Noam Chomsky
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Noam Chomsky (7 décembre 1928 - ...) est un intellectuel américain, linguiste et socialiste libertaire (il s'identifie comme anarchiste depuis l'âge de 12 ou 13 ans). Il est membre de l'International Working People's Association (IWW), comme l'a été son père, William Chomsky, ukrainien d'origine.
Contents
Linguiste et anarchiste
Avant d’examiner la question des idées de Chomsky, il faut immédiatement rappeler que sa production comprend deux volets bien distincts entre lesquels Chomsky refuse de voir autre chose que des liens bien ténus.
Le linguiste
D’un côté, Chomsky a travaillé — et travaille toujours — en linguistique. Noam Chomsky étudie la linguistique et la philosophie à partir de 1945. Il soutient sa thèse en 1955 et écrit son livre le plus important en tant que linguiste, « Structures syntaxiques », en 1957. Il y développe la « théorie de la grammaire générative et transformationnelle (théorie syntaxique)»[1]. Il entre ensuite au MIT (Massachusetts Institute of Technology) où il enseigne toujours aujourd'hui. Il a en fait, dans une substantielle mesure rénové et institué scientifiquement cette discipline : son apport a été à ce point déterminant qu’on peut distinguer, dans l’histoire de la linguistique, un avant Chomsky et un après Chomsky et qu’on parle couramment de « révolution chomskyenne » pour décrire l’impact qu’ont eu les idées qu’il a mis de en avant à partir des années cinquante. Leur retentissement s'est également fait ressentir dans bien d’autres domaines, en particulier en philosophie, en psychologie et dans le secteur des sciences cognitives.
L'anarchiste et le socialiste libertaire
D’un autre côté, Noam Chomsky est un militant et un activiste qui rattache son travail à la tradition de l’anarchisme et du socialisme libertaire, dont il est sans doute, à l’heure actuelle, le plus célèbre représentant. Il s'engage politiquement, notamment contre la guerre du Vietnam à partir de 1965. Il publie en 1967 le texte « Responsabilités des intellectuels »[2]. Lors de la marche sur le Pentagone du 21 octobre 1967, il est, avec d'autres, arrêté par la police fédérale et passe une nuit en prison.
Son engagement public, depuis maintenant quarante cinq ans, a été remarquable de constance et de générosité et il s’est toujours caractérisé par le souci de parler non pas aux intellectuels, aux puissants, ou à ceux qu’Adam Smith appelait déjà les « Maîtres », mais aux gens ordinaires. Chomsky s’adresse à eux en s’efforçant de leur parler de manière claire, informative et compréhensible de sujets importants et qui les intéressent ou du moins devraient les intéresser, de problèmes sur lesquels ils peuvent exercer, par leur action, une véritable influence. Sa critique des médias de masse et de la politique étrangère des États-Unis en font depuis 40 ans un activiste chevronné. Une partie importante de son travail est consacrée à établir les preuves objectives de l’existence d’une propagande médiatique.
Le militant
Le deuxième volet de l’œuvre de Chomsky est celle du militant prenant publiquement position et qui s’ouvre alors qu’il s’engage contre la Guerre du Vietnam. Chomsky s'interesse particulièrement à la politique étrangère américaine et à la globalisation.
Sur ce terrain, son travail d’analyse, précis, critique, minutieux et abondant, fait de Chomsky un des plus précieux et des plus informés observateurs du monde contemporain. Des menées impérialistes des États-Unis aux ententes de libre-échange en passant par les corporations transnationales, les organismes comme le FMI ou la Banque Mondiale, peu de dimensions et d’acteurs de la vie politique et économique des 40 dernières années ont échappé à son regard attentif. En fait, on peut même ressentir un certain vertige devant cette somme de textes et la masse de faits qu’ils mobilisent[3]. Mais si l’on cherche à donner un aperçu de ce vaste travail, on peut commodément y distinguer deux grands ensembles de textes.
Deux ensembles de textes
Le premier concerne la politique étrangère américaine.
