Difference between revisions of "FAQAnar:B.2 - Pourquoi les anarchistes sont contre l'État ?"

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As previously noted (see section B.1), anarchists oppose all forms of hierarchical authority. Historically, however, the they have spent most of their time and energy opposing two main forms in particular. One is capitalism, the other, the state. These two forms of authority have a symbiotic relationship and cannot be easily separated. In this section, as well as explaining why anarchists oppose the state, we will necessarily have to analyse the relationship between it and capitalism.
 
  
So what is the state? As Malatesta put it, anarchists ""have used the word State . . . to mean the sum total of the political, legislative, judiciary, military and financial institutions through which the management of their own affairs, the control over their personal behaviour, the responsibility for their personal safety, are taken away from the people and entrusted to others who, by usurpation or delegation, are vested with the power to make laws for everything and everybody, and to oblige the people to observe them, if need be, by the use of collective force." [Anarchy, p. 13]
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Comme on l'a déjà noté (voir la section [[B.1]]), les anarchistes s'opposent à toutes les formes d'autorité hiérarchique. Historiquement, cependant, ils ont passé le plus clair de leur temps et de leur énergie à s'opposer  en particulier à deux formes principales. Le premier est le capitalisme, l'autre, l'État. Ces deux formes d'autorité ont une relation de symbiose et ne peuvent pas être facilement séparées. Dans cette section, tout en expliquant pourquoi les anarchistes s'opposent à l'état, on devra nécessairement analyser la relation entre l'etat et le capitalisme.
  
He continues:
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Alors qu'est ce que l'etat ? Comme l'a dit Malatesta, les anarchistes "''ont utilisé le mot État... pour désigner la somme totale des institutions politiques, législatives, judiciaires, militaires et financières à travers lequel la gestion de leurs propres affaires, le contrôle de leur comportement personnel, la responsabilité de leur sécurité personnelle, sont prises en dehors du peuple et confiée à d'autres qui, par usurpation ou par délégation, sont investis du pouvoir de faire des lois pour chacun et tout le monde, et à obliger les gens à les observer, et le cas échéant, par l'utilisation de la force de l'ordre''"<ref>Anarchy, p. 13</ref>.
  
"For us, governments [or the state]is up of all governors . . . those who have the power to make laws regulating inter-human relations and to see that they are carried out . . . [and] who have the power, to a greater or lesser degree, to make use of the social power, that is of the physical, intellectual and economic power of the whole community, in order to oblige everybody to carry out their wishes." [Op. Cit., pp. 15-16 -- see also Kropotkin's The State: Its Historic Role, p. 10]
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Il continue :
  
This means that many, if not most, anarchists would agree with Randolph Bourne's characterisation of the state as the politico-military domination of a certain geographical territory by a ruling elite (see his "Unfinished Fragment on the State," in Untimely Papers). On this subject Murray Bookchin writes:
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<blockquote>"''Pour nous, les gouvernements [ou l'État] sont composés de tous les gouverneurs... Ceux qui ont le pouvoir de faire des lois réglementant les relations inter-humaines et de voir qu'ils sont mis en œuvre... [Et] qui ont le pouvoir, à un plus ou moindre degré, de tirer parti du pouvoir social, qui est le pouvoir physique, intellectuel et économique de l'ensemble de la communauté, afin d'obliger tout le monde à réaliser leurs désirs''"<ref>Op. Cit., Pp. 15-16 - voir aussi Kropotkine sur l'État: son rôle historique, p. 10</ref>.</blockquote>
  
"Minimally, the State is a professional system of social coercion . . . It is only when coercion is institutionalised into a professional, systematic and organised form of social control - . . . with the backing of a monopoly of violence - that we can properly speak of a State." [Remaking Society, p. 66]
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Cela signifie que beaucoup, sinon la plupart, des anarchistes sont d'accord avec Randolph Bourne sur la caractérisation de l'état que la domination politico-militaire d'un certain territoire géographique par une élite au pouvoir (voir son « Fragment Inachevé sur l'État », dans Untimely Papers). A ce sujet Murray Bookchin écrit:
  
Therefore, we can say that, for anarchists, the state is marked by three things:
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<blockquote>"''Au minimum, l'État est un système professionnel de contrainte sociale... Ce n'est que lorsque la contrainte est institutionnalisée dans une forme professionnelle, systématique et organisée de contrôle social -... Avec le soutien d'un monopole de la violence - que nous pouvons correctement parler d'un État''"<ref>Remaking Society, p. 66</ref>.</blockquote>
  
