FAQAnar:I.3.1 - Qu’est-ce qu’un "syndicat" ?

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FAQ anarchiste
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« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
I - À quoi une société anarchiste ressemblerait-elle ?

Introduction
I.1 - Le socialisme libertaire n'est-il pas un oxymore ?



I.2 - Est-ce un plan de travail pour une société anarchiste ?



I.3 - À quoi la structure économique d'une société anarchiste ressemblerait ?



I.4 - Comment une économie anarchiste fonctionnerait-elle ?



I.5 - À quoi ressemblera la structure sociale en anarchie ?



I.6 - Qu'en est-il de la « tragédie des biens communs » et de ce qui s'ensuit ? À coup sûr, la possession communale menera à un sur-usage et à la destruction environnementale, non ?



I.7 - Le socialisme libertaire ne détruira-t'il pas l'individualité ?



I.8 - L'Espagne révolutionnaire ne montre-t'elle pas que le socialisme libertaire fonctionne dans la pratique ?



Sommaire complet et détaillé


Catégorie:À quoi une société anarchiste ressemblerait-elle ? Dans le sens où nous employons ce terme, un "syndicat" (aussi appelé "coopérative de producteur", "coopérative" tout court, "collectif", ou "commune de producteurs", "association de producteurs", "guilde d’usine", "guilde d’atelier") est une entreprise de production auto-gérée démocratiquement, dont les moyens de production sont soit possédés par les travailleurs ou par la communauté au sens plus large. C’est un terme générique assez utile pour décrire la situation souhaitée par les anarchistes, où "des associations de femmes et d’hommes qui [...] travaillent la terre, dans les usines, dans les mines, etc. [sont] eux-même les gérants de la production." [Peter Kropotkin, Evolution et Environnement, p. 78]

Il est important de noter que des individus ne souhaitant pas se joindre à des syndicats pourront tout à fait travailler pour eux-même. Il n’y a pas de "collectivisation forcée", sous aucune forme de socialisme libertaire, parce que forcer les gens est incompatible avec les principes de base de l’anarchie. Ceux qui désirent être indépendants (self-employed) devront avoir accès libre aux moyens de production dont ils ont besoin, à condition toutefois qu’ils ne tentent pas de monopoliser plus de moyens qu’eux et leur familles peuvent utiliser par eux-même, et qu’ils ne tentent pas d’employer d’autres personnes contre salaire.(Voir section I.3.7) (NDT : c’est-à-dire, de se livrer à de l’exploitation d’autres personnes. A priori, il faudrait être assez mal inspiré de devenir salarié quand la solution de l’indépendance s’offre aussi facilement, sans parler de la solution de la coopérative. Mais sait-on jamais, par ignorance...)

Un syndicat ressemble à une coopérative sous un régime capitaliste en de nombreux points. En fait, Bakounine a expliqué que les anarchistes sont "convaincus que la coopérative sera la forme prépondérante d’organisation sociale dans le futur, dans toutes les secteurs de la science et de l’industrie." [Basic Bakunin, p. 153] Ainsi, même dans le cas d’exemples de coopératives fonctionnant sur le marché capitaliste, les fonctions essentielles d’une économie socialiste libertaire peuvent être observées. L’élément économique de base, l’atelier, est une libre association d’individus, qui organiseront leur travail commun de manière coopérative. Pour citer Bakounine à nouveau, "[S]eul le travail associatif, c’est-à-dire, le travail organisé selon les principes de la réciprocité et de la coopération est adapté à la tâche de maintenir [...] une société civilisée." [The Political Philosophy of Bakunin, p. 341]

Coopération, dans ce contexte, signifie que les décisions politiques en relation avec l’association seront basées sur le principe "un membre, un vote", et que les "dirigeants" et autres membres administratifs seront élus et tenus responsables devant le syndicat dans son ensemble. L’auto-gestion des usines ne signifie pas, comme les tenants du capitalisme le suggèrent, que les connaissances et les compétences techniques seront ignorées et que toutes les décisions seront prise par tout le monde. C’est un argument fallacieux, car il est évident que les ingénieurs, par exemple, ont une bien meilleure compréhension de leur propre travail que les non-ingénieurs, et dans une optique d’auto-gestion, le contrôleraient directement. Comme l’a précisé G.D.H. Cole :

