Difference between revisions of "FAQAnar:H - Pourquoi les anarchistes s'opposent au socialisme d'État ?"

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Le mouvement socialiste a �t� continuellement divis�, au travers de diff�rentes tendances et mouvements. Deux des tendances principales du socialisme sont le socialisme d'�tat (marxisme, l�ninisme, maoisme et ainsi de suite) et le socialisme libertaire (anarchisme sous toutes ses nombreuses formes). Le conflit et le d�saccord entre les anarchistes et les marxistes sont l�gendaires. Benjamin Tucker a not� :
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Le mouvement socialiste a été continuellement divisé, au travers de différentes tendances et mouvements. Deux des tendances principales du socialisme sont le socialisme d'état (marxisme, léninisme, maoisme et ainsi de suite) et le socialisme libertaire (anarchisme sous toutes ses nombreuses formes). Le conflit et le désaccord entre les anarchistes et les marxistes sont légendaires. Benjamin Tucker a noté :  
 
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"C'est un fait curieux que les deux extrémes du [ mouvement socialiste ] ... bien qu'unis ... par la revendication commune que le travail devrait appartenir aux travailleurs, sont diamétralement opposés entre eux dans leurs principes fondamentaux d'action sociale et dans les méthodes pour atteindre les objectifs visées alors que l'un ou l'autre reconnaét que la société actuelle est leur ennemie commune. Elles sont basées sur deux principes entre lesquels l'histoire des conflits est presque équivalent é l'histoire du monde depuis que l'homme y est apparu ...  
"C'est un fait curieux que les deux extr�mes du [ mouvement socialiste ] ... bien qu'unis ... par la revendication commune que le travail devrait appartenir aux travailleurs, sont diam�tralement oppos�s entre eux dans leurs principes fondamentaux d'action sociale et dans les m�thodes pour atteindre les objectifs vis�es alors que l'un ou l'autre reconna�t que la soci�t� actuelle est leur ennemie commune. Elles sont bas�es sur deux principes entre lesquels l'histoire des conflits est presque �quivalent � l'histoire du monde depuis que l'homme y est apparu ...
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"Ces deux principes sont AUTORITé et LIBERTé, et les noms des deux écoles de pensées socialistes qui représentent entiérement et sans réserves un ou l'autre sont, respectivement, le socialisme d'état et l'anarchisme. Quiconque sait ce que ces deux écoles veulent et comment ils proposent de l'obtenir, comprend le mouvement socialiste. Car, comme on a dit qu'il n'y a aucune maison é mi-chemin entre Rome et la Raison, ainsi peut-on dire qu'il n'y a aucune maison é mi-chemin entre le socialisme d'état et l'anarchisme." [The Individualist Anarchists, pp. 78-9]  
 
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En plus de ces divisions entre les formes autoritaires et libertaires de socialisme, il y en a une autre entre les ailes réformistes et révolutionnaires de ces deux tendances. "Le terme 'anarchiste'", écrit Murray Bookchin, "est un mot générique comme le terme 'socialiste', et il y a autant de différents genres d'anarchistes qu'il y a de socialistes. Dans les deux cas, le spectre s'étend des individus dont les vues dérivent d'une prolongation du libéralisme (les 'anarchistes individualistes', les social-démocrates) aux communistes révolutionnaires (les anarcho-communistes, les marxistes, léninistes et trotskistes révolutionnaires)."[Post-Scarcity Anarchism, p. 214f]  
"Ces deux principes sont AUTORIT� et LIBERT�, et les noms des deux �coles de pens�es socialistes qui repr�sentent enti�rement et sans r�serves un ou l'autre sont, respectivement, le socialisme d'�tat et l'anarchisme. Quiconque sait ce que ces deux �coles veulent et comment ils proposent de l'obtenir, comprend le mouvement socialiste. Car, comme on a dit qu'il n'y a aucune maison � mi-chemin entre Rome et la Raison, ainsi peut-on dire qu'il n'y a aucune maison � mi-chemin entre le socialisme d'�tat et l'anarchisme." [The Individualist Anarchists, pp. 78-9]
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Dans cette section de la FAQ, nous nous concentrerons sur le conflit entre les ailes révolutionnaires des deux mouvements. Ici nous verrons pourquoi les communistes-anarchistes, les anarcho-syndicalistes et d'autres anarchistes révolutionnaires rejettent les théories marxistes, en particulier les idées révolutionnaires des léninistes et des trotskistes. Nous nous concentrerons presque entiérement sur les travaux de Marx, de Lenine et de Trotsky aussi bien que sur la révolution russe. C'est parce que beaucoup de marxistes rejettent le les révolutions chinoise, cubaine et d'autres comme étant infectées par le stalinisme. En revanche, il y a un consensus général dans les cercles marxistes selon lequel la révolution russe était une véritable révolution socialiste et que les idées de Lénine (et habituellement de Trotsky) suivent dans les pensées de Marx. Ce que nous reprochons é Marx et Lénine est également applicable é leurs successeurs plus controversés, donc nous les ignorons. Nous écartons également hors de toute réflexion d'eventuelles suggestions selon lesquelles le régime de staliniste avait quoi que ce soit é faire avec le socialisme. Malheureusement beaucoup de révolutionnaires sérieux considérent le régime de Lénine comme étant un exemple valide d'une révolution socialiste ainsi nous devons montrer pourquoi elle n'était pas.  
 
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Comme nous l'avons dit, les deux ailes principales du mouvement socialiste révolutionnaire, l'anarchisme et le marxisme, ont toujours été en conflit. Tandis que, avec le succés apparent de la révolution russe, le mouvement anarchiste était éclipsé par son pendant autoritaire dans beaucoup de pays, cette situation évolue. Ces derniéres années, l'anarchisme a connu une renaissance car de plus en plus personnes se rendaient compte de la nature fondamentalement anti-socialiste de "l'expérience" russe et de la politique qui l'ont inspirée. Avec cette réévaluation du socialisme et de l'Union Soviétique, de plus en plus de personnes rejettent le marxisme et se tournent vers le socialisme libertaire. Comme on peut le voir dans la couverture médiatique des événements tels que les émeutes anti-impéts et anti-scrutin au Royaume-Uni au début des années 90, et des manifestations anti-capitaliste N30 et J18 en 1999, l'anarchisme est devenu synonyme de l'anti-capitalisme.  
En plus de ces divisions entre les formes autoritaires et libertaires de socialisme, il y en a une autre entre les ailes r�formistes et r�volutionnaires de ces deux tendances. "Le terme 'anarchiste'", �crit Murray Bookchin, "est un mot g�n�rique comme le terme 'socialiste', et il y a autant de diff�rents genres d'anarchistes qu'il y a de socialistes. Dans les deux cas, le spectre s'�tend des individus dont les vues d�rivent d'une prolongation du lib�ralisme (les 'anarchistes individualistes', les social-d�mocrates) aux communistes r�volutionnaires (les anarcho-communistes, les marxistes, l�ninistes et trotskistes r�volutionnaires)."[Post-Scarcity Anarchism, p. 214f]
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Inutile de dire que les "défenseurs" auto-proclamés "du prolétariat" s'en sont inquiétés et ont écrit é la héte des articles pour [NDT : patronising] récuperer ou englober l'"anarchisme" (sans prendre la peine de comprendre vraiment ce dernier ou ses arguments contre le marxisme). Ces articles sont habituellement un ensemble de mensonges, d'attaques personnelles non pertinentes, des déformations des positions anarchistes et enfin la prétention ridicule que les anarchistes sont des anarchistes parce que personne n'a pris la peine de les informer au sujet de ce que le "marxisme" est "vraiment". Nous ne visons pas é répéter une telle analyse "scientifique" dans notre FAQ, ainsi nous nous concentrerons sur la politique et l'histoire. Ainsi faisant, nous indiquerons que les anarchistes sont des anarchistes parce qu'ils comprennent le marxisme et le rejetent en tant que ne pouvant pas mener é une société socialiste.  
 
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C'est malheureusement commun pour beaucoup de marxistes, en particulier les léninistes, de se concentrer sur des personnalités et pas sur la politique en discutant des idées anarchistes. Albert Meltzer l'a bien montré quand il a argué du fait qu'il est "trés difficile que les marxistes léninistes fassent une critique objective de l'anarchisme, en tant que tel, parce que, de par sa nature, il mine toutes les suppositions de base du marxisme. Si le marxisme est tenu pour la philosophie de base de la classe ouvriére, et que le prolétariat ne peut pas devoir son émancipation é personne qu'é lui-méme, il est difficile de revenir lé-dessus et de dire que la classe ouvriére n'est pas encore préte é se passer de l'autorité placée au-dessus d'elle. Les marxistes, donc, normalement, se retiennent de critiquer l'anarchisme en tant que tel -- é moins qu'ils ne soient conduit é faire ainsi, quand il met en cause son propre autoritarisme ... et concentrent leurs attaques non pas sur l'anarchisme, mais sur les anarchistes" [Anarchism : Arguments For and Against, p. 37]  
Dans cette section de la FAQ, nous nous concentrerons sur le conflit entre les ailes r�volutionnaires des deux mouvements. Ici nous verrons pourquoi les communistes-anarchistes, les anarcho-syndicalistes et d'autres anarchistes r�volutionnaires rejettent les th�ories marxistes, en particulier les id�es r�volutionnaires des l�ninistes et des trotskistes. Nous nous concentrerons presque enti�rement sur les travaux de Marx, de Lenine et de Trotsky aussi bien que sur la r�volution russe. C'est parce que beaucoup de marxistes rejettent le les r�volutions chinoise, cubaine et d'autres comme �tant infect�es par le stalinisme. En revanche, il y a un consensus g�n�ral dans les cercles marxistes selon lequel la r�volution russe �tait une v�ritable r�volution socialiste et que les id�es de L�nine (et habituellement de Trotsky) suivent dans les pens�es de Marx. Ce que nous reprochons � Marx et L�nine est �galement applicable � leurs successeurs plus controvers�s, donc nous les ignorons. Nous �cartons �galement hors de toute r�flexion d'eventuelles suggestions selon lesquelles le r�gime de staliniste avait quoi que ce soit � faire avec le socialisme. Malheureusement beaucoup de r�volutionnaires s�rieux consid�rent le r�gime de L�nine comme �tant un exemple valide d'une r�volution socialiste ainsi nous devons montrer pourquoi elle n'�tait pas.
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Ceci peut se voir, par exemple, quand beaucoup de léninistes essayent de "réfuter" la totalité de l'anarchisme, de sa théorie et de son histoire, en précisant les faiblesses personnelles de certains anarchistes. Ils disent que Proudhon était anti-juif et sexiste, que Bakunin était raciste, que Kropotkin a soutenu les alliés dans la premiére guerre mondiale et donc que l'anarchisme ne tient pas debout. Tous ces faits sur Proudhon, Bakunin et Kropotkin sont vrais mais ils ne sont pas du tout pertinents pour une critique de l'anarchisme. Une telle "critique" ne concernent pas les idées anarchistes, qui sont ignorées par cette approche. En d'autres termes, elles attaquent des anarchistes, pas l'anarchisme.  
 