      1) A "monopoly of violence" in a given territorial area;
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Par conséquent, nous pouvons dire que, pour les anarchistes, l'État est marquée par trois choses:
      2) This violence having a "professional," institutional nature; and
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      3) A hierarchical nature, centralisation of power and initiative into the hands of a few.
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Of these three aspects, the last one (its centralised, hierarchical nature) is the most important simply because the concentration of power into the hands of the few ensures a division of society into government and governed (which necessitates the creation of a professional body to enforce that division). Without such a division, we would not need a monopoly of violence and so would simply have an association of equals, unmarked by power and hierarchy (such as exists in many stateless "primitive" tribes).
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:      1) Un "monopole de la violence" dans un territoire donné;
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:      2) Cette violence ayant un nature institutionnelle, «professionnelle», et
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:      3) Une nature hiérarchique, une centralisation du pouvoir et de l'initiative entre les mains de quelques-uns.
  
Some types of states, e.g. Communist and social-democratic ones, are directly involved not only in politico-military domination but also in economic domination via state ownership of the means of production; whereas in liberal democratic capitalist states, such ownership is in the hands of private individuals. In liberal democratic states, however, the mechanisms of politico-military domination are controlled by and for a corporate elite, and hence the large corporations are often considered to belong to a wider "state-complex."
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Sur ces trois aspects, la dernière (sa nature centralisée, hiérarchique) est la plus importante, simplement parce que la concentration du pouvoir entre les mains de quelques-uns assure une division de la société en gouvernants et gouvernés (ce qui nécessite la création d'un organisme professionnel pour appliquer cette division). Sans cette division, nous n'aurions pas besoin d'un monopole de la violence et ca serait tout simplement une association d'égal à égal, non marqués par le pouvoir et la hiérarchie (comme c'est le cas dans de nombreuses tribues "primitifs" sans état).
  
As the state is the delegation of power into the hands of the few, it is obviously based on hierarchy. This delegation of power results in the elected people becoming isolated from the mass of people who elected them and outside of their control. In addition, as those elected are given power over a host of different issues and told to decide upon them, a bureaucracy soon develops around them to aid in their decision-making. However, this bureaucracy, due to its control of information and its permanency, soon has more power than the elected officials. This means that those who serve the people's (so-called) servant have more power than those they serve, just as the politician has more power than those who elected him. All forms of state-like (i.e. hierarchical) organisations inevitably spawn a bureaucracy about them. This bureaucracy soon becomes the de facto focal point of power in the structure, regardless of the official rules.
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Certains types d'états, par exemple Communistes et sociaux-démocrates, sont directement impliqués non seulement dans la domination politico-militaire, mais aussi dans la domination économique de la propriété par l'Etat des moyens de production, et que dans les États capitalistes des démocraties libérale, cette propriété est entre les mains de particuliers. Dans les États démocratiques libéraux, cependant, les mécanismes de domination politico-militaire sont contrôlés par et pour des élites d'entreprises, et donc les grandes firmes sont souvent considérés comme appartenant à un "état complexe" plus large.
  
This marginalisation and disempowerment of ordinary people (and so the empowerment of a bureaucracy) is the key reason for anarchist opposition to the state. Such an arrangement ensures that the individual is disempowered, subject to bureaucratic, authoritarian rule which reduces the person to a object or a number, not a unique individual with hopes, dreams, thoughts and feelings. As Proudhon forcefully argued:
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Comme l'État est la délégation du pouvoir entre les mains de quelques-uns, cela est bien sûr basé sur la hiérarchie. Cette délégation de pouvoir résulte que les gens élus deviennent isolés de la masse des personnes qui les ont élus et hors de leur contrôle. En outre, comme les élus ont un pouvoir sur toute une série de questions et sont là pour décider sur elles, une bureaucratie se développe rapidement autour d'eux pour aider à leur prise de décision. Toutefois, cette bureaucratie, en raison de son contrôle de l'information et de sa permanence, a bientôt plus de pouvoir que les élus. Cela signifie que ceux qui servent les (soi-disant) agents du peuple ont plus de pouvoir que ceux qu'ils servent, tout comme l'homme politique a plus de pouvoir que ceux qui les élisent. Toutes les formes organisationnelles quasi étatiques (c'est-à-dire hiérarchique) inévitablement engendrent une bureaucratie autour d'elles. Cette bureaucratie devient rapidement de fait le point focal du pouvoir dans la structure, quel que soit le règlement officiel.
  