Comme le montrera un survol de la liste de ses publications, Chomsky s’est intéressé de très près et de manière toute particulière aux interventions américaines au Vietnam, au Laos, au Cambodge, en Amérique Centrale et Latine, en Indonésie et au Timor Oriental, au Kosovo et en Afghanistan ainsi qu’au conflit Israélo-Palestinien. Cette liste n’est pas innocente: y figurent les principaux endroits où les États-Unis sont brutalement intervenus depuis un demi-siècle. Impossible, bien entendu, de résumer ces travaux. Mais certains de leurs attributs doivent être notés. Chomsky écrit toujours dans une langue claire et compréhensible, évitant soigneusement de complexifier artificiellement les choses par le recours à un vocabulaire inutilement abstrait. Il accumule des faits en multipliant les références, mais surtout, sachant fort bien qu’un fait n’est pas quelque chose sur quoi on «tomberait» par hasard et qui parlerait de soi-même, il les place dans un cadre et un contexte où ils font sens. Ces caractéristiques sont celles du sens commun quand il se penche sur des questions de la vie courante; ce sont celles que le scientifique met obstinément en œuvre quand il fait de la science. Mais elles sont hélas bien rares quand il s’agit de questions économiques, sociales et politiques. Ce que Chomsky met à jour, dans cette partie de ses écrits, est de nature à surprendre le lecteur non préparé. La politique étrangère américaine, avec une remarquable constance, a été caractérisée par le mépris du droit international, par le recours à la force, par la mise en place et l’appui donné à des régimes dictatoriaux et meurtriers, par le mépris des droits de l’homme, par la lutte contre la démocratie et les mouvements populaires, et ainsi de suite, ad nauseam. À chacun, bien entendu, de lire ces textes et de se faire un idée. Mais l’impitoyable réquisitoire que dresse Chomsky constitue un formidable défi lancé en particulier à ceux qui soutiennent que les États-Unis (et l’Occident en général) sont motivés par le respect des droits de l’homme, de la liberté et de la démocratie.
Le deuxième, le phénomène de la globalisation de l’économie.
La «globalisation» de l’économie est un sujet qui occupe une place particulièrement prépondérante dans certains écrits de Chomsky. Dans les analyses qu’il consacre à ce phénomène, Chomsky montre en particulier que le développement moderne du capitalisme voit l'ensemble des systèmes politiques, économiques et idéologiques progressivement envahis et pris en charge par ce qu'il appelle «de vastes institutions de tyrannie privée» dont les entreprises, les corporations transnationales, les banques, les systèmes monétaires et financiers fournissent aujourd'hui les modèles les plus achevés et les plus inquiétants.
Construites de manière hiérarchique, échappant progressivement à tout contrôle démocratique, ces institutions sont nées selon Chomsky du même sol que le fascisme ou le bolchevisme, ces autres manifestations contemporaines du totalitarisme. La globalisation de l’économie marque une phase historique particulière de leur développement visant à accroître leur pouvoir et maximiser leurs profits et pour l’essentiel ne ressemble ainsi en rien à ce qu’on nous assure qu’elle signifie. Examiné de près, le libre échange, dans une substantielle mesure, n’est ni libre ni ne concerne des échanges. Le marché du néo-libéralisme n’a à peu près rien à voir avec ce que le libéralisme classique appelait le marché et constitue en fait une façon pour le public de subventionner des tyrannies privées: seuls les pauvres, les travailleurs sont soumis à la discipline du marché pendant que l’État participe au démantèlement des gains, d’inspiration keynésienne, réalisés après la Deuxième Guerre Mondiale. Dans cette perspective santé, éducation, protection sociale sont des acquis à démanteler et à privatiser pour accroître le profits des tyrannies privées.
En découvrant pour la première fois les textes de Chomsky où sont développées ces idées — et de nombreuses autres —, il n’est pas rare que son lecteur soit tour à tour incrédule, horrifié et bouleversé. Mais Chomsky étaye solidement son argumentaire — en multipliant les notes et références, en donnant avec précision ses sources. Il analyse également les raisons et les moyens employés pour imposer à la population mondiale un système économique et politique tyrannique échappant totalement à son contrôle : la propagande.