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Méme en prenant ces arguments é leur valeur nominale, vous devriez étre stupide pour supposer que la misogynie de Proudhon ou le racisme de Bakunine peut se comparer avec le comportement de Lénine et le comportement des Bolcheviques en général (par exemple, la création d'une dictature du parti, la répression des gréves, du discours libre, de toute organisation indépendante de la classe ouvriére, la création d'une force secréte de police, l'attaque de Kronstadt, la trahison des Makhnovistes, la répression violente du mouvement russe anarchiste, etc...) dans le tableau des scores des activités moralement répréhensibles. C'est étrange que l'attachement aux comportements personnels a autant, voire plus, d'importance pour évaluer une théorie politique qu'en a sa mise en application pendant une révolution.  
Comme nous l'avons dit, les deux ailes principales du mouvement socialiste r�volutionnaire, l'anarchisme et le marxisme, ont toujours �t� en conflit. Tandis que, avec le succ�s apparent de la r�volution russe, le mouvement anarchiste �tait �clips� par son pendant autoritaire dans beaucoup de pays, cette situation �volue. Ces derni�res ann�es, l'anarchisme a connu une renaissance car de plus en plus personnes se rendaient compte de la nature fondamentalement anti-socialiste de "l'exp�rience" russe et de la politique qui l'ont inspir�e. Avec cette r��valuation du socialisme et de l'Union Sovi�tique, de plus en plus de personnes rejettent le marxisme et se tournent vers le socialisme libertaire. Comme on peut le voir dans la couverture m�diatique des �v�nements tels que les �meutes anti-imp�ts et anti-scrutin au Royaume-Uni au d�but des ann�es 90, et des manifestations anti-capitaliste N30 et J18 en 1999, l'anarchisme est devenu synonyme de l'anti-capitalisme.
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D'ailleurs, une telle technique est finalement malhonnéte. Pour Proudhon, par exemple, ses excés antisémites sont demeurés non publiés en ses livres de notes jusqu'é bien aprés la publication de ses idées et, comme Robert Graham le précise, é Une lecture de General Idea of the Revolution montrera que l'anti-semitisme ne fait pas partie du programme révolutionnaire de Proudhon. é [Introduction, General Idea of the Revolution, p. xxxvi] De méme, le racisme de Bakunin est un aspect malheureux de sa vie, un aspect qui est finalement non pertinent au regard de l'ensemble des principes et des idées en faveur desquelles il a plaidé. D'ailleurs, Bakunin et ses associés ont totalement rejeté le sexisme de Proudhon et ont plaidé pour l'égalité compléte entre les sexes. Pourquoi mentionner ces aspects de leurs idées ? Elles ne sont pas pertinentes pour l'évaluation de l'anarchisme en tant héorie politique viable. Faire ainsi est sous-entendre avec malhonnéteté que l'anarchisme est raciste et sexiste, ce qu'il n'est pas.  
 
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Si nous regardons l'appui de Kropotkin pour les alliés dans la premiére guerre mondiale nous découvrons une hypocrisie étrange de la part des marxistes aussi bien qu'une tentative de déformer l'histoire. Pourquoi une hypocrisie ? Simplement parce que Marx et Engels ont soutenu les prussiens pendant la guerre Franco-Prussienne (en revanche, Bakunin plaidait pour qu'un soulevement populaire et une révolution sociale arréte la guerre). Comme Marx a écrit é Engels le 20 juillet, 1870 :  
Inutile de dire que les "d�fenseurs" auto-proclam�s "du prol�tariat" s'en sont inqui�t�s et ont �crit � la h�te des articles pour [NDT : patronising] r�cuperer ou englober l'"anarchisme" (sans prendre la peine de comprendre vraiment ce dernier ou ses arguments contre le marxisme). Ces articles sont habituellement un ensemble de mensonges, d'attaques personnelles non pertinentes, des d�formations des positions anarchistes et enfin la pr�tention ridicule que les anarchistes sont des anarchistes parce que personne n'a pris la peine de les informer au sujet de ce que le "marxisme" est "vraiment". Nous ne visons pas � r�p�ter une telle analyse "scientifique" dans notre FAQ, ainsi nous nous concentrerons sur la politique et l'histoire. Ainsi faisant, nous indiquerons que les anarchistes sont des anarchistes parce qu'ils comprennent le marxisme et le rejetent en tant que ne pouvant pas mener � une soci�t� socialiste.
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é La France doit étre vaincue. Si les Prussiens sont victorieux, la centralisation de la puissance de l'état sera utile pour la centralisation de la classe ouvriére allemande. D'ailleurs, l'ascendance allemande transferera le centre de gravité du mouvement ouvrier européen de la France vers l'Allemagne [...] A l'échelle du monde, l'ascendance du prolétariat allemand sur le le prolétariat franéais constituera en méme temps l'ascendance de notre théorie sur celle de Proudhon. é [cité par Arthur Lehning, Michael Bakunin : Les écritures choisies, p. 284]  
 
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Marx, indirectement, a souhaité les décés des personnes de classe ouvriére dans la guerre afin de voir ses idées devenir plus importantes que celles de Proudhon ! [NDT : Mh. De toutes faéons, la guerre, éa implique forcément des morts - Dire que Marx souhaitait la mort d'ouvriers est un raccourci douteux, tout juste pourrait-on dire que son raisonnement était cynique. Par la victoire d'un camp ou d'un autre, ce genre de guerre, la meilleure fin, c'est le plus vite possible, et c'est tout.] Au moins Kropotkin a soutenu les alliés parce qu'il était contre les atteintes é la liberté qu'impliquait l'état militaire allemand. L'hypocrisie des marxistes est claire -- si l'anarchisme doit étre condamné pour les actions de Kropotkin, alors le marxisme doit étre également condamné pour les pensées de Marx.  
C'est malheureusement commun pour beaucoup de marxistes, en particulier les l�ninistes, de se concentrer sur des personnalit�s et pas sur la politique en discutant des id�es anarchistes. Albert Meltzer l'a bien montr� quand il a argu� du fait qu'il est "tr�s difficile que les marxistes l�ninistes fassent une critique objective de l'anarchisme, en tant que tel, parce que, de par sa nature, il mine toutes les suppositions de base du marxisme. Si le marxisme est tenu pour la philosophie de base de la classe ouvri�re, et que le prol�tariat ne peut pas devoir son �mancipation � personne qu'� lui-m�me, il est difficile de revenir l�-dessus et de dire que la classe ouvri�re n'est pas encore pr�te � se passer de l'autorit� plac�e au-dessus d'elle. Les marxistes, donc, normalement, se retiennent de critiquer l'anarchisme en tant que tel -- � moins qu'ils ne soient conduit � faire ainsi, quand il met en cause son propre autoritarisme ... et concentrent leurs attaques non pas sur l'anarchisme, mais sur les anarchistes" [Anarchism : Arguments For and Against, p. 37]
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Cette analyse historique montre également que la majeure partie des membres du mouvement marxiste ont soutenu leurs états respectifs pendant les conflits. Seuls quelques partis membres de la deuxiéme internationale se sont opposés é la guerre (et c'était les plus petits partis). Le pére du marxisme russe, George Plekhanov, a soutenu les alliés. Le parti démocratique social allemand (le bijou dans la couronne de la deuxiéme internationale) a soutenu la guerre (une petite minorité de ses membres s'y sont opposés). Il s'est trouvé un seul homme dans le Reichstag allemand en aoét 1914 qui n'a pas voté pour les crédits de guerre (et lui n'a pas méme voté contre eux, il s'est abstenu). Et beaucoup de la minorité pacifiste sont allés avec la majorité du parti au nom de la "discipline" et des principes "démocratiques".  
 
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En revanche, seule une toute minorité d'anarchistes a soutenu un cété ou un autre pendant le conflit. La majeure partie du mouvement anarchiste (dont les principaux guides, tels que Malatesta, Rocker, Goldman et Berkman) s'est opposée é la guerre, arguant du fait que les anarchistes doivent é profiter de chaque mouvement de rébellion, de chaque mécontentement, afin de fomenter l'insurrection, d'organiser la révolution par laquelle nous recherchons la fin de tous les iniquités de la société. é [No Gods, No Masters, vol. 2., p. 36] Comme Malatesta l'a noté alors, les anarchiste é pro-guerre n'étaient pas nombreux, il est vrai, mais comptaient parmi eux des camarades que nous aimions et respections beaucoup. é Il a souligné que é presque tous é les anarchistes é sont demeurés fidéle é leurs convictions é nommément é éveiller la conscience de l'antagonisme d'intéréts entre les dominants et les dominés, entre les exploiteurs et les ouvriers, et développer la lutte de classe é l'intérieur de chaque pays, et la solidarité parmi tous les ouvriers é travers les frontiéres, en rupture avec tous les préjugés, les idéaux de race ou de nationalité. é [Life and Ideas, p. 243, p. 248 and p. 244]  
Ceci peut se voir, par exemple, quand beaucoup de l�ninistes essayent de "r�futer" la totalit� de l'anarchisme, de sa th�orie et de son histoire, en pr�cisant les faiblesses personnelles de certains anarchistes. Ils disent que Proudhon �tait anti-juif et sexiste, que Bakunin �tait raciste, que Kropotkin a soutenu les alli�s dans la premi�re guerre mondiale et donc que l'anarchisme ne tient pas debout. Tous ces faits sur Proudhon, Bakunin et Kropotkin sont vrais mais ils ne sont pas du tout pertinents pour une critique de l'anarchisme. Une telle "critique" ne concernent pas les id�es anarchistes, qui sont ignor�es par cette approche. En d'autres termes, elles attaquent des anarchistes, pas l'anarchisme.
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En accusant Kropotkine, les marxistes cachent le fait que c'était le mouvement marxiste officiel qui a trahi la cause de l'internationalisme, pas l'anarchisme. En effet, la trahison de la deuxiéme internationale était le résultat normal de la fin de é l'ascendance é de l'anarchisme sur le marxisme que Marx avait espérée. Le developpement du marxisme, sous la forme de social-démocratie, fini comme Bakunin l'avait prévu, avec la corruption du socialisme en un systéme d'electoral et en etatisme. Comme le fait justement remarquer Rudolf Rocker, é La grande guerre de 1914 était la démonstration de la faillite du socialisme politique. é [Marx and Anarchism]  
 
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Nous ne suivrons pas cette approche marxiste commune ici car la faillite du marxisme, en particulier sous sa forme léniniste, n'est pas venue de la défaillance des individus mais de leur politique et de la faéon dont ils fonctionnaient dans la pratique. Personne ne donne totalement corps é ses idéaux dans la pratique, nous sommes tous des humains et critiquer les défauts des individuels ne peut pas sérieusement remettre en cause la théorie é laquelle ils ont contribuée. Si c'était le cas, alors le marxisme "serait réfuté" é cause des sentiments anti-Slaves et du soutien de Marx et d'Engel é l'état allemand pendant la guerre Franco-Prussienne de 1871.  
M�me en prenant ces arguments � leur valeur nominale, vous devriez �tre stupide pour supposer que la misogynie de Proudhon ou le racisme de Bakunine peut se comparer avec le comportement de L�nine et le comportement des Bolcheviques en g�n�ral (par exemple, la cr�ation d'une dictature du parti, la r�pression des gr�ves, du discours libre, de toute organisation ind�pendante de la classe ouvri�re, la cr�ation d'une force secr�te de police, l'attaque de Kronstadt, la trahison des Makhnovistes, la r�pression violente du mouvement russe anarchiste, etc...) dans le tableau des scores des activit�s moralement r�pr�hensibles. C'est �trange que l'attachement aux comportements personnels a autant, voire plus, d'importance pour �valuer une th�orie politique qu'en a sa mise en application pendant une r�volution.
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Plutét, nous analyserons le marxisme en termes de théories et comment ces théories ont fonctionné dans la pratique. Ainsi nous conduirons une analyse scientifique du marxisme, regardant ses prétentions et les comparant é ce qu'elles ont donné dans la pratique. Peu ou pas de marxistes présentent une telle analyse de leur propre politique, ce qui fait du marxisme plus un systéme de croyance plutét que d'analyse. Par exemple, beaucoup de marxistes se réferent au succés de la révolution russe et disent que tandis que les anarchistes attaquaient Trotsky et Lenine en tant que étatiques et autoritaires, cet étatisme et cet autoritarisme ont sauvé la révolution.  
 
