lit, ce qui étonnait pas mal de visiteurs. C’était, répondait Proudhon, de son domaine de responsabilité. En revanche, pour l’organisation économique et sociale, je n’ai pas à, je ne dois pas faire pleine confiance.

3/ La mauvaise organisation de la société est en grande partie due au fait qu’on a voulu reproduire l’organisation familiale. Cette erreur fondamentale va déboucher sur le patriarcat qui, lorsque les États vont s’agrandir se transformera en royauté absolue (Cf., entre autre, Du Principe fédératif, ch. II, 1863)

4/ Proudhon n’a étudié QUE les rapports sociaux (près de quinze ans d’études avant la parution du Qu’est-ce que la propriété ?), d’où sa critique de l’organisation sociale et son projet global d’organisation de la société.

5/ Il se déclare lui-même totalement incompétent pour élaborer une théorie des rapports familiaux. (« Garnier frères m’assiègent pour avoir un travail sur l’amour et les femmes. Comme ça me va ! L’Amour et les Femmes !.. » Lettre à Lebègue, 25 fév. 1863). Ses réflexions ne sont que des a priori. Avant de se lancer avec quelque peu d’intelligence dans un tel travail, il estime, à juste titre, qu’il lui faudrait faire ce qu’il a fait en ce qui concerne le politique, l’économique et le social, à savoir étudier tout ce qui a été écrit sur le sujet. Or, vers 1860, il sait qu’il n’en a plus le temps. Il est de plus en plus souvent malade et il a une obsession : passer à la période « constructive » de son œuvre.

6/ Dans les deux chapitres Amour et mariage du De la Justice… il reprend à sa façon le mythe de l’androgyne de Platon – La femme est l’incarnation de la beauté ; l’homme celle de la force, ceci sur les plans intellectuel et moral comme physique. L’opposition et la complémentarité de ces deux énergies forment l’être humain complet. A l’homme de s’occuper d’économie et de politique ; à la femme de s’occuper de l’équilibre psychologique dans le foyer et de la formation psychologique des enfants. Proudhon est hostile à ce que celle-ci soit confiée à l’État ou à l’Église. D’où son vœu que les enfants des deux sexes soient élevés jusqu’à environ dix ans par leur mère puis reçoivent une formation polytechnique. La femme doit être aussi cultivée que l’homme pour assumer son rôle. Précisons que Proudhon ne parle pas des individus. Il n’a jamais nié qu’une femme puisse être médecin, chef d’entreprise, politicienne... Il parle des femmes et des hommes comme on peut parler de la bourgeoisie et du prolétariat.

7/ Les chapitres Amour et mariage du De la Justice… puis la Pornocratie n’auraient jamais été écrits si Jenny d'Héricourt n'avait engagé avec lui une polémique de qualité médiocre et si elle n'avait pas fait imprimer, sans son autorisation, ses lettres dans la Revue philosophique et religieuse, ce qui a profondément énervé Proudhon : « Une lettre est un acte de la vie privée que personne, pas même celui à qui elle a été adressée, n'a le droit de livrer à la publicité contre la volonté de celui qui l'a écrite. Une pareille publication constitue un véritable abus de confiance, une violation de l'honnêteté. » (Lettre du 7 septembre 1856 de Proudhon à la Gazette de Paris et à la Presse qui avaient reproduit sa Lettre à l'écuyère ed. TOPS P. 26). En janvier 1857, J. d'Héricourt ne pouvait donc ignorer les convictions de Proudhon. C'est bien par provocation qu'elle va, elle aussi, faire imprimer les lettres de Proudhon.

8/ Jenny d’Héricourt n’a déclenché cette polémique que parce qu’un petit journal de la presse people (la Gazette de Paris) était devenu en un jour un des journaux les plus lus grâce à la parution le 24 août 1856, sans son autorisation, d’une lettre privée (d'ailleurs fort honorable) que Proudhon avait écrite à une écuyère (une saltimbanque !) qui lui demandait des conseils moraux. Jenny d’Héricourt a vu là le bon moyen de devenir célèbre. N’oublions pas que Proudhon était une « star » ; sa lettre à une pécheresse sera reprise par toute la presse nationale et même internationale. Elle est traduite en anglais, en allemand, en espagnol, en russe. Trois mois après sa publication, on la retrouve encore dans un journal de la Havanne.