La propagande ou la "fabrique du consentement"
Chomsky reprend à Walter Lippman l’expression «fabrication des consentements» qui correspond en fait à un programme politique d’une immense importance stratégique pour les institutions dominantes: il s’agit pour elles de parvenir à obtenir l’assentiment du public dans la poursuite de ses politiques et intérêts ou à tout le moins sa non-interférence et sa marginalisation. Chomsky écrit:
« Dans un système démocratique, les illusions nécessaires ne peuvent être imposées par la force et doivent être instillées dans l’esprit du public par des moyens plus subtils. Un État totalitaire peut se contenter d’une allégeance moindre aux vérités requises: il suffit que les gens obéissent et ce qu’ils pensent n’a que peu d’importance. Mais dans un régime démocratique, le danger est toujours présent qu’une pensée indépendante débouche sur l’action politique. Il est donc crucial d’éliminer ce risque à sa racine même.»[4]
Chomsky montre comment cette idée est profondément inscrite dans une partie de notre culture intellectuelle, dans la perception qu’ont les élites du public — cette bête sauvage qu’il faut dompter — et comment elle engage en retour une conception très particulière de la démocratie selon laquelle une minorité doit seule s’occuper des choses importantes, définir les actions à prendre et en quoi consiste le bien commun tandis que la majorité doit être reléguée à un rôle de spectateur. L’éducation institutionnelle joue bien entendu un rôle dans ce processus et Chomsky a sur elle des remarques percutantes («l’éducation est un système d’imposition de l’ignorance») comme il en a sur la plupart des intellectuels et experts qui sortent de ce système. Mais ce sont surtout les moyens de communication de masse qui ont retenu ici son attention: firmes de relations publiques, par exemple, mais aussi et surtout, grands médias.
Dans de nombreux travaux, parfois réalisés avec Edward S. Herman, il s'est efforcé de mettre à jour les mécanismes de contrôle de la pensée qui sont employés et d'indiquer les possibilités de les contrer. Son modèle propagandiste des médias affirme que ceux-ci sont surdéterminés par un certain nombre d'éléments (structurels et institutionnels) qui vont conditionner la représentation du réel qui sera proposée ainsi que les valeurs, les normes et les perceptions qui y seront promus. Les médias, montre-t-il, «servent à mobiliser des appuis en faveur des intérêts particuliers qui dominent les activités de l'État et celles du secteur privé; leurs choix, insistances et omissions peuvent être au mieux compris - et parfois même compris de manière exemplaire et avec une clarté saisissante - lorsqu'ils sont analysés en ces termes».
Partant de ce constat, Chomsky s'est penché sur une question primordiale : que pouvons-nous donc faire? On peut s’efforcer de comprendre, de sortir du cadre de la propagande et de l’endoctrinement. Les moyens pour ce faire sont triviaux et connus de chacun: lire, discuter, s’informer, joindre tel ou tel groupe qui agit et ainsi de suite. Mais Chomsky porte aussi un idéal politique qu’il pense légitime et pertinent: l’anarchisme. L’anarchisme (ou le socialisme libertaire ou l’anarcho-syndicalisme) invitent à envisager les problèmes de sociétés industrielles complexes dans le cadre d’institutions et de structures librement consenties et Chomsky considère qu’en ce sens la direction dans laquelle ils pointent est pour nous tout particulièrement appropriée.
L'anarchisme
L’anarchisme est une importante référence dans l’œuvre de Chomsky. L'indignation devant les répressions caractérise toutes les interventions politiques de Chomsky avec une volonté de prendre position en se situant radicalement du côté des vaincus et des écrasés.
Dans ses écrits, Chomsky revient sur ses années de formation politique, sur sa fréquentation des librairies anarchistes, sur ces discussions qu’il a, tout jeune encore, avec des membres de sa famille et ces ouvriers qu’il rencontre, sur cette vibrante culture ouvrière juive où il forge ses convictions politiques.