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En réponse, les anarchistes disent que la révolution marxiste, en fait, a échoué. Aprés tout, le but de ces révolutions était de créer une société libre, démocratique, sans classes, constituée d'égaux. En fait il a créé la dictature du parti basée autour d'un systéme de classe de bureaucrates exploitant et dominant des personnes de classe ouvriére et une société manquant de d'égalité et de liberté. Pendant que les objectifs indiqués de la révolution marxiste ne se matérialisaient pas, les anarchistes arguaient du fait que ces révolutions ont échoué bien qu'un parti "communiste" soit demeuré au pouvoir pendant plus de 70 années. Et quant é l'étatisme et é l'autoritarisme qui auraient "sauvé" la révolution, ils l'ont sauvée pour Staline, pas pour le socialisme. Il n'y a pas de quoi étre fier. [NDT : Sans compter le préjudice moral qui se reporte automatiquement sur quiconque a le malheur de se prétendre socialiste aujourd'hui, méme libertaire : votre interlocuteur vous retournera é coup sur les millions de morts de la Russie et de la Chine communiste, ce qui fait virtuellement des socialistes les dignes concurrents d'Hitler, de Pinochet, etc... - dans l'imagination des ignorants, en tout cas.]  
D'ailleurs, une telle technique est finalement malhonn�te. Pour Proudhon, par exemple, ses exc�s antis�mites sont demeur�s non publi�s en ses livres de notes jusqu'� bien apr�s la publication de ses id�es et, comme Robert Graham le pr�cise, � Une lecture de General Idea of the Revolution montrera que l'anti-semitisme ne fait pas partie du programme r�volutionnaire de Proudhon. � [Introduction, General Idea of the Revolution, p. xxxvi] De m�me, le racisme de Bakunin est un aspect malheureux de sa vie, un aspect qui est finalement non pertinent au regard de l'ensemble des principes et des id�es en faveur desquelles il a plaid�. D'ailleurs, Bakunin et ses associ�s ont totalement rejet� le sexisme de Proudhon et ont plaid� pour l'�galit� compl�te entre les sexes. Pourquoi mentionner ces aspects de leurs id�es ? Elles ne sont pas pertinentes pour l'�valuation de l'anarchisme en tant h�orie politique viable. Faire ainsi est sous-entendre avec malhonn�tet� que l'anarchisme est raciste et sexiste, ce qu'il n'est pas.
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é partir d'une perspective d'anarchiste, ceci semble parfaitement raisonnable car é aucune révolution ne peut jamais réussir comme facteur de libération é moins que les MOYENS employés pour cette révolution soient conformes dans l'esprit et la tendance avec le BUT de sa réalisation. é [Emma Goldman, Patterns of Anarchy, p. 113] En d'autres termes, le statisme et les moyens autoritaires auront comme conséquence le statisme et les fins autoritaires. Appeler un nouvel état un "état d'ouvriers" ne changera pas la nature de l'état si une minorité (et ainsi une classe) continue de régner. Ca n'a rien é faire avec les idées ou la nature de ceux qui prennent le pouvoir, éa a rapport avec la nature de l'état et des rapports sociaux qu'il produit. La structure d'état est un instrument de domination d'une minorité, elle ne peut pas étre employée par la majorité parce qu'elle est basée sur la hiérarchie, la centralisation et la puissance de la minorité aux dépens de la majorité des individus. Les états ont certaines propriétés juste parce qu'ils sont des états. Ils ont leur propre dynamique qui les au dehors du contréle populaire et ne sont pas simplement des outils dans les mains de la classe économiquement dominante. Faire que la minorité soit socialiste dans un "état des ouvriers" ne change pas la nature fondamentale de l'état comme instrument de domination de la minorité -- cela change juste la minorité responsable de l'exploitation et de l'oppression de la majorité.  
 
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De la méme faéon, en dépit de plus de 100 ans de tentatives de la part des socialistes et des radicaux pour utiliser les élections pour faire avancer leurs idées, et la corruption qui é gagné chaque partis procédant de cette maniére, la plupart des marxistes pensent qu'il est toujours normal pour des socialistes de se présenter é des élections. Pour une théorie qui se dit scientifique, cette ignorance de l'évidence empirique, des faits historiques, est proprement surprenante. Les marxistes font de l'économie la science qui persiste é ne pas prendre en compte ni l'histoire ni ses preuves.  
Si nous regardons l'appui de Kropotkin pour les alli�s dans la premi�re guerre mondiale nous d�couvrons une hypocrisie �trange de la part des marxistes aussi bien qu'une tentative de d�former l'histoire. Pourquoi une hypocrisie ? Simplement parce que Marx et Engels ont soutenu les prussiens pendant la guerre Franco-Prussienne (en revanche, Bakunin plaidait pour qu'un soulevement populaire et une r�volution sociale arr�te la guerre). Comme Marx a �crit � Engels le 20 juillet, 1870 :
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En effet, ce refus de aux preuves factuelles peut étre vu dans commentaire les plus communs que font les marxistes é propos des anarchistes, é savoir que nous sommes é petits-bourgeois é. Pour des anarchistes, de tels commentaires indiquent que, pour beaucoup de marxistes, la classe est plus une source d'insultes que d'analyse. On s'en aperéoit quand les marxistes déclarent que, par exemple, Kropotkin ou Bakunin était é petit-bourgeois é. Comme si un membre de la classe dirigeante russe pouvait étre petit-bourgeois ! Si nous considérons la classe comme un fait socio-économique et un rapport social (ce qu'elle est) plutét que comme une insulte, alors nous découvrons que si Bakunin et Kropotkin étaient é petits-bourgeois é, Marx l'était aussi, car il a partagé avec ces deux-lé la méme situation socio-économique ! Cette vision de la société ne peut expliquer comment Marx (un membre de la petite bourgeoisie, un journaliste indépendant, quand il a travaillé) et Engels (un bourgeois bien réel puisqu'il était propriétaire d'une usine !) pourraient avoir créé é une science prolétaire é. Aprés tout, afin d'étre une théorie é prolétaire é elle doit étre développée par des personnes de classe ouvriére en lutte. Ce n'était pas le cas. Albert Meltzer explique les problémes auxquels les marxistes font face quand ils nous appellent des é petits-bourgeois é :  
 
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é Ceci les améne é une autre difficulté : Comment peut-on réconcilier l'existence des syndicats anarcho-syndicalistes avec l'origine petits-bourgeois de l'anarchisme -- et comment explique-t-on le fait que la plupart des marxistes-léninistes d'aujourd'hui sont des femmes et des hommes étudiant ou appartenant aux professions typiques de cette classe ? La réponse habituellement donnée est que parce que l'anarchisme é petits-bourgeois é, ceux qui y adhérent -- 'quelque soit leur occupations ou leurs origines sociales doivent également étre des é petits-bourgeois é. Ainsi, parce que é le marxisme est la classe ouvriére é, ses adhérents doivent étre de la classe ouvriére é au moins subjectivement é. C'est une absurdité sociologique, comme si é classes ouvriéres é signifiait point de vue idéologique. C'est également une tentative de noyaer le poisson é.[Op. Cit., p. 39]  
� La France doit �tre vaincue. Si les Prussiens sont victorieux, la centralisation de la puissance de l'�tat sera utile pour la centralisation de la classe ouvri�re allemande. D'ailleurs, l'ascendance allemande transferera le centre de gravit� du mouvement ouvrier europ�en de la France vers l'Allemagne [...] A l'�chelle du monde, l'ascendance du prol�tariat allemand sur le le prol�tariat fran�ais constituera en m�me temps l'ascendance de notre th�orie sur celle de Proudhon. � [cit� par Arthur Lehning, Michael Bakunin : Les �critures choisies, p. 284]
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Comme cette section de la FAQ va le démontrer, ces insultes et cette persistance é dénoncer les faiblesses des individus anarchistes de la part des Marxistes n'était pas un accident. Si nous considérons la capacité d'une théorie é prédire le futur comme un indicateur de sa validité, nous nous apercevrions bientét que l'anarchisme est un outil bien plus utile é la lutte de la classe laborieuse que le Marxisme. Aprés tout les anarchistes ont prédit avec une pertinence surprenantes le developpement du Marxisme. Bakunin disait que l'electoralisme corromprait le mouvement socialiste, le transformant en réformiste, et finalement en un eniéme parti bourgeois (voir la section J.2). C'est bien ce qui est arrivé au mouvement social démocrate dans le monde entier au tournant du vingtiéme siécle (bien que la rhétorique demeurait radicale pendant un temps plus long, bien sur). Les commentaires de Murray Bookchin sur les Social Democrates allemands sont tout é fait appropriés ici :  
 
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é Les préocupations du parti vis-é-vis du parlementarisme l'ont éloigné pour toujours de tout ce que Marx avait jamais dit. Au lieu de travailler é dépasser l'état bourgeois, le SPD, en mettant l'accent sur les éléctions, est virtuellement devenue une machine é avoir des votes et é augmenter sa représentation au Reichtag é l'intérieur de l'état bourgeois... Plus le SPD s'entendait é remplir cette tache, plus il avait de membres et d'électeurs, et, avec la participation toujours plus massive d'adhérents pragmatiques et opportunistes, plus il ressemblait é une machine bureaucratique destinée é concentrer le pouvoir dans un régime capitaliste plutét qu'é une organisation révolutionnaire visant é le renverser. é [The Third Revolution, vol. 2, p. 300]  
Marx, indirectement, a souhait� les d�c�s des personnes de classe ouvri�re dans la guerre afin de voir ses id�es devenir plus importantes que celles de Proudhon ! [NDT : Mh. De toutes fa�ons, la guerre, �a implique forc�ment des morts - Dire que Marx souhaitait la mort d'ouvriers est un raccourci douteux, tout juste pourrait-on dire que son raisonnement �tait cynique. Par la victoire d'un camp ou d'un autre, ce genre de guerre, la meilleure fin, c'est le plus vite possible, et c'est tout.] Au moins Kropotkin a soutenu les alli�s parce qu'il �tait contre les atteintes � la libert� qu'impliquait l'�tat militaire allemand. L'hypocrisie des marxistes est claire -- si l'anarchisme doit �tre condamn� pour les actions de Kropotkin, alors le marxisme doit �tre �galement condamn� pour les pens�es de Marx.
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La réalité du travail étatique a eu vite fait de transformer le parti et ses leaders, comme Bakunin l'avait predit. Si nous examinons les années 1920, nous decouvrons une tendance similaire é constater l'évidence :  
 
