Difference between revisions of ""anarcho"-capitalisme"

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L'"anarcho"-capitalisme se veut être une version totale du capitalisme, où l'État n'existerait plus, et où les fonctions régaliennes de celui-ci seraient confiées à des agences privées (il y aurait donc des tribunaux privées, des polices privées, des armées privées etc...). Les socles philosophiques sur lesquels cette théorie repose sont le droit naturel — toute action des êtres humains le respectant est considérée comme juste — et l'[[Individualisme#L'individualisme libéral|individualisme libéral]].
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L'"anarcho"-capitalisme se veut être une version totale du capitalisme, où l'État n'existerait plus, et où les fonctions régaliennes de celui-ci seraient confiées à des agences privées (il y aurait donc des tribunaux privées, des polices privées, des armées privées etc...). Les socles sur lesquels repose cette théorie sont la propriété, le capitalisme et l'[[Individualisme#L'individualisme libéral|individualisme libéral]].
  
 
=== La propriété ===
 
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Attachés à la propriété au point de fonder toutes leur théorie là-dessus, les "anarcho"-capitalistes s'opposent à toute atteinte possible à celle-ci. Ils avancent que les solutions à tous les problèmes existant se trouvent dans le respect absolu de la propriété.
 
Attachés à la propriété au point de fonder toutes leur théorie là-dessus, les "anarcho"-capitalistes s'opposent à toute atteinte possible à celle-ci. Ils avancent que les solutions à tous les problèmes existant se trouvent dans le respect absolu de la propriété.
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L'abolition de la propriété prônée par les anarchistes leur semble une absurdité &mdash; lorsqu'ils citent d'exemples invalidant soit-disant le rejet de la propriété, ils n'avancent bien souvent que des exemples historiques d'États marxisant &mdash; puisqu'ils ne comprennent pas la différence entre [[possession]] et [[propriété privée]]. Ils reprennent l'argument de Hans-Hermann Hoppe selon lequel « littéralement personne ne serait jamais autorisé à faire quoi que ce soit avec quoi que ce soit<ref>Hoppe, ''De la théorie économique du laissez-faire à la politique du libéralisme'' ; cette référence à Hoppe faite sur l'article [http://www.wikiberal.org/wiki/Anarcho-capitalisme "anarcho"-capitalisme] de Wikibéral est, soit-dit en passant, sortie de son propos</ref> », alors que seuls les moyens de production sont la possession de l'ensemble de la société, les autres biens étant des possessions individuelles (un livre, une maison, un bureau, un lit etc...) ; qui plus est, rien n'empêcherait un individu de vouloir fabriquer quelque chose tout seul.
  
 
=== Les différentes écoles ===
 
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== Historique ==
 
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Née aux États-Unis dans les années 1960, cette théorie se revendique du [[Libéralisme#L'aspect économique|libéralisme économique]] classique (Frédéric Bastiat notamment) et [[Libéralisme#L'aspect politique|politique]] (John Locke notamment). Le fondateur de cette théorie pseudo-anarchiste est Murray Rothbard, économiste américain de l'École autrichienne et disciple Ludwig von Mises (qui lui était minarchiste &mdash; c'est-à-dire défenseur d'un État limité aux fonctions régaliennes). Il reprit le terme [[libertaire]] (qui se dit « libertarian » en anglais<ref>Ce terme a été traduit en français par « libertarien » afin d'éviter toute confusion avec les vrais [[libertaire]]s</ref>) pour qualifier l'ensemble du courant "anarcho"-capitalistes et minarchistes.
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Née aux États-Unis dans les années 1960, cette théorie se revendique du [[Libéralisme#L'aspect économique|libéralisme économique]] classique (Frédéric Bastiat notamment) et [[Libéralisme#L'aspect politique|politique]] (John Locke notamment). Le fondateur de cette théorie pseudo-anarchiste est Murray Rothbard, économiste américain de l'École autrichienne et disciple Ludwig von Mises (qui lui était minarchiste &mdash; c'est-à-dire défenseur d'un État limité aux fonctions régaliennes). Il reprit le terme [[libertaire]] (qui se dit « libertarian » en anglais<ref>Ce terme a été traduit en français par « libertarien » afin d'éviter toute confusion avec les vrais [[libertaire]]s.</ref>) pour qualifier l'ensemble du courant "anarcho"-capitalistes et minarchistes.
  