9/ Suite à cette polémique devenue publique sans que Proudhon l'ai voulu, il songe à écrire un livre sur le sujet. Mais il a parfaitement conscience de ne pas le maîtriser. Il se contentera de deux chapitre dans le De la Justice. A ces chapitres, Juliette La Messine répondra par ses Idées anti-proudhoniennes (1858) et Jenny d'Héricourt par sa Femme affranchie (1860). Ces deux livres vont faire sortir Proudhon de ses gonds. Il commence alors sa Pornocratie qu'il refusera à ses éditeurs.

10/ Pourquoi Proudhon a-t-il toujours refusé de publier la Pornocratie ? Ses éditeurs, les frères Garnier, le lui réclamaient. L’affaire de l’écuyère prouvait que cela deviendrait un best-seller, et, pour une fois, ils n’auraient pas la censure et les tribunaux impériaux aux talons. Proudhon aurait pu gagner beaucoup d’argent (lui qui était toujours endetté). N’oublions pas qu’il vivait et faisait vivre sa femme et ses filles de ses droits d’auteur. Je ne vois qu’une seule réponse, c’est qu’il le trouvait, à juste titre, très mauvais et sans intérêt, voire même qu’il doutait sincèrement de ce qu’il y défendait. Quant à l’affirmation que Proudhon n’a pas eu le temps d’achever l’ouvrage, c’est une aberration. Cinq ans pour écrire un petit livre !!!

11/ Peu avant de mourir, Proudhon avait désigné cinq exécuteurs testamentaires pour s’occuper de son Å“uvre et fournir à sa femme et ses filles les ressources pour vivre grâce aux droits. Pourquoi la Pornocratie ne paraît-elle qu’en 1875, dix ans après sa mort ? A mon sens, parce que Proudhon avait expressément demandé qu’elle ne soit pas éditée. Boutteville meurt en 1870, Chaudey est exécuté sous la Commune en 1871, Duchesnes est mourant, enfermé dans un asile de vieillards (il mourra en 1876) et Massol meurt précisément en 1875. Demeure, seul, Lacroix. Or Lacroix a une obsession (dont nous pouvons aujourd’hui le remercier) c’est de TOUT publier. Bon ou mauvais, au lecteur de trier le bon grain de l’ivraie.


Bien cordialement.

H. Trinquier

Antisémitisme[edit]

L'antisémitisme de Proudhon est visible dans des extraits qu'il écrit en 1847 dans son carnet personnel (écrits de carnets qui seront édités après sa mort). Ces écrits auraient fait suite à une rencontre, un soir dans un bar, de Proudhon avec des antisémites allemands :

« Juifs. Faire un article contre cette race, qui envenime tout, en se fourrant partout, sans jamais se fondre avec aucun peuple. Demander son expulsion de France, à l’exception des individus mariés avec des françaises ; abolir les synagogues, ne les admettre à aucun emploi, poursuivre enfin l’abolition de ce culte. Ce n’est pas pour rien que les chrétiens les ont appelés déicides. Le juif est l’ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie, ou l’exterminer... Par le fer ou par le feu, ou par l’expulsion, il faut que le juif disparaisse... Tolérer les vieillards qui n’engendrent plus. Travail à faire. Ce que les peuples du Moyen Age haïssaient d’instinct, je le hais avec réflexion et irrévocablement. La haine du juif comme de l’Anglais doit être notre premier article de foi politique. »[22]

L'antisémitisme de Proudhon ayant diverses raisons : en premier lieu son christianisme, mais aussi son anticapitalisme car les figures du Juif et du Protestant, ce-dernier surnommé par Proudhon « l'anglais », étaient à l'époque considérés par la plupart des intellectuels comme les archétypes du banquier et de l'usurier, et par conséquent les ennemis des idées sociales de Proudhon.