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é Pendant les années 1920, les attachement leninistes aux tactiques socio-démocrate pre-WWI comme la politique electorale et l'activité politiques dans des syndicats pro-capitalistes ont dominé les perspectives des soit-disant Communistes. Mais si ces tactiques étaient correctes, pourquoi n'ont-elles pas amené des résultats moins mitigés ? Nous devons étre materialistes, et pas idealistes. Quel a été le résultat des stratégies Leniniste ? Ont-elles amenées des révolutions proletariennes, donné naissance é des société enrichies des étre humains qui y vivaient ? Le mouvement revolutionaire entre deux guerre a été détruit ... é [Max Anger, "The Spartacist School of Falsification", Anarchy : A Journal of Desire Armed, no. 43, Spring/Summer 1997, pp. 51-2]  
Cette analyse historique montre �galement que la majeure partie des membres du mouvement marxiste ont soutenu leurs �tats respectifs pendant les conflits. Seuls quelques partis membres de la deuxi�me internationale se sont oppos�s � la guerre (et c'�tait les plus petits partis). Le p�re du marxisme russe, George Plekhanov, a soutenu les alli�s. Le parti d�mocratique social allemand (le bijou dans la couronne de la deuxi�me internationale) a soutenu la guerre (une petite minorit� de ses membres s'y sont oppos�s). Il s'est trouv� un seul homme dans le Reichstag allemand en ao�t 1914 qui n'a pas vot� pour les cr�dits de guerre (et lui n'a pas m�me vot� contre eux, il s'est abstenu). Et beaucoup de la minorit� pacifiste sont all�s avec la majorit� du parti au nom de la "discipline" et des principes "d�mocratiques".
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Comme l'anarchiste écossais Ethel McDonald l'a dit en 1937, les tactiques préconisées par Lenine étaient désastreuses en pratique :  
 
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é Au Second Congrés de la Troisiéme Internationale, Moscow, un camarade qui est maintenant avec nous en Espagne, répondant é Zinoview, insista pour que l'on mise sur le mouvement syndicaliste en Allemagne et que l'on mette fin au communisme parlementaire. Il fut ridiculisé. Le Parlementarisme, le Parlementarisme communiste, mais uniquement le Parlementarisme sauverait l'Allemagne. Et ce fut le cas ... Sauvée du socialisme. Sauvée pour le fascisme. é ["The Volunteer Ban", Workers City, Farquhar McLay (ed.), p. 74]  
En revanche, seule une toute minorit� d'anarchistes a soutenu un c�t� ou un autre pendant le conflit. La majeure partie du mouvement anarchiste (dont les principaux guides, tels que Malatesta, Rocker, Goldman et Berkman) s'est oppos�e � la guerre, arguant du fait que les anarchistes doivent � profiter de chaque mouvement de r�bellion, de chaque m�contentement, afin de fomenter l'insurrection, d'organiser la r�volution par laquelle nous recherchons la fin de tous les iniquit�s de la soci�t�. � [No Gods, No Masters, vol. 2., p. 36] Comme Malatesta l'a not� alors, les anarchiste � pro-guerre n'�taient pas nombreux, il est vrai, mais comptaient parmi eux des camarades que nous aimions et respections beaucoup. � Il a soulign� que � presque tous � les anarchistes � sont demeur�s fid�le � leurs convictions � nomm�ment � �veiller la conscience de l'antagonisme d'int�r�ts entre les dominants et les domin�s, entre les exploiteurs et les ouvriers, et d�velopper la lutte de classe � l'int�rieur de chaque pays, et la solidarit� parmi tous les ouvriers � travers les fronti�res, en rupture avec tous les pr�jug�s, les id�aux de race ou de nationalit�. � [Life and Ideas, p. 243, p. 248 and p. 244]
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Quand les nazis prirent le pouvoir en 1933 en Allemagne, les 12 millions d'électeurs socialistes et communistes, dont 6 millions d'ouvriers syndiqués ne firent pas de mouvement. En Espagne, c'est la CNT anarcho-syndicaliste qui mena la bataille, dans les rues, contre le fascisme, et qui a participé é une des plus importante révolution sociale que le monde ait jamais connu. Le contraste ne pourrait pas étre plus net. Et dire qu'il se trouve encore des marxistes pour suivre les conseils de Lénine aujourd'hui !  
 
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Si nous regardons les é états des ouvriers é créés par les Marxistes, nous découvrons, encore une fois, que les prévisions des anarchistes se sont avérés justes. Bakunin a dit que é par gouvernement populaire, ils [ les marxistes ] entendaient un gouvernement d'un petit nombre de représentants élus par le peuple ... [ c'est-é-dire, ] un gouvernement de la grande majorité des personnes par une minorité privilégiée. Mais cette minorité, les marxistes disent, se composera d'ouvriers. Oui, peut-étre, des ex-ouvriers, qui, dés qu'ils deviendront les dirigeants ou les représentants du peuple cesseront d'étre des ouvriers et commenceront é considérer le monde des ouvriers du haut de l'état. Ils ne représenteront plus le peuple mais eux-mémes et leurs propres pretentions é régir ce peuple. é[Statism and Anarchy, p. 178] L'histoire de chaque révolution marxiste é prouvé que Bakunin avait vu juste.  
En accusant Kropotkine, les marxistes cachent le fait que c'�tait le mouvement marxiste officiel qui a trahi la cause de l'internationalisme, pas l'anarchisme. En effet, la trahison de la deuxi�me internationale �tait le r�sultat normal de la fin de � l'ascendance � de l'anarchisme sur le marxisme que Marx avait esp�r�e. Le developpement du marxisme, sous la forme de social-d�mocratie, fini comme Bakunin l'avait pr�vu, avec la corruption du socialisme en un syst�me d'electoral et en etatisme. Comme le fait justement remarquer Rudolf Rocker, � La grande guerre de 1914 �tait la d�monstration de la faillite du socialisme politique. � [Marx and Anarchism]
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A cause des é états des ouvriers é, le socialisme s'est vu associé aux régimes répressifs, avec des régimes totalitaires é l'opposé total de ce que le socialisme est réellement. Et le fait que des socialistes auto-proclamés (tels que les Trotskistes) é décrivent de maniére obscéne les régimes qui exploitent, emprisonnent et assassinent des travailleurs salariés comme Cuba, la Corée du Nord, et la Chine comme des états ouvriers é n'arrange rien é l'affaire. [Max Anger, Op. Cit., p. 52] Il n'est pas surprenant que beaucoup d'anarchistes n'emploient pas les termes de é socialiste é ou de é communiste é et s'appellent juste eux-mémes "anarchistes." Ils se retrouveraient associés é des régimes qui n'ont rien en commun avec é nos idées, et, en effet, aux idées du socialisme en tant que tel.  
 
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Ceci ne signifie pas que les anarchistes rejettent tout ce que Marx a écrit. Loin de lé. Beaucoup de son analyse du capitalisme semble acceptable aux anarchistes, par exemple (Bakunin et Tucker considéraient tout les deux que son analyse économique était trés importante). En effet, il y a quelques écoles du marxisme qui sont trés libertaires et qui sont des cousins proches de l'anarchisme (par exemple, le communisme de conseil et le marxisme autonomiste se rapprochent de l'anarchisme révolutionnaire). Malheureusement, ces formes de marxisme libertaires sont des courants minoritaire dans ce mouvement.  
Nous ne suivrons pas cette approche marxiste commune ici car la faillite du marxisme, en particulier sous sa forme l�niniste, n'est pas venue de la d�faillance des individus mais de leur politique et de la fa�on dont ils fonctionnaient dans la pratique. Personne ne donne totalement corps � ses id�aux dans la pratique, nous sommes tous des humains et critiquer les d�fauts des individuels ne peut pas s�rieusement remettre en cause la th�orie � laquelle ils ont contribu�e. Si c'�tait le cas, alors le marxisme "serait r�fut�" � cause des sentiments anti-Slaves et du soutien de Marx et d'Engel � l'�tat allemand pendant la guerre Franco-Prussienne de 1871.
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En d'autres termes, le marxisme n'est pas tout mauvais -- malheureusement une majeure partie l'est et des éléments ne se sont pas retrouvés dans l'anarchisme de toute faéon. Pour la plupart des gens, le marxisme est l'école de Marx, d'Engels, de Lenine et de Trotsky, et non pas de Marx, de Pannekoek, de Gorter, de Ruhle et de Mattick. La tendance libertaire des minorités du marxisme est basée, comme l'anarchisme, sur un rejet des régles du parti, de l'electoralisme et de la création d'un é état des ouvriers. é Ils supportent également, comme les anarchistes, l'action directe, la lutte des classes auto-contrélée, l'autonomie de la classe ouvriére et une société socialiste auto-contrélée. Ces marxistes s'opposent é la dictature du parti sur le prolétariat et, en effet, sont d'accord avec Bakunin quand il a argué du fait, contre Marx, que des socialistes ne devraient pas é accepter, méme en cours de transition révolutionnaire, les assemblées constitutives, les gouvernements temporaires ou les prétendues dictatures révolutionnaires ; parce que nous sommes convaincus que la révolution est seulement sincére, honnéte et vraie dans les mains des masses, et que quand elle est concentré dans celles de quelques individus dirigeants c'est inévitablement qu'elle devient immédiatement réactionnaire. é Comme Bakunin, ils pensent qu'é une fédération libre d'associations agricoles et industrielles ... organisée du bas vers le haut serait é la base d'une nouvelle société (les marxistes libertaires appellent habituellement ces associations des conseils d'ouvriers. [Michael Bakunin : Selected Writings, p. 237 and p. 172]  
 
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Ces formes libertaires de marxisme devraient étre encouragées et non mises dans le méme sac que le léninisme et la démocratie sociale (en effet Lenine a parlé de é la déviation anarchiste du Party des ouvriers communistes allemands é et d'autres é éléments semi-anarchiste é, é propos de ces groupes mémes que nous nous désignons ici comme marxiste libertaire. [Marx, Engels and Lenin, _Anarchism and Anarcho-Syndicalism, p. 333 and p. 338]). Avec le temps, si tout va bien, de tels camarades verront que l'élément libertaire de leur pensée est supérieur au legs marxiste. Ainsi nos commentaires dans cette section du FAQ sont la plupart du temps dirigés vers la forme majoritaire du marxisme, et non vers son aile libertaire.  
Plut�t, nous analyserons le marxisme en termes de th�ories et comment ces th�ories ont fonctionn� dans la pratique. Ainsi nous conduirons une analyse scientifique du marxisme, regardant ses pr�tentions et les comparant � ce qu'elles ont donn� dans la pratique. Peu ou pas de marxistes pr�sentent une telle analyse de leur propre politique, ce qui fait du marxisme plus un syst�me de croyance plut�t que d'analyse. Par exemple, beaucoup de marxistes se r�ferent au succ�s de la r�volution russe et disent que tandis que les anarchistes attaquaient Trotsky et Lenine en tant que �tatiques et autoritaires, cet �tatisme et cet autoritarisme ont sauv� la r�volution.
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Un dernier point. Nous devrions préciser que dans le passé, beaucoup des principaux marxistes ont argué du fait que l'anarchisme et le socialisme étaient des kilométres de distance : en effet, l'anarchisme n'était pas une forme de socialisme. Le principal marxiste américain Daniel De Leon a suivi cette ligne, avec beaucoup d'autres. C'est vrai, dans un sens, car les anarchistes ne sont pas des socialistes marxistes -- nous rejetons un tel "socialisme" comme profondément autoritaire. Cependant, tous les anarchistes sont des membres du mouvement socialistes et nous rejettons les tentatives des marxistes de monopoliser ce terme. Quoi qu'il en soit, parfois dans cette section nous pouvons trouver utile d'employer le terme socialiste/communiste pour décrire le é socialiste d'état é et anarchiste pour décrire le é socialiste/communiste libertaire é. Ceci n'implique nullement que les anarchistes ne sont pas des socialistes. C'est purement un outil pour faciliter la lecture de nos arguments.  
 
