FAQAnar:F.7.1 - Les gouvernements en concurrence sont-ils de l'anarchisme ?

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FAQ anarchiste
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« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
F - L’anarcho-capitalisme est-il un type d’anarchisme ?

Introduction

F.1 - Les "anarcho"-capitalistes sont-ils vraiment des anarchistes ?


F.2 - Que signifie "liberté" pour les "anarcho"-capitalistes ?


F.2.1 - Comment la propriété privée affecte la liberté ?
F.2.2 - Les libertarians-capitalistes supportent-ils l'esclavage ?

F.3 - Pourquoi les "anarcho"-capitalistes n'attribuent-ils généralement peu ou pas de valeur à l'"égalité" ?


F.3.1 - Pourquoi la négligence vis-à-vis de l'égalité est-elle si importante ?
F.3.2 - Peut-il y avoir une harmonie des intérêts dans une société inégalitaire ?

F.4 - Quelle est la position des libertariens sur la propriété privée ?


F.4.1 - Quel est le problème avec la théorie de propriété « homesteading » ?

F.5 - Privatiser les « terrains communaux » augmentera-t-il la liberté ?


F.6 - L'"anarcho"-capitalisme est il contre l'État ?


F.6.1 - Quel est le problème avec cette justice de « libre marché » ?
F.6.2 - Quelles sont les conséquences sociales d'un tel système ?
F.6.3 - Mais sûrement que les forces du marché arrêteront l'abus des riches ?
F.6.4 - Pourquoi ces « associations de défense » sont-elles des États ?

F.7 - Comment l'histoire de l'"anarcho"-capitalisme prouve-t-elle que cette théorie n'est pas anarchiste ?


F.7.1 - Les gouvernements en concurrence sont-ils de l'anarchisme?
F.7.2 - Le gouvernement est-il compatible avec l'anarchisme ?
F.7.3 - Peut-il exister un "anarchisme" de droite ?

F.8 - Quel rôle l'État a-t-il pris dans la création du capitalisme ?


F.8.1 - Quelles sont les forces sociales derrière la montée du capitalisme ?
F.8.2 - Quel était le contexte social amenant le « laissez-faire » ?
F.8.3 - Quelles autres formes l'intervention de l'État ont-elles prises en créant le capitalisme ?
F.8.4 - Les « enclosures » ne sont-elles pas un mythe socialiste ?
F.8.5 - Que diriez-vous du manque de clôtures en Amérique ?
F.8.6 - Comment les travailleurs voient-ils l'élévation de capitalisme ?
Sommaire complet et détaillé


Catégorie:L’anarcho-capitalisme est-il un type d’anarchisme ? Non, bien sûr que non. Pourtant, selon l'"anarcho"-capitalisme, ça en est. Cela peut être vu à partir des idées de Gustave de Molinari.

Hart est plus ferme quand il fait valoir que l'économiste français du 19ème siècle Gustave de Molinari est le véritable fondateur de l'"anarcho"-capitalisme. Avec Molinari, il soutient que, "les deux différents courants de la pensée anarchiste ont convergés : il a combiné l'anarchisme politique de Godwin et Burke et avec le secteur naissant de l'anarchisme économique d'Adam Smith et Say pour créer une nouvelle forme d'anarchisme" qui a été appelé "anarcho - capitalisme, ou anarchisme de libre marché"[1]. Bien sûr, Godwin (comme d'autres anarchistes) ne limite pas son anarchisme purement à une issue "politique" et il a discuté de l'"anarchisme économique" ainsi dans sa critique de la propriété privée (comme Proudhon également l'a fait). À ce titre, diviser artificiellement l'anarchisme dans la vie politique et économique est à la fois historiquement et logiquement erronée. Alors que certains dictionnaires limitent l'"anarchisme" à l'opposition à l'État, des anarchistes l'ont fait et ne le font plus.

Le problème clé pour Hart est que Molinari a refusé de s'appeler lui-même anarchiste. Il ne s'est même pas opposé au gouvernement, comme Hart le note, Molinari lui-même propose un système de compagnies d'assurances pour fournir une défense de la propriété et "a appelé ces compagnies d'assurance des 'gouvernements', même si elles n'ont pas eu un monopole dans une zone géographique donnée". Comme Hart le note, Molinari est le seul défenseur de cette justice de libre-marché en France[2]. Molinari clairement voulait "un régime de libre gouvernement", qui contrecarrait "les gouvernements de monopole ou communistes" pour des "gouvernements libres". Cela conduirait à "la liberté de gouvernement" plutôt qu'à sa suppression (c'est-à-dire, pas de liberté d'un gouvernement). Pour Molinari l'avenir n'apportera pas "la suppression de l'État, qui est le rêve des anarchistes... ça apportera la diffusion de l'État au sein de la société. C'est... 'Un état libre dans une société libre' "[3]. À ce titre, Molinari peut difficilement être considéré comme un anarchiste, même d'aprés l'hypothése qu'un «anarchiste» soit exclusivement limité à être contre le gouvernement.

