Difference between revisions of "Giliana Berneri"

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'''Giliana Berneri''' naît à Florence le [[3 octobre]] [[1919]]. Elle est la fille de [[Giovanna Caleffi]] et de [[Camillo Berneri]] et la sœur de [[Marie Louise Berneri|Marie Louise]], trois figures importantes de l'[[anarchisme]] italien et européen en général. Au moment de sa naissance, son père, [[Camillo Berneri]], est un militant anarchiste, quand il rentre chez lui, ils commencent à bouger de ville en ville.
 
'''Giliana Berneri''' naît à Florence le [[3 octobre]] [[1919]]. Elle est la fille de [[Giovanna Caleffi]] et de [[Camillo Berneri]] et la sœur de [[Marie Louise Berneri|Marie Louise]], trois figures importantes de l'[[anarchisme]] italien et européen en général. Au moment de sa naissance, son père, [[Camillo Berneri]], est un militant anarchiste, quand il rentre chez lui, ils commencent à bouger de ville en ville.
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Se remettant de la douleur, Giliana s'emploie en [[1939]] à libérer [[Ernesto Bonomini]], un anarchiste détenu dans le camp d'internement de Rieucros, à Mende (Lozère), qu'elle aide à fuir aux USA. La même année, elle est signalée dans la ''Rubrica di frontiera '' (''Rubrique des frontières'') comme « anarchiste à arrêter. »
 
Se remettant de la douleur, Giliana s'emploie en [[1939]] à libérer [[Ernesto Bonomini]], un anarchiste détenu dans le camp d'internement de Rieucros, à Mende (Lozère), qu'elle aide à fuir aux USA. La même année, elle est signalée dans la ''Rubrica di frontiera '' (''Rubrique des frontières'') comme « anarchiste à arrêter. »
  
===Il dopo guerra===
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===L'après-guerre===
[[Image:Camillo Berneri_2.jpg|thumb|[[Camillo Berneri]], padre di Giliana]]
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Terminata la terribile dittatura [[fascismo|fascista]] e finita la guerra, Giliana, la madre e il suo nuovo compagno [[Cesare Zaccaria]] partecipano a a Carrara ([[15 settembre|15]]-[[19 settembre]] [[1945]]) al congresso costitutivo della [[Federazione Anarchica Italiana]] <ref name="fai">[http://www.federazioneanarchica.org/archivio/1945.html Archivio FAI]</ref>.
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[[Image:Camillo Berneri_2.jpg|thumb|[[Camillo Berneri]], le père de Giliana.]]
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Une fois la terrible dictature fasciste et la guerre terminées, Giliana, [[Giovanna Caleffi|sa mère]] et le nouveau compagnon de celle-ci [[Cesare Zaccaria]] participent à Carrare (Toscane), du [[15 septembre|15]] au [[19 septembre]] [[1945]], au congrès constitutif de la '''[[Fédération Anarchiste Italienne]]''' (''Federazione Anarchica Italiana'') <ref>[http://www.federazioneanarchica.org/archivio/1945.html Archivio FAI]</ref>.
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Giliana participe au renouveau du mouvement anarchiste français dans les années 40 et 50, estimée et considérée par tous ses camarades non seulement pour nom de famille, mais par dessus tout pour sa capacité dialectique et son ton posé et rassurant. Giliana refuse un poste au sein du mouvement pour faire partie activement du "Groupe Ve arrondissement", qui deviendra ensuite "Groupe [[Sacco et Vanzetti]] puis finalement "Groupe [[Kronstadt]]".
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Au même moment, en [[1946]], Giliana est diplômée de médecine à Paris, d'abord spécialisée en pédiatrie puis en psychanalyse, et exercera la profession de médecin jusqu'en [[1989]]. D'une certaine façon, Giliana réalisa ce qu'était si intéressant pour son père, en mettant en avant une vision et une tradition proprement familiale :
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« Je n'ai pas étudié la médecine par un concours de circonstances qui m'en a empêché, mais toute ma culture, qui est plus médicale qu'on ne l'imagine, est biologique, physiologique et psychiatrique. (Depuis des années j'étudie la psychologie anormale.) Cet intérêt de la médecine est aussi une tradition familiale. Mon arrière-grand-père, mon grand-père, mon oncle et ma cousine sont médecins : quatre générations, donc. »<br/>
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[[Camillo Berneri]] à Niccolò Converti.<ref>« Non ho studiato medicina per un complesso di circostanze che me lo ha impedito, ma quasi tutta la mia cultura, che è più medica di quella che immagini, è biologica, fisiologica e psichiatrica. (Da anni sto studiando problemi di psicologia anormale). Quella della medicina è anche una tradizione di famiglia. Mio bisnonno, mio nonno, mio zio e una mia cugina sono stati e sono medici: quattro generazioni, dunque. »<br/>
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Malgré la fin du régime fasciste, la police "démocratique" italienne continue de suivre les mouvements de Giliana : en [[1948]], malgré qu'elle ait déjà acquis la nationalité française, son fichier indique : « n'a pas donné plus de nouvelles et on pense qu'elle se trouve à l'étranger. »
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Après la mort prématurée de sa sœur [[Marie Louise Berneri|Marie Louise]], survenue en [[1949]], Giliana s'emploie pendant un certain temps avec sa mère à la constitution et la gestion de ce qui sera appelée la « '''Communauté Maria Luisa Berneri''' », une colonie de vacances d'été pour les enfants d'anarchistes de toutes nationalités, créée en souvenir de Marie Louise.
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Le [[11 mars]] [[1950]], après cinq années de concubinage, elle épouse [[Serge Senninger]], un ex-communiste converti à l'anarchisme en [[1944]] à l'occasion d'une participation à une conférence anarchiste de ''[[War Commentary]]'' (''Commentaires de guerre'', un journal [[antimilitarisme|antimilitariste]] britannique fondé par [[Marie Louise Berneri]] entre autres), tenue à Londres par ''[[Freedom Press]]'', où il rencontre Marie Louise à quelques occasions, laquelle lui présente ensuite Giliana à Paris. Il fait partie du Comité National en tant que secrétaire général du Bureau de Propagande. De leur union naitront Hélène en [[1950]] et Franck en [[1955]].
  