"To be GOVERNED is to be kept in sight, inspected, spied upon, directed, law-driven, numbered, enrolled, indoctrinated, preached at, controlled, estimated, valued, censured, commanded, by creatures who have neither the right, nor the wisdom, nor the virtue to do so... To be GOVERNED is to be at every operation, at every transaction, noted, registered, enrolled, taxed, stamped, measured, numbered, assessed, licensed, authorised, admonished, forbidden, reformed, corrected, punished. It is, under the pretext of public utility, and in the name of the general interest, to be placed under contribution, trained, ransomed, exploited, monopolised, extorted, squeezed, mystified, robbed; then, at the slightest resistance, the first word of complaint, to be repressed, fined, despised, harassed, tracked, abused, clubbed, disarmed, choked, imprisoned, judged, condemned, shot, deported, sacrificed, sold, betrayed; and, to crown it all, mocked, ridiculed, outraged, dishonoured. That is government; that is its justice; that is its morality." [General Idea of the Revolution, p. 294]
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Cette marginalisation et cette impuissance des gens ordinaires (et donc l'autonomisation de la bureaucratie) est la principale raison de l'opposition anarchiste à l'État. Un tel arrangement garantit que la personne est marginalisé, soumise à la bureaucratie, à un régime autoritaire qui réduit la personne à un objet ou à un numéro, pas un individu unique avec des espoirs, des rêves, des pensées et des sentiments. Comme Proudhon l'a fait valoir avec force:
  
Anarchists see the state, with its vast scope and control of deadly force, as the "ultimate" hierarchical structure, suffering from all the negative characteristics associated with authority described in the last section. "Any logical and straightforward theory of the State," argued Bakunin, "is essentially founded upon the principle of authority, that is the eminently theological, metaphysical, and political idea that the masses, always incapable of governing themselves, must at all times submit to the beneficent yoke of a wisdom and a justice imposed upon them, in some way or other, from above." [Bakunin on Anarchism, p. 142] Such a system of authority cannot help being centralised, hierarchical and bureaucratic in nature. And because of its centralised, hierarchical, and bureaucratic nature, the state becomes a great weight over society, restricting its growth and development and making popular control impossible. As Bakunin puts it:
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<blockquote>"''Être gouverné, c'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu. Être gouverné, c'est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale !''"<ref>General Idea of the Revolution, p. 294</ref>.</blockquote>
  
"the so-called general interests of society supposedly represented by the State . . . [are] in reality . . . the general and permanent negation of the positive interests of the regions, communes, and associations, and a vast number of individuals subordinated to the State . . . [in which] all the best aspirations, all the living forces of a country, are sanctimoniously immolated and interred." [The Political Philosophy of Bakunin, p. 207]
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Les anarchistes voient l'état, avec son vaste champ d'application et de contrôle de la force meurtrière, comme "ultime" structure hiérarchique, souffrant de toutes les caractéristiques négatives associées à l'autorité décrite dans la dernière section. "Toute logique et simple théorie de l'État", fait valoir Bakounine, "''est essentiellement fondée sur le principe d'autorité, qui est éminemment théologique, métaphysique et politique avec l'idée que les masses, toujours incapables de se gouverner, doivent à tout moment se présenter à la bienfaisante du joug d'une sagesse et d'une justice qui leur est imposé, d'une manière ou d'une autre, d'en haut''"<ref>Bakounine sur Anarchisme, p. 142</ref>. Un tel système de pouvoir ne peut s'empêcher dans sa nature d'être centralisé, hiérarchique et bureaucratique. Et en raison de sa nature centralisé, hiérarchique, et bureaucratique, l'État exerce un grand poids sur la société, limitant sa croissance et son développement et faisant du contrôle populaire une impossibilité. Comme le dit Bakounine :
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<blockquote>"''les soi-disant intérêts généraux de la société prétendument représentée par l'État... [sont] dans la réalité... la générale et permanente négation des intérêts positifs des régions, des communes et des associations, et du grand nombre de personnes subordonnées à l'État... [dans lequel] toutes les meilleurs aspirations, toutes les forces vives d'un pays, sont sanctifiés immolés et enterrés''"<ref>The Political Philosophy of Bakunin, p. 207</ref>.</blockquote>
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Dans le reste de cette section, nous allons discuter de l'état, son rôle, son impact sur la liberté d'une société et de qui bénéficie de son existence. l'essai classique de Kropotkine, "l'Etat: son rôle historique" est recommandé pour en savoir plus sur ce sujet.
  