Les positions de Proudhon ne semblent pas des positions cohérentes avec le reste de sa pensée aux yeux de ses partisans d'aujourd'hui (bien que le banquier ou l'usurier, de quelque religion qu'il soit, reste toujours actuellement l'ennemi des socialistes proudhoniens ; à l'exception que ça n'en fait pas une race particulière).

Proudhon a plus ou moins succombé à des idées alors en vigueur (à son époque, il n'y avait absolument rien d'incohérent à être à la fois antisémite et socialiste). C'est ce que des sociologues comme Bourdieu appellent l’habitus. Proudhon s'est laissé influencer par les idées de l'époque allègrement antisémites.


Volontairement, je ne touche pas au texte car il résume assez bien une idée que j'estime fausse mais que les anti Proudhon aiment faire circuler.

Tout d'abord, attention au terme de « race ». Au XIXe siècle, sa définition est : « 1. Lignée, tous ceux qui viennent d'une même famille ex. la race d'Abraham. 2. Variété constante qui se conserve par la génération ex. race blanche, jaune, noire. 3. Multitude d'hommes ayant une profession, des inclinations communes ex. race des usuriers » (Larousse 1856). Ce n'est qu'en 1853 que Gobineau écrira son Essai sur l'inégalité des races humaines qui réduit la définition à trois races : blanche, noire, jaune (la première étant supérieure). Cet ouvrage passera tout d'abord totalement inaperçu, sera emmené en Allemagne suite à la guerre de 70 où il connaîtra le succès. Donc, dans les ouvrages du XIXe siècle, vous trouverez des discussions sur les races blanche, noire, jaune mais également sur la race humaine, la race gauloise, germanique, anglo-saxonne, juive ; la race corse ou franc comtoise ; ou bien encore les races royales, nobles, les races de paysans etc., etc. Mais le terme n'est pas employé dans le sens quasi exclusif de « couleur de peau », comme il le sera au XXe siècle. Vous aurez remarqué que, chez Larousse, c'est même un sens secondaire. Exemples, encore, dans le De la Justice... Etude IV § XLII, Proudhon parlant d'une biographie écrite par E. de Mirecourt : « Il me poursuit jusque dans ma race » (la race des Proudhon) et, dans le même livre, Etude IX, § III, il utilise l'expression de race humaine.

Sur l'antisémitisme. Proudhon est, au XIXe siècle un des rares socialistes à ne pas être antisémite. En dehors de l'identification juif=argent (banquier, usurier, capitaliste, etc.), les montagnards (généralement jacobins) reprochent aux juifs de construire une société dans la société, société qui prend le pas sur l’État grâce à sa puissance financière internationale. Ceci s'oppose évidemment à la notion de République une et indivisible. Cela ne gêne pas particulièrement Proudhon qui, lui, n'est pas jacobin. Quant à la puissance financière, il compte bien l'annihiler par sa proposition de crédit gratuit. Précisons d'ailleurs que l'antisémitisme de gauche du XIXe siècle est différent de l'antisémitisme de droite qui se développera au XXe siècle. Même le fouriériste montagnard Alphonse Toussenel, dans son célèbre pamphlet Les Juifs, rois de l'époque, Histoire de la féodalité financière (Librairie de l'Ecole sociétaire, 1845) précise bien : « Je préviens le lecteur que ce mot (juif) est généralement pris ici dans son acception populaire : juif, banquier, marchand d'espèces. Personne ne reconnaît plus volontiers que moi que le peuple juif tient une place immense dans l'histoire de l'humanité. » Le titre de cet ouvrage va inspirer à Proudhon une de ses célèbres formules lorsqu'il s'attaquait à ses collègues d'extrême-gauche : « Vous voulez exterminer les Juifs rois de l'époque et vous adorez le Veau d'or ! » (Confessions d'un révolutionnaire Ch. XI). Le terme est d'ailleurs, jusqu'à la seconde guerre mondiale un quasi synonyme d'usurier : « JUIF : Qui professe la religion judaïque. Fig Usurier » (Larousse 1856).