Giliana è elemento di rilievo nel [[movimento anarchico]] francese negli anni 1940-1950, stimata e considerata da tutti i compagni non solo per il suo cognome, ma soprattutto per la capacità dialettica e il suo tono pacato e rassicurante. Giliana rifiuta cariche all’interno del movimento, pur facendo parte attiva nel "gruppo 5ème Arrondissment", divenuto poi "gruppo [[Sacco e Vanzetti]]"  e infine "gruppo [[Kronstadt]]".
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===Les conflits internes dans l'anarchisme français===
  
Intanto nel [[1946]] Giliana si laurea in [[medicina sociale|medicina]] a Parigi, specializzandosi in pediatria prima in psicanalisi poi, ed esercitando la professione di medico fino al [[1989]]. In qualche modo Giliana realizza quello che era uno dei tanti interessi del padre, portando avanti una vera e propria tradizione familiare:
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[[Image:Logo Fédération Anarchiste.jpg|200px|thumb|Logo de la [[Fédération Anarchiste]].]]
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En France, elle participe à de nombreuses initiatives et conférences avec plusieurs intellectuels et artistes, parmi lesquels [[Albert Camus]] et [[Georges Brassens]], et collabore au journal ''[[Le Libertaire]]'' (fondé par [[Louise Michel]] et [[Sébastien Faure]] en [[1895]], organe de la [[Fédération Anarchiste]] à partir de [[1944]], puis de la [[Fédération Communiste Libertaire]] à partir de [[1953]]).
  
: «Non ho studiato medicina per un complesso di circostanze che me lo ha impedito, ma quasi tutta la mia cultura, che è più medica di quella che immagini, è biologica, fisiologica e psichiatrica. (Da anni sto studiando problemi di psicologia anormale). Quella della medicina è anche una tradizione di famiglia. Mio bisnonno, mio nonno, mio zio e una mia cugina sono stati e sono medici: quattro generazioni, dunque» ([[Camillo Berneri]] a Niccolò Converti)<ref name="emma">[http://www.centrostudilibertari.it/index.php/bollettino/73-bollettino-12.html da "CentroStudiLibertari", bolletino n° 12]</ref>
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Gilian, avec [[Georges Fontenis]], participe en [[1950]] à la fondation, au sein de la [[Fédération Anarchiste]], de l'organisation [[Pensées et Batailles]], dans le but de se souvenir du travail de [[Camillo Berneri]]. Ensemble, ils partagent l'idée que les anarchistes peuvent facilement nouer des relations avec plus authentiques du mouvement communiste, en refusant l'autoritarisme stalinien. 
  
Nonostante la caduta del [[fascismo|regime fascista]], la polizia "democratica" italiana continua seguire i movimenti di Giliana: nel [[1948]], nonostante abbia già conseguito la cittadinanza francese da un anno, il suo schedario riporta: «non ha dato più notizie di sé e si crede si trovi all’estero».
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Au congrès de la [[Fédération Anarchiste]] (du [[23 mai|23]] au [[25 mai]] [[1953]]), la dérive autoritaire entraîne une fracture interne et la naissance de la [[Fédération Communiste Libertaire]]. Les cinq membres, dont Giliana, du "Groupe [[Kronstadt]]" qui s'alignent autant sur les positions de la [[Fédération Anarchiste]] que sur celles de l'organisation [[Pensées et Batailles]] sont expulsés de ce deux groupes. Giliana pense que tout cela n'est rien qu'une manÅ“uvre pour substituer à la pensée de son père celle de [[Georges Fontaines]].  
  