In the rest of this section we will discuss the state, its role, its impact on a society's freedom and who benefits from its existence. Kropotkin's classic essay, The State: It's Historic Role is recommended for further reading on this subject.
 
 
==Notes et references==
 
==Notes et references==
 
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Latest revision as of 18:21, 31 October 2012

Catégorie:Pourquoi les anarchistes s’opposent-ils au système actuel ?

FAQ anarchiste
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« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
B - Pourquoi les anarchistes s’opposent-ils au système actuel ?

Introduction
B.1 - Pourquoi les anarchistes sont opposés à l'autorité et à la hiérarchie ?



B.2 - Pourquoi les anarchistes sont contre l'État ?



B.3 - Pourquoi les anarchistes sont-ils contre la propriété privée?



B.4 - Comment le capitalisme affecte-t-il la liberté ?



B.5 - Le capitalisme prend-t-il sa source d'une action humaine ?
B.6 - Mais les décisions prises par des individus intelligents en fonction de leurs propres intérêts financiers ne seront-elles pas les meilleures la plupart du temps ?
B.7 - Quelles classes existent dans la société moderne ?



Sommaire complet et détaillé


Comme on l'a déjà noté (voir la section B.1), les anarchistes s'opposent à toutes les formes d'autorité hiérarchique. Historiquement, cependant, ils ont passé le plus clair de leur temps et de leur énergie à s'opposer en particulier à deux formes principales. Le premier est le capitalisme, l'autre, l'État. Ces deux formes d'autorité ont une relation de symbiose et ne peuvent pas être facilement séparées. Dans cette section, tout en expliquant pourquoi les anarchistes s'opposent à l'état, on devra nécessairement analyser la relation entre l'etat et le capitalisme.

Alors qu'est ce que l'etat ? Comme l'a dit Malatesta, les anarchistes "ont utilisé le mot État... pour désigner la somme totale des institutions politiques, législatives, judiciaires, militaires et financières à travers lequel la gestion de leurs propres affaires, le contrôle de leur comportement personnel, la responsabilité de leur sécurité personnelle, sont prises en dehors du peuple et confiée à d'autres qui, par usurpation ou par délégation, sont investis du pouvoir de faire des lois pour chacun et tout le monde, et à obliger les gens à les observer, et le cas échéant, par l'utilisation de la force de l'ordre"[1].

Il continue :

"Pour nous, les gouvernements [ou l'État] sont composés de tous les gouverneurs... Ceux qui ont le pouvoir de faire des lois réglementant les relations inter-humaines et de voir qu'ils sont mis en œuvre... [Et] qui ont le pouvoir, à un plus ou moindre degré, de tirer parti du pouvoir social, qui est le pouvoir physique, intellectuel et économique de l'ensemble de la communauté, afin d'obliger tout le monde à réaliser leurs désirs"[2].

Cela signifie que beaucoup, sinon la plupart, des anarchistes sont d'accord avec Randolph Bourne sur la caractérisation de l'état que la domination politico-militaire d'un certain territoire géographique par une élite au pouvoir (voir son « Fragment Inachevé sur l'État », dans Untimely Papers). A ce sujet Murray Bookchin écrit:

"Au minimum, l'État est un système professionnel de contrainte sociale... Ce n'est que lorsque la contrainte est institutionnalisée dans une forme professionnelle, systématique et organisée de contrôle social -... Avec le soutien d'un monopole de la violence - que nous pouvons correctement parler d'un État"[3].

Par conséquent, nous pouvons dire que, pour les anarchistes, l'État est marquée par trois choses:

1) Un "monopole de la violence" dans un territoire donné;
2) Cette violence ayant un nature institutionnelle, «professionnelle», et
3) Une nature hiérarchique, une centralisation du pouvoir et de l'initiative entre les mains de quelques-uns.