« Nous devons comprendre exactement en consiste la démocratie des guildes, et tout spécialement, quel est son impact sur les relations entre les différentes classe d’employés à l’intérieur d’une même guilde. Parce que comme la guilde inclue tous les travailleurs, qu’ils soient manuels ou intellectuel, engagés dans un service commun, il est claire qu’il y aura parmi les membres une grande hétérogénéité, en terme de fonction, de compétence technique, où d’autorité administrative. Ni la guilde dans son ensemble, ni la guilde d’une usine en particulier ne peut prendre position sur tous les sujets par le truchement du vote, pas plus que la democratie dans une guilde ne signifie que, sur toutes les questions, chaque membre devra compter comme un vote et pas un seul de plus. Un vote de l’ensemble sur un sujet technique dont la compréhension n’est à la portée que de quelques experts est une absurdité manifeste, et même en laissant l’aspect technique de côté, une usine administrée par un vote permanent de l’ensemble ne serait ni un appareil efficace, ni un endroit plaisant pour travailler. Il y aura donc des guildes de techniciens occupant des positions particulières en vertu de leur compétences, et il y aura également des administrateurs possédant une autorité spéciale en vertu à la fois de leurs compétences et de leurs qualifications personnelles. » [G.D.H. Cole, Guild Socialism Restated, pp. 50-51]

Le fait que la prise de décision soit déléguée de cette manière conduit parfois les gens à se demander si les syndicats ne deviendraient pas alors une autre forme de hiérarchie. La réponse est que ce ne serait pas une hiérarchie, car en fait, l’assemblée des travailleurs, et leurs conseils ouverts à tous les travailleurs, déciderait des décisions à déléguer, s’assurant que le gros du pouvoir continue de leur appartenir. Qui plus est, le pouvoir ne serait pas délégué. Malatesta a clairement indiqué la différence entre les décisions administrative et les décisions politiques :

« Il est évident que dans chaque grande entreprise collective, la division entre production, direction technique, administration, etc. est nécessaire. Mais les autoritaires jouent sur les mots de manière maladroite pour trouver des raisons d’être à un gouvernement hors du cadre restreint de l’organisation du travail. Le gouvernement, il est bon de le répéter, est la réunion d’un ensemble de gens qui ont eu ou se sont emparés du droit et des moyens de faire des lois et de forcer les gens à y obeir ; l’administrateur, l’ingénieur, etc., au contraire, sont des gens qui sont chargés ou qui assument la responsabilité de mener à bien telle ou telle tache et ainsi de suite. Le gouvernement, lui, est synonyme de délégation du pouvoir, c’est-à-dire, l’abandon de la dignité et de la souveraineté de tous aux mains de quelques uns ; l’administration simplifie uniquement la délégation du pouvoir, c’est-à-dire des tâches reçues et données, des échanges libres de services basés sur des accords libres [...] Ne confondons pas la fonction du gouvernement et celle d’une administration, car elles sont essentiellement différentes, et si aujourd’hui les deux sont souvent confondues, c’est uniquement à cause des privilèges économique et politique. » [Anarchy, pp. 39-40]

Étant donné que la puissance demeure dans les mains de l’assemblée des ouvriers, il est clair que l’organisation exigée pour chaque effort collectif ne peut pas être confondues avec une forme de gouvernement. En outre, n’oubliez jamais que le personnel administratif est élu par et est responsable devant le reste de l’association. Si, par exemple, il s’avérait qu’un certain type d’activité déléguée de prise de décision était employée de manière abusive, il pourrait être retiré au responsable en question par les travailleurs dans leur ensemble. En raison de ce commandement par le bas, il y a tout lieu de penser que les activités de prise de décision cruciales qui pourrait devenir des sources de puissance (et donc avec le potentiel d’affecter sérieusement les vies de tous les ouvriers) ne seraient pas délégués mais resteraient aux mains des ouvriers. Par exemple, les fonctions qui sont maintenant exercées d’une façon autoritaire par des directeurs dans le capitalisme, comme engager ou mettre à la porte, introduire de nouvelles méthodes de production ou de nouvelle technologies, changer les type de produits, remplacer des équipements de production, déterminer la nature et le rythme de l’activité productive et ainsi de suite demeureraient dans les mains des producteurs associés et non pas délégué à n’importe qui.