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En r�ponse, les anarchistes disent que la r�volution marxiste, en fait, a �chou�. Apr�s tout, le but de ces r�volutions �tait de cr�er une soci�t� libre, d�mocratique, sans classes, constitu�e d'�gaux. En fait il a cr�� la dictature du parti bas�e autour d'un syst�me de classe de bureaucrates exploitant et dominant des personnes de classe ouvri�re et une soci�t� manquant de d'�galit� et de libert�. Pendant que les objectifs indiqu�s de la r�volution marxiste ne se mat�rialisaient pas, les anarchistes arguaient du fait que ces r�volutions ont �chou� bien qu'un parti "communiste" soit demeur� au pouvoir pendant plus de 70 ann�es. Et quant � l'�tatisme et � l'autoritarisme qui auraient "sauv�" la r�volution, ils l'ont sauv�e pour Staline, pas pour le socialisme. Il n'y a pas de quoi �tre fier. [NDT : Sans compter le pr�judice moral qui se reporte automatiquement sur quiconque a le malheur de se pr�tendre socialiste aujourd'hui, m�me libertaire : votre interlocuteur vous retournera � coup sur les millions de morts de la Russie et de la Chine communiste, ce qui fait virtuellement des socialistes les dignes concurrents d'Hitler, de Pinochet, etc... - dans l'imagination des ignorants, en tout cas.]
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� partir d'une perspective d'anarchiste, ceci semble parfaitement raisonnable car � aucune r�volution ne peut jamais r�ussir comme facteur de lib�ration � moins que les MOYENS employ�s pour cette r�volution soient conformes dans l'esprit et la tendance avec le BUT de sa r�alisation. � [Emma Goldman, Patterns of Anarchy, p. 113] En d'autres termes, le statisme et les moyens autoritaires auront comme cons�quence le statisme et les fins autoritaires. Appeler un nouvel �tat un "�tat d'ouvriers" ne changera pas la nature de l'�tat si une minorit� (et ainsi une classe) continue de r�gner. Ca n'a rien � faire avec les id�es ou la nature de ceux qui prennent le pouvoir, �a a rapport avec la nature de l'�tat et des rapports sociaux qu'il produit. La structure d'�tat est un instrument de domination d'une minorit�, elle ne peut pas �tre employ�e par la majorit� parce qu'elle est bas�e sur la hi�rarchie, la centralisation et la puissance de la minorit� aux d�pens de la majorit� des individus. Les �tats ont certaines propri�t�s juste parce qu'ils sont des �tats. Ils ont leur propre dynamique qui les au dehors du contr�le populaire et ne sont pas simplement des outils dans les mains de la classe �conomiquement dominante. Faire que la minorit� soit socialiste dans un "�tat des ouvriers" ne change pas la nature fondamentale de l'�tat comme instrument de domination de la minorit� -- cela change juste la minorit� responsable de l'exploitation et de l'oppression de la majorit�.
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De la m�me fa�on, en d�pit de plus de 100 ans de tentatives de la part des socialistes et des radicaux pour utiliser les �lections pour faire avancer leurs id�es, et la corruption qui � gagn� chaque partis proc�dant de cette mani�re, la plupart des marxistes pensent qu'il est toujours normal pour des socialistes de se pr�senter � des �lections. Pour une th�orie qui se dit scientifique, cette ignorance de l'�vidence empirique, des faits historiques, est proprement surprenante. Les marxistes font de l'�conomie la science qui persiste � ne pas prendre en compte ni l'histoire ni ses preuves.
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En effet, ce refus de aux preuves factuelles peut �tre vu dans commentaire les plus communs que font les marxistes � propos des anarchistes, � savoir que nous sommes � petits-bourgeois �. Pour des anarchistes, de tels commentaires indiquent que, pour beaucoup de marxistes, la classe est plus une source d'insultes que d'analyse. On s'en aper�oit quand les marxistes d�clarent que, par exemple, Kropotkin ou Bakunin �tait � petit-bourgeois �. Comme si un membre de la classe dirigeante russe pouvait �tre petit-bourgeois ! Si nous consid�rons la classe comme un fait socio-�conomique et un rapport social (ce qu'elle est) plut�t que comme une insulte, alors nous d�couvrons que si Bakunin et Kropotkin �taient � petits-bourgeois �, Marx l'�tait aussi, car il a partag� avec ces deux-l� la m�me situation socio-�conomique ! Cette vision de la soci�t� ne peut expliquer comment Marx (un membre de la petite bourgeoisie, un journaliste ind�pendant, quand il a travaill�) et Engels (un bourgeois bien r�el puisqu'il �tait propri�taire d'une usine !) pourraient avoir cr�� � une science prol�taire �. Apr�s tout, afin d'�tre une th�orie � prol�taire � elle doit �tre d�velopp�e par des personnes de classe ouvri�re en lutte. Ce n'�tait pas le cas. Albert Meltzer explique les probl�mes auxquels les marxistes font face quand ils nous appellent des � petits-bourgeois � :
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� Ceci les am�ne � une autre difficult� : Comment peut-on r�concilier l'existence des syndicats anarcho-syndicalistes avec l'origine petits-bourgeois de l'anarchisme -- et comment explique-t-on le fait que la plupart des marxistes-l�ninistes d'aujourd'hui sont des femmes et des hommes �tudiant ou appartenant aux professions typiques de cette classe ? La r�ponse habituellement donn�e est que parce que l'anarchisme � petits-bourgeois �, ceux qui y adh�rent -- 'quelque soit leur occupations ou leurs origines sociales doivent �galement �tre des � petits-bourgeois �. Ainsi, parce que � le marxisme est la classe ouvri�re �, ses adh�rents doivent �tre de la classe ouvri�re � au moins subjectivement �. C'est une absurdit� sociologique, comme si � classes ouvri�res � signifiait point de vue id�ologique. C'est �galement une tentative de noyaer le poisson �.[Op. Cit., p. 39]
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Comme cette section de la FAQ va le d�montrer, ces insultes et cette persistance � d�noncer les faiblesses des individus anarchistes de la part des Marxistes n'�tait pas un accident. Si nous consid�rons la capacit� d'une th�orie � pr�dire le futur comme un indicateur de sa validit�, nous nous apercevrions bient�t que l'anarchisme est un outil bien plus utile � la lutte de la classe laborieuse que le Marxisme. Apr�s tout les anarchistes ont pr�dit avec une pertinence surprenantes le developpement du Marxisme. Bakunin disait que l'electoralisme corromprait le mouvement socialiste, le transformant en r�formiste, et finalement en un eni�me parti bourgeois (voir la section J.2). C'est bien ce qui est arriv� au mouvement social d�mocrate dans le monde entier au tournant du vingti�me si�cle (bien que la rh�torique demeurait radicale pendant un temps plus long, bien sur). Les commentaires de Murray Bookchin sur les Social Democrates allemands sont tout � fait appropri�s ici :
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� Les pr�ocupations du parti vis-�-vis du parlementarisme l'ont �loign� pour toujours de tout ce que Marx avait jamais dit. Au lieu de travailler � d�passer l'�tat bourgeois, le SPD, en mettant l'accent sur les �l�ctions, est virtuellement devenue une machine � avoir des votes et � augmenter sa repr�sentation au Reichtag � l'int�rieur de l'�tat bourgeois... Plus le SPD s'entendait � remplir cette tache, plus il avait de membres et d'�lecteurs, et, avec la participation toujours plus massive d'adh�rents pragmatiques et opportunistes, plus il ressemblait � une machine bureaucratique destin�e � concentrer le pouvoir dans un r�gime capitaliste plut�t qu'� une organisation r�volutionnaire visant � le renverser. � [The Third Revolution, vol. 2, p. 300]
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La r�alit� du travail �tatique a eu vite fait de transformer le parti et ses leaders, comme Bakunin l'avait predit. Si nous examinons les ann�es 1920, nous decouvrons une tendance similaire � constater l'�vidence :
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� Pendant les ann�es 1920, les attachement leninistes aux tactiques socio-d�mocrate pre-WWI comme la politique electorale et l'activit� politiques dans des syndicats pro-capitalistes ont domin� les perspectives des soit-disant Communistes. Mais si ces tactiques �taient correctes, pourquoi n'ont-elles pas amen� des r�sultats moins mitig�s ? Nous devons �tre materialistes, et pas idealistes. Quel a �t� le r�sultat des strat�gies Leniniste ? Ont-elles amen�es des r�volutions proletariennes, donn� naissance � des soci�t� enrichies des �tre humains qui y vivaient ? Le mouvement revolutionaire entre deux guerre a �t� d�truit ... � [Max Anger, "The Spartacist School of Falsification", Anarchy : A Journal of Desire Armed, no. 43, Spring/Summer 1997, pp. 51-2]
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Comme l'anarchiste �cossais Ethel McDonald l'a dit en 1937, les tactiques pr�conis�es par Lenine �taient d�sastreuses en pratique :
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� Au Second Congr�s de la Troisi�me Internationale, Moscow, un camarade qui est maintenant avec nous en Espagne, r�pondant � Zinoview, insista pour que l'on mise sur le mouvement syndicaliste en Allemagne et que l'on mette fin au communisme parlementaire. Il fut ridiculis�. Le Parlementarisme, le Parlementarisme communiste, mais uniquement le Parlementarisme sauverait l'Allemagne. Et ce fut le cas ... Sauv�e du socialisme. Sauv�e pour le fascisme. � ["The Volunteer Ban", Workers City, Farquhar McLay (ed.), p. 74]
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Quand les nazis prirent le pouvoir en 1933 en Allemagne, les 12 millions d'�lecteurs socialistes et communistes, dont 6 millions d'ouvriers syndiqu�s ne firent pas de mouvement. En Espagne, c'est la CNT anarcho-syndicaliste qui mena la bataille, dans les rues, contre le fascisme, et qui a particip� � une des plus importante r�volution sociale que le monde ait jamais connu. Le contraste ne pourrait pas �tre plus net. Et dire qu'il se trouve encore des marxistes pour suivre les conseils de L�nine aujourd'hui !
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Si nous regardons les � �tats des ouvriers � cr��s par les Marxistes, nous d�couvrons, encore une fois, que les pr�visions des anarchistes se sont av�r�s justes. Bakunin a dit que � par gouvernement populaire, ils [ les marxistes ] entendaient un gouvernement d'un petit nombre de repr�sentants �lus par le peuple ... [ c'est-�-dire, ] un gouvernement de la grande majorit� des personnes par une minorit� privil�gi�e. Mais cette minorit�, les marxistes disent, se composera d'ouvriers. Oui, peut-�tre, des ex-ouvriers, qui, d�s qu'ils deviendront les dirigeants ou les repr�sentants du peuple cesseront d'�tre des ouvriers et commenceront � consid�rer le monde des ouvriers du haut de l'�tat. Ils ne repr�senteront plus le peuple mais eux-m�mes et leurs propres pretentions � r�gir ce peuple. �[Statism and Anarchy, p. 178] L'histoire de chaque r�volution marxiste � prouv� que Bakunin avait vu juste.
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A cause des � �tats des ouvriers �, le socialisme s'est vu associ� aux r�gimes r�pressifs, avec des r�gimes totalitaires � l'oppos� total de ce que le socialisme est r�ellement. Et le fait que des socialistes auto-proclam�s (tels que les Trotskistes) � d�crivent de mani�re obsc�ne les r�gimes qui exploitent, emprisonnent et assassinent des travailleurs salari�s comme Cuba, la Cor�e du Nord, et la Chine comme des �tats ouvriers � n'arrange rien � l'affaire. [Max Anger, Op. Cit., p. 52] Il n'est pas surprenant que beaucoup d'anarchistes n'emploient pas les termes de � socialiste � ou de � communiste � et s'appellent juste eux-m�mes "anarchistes." Ils se retrouveraient associ�s � des r�gimes qui n'ont rien en commun avec � nos id�es, et, en effet, aux id�es du socialisme en tant que tel.
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Ceci ne signifie pas que les anarchistes rejettent tout ce que Marx a �crit. Loin de l�. Beaucoup de son analyse du capitalisme semble acceptable aux anarchistes, par exemple (Bakunin et Tucker consid�raient tout les deux que son analyse �conomique �tait tr�s importante). En effet, il y a quelques �coles du marxisme qui sont tr�s libertaires et qui sont des cousins proches de l'anarchisme (par exemple, le communisme de conseil et le marxisme autonomiste se rapprochent de l'anarchisme r�volutionnaire). Malheureusement, ces formes de marxisme libertaires sont des courants minoritaire dans ce mouvement.
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En d'autres termes, le marxisme n'est pas tout mauvais -- malheureusement une majeure partie l'est et des �l�ments ne se sont pas retrouv�s dans l'anarchisme de toute fa�on. Pour la plupart des gens, le marxisme est l'�cole de Marx, d'Engels, de Lenine et de Trotsky, et non pas de Marx, de Pannekoek, de Gorter, de Ruhle et de Mattick. La tendance libertaire des minorit�s du marxisme est bas�e, comme l'anarchisme, sur un rejet des r�gles du parti, de l'electoralisme et de la cr�ation d'un � �tat des ouvriers. � Ils supportent �galement, comme les anarchistes, l'action directe, la lutte des classes auto-contr�l�e, l'autonomie de la classe ouvri�re et une soci�t� socialiste auto-contr�l�e. Ces marxistes s'opposent � la dictature du parti sur le prol�tariat et, en effet, sont d'accord avec Bakunin quand il a argu� du fait, contre Marx, que des socialistes ne devraient pas � accepter, m�me en cours de transition r�volutionnaire, les assembl�es constitutives, les gouvernements temporaires ou les pr�tendues dictatures r�volutionnaires ; parce que nous sommes convaincus que la r�volution est seulement sinc�re, honn�te et vraie dans les mains des masses, et que quand elle est concentr� dans celles de quelques individus dirigeants c'est in�vitablement qu'elle devient imm�diatement r�actionnaire. � Comme Bakunin, ils pensent qu'� une f�d�ration libre d'associations agricoles et industrielles ... organis�e du bas vers le haut serait � la base d'une nouvelle soci�t� (les marxistes libertaires appellent habituellement ces associations des conseils d'ouvriers. [Michael Bakunin : Selected Writings, p. 237 and p. 172]
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Ces formes libertaires de marxisme devraient �tre encourag�es et non mises dans le m�me sac que le l�ninisme et la d�mocratie sociale (en effet Lenine a parl� de � la d�viation anarchiste du Party des ouvriers communistes allemands � et d'autres � �l�ments semi-anarchiste �, � propos de ces groupes m�mes que nous nous d�signons ici comme marxiste libertaire. [Marx, Engels and Lenin, _Anarchism and Anarcho-Syndicalism, p. 333 and p. 338]). Avec le temps, si tout va bien, de tels camarades verront que l'�l�ment libertaire de leur pens�e est sup�rieur au legs marxiste. Ainsi nos commentaires dans cette section du FAQ sont la plupart du temps dirig�s vers la forme majoritaire du marxisme, et non vers son aile libertaire.
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Dans les sections qui suivent nous discuterons du marxisme et de la pratique du pouvoir par les marxistes. Ceci indiquera pourquoi les anarchistes le rejettent en faveur d'une forme libertaire de socialisme.
 