Anarchisme, rappelle souvent Chomsky, est un terme large et polysémique et il convient de préciser ce que l’on entend par là lorsqu’on s’en réclame. L’anarchisme de Chomsky se rattache en particulier à Michel Bakounine et à la notion d’instinct de liberté qu’il reprend de ce dernier, mais aussi, de manière originale, à des idéaux directement issus des Lumières et du libéralisme classique, qu’il distingue soigneusement de la fraude intellectuelle qui circule aujourd’hui sous ce nom (le supposé «néo-libéralisme»). Il rattache son oeuvre à deux noms : Wilhelm von Humbolt et Rudolf Rocker.[5]
Comme il le dira, l'anarchisme est cette tendance, présente dans toute l'histoire de la pensée et de l'agir humains, qui nous incite à vouloir identifier les structures coercitives, autoritaires et hiérarchiques de toutes sortes pour les examiner et mettre à l'épreuve leur légitimité; lorsqu'il arrive que ces structures ne peuvent se justifier - ce qui est le plus souvent le cas - l'anarchisme nous porte à chercher à les éliminer et à ainsi élargir l'espace de la liberté.
L'affaire Faurisson
Bien que reconnu comme l'un des plus grands intellectuels vivants, y compris par ses détracteurs, Noam Chomsky reste ignoré en France. En consultant par exemple les archives de Radio France depuis 40 ans, le nom de Chomsky n’apparaît que cinq fois pour de brèves interventions sur France Culture dans les années 70. Jamais il n’a été entendu sur France Inter. A quoi tient ce passage sous silence ? Une série de penseurs français s’acharne à entretenir le soupçon que Chomsky aurait des complaisances avec l’historien négationniste Robert Faurisson, tout comme envers Pol Pot et les génocidaires cambodgiens.
Professeur de littérature à l’université de Lyon, Robert Faurisson fut suspendu de ses fonctions à la fin des années 1970 et poursuivi parce qu’il avait, entre autres, nié l’existence des chambres à gaz pendant la seconde guerre mondiale. Une pétition pour défendre sa liberté d’expression fut signée par plus de cinq cents personnes, dont Chomsky.
Pour répondre aux réactions violentes que suscita son geste, Chomsky rédigea alors un texte intitulé "quelques commentaires élémentaires sur le droit à la liberté d'expression" dans lequel il explique que reconnaître à une personne le droit d’exprimer ses opinions ne revenait nullement à les partager. Il donna son texte à un ami d’alors, Serge Thion, en lui permettant de l’utiliser à sa guise. Or Thion le fit paraître, comme « avis », au début du mémoire publié pour défendre Faurisson. L'intelligentsia française en profita pour brocarder Chomsky, l'accusant de soutenir les thèse révisionnistes de Faurisson.
Que disait ce texte ? (extraits) « Avant d'en arriver au sujet sur lequel on me demande mon avis, deux mises au point sont nécessaires. Les remarques qui vont suivre se situent à l'intérieur de limites qui sont importantes à deux points de vue. D'abord, je ne traite ici qu'un sujet précis et particulier, à savoir le droit à la libre expression des idées, des conclusions et des croyances. Je ne dirai rien ici des travaux de Robert Faurisson ou de ses critiques, sur lesquels je ne sais pas grand-chose, ou sur les sujets qu'ils traitent, sur lesquels je n'ai pas de lumières particulières. En second lieu, j'aurai quelques commentaires désagréables (mais mérités) à faire à l'égard de certains secteurs de l'intelligentsia française qui ont montré qu'ils n'éprouvaient aucun respect pour les faits ou pour la raison, comme j'ai eu l'occasion de l'apprendre à mes dépens en des circonstances sur lesquelles je ne reviendrai pas. Ce que j'aurai à dire ne s'applique certainement pas à beaucoup d'autres qui continuent sans défaillance à faire preuve d'intégrité intellectuelle. ...
On m'a demandé, il y a quelque temps, de signer une pétition pour la défense de la liberté de parole et d'expression » de Robert Faurisson. La pétition ne disait absolument rien sur le caractère, la qualité ou la validité de ses recherches, mais se cantonnait très explicitement à la défense de droits élémentaires qui sont considérés comme acquis dans les sociétés démocratiques; elle demandait à l'Université et aux autorités de faire tout leur possible pour garantir la sécurité de Faurisson et le libre exercice de ses droits légaux » ( do everything possible to ensure Faurissons safety and the free exercice of his legal rights »). Je l'ai signée sans hésitation.