L'extrait des Carnets qui est toujours reproduit est la seule manifestation d'antisémitisme violent qu'on lui connait. Or, les Carnets n'ont jamais été destinés à être publiés. Proudhon y notait tout ce qui lui passait par la tête. On ne retrouve rien d'approchant dans son œuvre. Imaginez qu'un dictaphone soit en permanence branché sur vous et, qu'un siècle après votre mort, on transcrive tout ce que vous avez pu raconter dans votre vie... Il se peut qu'on découvre quelques âneries.

Tout d'abord, ce paragraphe du 26 décembre 1847 vient peu après la lecture de Misère de la philosophie. Écrit pendant l'hiver 46-47 il est publié en juin 1847. Il semble que Proudhon en lira une partie en septembre, prêtera son exemplaire à deux amis, reprendra la lecture et ne l'achèvera pas. La « suprême mauvaise foi, envie, ou bêtise » (Carnet du 20 nov. 1847) de l'ouvrage le rend furieux (Voir ses notes dans l'édition de la Fédération anarchiste). Il résumera son opinion par la célèbre phrase : « Marx est le ténia du socialisme » (Carnet du 23 sept 1847). D'autre part, son ami Karl Grün vient d'être expulsé de France. Ordre de quitter la France lui avait été donné le 17 mars 1847. Il a été « enlevé par la police, et conduit immédiatement hors de France » (Carnets) le 7 avril. Proudhon soupçonne H. Heine et A. Weill (proches de Marx) d'être des "mouchards" et d'être à l'origine de cette expulsion (Cf Carnets 17, 18, 25 mars ; 7, 12 avril ; 24 mai 1847...) On sait que Grün professait les idées de Proudhon dans les milieux des intellectuels allemands réfugiés à Paris et que cela déplaisait fortement à Marx qui avait vainement tenté de brouiller les deux hommes (voir lettre de Marx à Proudhon et réponse, mai 1846). Pour être honnête et ne pas faire de la propagande comme les marxistes (mon article n'a pas tenu une semaine sur Wikipédia) je n'ai jamais trouvé de preuve des soupçons de Proudhon.

Dans la citation les points de suspension après "disparaisse" sont de Proudhon. MAIS ceux après "exterminer" indiquent un passage supprimé par l'auteur de l'article qui semble avoir repris le site marxiste Hérodote. Voici ce qui manque :

« H. Heine, A Weill et autres ne sont que des espions secrets; Rotschild, Crémieux, Marx, Fould, êtres méchants, bilieux, envieux, âcres, etc. etc. qui nous haïssent. »

POURQUOI AVOIR SUPPRIME CES DEUX LIGNES ?

Enfin, la diatribe (après "foi politique") se termine par :

« Au reste, l'abolition du judaïsme viendra avec l'abolition des autres cultes. - Commencer par ne plus allouer de traitement au clergé et laisser ce soin au Casuel. - Puis un peu plus tard, abolir le culte ».

MEME QUESTION.

Cordialement. H. Trinquier

Anecdote[edit]

Proudhon est l'un des personnage de la trilogie de l'écrivain Bernard Werber Le cycle des dieux. Il est l'un des 144 élèves dieux du jeu d'Y. Dans le premier tome Nous les dieux, Proudhon se présente comme « Le dieux des Athées ».