En outre, dans un autre sens Molinari a été en faveur de l'État. Alors que nous en avons discuté dans la section F.6, ces entreprises ont un monopole dans une zone géographique donnée - ils doivent faire respecter le pouvoir du propriétaire à ceux qui utilisent, mais ne sont pas propriétaires, de la propriété en question. La clé de contradiction peut être vu dans la promotion que fait Molinari des compagnies de villes, des communautés privées (son terme est une "compagnie propriétaire"). Au lieu de taxes, les gens payent un loyer et l '"administration de la communauté serait soit laissé aux mains de la compagnie elle-même ou tenues par des organismes spéciaux mis en place à cet effet". Dans un tel régime "ceux qui ont le plus de propriété ont proportionnellement le plus de poids dans les questions qui touchent à la communauté". Si les pauvres sont opposés, ils pourraient tout simplement partir[4].

Dans ce contexte, l'idée que Molinari est anarchiste sous une forme ou une autre peut être rejeté. Son système est fondé sur la privatisation du gouvernement, pas sur la suppression de celle-ci (comme il l'a admis lui-même). Ce serait différent du système actuel, bien sûr, que les propriétaires et les capitalistes embaucheraient directement la police pour faire appliquer leurs décisions plutôt que de compter sur un Etat qu'ils ne contrôlent qu'indirectement. Ce système ne serait pas anarchiste comme on peut le constater de par l'histoire de l'Amérique. Les capitalistes et les propriétaires ont créés leur propre police privée et leurs forces armées, qui régulièrement attaquaient et assassinaient des syndicalistes et des grévistes. A titre d'exemple, il y a le service départemental (force de police privé) d'Henry Ford :

« En 1932, une marche de la faim des chômeurs est prévu en mars à la porte de l'usine Ford à Dearborn... Les mitrailleuses de la police de Dearborn et le service départemental de la Ford Motor Companie ont tués [quatre] et en ont blessés plusieurs autres... Ford était fondamentalement et totalement opposé aux syndicats. L'idée des travailleurs à mettre en cause les prérogatives du propriétaire était scandaleuse... l'usine de la rivière Rouge... a été dominée par le régime autocratique des homme de services de Bennett. Bennett.. Organisait et formait les trois mille cinq cent policiers privé employés par Ford. Sa tâche était de maintenir la discipline parmi la main-d'œuvre, de protéger la propriété de Ford [et son pouvoir], et d'empêcher la syndicalisation... Frank Murphy, le maire de Détroit, a affirmé que 'Henry Ford emploie certains des pires gangsters de notre ville'. L'affirmation était bien fondée. Le Service départemental de Ford policait les portes de ses usines, infiltrait des groupes émergents de militants syndicaux, posés comme des travailleurs à espionner des hommes sur la ligne... Dans le cadre de cette tyrannie les travailleurs de Ford n'avaient pas de sécurité, pas de droits. Donc au point que toutes les informations sur l'état des choses au sein de l'usine ne pouvaient être librement obtenues que par les ex-travailleurs de Ford »[5].

La police privée a attaqué des travailleuses distribuant des dépliants pro-syndical et leur ont donnés "un sévère passage à tabac". Au Kansas et à Dallas des "similaires passages à tabac ont été donnés aux syndicalistes hommes". Cette utilisation de la police privée pour contrôler la force de travail n'était pas unique en son genre. la General Motors "a passé un million de dollars pour de l'espionnage, employant quatorze agences de détectives et deux cents espions à un temps [entre 1933 et 1936]. L'agence du détective Pinkerton a trouvé dans l'anti-syndicalisme son activité la plus lucrative"[6]. Nous devons également noter que la "Pinkerton" avait été vendue leur services de police privé pendant des décennies avant les années 1930. Depuis plus de 60 ans, l'agence de détective "Pinkerton" s'était "spécialisé dans la fourniture des espions, d'agent provocateurs, et des forces armées privé pour les employeurs luttant contre les organisatuions de travailleurs". En 1892, il "a fourni ses services dans la gestion des soixante dix grands conflits du travail, avec ses 2000 agents actifs et ses 30000 agents de réserve s'élèvant à plus de l'armée de la nation"[7]. Avec cette force, pas étonnant que les syndicats trouvent si difficile de survivre aux États-Unis.