De nouveaux syndicats seront créés sur l’initiative des individus au sein des communautés. Ceux-ci peuvent être l’initiative des ouvriers dans un syndicat existant qui désire augmenter la production, ou les membres de la communauté locale qui voient que les syndicats existants ne fournissent pas suffisamment tel ou tel produit ou service dans un secteur spécifique de l’activité. Dans les deux ca, le syndicat sera une association volontaire pour produire les marchandises ou services utiles qui prendrait naissance et disparaîtrait au fur et à mesure des besoins. Par conséquent, une société anarchiste verrait des syndicats se développer spontanément comme les individus s’associent librement pour satisfaire leurs besoins, avec des initiatives aussi bien locales que confédérales. (Les critères pour des décisions d’investissement sont discutés dans la section I.4.8).

Comment se passe l’entrée dans un syndicat ? Selon l’expression de Cole, les syndicats d’ouvriers sont « des associations ouvertes que n’importe quel homme [ ou femme ] peut rejoindre » mais « ceci ne signifie pas, naturellement, que toute personne pourra réclamer l’admission, comme un droit absolu, dans la guilde de son choix. » [Op. CIT, P. 75] Ceci signifie qu’il peut y avoir des conditions de formation (par exemple) et évidemment « un homme [ ou une femme ] ne peut évidement pas entrer dans une guilde [ c.-à-d. un syndicat ] à moins qu’il n’y ait besoin de recrues fraîches pour son travail. [ l’ouvrier ] aura le choix libre, mais seulement parmi les disponibilités." [Ibid.] Évidemment, comme dans n’importe quel type de société, un individu peut ne pas pouvoir poursuivre le travail qui l’intéresse le plus (bien que, étant donné la nature d’une société anarchiste, il aurait du temps libre pour le faire comme un passe-temps). Cependant, nous pouvons imaginer qu’une société d’anarchiste aurait intérêt à assurer une distribution juste du travail et ainsi essayerait de partager le travail, si l’un d’entre eux s’avérait extraordinairement populaire.

Naturellement il peut y avoir le danger d’un syndicat ou d’une guilde essayant de limiter l’entrée pour un motif secret. Le motif secret, naturellement, serait l’exploitation d’une position de monopole vis-à-vis d’autres groupes dans la société. Cependant, dans une société anarchiste, les individus seraient libres de former leurs propres syndicats et de telles visées seraient mises en échec. En outre, dans un système anarchiste non-mutualiste, les syndicats feraient partie d’une confédération (voir la section I.3.4). Il est de la responsabilité des congrès inter-syndicats de s’assurer que l’adhésion et l’emploi dans les syndicats n’est limitée d’aucune manière antisociale. Si un individu ou un groupe d’individus estimait qu’ils avaient été injustement exclus d’un syndicat, alors une enquête sur le cas serait organisée par ce congrès. De cette façon toutes les tentatives de limiter l’entrée seraient réduites (supposant qu’elles auraient commencer par se produire). Et, naturellement, les individus sont libres de former de nouveaux syndicats ou de quitter la confédération s’ils le désirent (voir la section I.4.13 sur la question de savoir qui effectuera le travail désagréable, et pour plus de détails sur l’attribution de travail en général, dans une société anarchiste).

Pour résumer, les syndicats sont des associations volontaires d’ouvriers qui contrôlent leur lieu de travail et leur propre production. Chez le syndicat, les décisions qui affectent le développement du lieu de travail sont aux mains de ceux qui y travaillent. En outre, cela signifie que chaque ensemble de main d’œuvre contrôle sa propre activité et sa propre organisation, et que tous les ouvriers placés dans des tâches d’administration (c.-à-d. "de gestion") sont sujets à l’élection et à la destitution par ceux qui sont affectés par leurs décisions. (l’auto-gestion des ouvriers est abordée plus loin dans la section I.3.2 — "Qu’est-ce que l’auto-gestion des ouvriers ?").