Principaux écrits[edit]

Proudhon2.jpg
  • De l'utilité de la célébration du dimanche (1839)
  • Qu'est ce que la propriété?[23] (1840)
  • Lettre à M. Blanqui[24] (1841)
  • Avertissement aux propriétaires[25] (1842)
  • Explications présentées en Cour d'Assises sur le droit de propriété (1842)
  • De la création de l'ordre dans l'humanité (1843)
  • Système des contradictions économiques ou Philosophie de la misère (1846)
  • Solution du problème social (1848)
  • Les confessions d'un révolutionnaire (1849)
  • Idée générale de la Révolution (1851)
  • La Révolution sociale démontrée par le coup d'Etat (1852)
  • Philosophie du progrès (1853))
  • Le manuel du spéculateur à la bourse (1853)
  • De la justice dans la révolution et dans l'Eglise (1858)
  • La Justice poursuivie par l'Eglise (1858)
  • La Guerre et la Paix (1861)
  • Du principe fédératif (1863)
  • Les démocrates assermentés et les réfractaires (1863)
  • De la capacité politique des classes ouvrières (1865)
  • Du principe de l'art et de sa destination sociale (1865)
  • Théorie de la propriété (1866)
  • Mélanges (Articles de journaux. 3 tomes. Certains textes ont été censurés.) (1869)
  • Théorie du mouvement constitutionnel (1870)
  • Correspondance (14 volumes - d'autres seront publiés par la suite) (1875)

Notes de bas de page[edit]

  1. À noter qu'il existe une rue Jean-Baptiste-Victor Proudhon (dont il est un lointain cousin) juste en face la rue Pierre-Joseph Proudhon, mais finalement, très peu de Bisontins se rendent compte de la différence de prénoms de ces deux rues !
  2. Passy, ancien village du département de la Seine, rattaché à Paris en 1860 pour former avec le village d'Auteil le XVIe arrondissement de Paris.
  3. Pierre-Joseph Proudhon est enterré à Paris, au cimetière du Montparnasse (2e division, près de l'allée Lenoir, dans la tombe de la famille Proudhon).
  4. La Sainte Famille, œuvre de Karl Marx publiée en 1845. Voir le texte ici (notamment la première note).
  5. "Proudhon could retain the idea of property as theft, and at the same time offer a new definiton of it as liberty. There is the constant possibility of abuse, exploitation, which spells theft. At the same time property is a spontaneous creation of society and a bullwark against the ever-encroaching power of the State."
    Copleston, Frederick. Social Philosophy in France, A History of Philosophy, Volume IX, Image/Doubleday, 1994, p. 67
  6. Dans Qu'est-ce que la propriété ?, Chapitre III, Paragraphe 3. – La prescription ne peut jamais être acquise à la propriété, Paragraphe Premier. – La terre ne peut être appropriée et Paragraphe 5. – Que le travail conduit à l’égalité des propriétés. Lire en ligne sur Wikisource.
  7. Steward Edwards, Introduction de Selected Writings of P.J. Proudhon.
  8. Pierre-Joseph Proudhon, Manifeste électoral du peuple, 1848. À lire en ligne sur le site Internet « Monde-Nouveau ».
  9. Pierre-Joseph Proudhon, Les Confessions d'un révolutionnaire, 1850. À lire sur Google Books.
  10. Pierre-Joseph Proudhon, Le Peuple, 1848.
  11. Id.
  12. Pierre-Joseph Proudhon, De la Justice dans la Révolution et dans l'Église, 1858. À lire sur Google Books
  13. Pierre-Joseph Proudhon, Lettre à Karl Marx du 17 mai 1846. À lire sur Wikisource la correspondance entre Proudhon et Marx.
  14. Pierre-Joseph Proudhon, L'Idée générale de la Révolution au XIXe siècle, 1851. À lire sur Google Books.
  15. Id.
  16. Id.
  17. Pierre-Joseph Proudhon, Du principe Fédératif, 1863, p. 88. À lire sur Google Books.
  18. Id.
  19. Id.
  20. Pierre-Joseph Proudhon, Lettre à Beslay, 3 mai 1860.
  21. Pierre-Joseph Proudhon, La Pornocratie ou les femmes dans les temps modernes, 1857.
  22. Pierre-Joseph Proudhon, Carnets, 26 décembre 1847.
  23. Premier mémoire sur la propriété.
  24. Second mémoire sur la propriété.
  25. Troisième mémoire sur la propriété.

Voir aussi[edit]

Personnalités côtoyées[edit]

Thèmes associés[edit]

Liens externes[edit]



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