Le fait que j'ai signé cette pétition a soulevé une tempête de protestations en France. ... La pétition disait simplement que Faurisson avait rendu publiques ses conclusions » ( Since he began making his findings public »), ce qui est indiscutable, mais qui ne dit ou n'implique rien de précis sur leur valeur, et qui n'implique rien sur leur validité. ... Parmi les gens qui ont appris quelque chose du dix-huitième siècle (voyez Voltaire), il va de soi, sans même qu'on songe à le discuter, que la défense du droit à la libre expression ne se limite pas aux idées que l'on approuve, et que c'est précisément dans le cas des idées que l'on trouve les plus choquantes que ce droit doit être le plus vigoureusement défendu. Soutenir le droit d'exprimer des idées qui sont généralement acceptées est évidemment à peu près dépourvu de signification. Tout cela est parfaitement compris aux Etats-Unis et c'est pourquoi il n'y a rien ici qui ressemble à l'affaire Faurisson. En France, où la tradition des libertés civiles est loin d'être solidement établie et où des tendances profondément totalitaires ont travaillé l'intelligentsia pendant de nombreuses années (la collaboration, la grande influence du léninisme et de ses avatars, l'aspect quasi délirant de la nouvelle droite intellectuelle, etc.), les choses sont apparemment très différentes. ... Mais lorsque je dis que, quelles que puissent être ses opinions, Faurisson a des droits qui doivent être garantis, on considère cela comme scandaleux » et on en fait toute une histoire en France. ... Il est rare que je dise du bien de l'intelligentsia dominante aux Etats-Unis, qui ressemble généralement à ses équivalents dans d'autres pays. Il est pourtant très éclairant de comparer les réactions françaises à l'affaire Faurisson et le phénomène identique que nous avons ici. Aux Etats-Unis, Arthur Butz (que l'on peut considérer comme l'équivalent américain de Faurisson) n'a pas été soumis au genre d'attaques impitoyables qu'on a lancées contre Faurisson. Quand les historiens révisionnistes (« no-holocaust ») ont tenu une large réunion internationale, il y a quelques mois, aux Etats-Unis, il ne s'est rien passé qui aurait ressemblé à l'hystérie qui a entouré en France l'affaire Faurisson. Lorsque le Parti nazi américain appelle à un défilé dans la ville largement juive de Skokie (Illinois), ce qui est manifestement une pure provocation, l'American Civil Liberties Union [l'équivalent de la Ligue des droits de l'homme, N.d.T.] défend le droit de défiler (ce qui rend évidemment furieux le Parti communiste américain). Pour autant que je le sache, il en va de même en Angleterre ou en Australie, pays qui comme les Etats-Unis ont une tradition vivante de défense des libertés. Butz et les autres sont l'objet de critiques et de condamnations (intellectuelles) sévères, mais sans que l'on s'en prenne, à ma connaissance, à leurs libertés. Il n'est nul besoin, dans ces pays, d'une pétition inoffensive comme celle que l'ontrouve scandaleuse » en France, et s'il y avait une telle pétition elle ne serait sûrement pas attaquée, sauf dans des cercles minuscules et insignifiants. ... Je voudrais ajouter une remarque finale au sujet du prétendu antisémitisme » de Faurisson. Remarquons d'abord que même si Faurisson se trouvait être un antisémite acharné ou un pronazi fanatique - et ce sont des accusations que contenait une correspondance privée qu'il ne serait pas convenable de citer en détail ici - cela n'aurait rigoureusement aucune conséquence sur la légitimité de la défense de ses droits civils. Au contraire, cela rendrait leur défense d'autant plus impérative puisque, encore une fois, et c'est l'évidence depuis des années, depuis des siècles même, c'est précisément le droit d'exprimer librement les idées les plus effroyables qui doit être le plus vigoureusement défendu; il est trop facile de défendre la liberté d'expression de ceux qui n'ont pas besoin d'être défendus. Noam Chomsky, Cambridge (U. S. A.), 11 octobre 1980 ».[6]