Seul un "anarcho"-capitaliste nierait qu'il s'agit là d'un gouvernement privé, employant une police privé pour faire respecter le pouvoir privé. Étant donné que les syndicats peuvent être considérés comme des organismes de "défense" de travailleurs, cela suggère l'idée sur la façon dont l'"anarcho"-capitalisme pourrait fonctionner dans une pratique radicalement différente de celle proclamé par ses partisans. La raison en est simple, elle ne doit pas ignorer l'inégalité des biens et des sujets à une analyse anarchiste. Il n'est pas étonnant, dès lors, que Proudhon ait souligné qu'il "est nécessaire pour les travailleurs à se constituer en sociétés démocratiques, avec des conditions égales pour tous les membres, sous peine d'une rechute dans le féodalisme". L'anarchisme, en d'autres termes, verrait "l'exploitation capitaliste et propriétariste ayant cessé partout, le système des salaires supprimés" et "l'organisation économique remplacerait le gouvernement et le système militaire"[8]. Il est clair que l'idée que Proudhon partage les même objectif politique que Molinari est une plaisanterie. Il aurait rejeté, un tel système, avec une forme mise à jour de féodalisme dans lequel le propriétaire est souverain et les travailleurs sujets (voir également la section B.4).

Sans surprise, Molinari (à la différence des individualistes anarchistes) a attaqué le système de jury, faisant valoir que les gens sont obligés d'"exercer les fonctions de juges. C'est du communisme pur". Les gens "jugent en fonction de la couleur de leurs opinions, plus que selon la justice"[9]. Comme le système de jury utilise des amateurs (c'est-à-dire les gens ordinaires) plutôt que des employés à plein temps professionnels, il ne pouvait pas être invoqué pour défendre le pouvoir et les droits de propriété des riches. Comme nous l'avons signalé dans la section F.6.1, Rothbard a critiqué les anarchistes individualistes d'aider les jurys, essentiellement pour les mêmes raisons.

Mais, ce qui ressort de par Hart, Molinari était peu préoccupé par le fait que les gens de la classe ouvrière devraient avoir leur mot à dire dans leur propre vie au-delà de la consommation de biens et de la cueillette des patrons. Son point de vue on peut le voir dans ses lamentations que, dans les "colonies où l'esclavage a été aboli sans travail obligatoire sont remplacées par une quantité équivalente de travail [c'est-à-dire, le travail salarié] libre [sic!], il s'est produit le contraire de ce qui se passe tous les jours sous nos yeux. De simples travailleurs ont été observés à exploiter à leur tour les industriels, en exigeant que leur salaire, qui porte absolument aucun rapport avec la légitime part dans le produit qu'ils devraient recevoir. Les planteurs n'ont pas étés en mesure d'obtenir pour leur sucre un prix suffisant pour couvrir l'augmentation des salaires, et ils ont étés obligés de remettre le montant supplémentaire, d'abord de par leurs bénéfices, puis de par leur capital. Un grand nombre de planteurs ont été ruinés par la suite... Il est sans doute préférable que ces accumulations de capital soient détruites que ces générations d'hommes devraient périr [Marx: «quel généreux ce M. Molinari»], mais ne serait-il pas mieux si les deux survécurent ? "[10].


So workers exploiting capital is the "opposite of what happens everyday before our eyes"? In other words, it is normal that entrepreneurs "exploit" workers under capitalism? Similarly, what is a "legitimate share" which workers "ought to receive"? Surely that is determined by the eternal laws of supply and demand and not what the capitalists (or Molinari) thinks is right? And those poor former slave drivers, they really do deserve our sympathy. What horrors they face from the impositions subjected upon them by their ex-chattels -- they had to reduce their profits! How dare their ex-slaves refuse to obey them in return for what their ex-owners think was their "legitimate share in the produce"! How "simple" these workers were, not understanding the sacrifices their former masters suffer nor appreciating how much more difficult it is for their ex-masters to create "the product" without the whip and the branding iron to aid them! As Marx so rightly comments: "And what, if you please, is this 'legitimate share', which, according to [Molinari's] own admission, the capitalist in Europe daily neglects to pay? Over yonder, in the colonies, where the workers are so 'simple' as to 'exploit' the capitalist, M. Molinari feels a powerful itch to use police methods to set on the right road that law of supply and demand which works automatically everywhere else." [Op. Cit., p. 937f]

An added difficulty in arguing that Molinari was an anarchist is that he was a contemporary of Proudhon, the first self-declared anarchist, and lived in a country with a vigorous anarchist movement. Surely if he was really an anarchist, he would have proclaimed his kinship with Proudhon and joined in the wider movement. He did not, as Hart notes as regards Proudhon:


"their differences in economic theory were considerable, and it is probably for this reason that Molinari refused to call himself an anarchist in spite of their many similarities in political theory. Molinari refused to accept the socialist economic ideas of Proudhon . . . in Molinari's mind, the term 'anarchist' was intimately linked with socialist and statist economic views." [Op. Cit., p. 415] Yet Proudhon's economic views, like Godwin's, flowed from his anarchist analysis and principles. They cannot be arbitrarily separated as Hart suggests. So while arguing that "Molinari was just as much an anarchist as Proudhon," Hart forgets the key issue. Proudhon was aware that private property ensured that the proletarian did not exercise "self-government" during working hours, i.e. that he was ruled by another. As for Hart claiming that Proudhon had "statist economic views" it simply shows how far an "anarcho"-capitalist perspective is from genuine anarchism. Proudhon's economic analysis, his critique of private property and capitalism, flowed from his anarchism and was an integral aspect of it.

By restricting anarchism purely to opposition to the state, Hart is impoverishing anarchist theory and denying its history. Given that anarchism was born from a critique of private property as well as government, this shows the false nature of Hart's claim that "Molinari was the first to develop a theory of free-market, proprietary anarchism that extended the laws of the market and a rigorous defence of property to its logical extreme." [Op. Cit., p. 415 and p. 416] Hart shows how far from anarchism Molinari was as Proudhon had turned his anarchist analysis to property, showing that "defence of property" lead to the oppression of the many by the few in social relationships identical to those which mark the state. Moreover, Proudhon, argued the state would always be required to defend such social relations. Privatising it would hardly be a step forward.

Unsurprisingly, Proudhon dismissed the idea that the laissez faire capitalists shared his goals. "The school of Say," Proudhon argued, was "the chief focus of counter-revolution next to the Jesuits" and "has for ten years past seemed to exist only to protect and applaud the execrable work of the monopolists of money and necessities, deepening more and more the obscurity of a science [economics] naturally difficult and full of complications" (much the same can be said of "anarcho"-capitalists, incidentally). For Proudhon, "the disciples of Malthus and of Say, who oppose with all their might any intervention of the State in matters commercial or industrial, do not fail to avail themselves of this seemingly liberal attitude, and to show themselves more revolutionary than the Revolution. More than one honest searcher has been deceived thereby." However, this apparent "anti-statist" attitude of supporters of capitalism is false as pure free market capitalism cannot solve the social question, which arises because of capitalism itself. As such, it was impossible to abolish the state under capitalism. Thus "this inaction of Power in economic matters was the foundation of government. What need should we have of a political organisation, if Power once permitted us to enjoy economic order?" Instead of capitalism, Proudhon advocated the "constitution of Value," the "organisation of credit," the elimination of interest, the "establishment of workingmen's associations" and "the use of a just price." [The General Idea of the Revolution, p. 225, p. 226 and p. 233]

Clearly, then, the claims that Molinari was an anarchist fail as he, unlike his followers, was aware of what anarchism actually stood for. Hart, in his own way, acknowledges this:


"In spite of his protestations to the contrary, Molinari should be considered an anarchist thinker. His attack on the state's monopoly of defence must surely warrant the description of anarchism. His reluctance to accept this label stemmed from the fact that the socialists had used it first to describe a form of non-statist society which Molinari definitely opposed. Like many original thinkers, Molinari had to use the concepts developed by others to describe his theories. In his case, he had come to the same political conclusions as the communist anarchists although he had been working within the liberal tradition, and it is therefore not surprising that the terms used by the two schools were not compatible. It would not be until the latter half of the twentieth century that radical, free-trade liberals would use the word 'anarchist' to describe their beliefs." [Op. Cit., p. 416] It should be noted that Proudhon was not a communist-anarchist, but the point remains (as an aside, Rothbard also showed his grasp of anarchism by asserting that "the demented Bakunin" was a "leading anarcho-communist," who "emphasised [the lumpenproletariat] in the 1840s." [The Logic of Action II, p. 388 and p. 381] Which would have been impressive as not only did Bakunin become an anarchist in the 1860s, anarcho-communism, as anyone with even a basic knowledge of anarchist history knows, developed after his death nor did Bakunin emphasise the lumpenproletariat as the agent of social change, Rothbardian and Marxian inventions not withstanding). The aims of anarchism were recognised by Molinari as being inconsistent with his ideology. Consequently, he (rightly) refused the label. If only his self-proclaimed followers in the "latter half of the twentieth century" did the same then anarchists would not have to bother with them!

It does seem ironic that the founder of "anarcho"-capitalism should have come to the same conclusion as modern day anarchists on the subject of whether his ideas are a form of anarchism or not!