Dans les sections qui suivent nous discuterons du marxisme et de la pratique du pouvoir par les marxistes. Ceci indiquera pourquoi les anarchistes le rejettent en faveur d'une forme libertaire de socialisme.

Revision as of 14:00, 6 September 2008

FAQ anarchiste
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« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
H - Pourquoi les anarchistes s'opposent au socialisme d'État ?

Introduction
H.1 - Les anarchistes se sont-ils toujours opposés au socialisme d'État ?



H.2 - Quelles parts de l'anarchisme les marxistes représentent sous un mauvais jour ?



H.3 - Quels sontles mythes du socialisme d'État ?



H.4 - Engels refuta-t'il l'anarchisme dans son essai De l'Autorité ?



H.5 - Qu'est-ce que l'avant-gardisme et pourquoi les anarchistes le rejettent-ils ?



Sommaire complet et détaillé


Catégorie:Pourquoi les anarchistes s'opposent au socialisme d'État ? Le mouvement socialiste a été continuellement divisé, au travers de différentes tendances et mouvements. Deux des tendances principales du socialisme sont le socialisme d'état (marxisme, léninisme, maoisme et ainsi de suite) et le socialisme libertaire (anarchisme sous toutes ses nombreuses formes). Le conflit et le désaccord entre les anarchistes et les marxistes sont légendaires. Benjamin Tucker a noté : "C'est un fait curieux que les deux extrémes du [ mouvement socialiste ] ... bien qu'unis ... par la revendication commune que le travail devrait appartenir aux travailleurs, sont diamétralement opposés entre eux dans leurs principes fondamentaux d'action sociale et dans les méthodes pour atteindre les objectifs visées alors que l'un ou l'autre reconnaét que la société actuelle est leur ennemie commune. Elles sont basées sur deux principes entre lesquels l'histoire des conflits est presque équivalent é l'histoire du monde depuis que l'homme y est apparu ... "Ces deux principes sont AUTORITé et LIBERTé, et les noms des deux écoles de pensées socialistes qui représentent entiérement et sans réserves un ou l'autre sont, respectivement, le socialisme d'état et l'anarchisme. Quiconque sait ce que ces deux écoles veulent et comment ils proposent de l'obtenir, comprend le mouvement socialiste. Car, comme on a dit qu'il n'y a aucune maison é mi-chemin entre Rome et la Raison, ainsi peut-on dire qu'il n'y a aucune maison é mi-chemin entre le socialisme d'état et l'anarchisme." [The Individualist Anarchists, pp. 78-9] En plus de ces divisions entre les formes autoritaires et libertaires de socialisme, il y en a une autre entre les ailes réformistes et révolutionnaires de ces deux tendances. "Le terme 'anarchiste'", écrit Murray Bookchin, "est un mot générique comme le terme 'socialiste', et il y a autant de différents genres d'anarchistes qu'il y a de socialistes. Dans les deux cas, le spectre s'étend des individus dont les vues dérivent d'une prolongation du libéralisme (les 'anarchistes individualistes', les social-démocrates) aux communistes révolutionnaires (les anarcho-communistes, les marxistes, léninistes et trotskistes révolutionnaires)."[Post-Scarcity Anarchism, p. 214f] Dans cette section de la FAQ, nous nous concentrerons sur le conflit entre les ailes révolutionnaires des deux mouvements. Ici nous verrons pourquoi les communistes-anarchistes, les anarcho-syndicalistes et d'autres anarchistes révolutionnaires rejettent les théories marxistes, en particulier les idées révolutionnaires des léninistes et des trotskistes. Nous nous concentrerons presque entiérement sur les travaux de Marx, de Lenine et de Trotsky aussi bien que sur la révolution russe. C'est parce que beaucoup de marxistes rejettent le les révolutions chinoise, cubaine et d'autres comme étant infectées par le stalinisme. En revanche, il y a un consensus général dans les cercles marxistes selon lequel la révolution russe était une véritable révolution socialiste et que les idées de Lénine (et habituellement de Trotsky) suivent dans les pensées de Marx. Ce que nous reprochons é Marx et Lénine est également applicable é leurs successeurs plus controversés, donc nous les ignorons. Nous écartons également hors de toute réflexion d'eventuelles suggestions selon lesquelles le régime de staliniste avait quoi que ce soit é faire avec le socialisme. Malheureusement beaucoup de révolutionnaires sérieux considérent le régime de Lénine comme étant un exemple valide d'une révolution socialiste ainsi nous devons montrer pourquoi elle n'était pas. Comme nous l'avons dit, les deux ailes principales du mouvement socialiste révolutionnaire, l'anarchisme et le marxisme, ont toujours été en conflit. Tandis que, avec le succés apparent de la révolution russe, le mouvement anarchiste était éclipsé par son pendant autoritaire dans beaucoup de pays, cette situation évolue. Ces derniéres années, l'anarchisme a connu une renaissance car de plus en plus personnes se rendaient compte de la nature fondamentalement anti-socialiste de "l'expérience" russe et de la politique qui l'ont inspirée. Avec cette réévaluation du socialisme et de l'Union Soviétique, de plus en plus de personnes rejettent le marxisme et se tournent vers le socialisme libertaire. Comme on peut le voir dans la couverture médiatique des événements tels que les émeutes anti-impéts et anti-scrutin au Royaume-Uni au début des années 90, et des manifestations anti-capitaliste N30 et J18 en 1999, l'anarchisme est devenu synonyme de l'anti-capitalisme. Inutile de dire que les "défenseurs" auto-proclamés "du prolétariat" s'en sont inquiétés et ont écrit é la héte des articles pour [NDT : patronising] récuperer ou englober l'"anarchisme" (sans prendre la peine de comprendre vraiment ce dernier ou ses arguments contre le marxisme). Ces articles sont habituellement un ensemble de mensonges, d'attaques personnelles non pertinentes, des déformations des positions anarchistes et enfin la prétention ridicule que les anarchistes sont des anarchistes parce que personne n'a pris la peine de les informer au sujet de ce que le "marxisme" est "vraiment". Nous ne visons pas é répéter une telle analyse "scientifique" dans notre FAQ, ainsi nous nous concentrerons sur la politique et l'histoire. Ainsi faisant, nous indiquerons que les anarchistes sont des anarchistes parce qu'ils comprennent le marxisme et le rejetent en tant que ne pouvant pas mener é une société socialiste. C'est malheureusement commun pour beaucoup de marxistes, en particulier les léninistes, de se concentrer sur des personnalités et pas sur la politique en discutant des idées anarchistes. Albert Meltzer l'a bien montré quand il a argué du fait qu'il est "trés difficile que les marxistes léninistes fassent une critique objective de l'anarchisme, en tant que tel, parce que, de par sa nature, il mine toutes les suppositions de base du marxisme. Si le marxisme est tenu pour la philosophie de base de la classe ouvriére, et que le prolétariat ne peut pas devoir son émancipation é personne qu'é lui-méme, il est difficile de revenir lé-dessus et de dire que la classe ouvriére n'est pas encore préte é se passer de l'autorité placée au-dessus d'elle. Les marxistes, donc, normalement, se retiennent de critiquer l'anarchisme en tant que tel -- é moins qu'ils ne soient conduit é faire ainsi, quand il met en cause son propre autoritarisme ... et concentrent leurs attaques non pas sur l'anarchisme, mais sur les anarchistes" [Anarchism : Arguments For and Against, p. 37] Ceci peut se voir, par exemple, quand beaucoup de léninistes essayent de "réfuter" la totalité de l'anarchisme, de sa théorie et de son histoire, en précisant les faiblesses personnelles de certains anarchistes. Ils disent que Proudhon était anti-juif et sexiste, que Bakunin était raciste, que Kropotkin a soutenu les alliés dans la premiére guerre mondiale et donc que l'anarchisme ne tient pas debout. Tous ces faits sur Proudhon, Bakunin et Kropotkin sont vrais mais ils ne sont pas du tout pertinents pour une critique de l'anarchisme. Une telle "critique" ne concernent pas les idées anarchistes, qui sont ignorées par cette approche. En d'autres termes, elles attaquent des anarchistes, pas l'anarchisme. Méme en prenant ces arguments é leur valeur nominale, vous devriez étre stupide pour supposer que la misogynie de Proudhon ou le racisme de Bakunine peut se comparer avec le comportement de Lénine et le comportement des Bolcheviques en général (par exemple, la création d'une dictature du parti, la répression des gréves, du discours libre, de toute organisation indépendante de la classe ouvriére, la création d'une force secréte de police, l'attaque de Kronstadt, la trahison des Makhnovistes, la répression violente du mouvement russe anarchiste, etc...) dans le tableau des scores des activités moralement répréhensibles. C'est étrange que l'attachement aux comportements personnels a autant, voire plus, d'importance pour évaluer une théorie politique qu'en a sa mise en application pendant une révolution. D'ailleurs, une telle technique est finalement malhonnéte. Pour Proudhon, par exemple, ses excés antisémites sont demeurés non publiés en ses livres de notes jusqu'é bien aprés la publication de ses idées et, comme Robert Graham le précise, é Une lecture de General Idea of the Revolution montrera que l'anti-semitisme ne fait pas partie du programme révolutionnaire de Proudhon. é [Introduction, General Idea of the Revolution, p. xxxvi] De méme, le racisme de Bakunin est un aspect malheureux de sa vie, un aspect qui est finalement non pertinent au regard de l'ensemble des principes et des idées en faveur desquelles il a plaidé. D'ailleurs, Bakunin et ses associés ont totalement rejeté le sexisme de Proudhon et ont plaidé pour l'égalité compléte entre les sexes. Pourquoi mentionner ces aspects de leurs idées ? Elles ne sont pas pertinentes pour l'évaluation de l'anarchisme en tant héorie politique viable. Faire ainsi est sous-entendre avec malhonnéteté que l'anarchisme est raciste et sexiste, ce qu'il n'est pas. Si nous regardons l'appui de Kropotkin pour les alliés dans la premiére guerre mondiale nous découvrons une hypocrisie étrange de la part des marxistes aussi bien qu'une tentative de déformer l'histoire. Pourquoi une hypocrisie ? Simplement parce que Marx et Engels ont soutenu les prussiens pendant la guerre Franco-Prussienne (en revanche, Bakunin plaidait pour qu'un soulevement