Sur ces trois aspects, la dernière (sa nature centralisée, hiérarchique) est la plus importante, simplement parce que la concentration du pouvoir entre les mains de quelques-uns assure une division de la société en gouvernants et gouvernés (ce qui nécessite la création d'un organisme professionnel pour appliquer cette division). Sans cette division, nous n'aurions pas besoin d'un monopole de la violence et ca serait tout simplement une association d'égal à égal, non marqués par le pouvoir et la hiérarchie (comme c'est le cas dans de nombreuses tribues "primitifs" sans état).

Certains types d'états, par exemple Communistes et sociaux-démocrates, sont directement impliqués non seulement dans la domination politico-militaire, mais aussi dans la domination économique de la propriété par l'Etat des moyens de production, et que dans les États capitalistes des démocraties libérale, cette propriété est entre les mains de particuliers. Dans les États démocratiques libéraux, cependant, les mécanismes de domination politico-militaire sont contrôlés par et pour des élites d'entreprises, et donc les grandes firmes sont souvent considérés comme appartenant à un "état complexe" plus large.

Comme l'État est la délégation du pouvoir entre les mains de quelques-uns, cela est bien sûr basé sur la hiérarchie. Cette délégation de pouvoir résulte que les gens élus deviennent isolés de la masse des personnes qui les ont élus et hors de leur contrôle. En outre, comme les élus ont un pouvoir sur toute une série de questions et sont là pour décider sur elles, une bureaucratie se développe rapidement autour d'eux pour aider à leur prise de décision. Toutefois, cette bureaucratie, en raison de son contrôle de l'information et de sa permanence, a bientôt plus de pouvoir que les élus. Cela signifie que ceux qui servent les (soi-disant) agents du peuple ont plus de pouvoir que ceux qu'ils servent, tout comme l'homme politique a plus de pouvoir que ceux qui les élisent. Toutes les formes organisationnelles quasi étatiques (c'est-à-dire hiérarchique) inévitablement engendrent une bureaucratie autour d'elles. Cette bureaucratie devient rapidement de fait le point focal du pouvoir dans la structure, quel que soit le règlement officiel.

Cette marginalisation et cette impuissance des gens ordinaires (et donc l'autonomisation de la bureaucratie) est la principale raison de l'opposition anarchiste à l'État. Un tel arrangement garantit que la personne est marginalisé, soumise à la bureaucratie, à un régime autoritaire qui réduit la personne à un objet ou à un numéro, pas un individu unique avec des espoirs, des rêves, des pensées et des sentiments. Comme Proudhon l'a fait valoir avec force:

"Être gouverné, c'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu. Être gouverné, c'est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale !"[4].

Les anarchistes voient l'état, avec son vaste champ d'application et de contrôle de la force meurtrière, comme "ultime" structure hiérarchique, souffrant de toutes les caractéristiques négatives associées à l'autorité décrite dans la dernière section. "Toute logique et simple théorie de l'État", fait valoir Bakounine, "est essentiellement fondée sur le principe d'autorité, qui est éminemment théologique, métaphysique et politique avec l'idée que les masses, toujours incapables de se gouverner, doivent à tout moment se présenter à la bienfaisante du joug d'une sagesse et d'une justice qui leur est imposé, d'une manière ou d'une autre, d'en haut"[5]. Un tel système de pouvoir ne peut s'empêcher dans sa nature d'être centralisé, hiérarchique et bureaucratique. Et en raison de sa nature centralisé, hiérarchique, et bureaucratique, l'État exerce un grand poids sur la société, limitant sa croissance et son développement et faisant du contrôle populaire une impossibilité. Comme le dit Bakounine :

"les soi-disant intérêts généraux de la société prétendument représentée par l'État... [sont] dans la réalité... la générale et permanente négation des intérêts positifs des régions, des communes et des associations, et du grand nombre de personnes subordonnées à l'État... [dans lequel] toutes les meilleurs aspirations, toutes les forces vives d'un pays, sont sanctifiés immolés et enterrés"[6].

Dans le reste de cette section, nous allons discuter de l'état, son rôle, son impact sur la liberté d'une société et de qui bénéficie de son existence. l'essai classique de Kropotkine, "l'Etat: son rôle historique" est recommandé pour en savoir plus sur ce sujet.

Notes et references[edit]

  1. Anarchy, p. 13
  2. Op. Cit., Pp. 15-16 - voir aussi Kropotkine sur l'État: son rôle historique, p. 10
  3. Remaking Society, p. 66
  4. General Idea of the Revolution, p. 294
  5. Bakounine sur Anarchisme, p. 142
  6. The Political Philosophy of Bakunin, p. 207