Bibliographie
- Propagande, médias, démocratie (avec Robert W. McChesney, Ecosociété, 2000)
- 11-9 : autopsie des terrorismes (Serpent à Plumes, 2001)
- De l'espoir en l'avenir : entretiens sur l'anarchisme et le socialisme (Agone, 2001)
- De l'espoir en l'avenir : propos sur l'anarchisme et le socialisme (Agone, 2001)
- Elections 2000 : réflexions sur la démocratie américaine & Les schémas du vote et de l'abstention (Sulliver, 2001)
- Instinct de liberté : anarchisme et socialisme (Agone, 2001)
- La loi du plus fort : mise au pas des États voyous (avec Ramsey Clark, Edward W. Saïd, Le Serpent à plumes, 2002)
- Le parapluie militaire américain et la déclaration universelle des droits de l'Homme (Le Serpent à plumes, 2002)
- Le pouvoir mis à nu (Ecosociété, 2002)
- Propaganda : un texte fondateur sur la communication moderne (Danger public, 2002)
- De la propagande (Fayard, 2002)
- De la guerre comme politique étrangère des États-Unis (Agone, 2002)
- Le Bouclier Américain (Serpent à Plumes, 2002)
- La loi du plus fort : Mise au pas des états voyous (Serpent à Plumes 2002)
- Le profit avant l'homme (Fayard, 2003)
- La fabrique de l'opinion publique : la politique économique des médias américains (Le Serpent à plumes, 2003)
- Pirates et empereurs : le terrorisme international dans le monde actuel (Fayard, 2003)
- Pouvoir et terreur : entretiens après le 11 Septembre (Le Serpent à plumes, 2003)
- Sur le contrôle de nos vies (Allia, 2003)
- Policamente Incorrecto, avec Thierry Meyssan, postface de Fidel Castro (Ciencias sociales), 2004
- Comprendre le pouvoir (Aden, 2005)
Video
Video de l'émission de France Inter "la bas si j'y suis" sur Noam Chomsky Voir la video
Notes et références
- ↑ L'aptitude du langage est biologique —comme par exemple la vision— et ne relève pas de l'enseignement
- ↑ Noam Chomsky, « The Responsibility of Intellectuals », New York Review of Books, vol 8, n° 3, 23 février 1967.
- ↑ D'après le témoignage de sa femme dans le documentaire Rebel without a Pause diffusé en 2003, Chomsky lit six quotidiens et environ 80 magazines.
- ↑ CHOMSKY, Noam (1989) Necessary Illusions, Anansi, Toronto. Page 48.
- ↑ Wilhelm von Humboldt (1767-1835), précurseur de la linguistique contemporaine, fondateur de l’Université de Berlin et auteur d’un maître livre du libéralisme classique (Les Limites de l’action de l’État), demeure aujourd’hui encore trop peu connu. Chomsky voit dans cet ouvrage une riche formulation d’un idéal anarchiste avant la lettre: Humboldt envisage en effet des communautés de libre association sans coercition émanant de l’État ou d’autres institutions autoritaires et au sein desquelles des êtres humains libres peuvent créer, questionner, et développer pleinement leurs capacités. Cette idée de libre auto-développement (ou Bildung) est central dans toute la pensée de Humboldt. Rudolf Rocker, notamment dans Nationalism and Culture, a de l’anarchisme des conceptions très voisines — il le situe aux confluences du socialisme et du libéralisme — et il a lui aussi exercé une grande influence sur Chomsky.
- ↑ Extrait de Mémoire en Défense -- Contre ceux qui m'accusent de falsifier l'histoire. La question des chambres à gaz. Précédé d'un avis de Noam Chomsky, de Robert Faurisson, Paris, La Vieille Taupe, [novembre] 1980, 277p. On peut aussi consulter la version originale compléte en anglais de ce document
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Chomsky, Noam