 
=== Existence historique de sociétés "anarcho"-capitalistes ===
 
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== L'"anarcho"-capitalisme aujourd'hui ==
 
== L'"anarcho"-capitalisme aujourd'hui ==
 
De nos jours, l'existence d'un tel mouvement est surtout confiné aux sites Internet ainsi qu'aux blogs ; les représentants de cette théorie sont principalement des universitaires américains, et l'"anarcho"-capitalisme n'a que peu d'impact public. Les militants de cette forme extrême de [[capitalisme]] essaie cependant d'influencer les gens à considérer leur théorie comme réellement anarchiste en réduisant la définition de l'anarchisme à la simple absence d'État &mdash; là où l'anarchie est l'absence de pouvoir. Pour reprendre le mot de Rothbard, cette théorie cherche bel et bien à s'imposer<ref>« Y a-t-il aucune discipline ou corps d’idées, [...] qui ait jamais réussi à se faire connaître et à s’imposer sans un “cadre” dévoué de partisans ? » Rothbard, ''L'Éthique de la liberté''.</ref>
 
De nos jours, l'existence d'un tel mouvement est surtout confiné aux sites Internet ainsi qu'aux blogs ; les représentants de cette théorie sont principalement des universitaires américains, et l'"anarcho"-capitalisme n'a que peu d'impact public. Les militants de cette forme extrême de [[capitalisme]] essaie cependant d'influencer les gens à considérer leur théorie comme réellement anarchiste en réduisant la définition de l'anarchisme à la simple absence d'État &mdash; là où l'anarchie est l'absence de pouvoir. Pour reprendre le mot de Rothbard, cette théorie cherche bel et bien à s'imposer<ref>« Y a-t-il aucune discipline ou corps d’idées, [...] qui ait jamais réussi à se faire connaître et à s’imposer sans un “cadre” dévoué de partisans ? » Rothbard, ''L'Éthique de la liberté''.</ref>
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== Sources ==
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** Article [http://fr.wikipedia.org/wiki/Anarcho-capitalisme "anarcho"-capitalisme] de Wikipédia.
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** Article [http://www.wikiberal.org/wiki/Anarcho-capitalisme "anarcho"-capitalisme] de Wikibéral.
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=== Notes et références ===
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== Voir aussi ==
 
== Voir aussi ==

Revision as of 12:29, 9 July 2008

L'"anarcho"-capitalisme est une théorie politique non-anarchiste mais libérale opposée à l'État. Elle est très proche du libertarianisme (cf. la critique consacrée à ce courant).

Théorie

L'"anarcho"-capitalisme se veut être une version totale du capitalisme, où l'État n'existerait plus, et où les fonctions régaliennes de celui-ci seraient confiées à des agences privées (il y aurait donc des tribunaux privées, des polices privées, des armées privées etc...). Les socles sur lesquels repose cette théorie sont la propriété, le capitalisme et l'individualisme libéral.

La propriété

Attachés à la propriété au point de fonder toutes leur théorie là-dessus, les "anarcho"-capitalistes s'opposent à toute atteinte possible à celle-ci. Ils avancent que les solutions à tous les problèmes existant se trouvent dans le respect absolu de la propriété.

L'abolition de la propriété prônée par les anarchistes leur semble une absurdité — lorsqu'ils citent d'exemples invalidant soit-disant le rejet de la propriété, ils n'avancent bien souvent que des exemples historiques d'États marxisant — puisqu'ils ne comprennent pas la différence entre possession et propriété privée. Ils reprennent l'argument de Hans-Hermann Hoppe selon lequel « littéralement personne ne serait jamais autorisé à faire quoi que ce soit avec quoi que ce soit[1] », alors que seuls les moyens de production sont la possession de l'ensemble de la société, les autres biens étant des possessions individuelles (un livre, une maison, un bureau, un lit etc...) ; qui plus est, rien n'empêcherait un individu de vouloir fabriquer quelque chose tout seul.

Les différentes écoles

On peut distinguer parmi deux écoles : l'une jusnaturaliste (fondée sur les droits naturels), l'autre utilitariste. Bien que se fondant sur une même idée, ces tendances diffèrent quant aux applications pratiques de celles-ci, et ce même à l'intérieur de chacune de ces tendances.