populaire et une révolution sociale arréte la guerre). Comme Marx a écrit é Engels le 20 juillet, 1870 : é La France doit étre vaincue. Si les Prussiens sont victorieux, la centralisation de la puissance de l'état sera utile pour la centralisation de la classe ouvriére allemande. D'ailleurs, l'ascendance allemande transferera le centre de gravité du mouvement ouvrier européen de la France vers l'Allemagne [...] A l'échelle du monde, l'ascendance du prolétariat allemand sur le le prolétariat franéais constituera en méme temps l'ascendance de notre théorie sur celle de Proudhon. é [cité par Arthur Lehning, Michael Bakunin : Les écritures choisies, p. 284] Marx, indirectement, a souhaité les décés des personnes de classe ouvriére dans la guerre afin de voir ses idées devenir plus importantes que celles de Proudhon ! [NDT : Mh. De toutes faéons, la guerre, éa implique forcément des morts - Dire que Marx souhaitait la mort d'ouvriers est un raccourci douteux, tout juste pourrait-on dire que son raisonnement était cynique. Par la victoire d'un camp ou d'un autre, ce genre de guerre, la meilleure fin, c'est le plus vite possible, et c'est tout.] Au moins Kropotkin a soutenu les alliés parce qu'il était contre les atteintes é la liberté qu'impliquait l'état militaire allemand. L'hypocrisie des marxistes est claire -- si l'anarchisme doit étre condamné pour les actions de Kropotkin, alors le marxisme doit étre également condamné pour les pensées de Marx. Cette analyse historique montre également que la majeure partie des membres du mouvement marxiste ont soutenu leurs états respectifs pendant les conflits. Seuls quelques partis membres de la deuxiéme internationale se sont opposés é la guerre (et c'était les plus petits partis). Le pére du marxisme russe, George Plekhanov, a soutenu les alliés. Le parti démocratique social allemand (le bijou dans la couronne de la deuxiéme internationale) a soutenu la guerre (une petite minorité de ses membres s'y sont opposés). Il s'est trouvé un seul homme dans le Reichstag allemand en aoét 1914 qui n'a pas voté pour les crédits de guerre (et lui n'a pas méme voté contre eux, il s'est abstenu). Et beaucoup de la minorité pacifiste sont allés avec la majorité du parti au nom de la "discipline" et des principes "démocratiques". En revanche, seule une toute minorité d'anarchistes a soutenu un cété ou un autre pendant le conflit. La majeure partie du mouvement anarchiste (dont les principaux guides, tels que Malatesta, Rocker, Goldman et Berkman) s'est opposée é la guerre, arguant du fait que les anarchistes doivent é profiter de chaque mouvement de rébellion, de chaque mécontentement, afin de fomenter l'insurrection, d'organiser la révolution par laquelle nous recherchons la fin de tous les iniquités de la société. é [No Gods, No Masters, vol. 2., p. 36] Comme Malatesta l'a noté alors, les anarchiste é pro-guerre n'étaient pas nombreux, il est vrai, mais comptaient parmi eux des camarades que nous aimions et respections beaucoup. é Il a souligné que é presque tous é les anarchistes é sont demeurés fidéle é leurs convictions é nommément é éveiller la conscience de l'antagonisme d'intéréts entre les dominants et les dominés, entre les exploiteurs et les ouvriers, et développer la lutte de classe é l'intérieur de chaque pays, et la solidarité parmi tous les ouvriers é travers les frontiéres, en rupture avec tous les préjugés, les idéaux de race ou de nationalité. é [Life and Ideas, p. 243, p. 248 and p. 244] En accusant Kropotkine, les marxistes cachent le fait que c'était le mouvement marxiste officiel qui a trahi la cause de l'internationalisme, pas l'anarchisme. En effet, la trahison de la deuxiéme internationale était le résultat normal de la fin de é l'ascendance é de l'anarchisme sur le marxisme que Marx avait espérée. Le developpement du marxisme, sous la forme de social-démocratie, fini comme Bakunin l'avait prévu, avec la corruption du socialisme en un systéme d'electoral et en etatisme. Comme le fait justement remarquer Rudolf Rocker, é La grande guerre de 1914 était la démonstration de la faillite du socialisme politique. é [Marx and Anarchism] Nous ne suivrons pas cette approche marxiste commune ici car la faillite du marxisme, en particulier sous sa forme léniniste, n'est pas venue de la défaillance des individus mais de leur politique et de la faéon dont ils fonctionnaient dans la pratique. Personne ne donne totalement corps é ses idéaux dans la pratique, nous sommes tous des humains et critiquer les défauts des individuels ne peut pas sérieusement remettre en cause la théorie é laquelle ils ont contribuée. Si c'était le cas, alors le marxisme "serait réfuté" é cause des sentiments anti-Slaves et du soutien de Marx et d'Engel é l'état allemand pendant la guerre Franco-Prussienne de 1871. Plutét, nous analyserons le marxisme en termes de théories et comment ces théories ont fonctionné dans la pratique. Ainsi nous conduirons une analyse scientifique du marxisme, regardant ses prétentions et les comparant é ce qu'elles ont donné dans la pratique. Peu ou pas de marxistes présentent une telle analyse de leur propre politique, ce qui fait du marxisme plus un systéme de croyance plutét que d'analyse. Par exemple, beaucoup de marxistes se réferent au succés de la révolution russe et disent que tandis que les anarchistes attaquaient Trotsky et Lenine en tant que étatiques et autoritaires, cet étatisme et cet autoritarisme ont sauvé la révolution. En réponse, les anarchistes disent que la révolution marxiste, en fait, a échoué. Aprés tout, le but de ces révolutions était de créer une société libre, démocratique, sans classes, constituée d'égaux. En fait il a créé la dictature du parti basée autour d'un systéme de classe de bureaucrates exploitant et dominant des personnes de classe ouvriére et une société manquant de d'égalité et de liberté. Pendant que les objectifs indiqués de la révolution marxiste ne se matérialisaient pas, les anarchistes arguaient du fait que ces révolutions ont échoué bien qu'un parti "communiste" soit demeuré au pouvoir pendant plus de 70 années. Et quant é l'étatisme et é l'autoritarisme qui auraient "sauvé" la révolution, ils l'ont sauvée pour Staline, pas pour le socialisme. Il n'y a pas de quoi étre fier. [NDT : Sans compter le préjudice moral qui se reporte automatiquement sur quiconque a le malheur de se prétendre socialiste aujourd'hui, méme libertaire : votre interlocuteur vous retournera é coup sur les millions de morts de la Russie et de la Chine communiste, ce qui fait virtuellement des socialistes les dignes concurrents d'Hitler, de Pinochet, etc... - dans l'imagination des ignorants, en tout cas.] é partir d'une perspective d'anarchiste, ceci semble parfaitement raisonnable car é aucune révolution ne peut jamais réussir comme facteur de libération é moins que les MOYENS employés pour cette révolution soient conformes dans l'esprit et la tendance avec le BUT de sa réalisation. é [Emma Goldman, Patterns of Anarchy, p. 113] En d'autres termes, le statisme et les moyens autoritaires auront comme conséquence le statisme et les fins autoritaires. Appeler un nouvel état un "état d'ouvriers" ne changera pas la nature de l'état si une minorité (et ainsi une classe) continue de régner. Ca n'a rien é faire avec les idées ou la nature de ceux qui prennent le pouvoir, éa a rapport avec la nature de l'état et des rapports sociaux qu'il produit. La structure d'état est un instrument de domination d'une minorité, elle ne peut pas étre employée par la majorité parce qu'elle est basée sur la hiérarchie, la centralisation et la puissance de la minorité aux dépens de la majorité des individus. Les états ont certaines propriétés juste parce qu'ils sont des états. Ils ont leur propre dynamique qui les au dehors du contréle populaire et ne sont pas simplement des outils dans les mains de la classe économiquement dominante. Faire que la minorité soit socialiste dans un "état des ouvriers" ne change pas la nature fondamentale de l'état comme instrument de domination de la minorité -- cela change juste la minorité responsable de l'exploitation et de l'oppression de la majorité. De la méme faéon, en dépit de plus de 100 ans de tentatives de la part des socialistes et des radicaux pour utiliser les élections pour faire avancer leurs idées, et la corruption qui é gagné chaque partis procédant de cette maniére, la plupart des marxistes pensent qu'il est toujours normal pour des socialistes de se présenter é des élections. Pour une théorie qui se dit scientifique, cette ignorance de l'évidence empirique, des faits historiques, est proprement surprenante. Les marxistes font de l'économie la science qui persiste é ne pas prendre en compte ni l'histoire ni ses preuves. En effet, ce refus de aux preuves factuelles peut étre vu dans commentaire les plus communs que font les marxistes é propos des anarchistes, é savoir que nous sommes é petits-bourgeois é. Pour des anarchistes, de tels commentaires indiquent que, pour beaucoup de marxistes, la classe est plus une source d'insultes que d'analyse. On s'en aperéoit quand les marxistes déclarent que, par exemple, Kropotkin ou Bakunin était é petit-bourgeois é. Comme si un membre de la classe dirigeante russe pouvait étre petit-bourgeois ! Si nous considérons la classe comme un fait socio-économique et un rapport social (ce qu'elle est) plutét que comme une insulte, alors nous découvrons que si Bakunin et Kropotkin étaient é petits-bourgeois é, Marx l'était aussi, car il a partagé avec ces deux-lé la méme situation socio-économique ! Cette vision de la société ne peut expliquer comment Marx (un membre de la petite bourgeoisie, un journaliste indépendant, quand il a travaillé) et Engels (un bourgeois bien réel puisqu'il était propriétaire d'une usine !) pourraient avoir créé é une science prolétaire é. Aprés tout, afin d'étre une théorie é prolétaire é elle doit étre développée par des personnes de classe ouvriére en lutte. Ce n'était pas le cas. Albert Meltzer explique les problémes auxquels les marxistes font face quand ils nous appellent des é petits-bourgeois é : é Ceci les améne é une autre difficulté : Comment peut-on réconcilier l'existence des syndicats anarcho-syndicalistes avec l'origine petits-bourgeois de l'anarchisme -- et comment explique-t-on le fait que la plupart des marxistes-léninistes d'aujourd'hui sont des femmes et des hommes étudiant ou appartenant aux professions typiques de cette classe ? La réponse habituellement donnée est que parce que l'anarchisme é petits-bourgeois é, ceux qui y adhérent -- 'quelque soit leur occupations ou leurs origines sociales doivent également étre des é petits-bourgeois é. Ainsi, parce que é le marxisme est la classe ouvriére é, ses adhérents doivent étre de la classe ouvriére é au moins subjectivement é. C'est une absurdité sociologique, comme si é classes ouvriéres é signifiait point de vue idéologique. C'est également une tentative de noyaer le poisson é.