L'école jusnaturaliste

L'approche jusnaturaliste remet en question la légitimité des droits de propriété en usage actuellement en les limitant aux seuls droits acquis conformément au "homesteading" développé à l'origine par John Locke, propose des méthodes pour réviser ces droits au cas par cas pour rétablir la soit-disant légitime propriété au détriment des propriétaires actuels, et érige sa définition de la liberté et de la propriété comme universelle. Pour cette tendance, l'"anarcho"-capitalisme serait le seul système politique où les droits naturels seraient entièrement respectés (bien que cette théorie ne fut jamais appliquée).

Cette école dit refuser l'esclavage volontaire, tout en acceptant l'esclavage salarié.

La "justice" jusnaturaliste

L'école jusnaturaliste estime que la justice doit découler des droits naturels, et avance qu'une restitution égale de ce qui a été volé doit avoir lieu. Ils estiment que le fait d'accomplir un crime — c'est-à-dire, une atteinte aux droits naturels — est un renoncement à ses propres droits.

Ainsi, un individu qui en viendrait, même accidentellement, à en tuer un autre, peut être lyncher si la famille de la victime l'exige, sous prétexte que cet individu aurait nié le droit de "propriété de soi" que revendique les "anarcho"-capitalistes, et qu'il apparaîtrait donc logique — pour les "anarcho"-capitalistes jusnaturalistes — de nier le droit de "propriété de soi" de cet individu.

L'école utilitariste

L'approche utilitariste part généralement de l'état actuel des droits de propriété sans chercher à établir de base absolue et universelle comme origine de ces droits, conservant la possibilité de justifier de manière utilitariste certaines violations de ces mêmes droits (la démarche utilitariste est alors prioritaire sur la liberté et la propriété). Ils justifient l'"anarcho"-capitalisme en avançant que ce modèle serait le plus efficace (bien que n'ayant jamais été appliqué).

Cette tendance, minoritaire au sein même des "anarcho"-capitalistes, accepte l'esclavage volontaire (une personne peut se vendre en tant qu'esclave) et le sacrifice d'un individu afin d'en sauver d'autres.

La "justice" utilitariste

L'utilitarisme vise l'efficacité économique globale de la justice, et donc applique des peines proportionnelles en valeur au crime divisé par le taux de capture (c'est-à-dire, en n'appliquant des principes mathématiques et non-humains à la justice). Le crime est intégré à la société à travers ses seules implications économiques.

Stratégies

Il n'existe à proprement parler aucun consensus sur la stratégie à adopter pour parvenir à l'"anarcho"-capitalisme. Rothbard s'est engagé dans le Parti libertarien (un des partis politiques minoritaires aux États-Unis) pour servir ses fins, Friedman opte pour un réformisme (il faudrait privatiser au fur et à mesure les biens publics) : les deux principaux théoriciens optent donc pour une approche étatique, c'est-à-dire qu'ils estiment que rien ne peut être fait en-dehors de l'État, justifiant ainsi à leur dépend ce dernier.

Historique

Née aux États-Unis dans les années 1960, cette théorie se revendique du libéralisme économique classique (Frédéric Bastiat notamment) et politique (John Locke notamment). Le fondateur de cette théorie pseudo-anarchiste est Murray Rothbard, économiste américain de l'École autrichienne et disciple Ludwig von Mises (qui lui était minarchiste — c'est-à-dire défenseur d'un État limité aux fonctions régaliennes). Il reprit le terme libertaire (qui se dit « libertarian » en anglais[2]) pour qualifier l'ensemble du courant "anarcho"-capitalistes et minarchistes.

Existence historique de sociétés "anarcho"-capitalistes

Aucune communauté existante ou ayant existé ne sait cependant réclamer de l'"anarcho"-capitalisme (contrairement à l'anarchisme qui lui s'est bel et bien inscrit dans l'histoire). Les "anarcho"-capitalistes essaient néanmoins d'approprier, pour les besoins de leur théorie, certains exemples de communautés qui n'ont cependant jamais respectés l'ensemble des critères "anarcho"-capitalistes tels que définis par les chantres de ce mouvement :

  • l'Islande médiévale, qui était pourtant constitué d'un État, et qui appliquaient une sorte de démocratie athénienne, où l'esclavage temporaire était possible pour une personne devant rembourser ses dettes
  • le Far West, où il existait certaines agences de protections privées, qui ne pouvaient cependant pas exister sans l'aval de l'État.

En bref, l'"anarcho"-capitalisme n'a jamais existé.

Anarchisme et "anarcho"-capitalisme