[Op. Cit., p. 39] Comme cette section de la FAQ va le démontrer, ces insultes et cette persistance é dénoncer les faiblesses des individus anarchistes de la part des Marxistes n'était pas un accident. Si nous considérons la capacité d'une théorie é prédire le futur comme un indicateur de sa validité, nous nous apercevrions bientét que l'anarchisme est un outil bien plus utile é la lutte de la classe laborieuse que le Marxisme. Aprés tout les anarchistes ont prédit avec une pertinence surprenantes le developpement du Marxisme. Bakunin disait que l'electoralisme corromprait le mouvement socialiste, le transformant en réformiste, et finalement en un eniéme parti bourgeois (voir la section J.2). C'est bien ce qui est arrivé au mouvement social démocrate dans le monde entier au tournant du vingtiéme siécle (bien que la rhétorique demeurait radicale pendant un temps plus long, bien sur). Les commentaires de Murray Bookchin sur les Social Democrates allemands sont tout é fait appropriés ici : é Les préocupations du parti vis-é-vis du parlementarisme l'ont éloigné pour toujours de tout ce que Marx avait jamais dit. Au lieu de travailler é dépasser l'état bourgeois, le SPD, en mettant l'accent sur les éléctions, est virtuellement devenue une machine é avoir des votes et é augmenter sa représentation au Reichtag é l'intérieur de l'état bourgeois... Plus le SPD s'entendait é remplir cette tache, plus il avait de membres et d'électeurs, et, avec la participation toujours plus massive d'adhérents pragmatiques et opportunistes, plus il ressemblait é une machine bureaucratique destinée é concentrer le pouvoir dans un régime capitaliste plutét qu'é une organisation révolutionnaire visant é le renverser. é [The Third Revolution, vol. 2, p. 300] La réalité du travail étatique a eu vite fait de transformer le parti et ses leaders, comme Bakunin l'avait predit. Si nous examinons les années 1920, nous decouvrons une tendance similaire é constater l'évidence : é Pendant les années 1920, les attachement leninistes aux tactiques socio-démocrate pre-WWI comme la politique electorale et l'activité politiques dans des syndicats pro-capitalistes ont dominé les perspectives des soit-disant Communistes. Mais si ces tactiques étaient correctes, pourquoi n'ont-elles pas amené des résultats moins mitigés ? Nous devons étre materialistes, et pas idealistes. Quel a été le résultat des stratégies Leniniste ? Ont-elles amenées des révolutions proletariennes, donné naissance é des société enrichies des étre humains qui y vivaient ? Le mouvement revolutionaire entre deux guerre a été détruit ... é [Max Anger, "The Spartacist School of Falsification", Anarchy : A Journal of Desire Armed, no. 43, Spring/Summer 1997, pp. 51-2] Comme l'anarchiste écossais Ethel McDonald l'a dit en 1937, les tactiques préconisées par Lenine étaient désastreuses en pratique : é Au Second Congrés de la Troisiéme Internationale, Moscow, un camarade qui est maintenant avec nous en Espagne, répondant é Zinoview, insista pour que l'on mise sur le mouvement syndicaliste en Allemagne et que l'on mette fin au communisme parlementaire. Il fut ridiculisé. Le Parlementarisme, le Parlementarisme communiste, mais uniquement le Parlementarisme sauverait l'Allemagne. Et ce fut le cas ... Sauvée du socialisme. Sauvée pour le fascisme. é ["The Volunteer Ban", Workers City, Farquhar McLay (ed.), p. 74] Quand les nazis prirent le pouvoir en 1933 en Allemagne, les 12 millions d'électeurs socialistes et communistes, dont 6 millions d'ouvriers syndiqués ne firent pas de mouvement. En Espagne, c'est la CNT anarcho-syndicaliste qui mena la bataille, dans les rues, contre le fascisme, et qui a participé é une des plus importante révolution sociale que le monde ait jamais connu. Le contraste ne pourrait pas étre plus net. Et dire qu'il se trouve encore des marxistes pour suivre les conseils de Lénine aujourd'hui ! Si nous regardons les é états des ouvriers é créés par les Marxistes, nous découvrons, encore une fois, que les prévisions des anarchistes se sont avérés justes. Bakunin a dit que é par gouvernement populaire, ils [ les marxistes ] entendaient un gouvernement d'un petit nombre de représentants élus par le peuple ... [ c'est-é-dire, ] un gouvernement de la grande majorité des personnes par une minorité privilégiée. Mais cette minorité, les marxistes disent, se composera d'ouvriers. Oui, peut-étre, des ex-ouvriers, qui, dés qu'ils deviendront les dirigeants ou les représentants du peuple cesseront d'étre des ouvriers et commenceront é considérer le monde des ouvriers du haut de l'état. Ils ne représenteront plus le peuple mais eux-mémes et leurs propres pretentions é régir ce peuple. é[Statism and Anarchy, p. 178] L'histoire de chaque révolution marxiste é prouvé que Bakunin avait vu juste. A cause des é états des ouvriers é, le socialisme s'est vu associé aux régimes répressifs, avec des régimes totalitaires é l'opposé total de ce que le socialisme est réellement. Et le fait que des socialistes auto-proclamés (tels que les Trotskistes) é décrivent de maniére obscéne les régimes qui exploitent, emprisonnent et assassinent des travailleurs salariés comme Cuba, la Corée du Nord, et la Chine comme des états ouvriers é n'arrange rien é l'affaire. [Max Anger, Op. Cit., p. 52] Il n'est pas surprenant que beaucoup d'anarchistes n'emploient pas les termes de é socialiste é ou de é communiste é et s'appellent juste eux-mémes "anarchistes." Ils se retrouveraient associés é des régimes qui n'ont rien en commun avec é nos idées, et, en effet, aux idées du socialisme en tant que tel. Ceci ne signifie pas que les anarchistes rejettent tout ce que Marx a écrit. Loin de lé. Beaucoup de son analyse du capitalisme semble acceptable aux anarchistes, par exemple (Bakunin et Tucker considéraient tout les deux que son analyse économique était trés importante). En effet, il y a quelques écoles du marxisme qui sont trés libertaires et qui sont des cousins proches de l'anarchisme (par exemple, le communisme de conseil et le marxisme autonomiste se rapprochent de l'anarchisme révolutionnaire). Malheureusement, ces formes de marxisme libertaires sont des courants minoritaire dans ce mouvement. En d'autres termes, le marxisme n'est pas tout mauvais -- malheureusement une majeure partie l'est et des éléments ne se sont pas retrouvés dans l'anarchisme de toute faéon. Pour la plupart des gens, le marxisme est l'école de Marx, d'Engels, de Lenine et de Trotsky, et non pas de Marx, de Pannekoek, de Gorter, de Ruhle et de Mattick. La tendance libertaire des minorités du marxisme est basée, comme l'anarchisme, sur un rejet des régles du parti, de l'electoralisme et de la création d'un é état des ouvriers. é Ils supportent également, comme les anarchistes, l'action directe, la lutte des classes auto-contrélée, l'autonomie de la classe ouvriére et une société socialiste auto-contrélée. Ces marxistes s'opposent é la dictature du parti sur le prolétariat et, en effet, sont d'accord avec Bakunin quand il a argué du fait, contre Marx, que des socialistes ne devraient pas é accepter, méme en cours de transition révolutionnaire, les assemblées constitutives, les gouvernements temporaires ou les prétendues dictatures révolutionnaires ; parce que nous sommes convaincus que la révolution est seulement sincére, honnéte et vraie dans les mains des masses, et que quand elle est concentré dans celles de quelques individus dirigeants c'est inévitablement qu'elle devient immédiatement réactionnaire. é Comme Bakunin, ils pensent qu'é une fédération libre d'associations agricoles et industrielles ... organisée du bas vers le haut serait é la base d'une nouvelle société (les marxistes libertaires appellent habituellement ces associations des conseils d'ouvriers. [Michael Bakunin : Selected Writings, p. 237 and p. 172] Ces formes libertaires de marxisme devraient étre encouragées et non mises dans le méme sac que le léninisme et la démocratie sociale (en effet Lenine a parlé de é la déviation anarchiste du Party des ouvriers communistes allemands é et d'autres é éléments semi-anarchiste é, é propos de ces groupes mémes que nous nous désignons ici comme marxiste libertaire. [Marx, Engels and Lenin, _Anarchism and Anarcho-Syndicalism, p. 333 and p. 338]). Avec le temps, si tout va bien, de tels camarades verront que l'élément libertaire de leur pensée est supérieur au legs marxiste. Ainsi nos commentaires dans cette section du FAQ sont la plupart du temps dirigés vers la forme majoritaire du marxisme, et non vers son aile libertaire. Un dernier point. Nous devrions préciser que dans le passé, beaucoup des principaux marxistes ont argué du fait que l'anarchisme et le socialisme étaient des kilométres de distance : en effet, l'anarchisme n'était pas une forme de socialisme. Le principal marxiste américain Daniel De Leon a suivi cette ligne, avec beaucoup d'autres. C'est vrai, dans un sens, car les anarchistes ne sont pas des socialistes marxistes -- nous rejetons un tel "socialisme" comme profondément autoritaire. Cependant, tous les anarchistes sont des membres du mouvement socialistes et nous rejettons les tentatives des marxistes de monopoliser ce terme. Quoi qu'il en soit, parfois dans cette section nous pouvons trouver utile d'employer le terme socialiste/communiste pour décrire le é socialiste d'état é et anarchiste pour décrire le é socialiste/communiste libertaire é. Ceci n'implique nullement que les anarchistes ne sont pas des socialistes. C'est purement un outil pour faciliter la lecture de nos arguments.

Dans les sections qui suivent nous discuterons du marxisme et de la pratique du pouvoir par les marxistes. Ceci indiquera pourquoi les anarchistes le rejettent en faveur d'une forme libertaire de socialisme.