Dopo la prematura morte della sorella [[Maria Luisa Berneri|Maria Luisa]], avvenuta nel [[1949]], Giliana si adopera per un certo periodo con la [[Giovanna Caleffi|madre]] per la costituzione e la gestione di quella che verrà chiamata «Comunità Maria Luisa Berneri», una colonia estiva per i figli e le figlie degli anarchici italiani, nata per ricordare Maria Luisa.
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===La fin du militantisme anarchiste===
  
L'[[11 marzo]] [[1950]], dopo 5 anni di convivenza, si sposa con [[Serge Senninger]], ex comunista convertitosi all’[[anarchismo]] nel [[1944]] in occasione di una sua partecipazione ad una conferenza anarchica di «War Commentary», tenutasi a Londra presso la sede di «Freedom Press» (in quest'occasione conosce [[Maria Luisa Berneri]], la quale poi in seguito, a Parigi, gli presenterà Giliana), faceva parte del Comité National con la carica di segretario generale e dell’Ufficio Propaganda. Dal loro matrimonio nasceranno Hélène ([[1950]]) e Franck ([[1955]]).
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Profondément désillusionnée par autant d'intrigues au sein du mouvement anarchiste français, continue de militer pour le "Groupe [[Kronstadt]]" jusqu'à son transfert à Montreuil-sous-Bois, puis décide d'abandonner définitivement l'activisme anarchiste.
===Conflitti interni all'anarchismo francese===
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[[Image:Logo Fédération Anarchiste.jpg|200px|thumb|Logo [[Fédération anarchiste]]]]
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In [[Francia]] partecipa a numerose iniziative e conferenze insieme a vari intellettuali, tra i quali [[Albert Camus]] e [[Georges Brassens]], e collabora al [[stampa anarchica|giornale]] «[[Le Libertaire]]» (fondato da [[Louise Michel]] e [[Sébastien Faure]] nel [[1895]], dal [[1944]] organo della [[Fédération anarchiste]] e dal [[1953]] organo della [[Fédération Communiste Libertarie]]).  
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Giliana, insieme a [[Georges Fontenis]], partecipa nel [[1950]] alla fondazione, all’interno della [[Fédération anarchiste]], dell’[[Organisation Pensées et Battailles]], con lo scopo di ricordare l’opera di [[Camillo Berneri]]. Entrambi comunque condividono l’idea che gli [[Personalità anarchiche|anarchici]] possono facilmente incontrarsi con le aree più genuine del movimento comunista, rifiutando l’autoritarismo stalinista.  
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Giliana à maintenir des rapports épistolaires avec un groupe restreint d'amis et de camarades. En [[1962]], la mort de [[Giovanna Caleffi|sa mère]] l'atteint profondément et cette douleur va s'ajouter à celles subies lors de la mort de [[Camillo Berneri|son père]] et de [[Marie Louise Berneri|sa sœur]]. À ce moment, elle décide de léguer toute la documentation en sa possession (fruit de l'héritage de son père et de sa mère) à [[Aurelio Chessa]] qui peu à peu constitue l'importante [[Archive Chessa-Berneri]]<ref>[http://www.archivioberneri.it/ Archvio Berneri-Chessa]</ref>.
  
Al congresso della [[Fédération anarchiste]] ([[23 maggio|23]]-[[25 maggio]] [[1953]]), la deriva autoritaria porta ad una frattura interna e alla nascita della [[Fédération Communiste Libertarie]]. I cinque membri del "gruppo [[Kronstadt]]" si schierano tanto contro la [[Fédération anarchiste]] quanto contro l’[[Organisation Pensées et Battailles]] e vengono espulsi da entrambi i gruppi. Giliana pensa che tutto ciò sia stata una manovra per sostituire il pensiero del padre con quello di [[Georges Fontaines]].
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Elle meurt le [[19 juillet]] [[1998]] à Paris après une grave maladie. Elle repose au cimetière de Saint-Laurent-Nouan (Loir-et-Cher).
===Fine della militanza anarchica===
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Profondamente delusa per quanto accaduto all'interno del movimento anarchico francese, prosegue la militanza nel "gruppo [[Kronstadt]]" sino al suo trasferimento a Montreuil-sous Bois, poi sceglie di abbandonare definitivamente l'attivismo anarchico.
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Giliana continua a mantenere rapporti epistolari con un ristretto gruppo d’amici e compagni. Nel [[1962]], la morte della [[Giovanna Caleffi|madre]] la segna profondamente ed il dolore provato si va ad aggiungere a quelli già patiti per la morte del padre e della sorella [[Maria Luisa Berneri|Maria Luisa]]. A questo punto sceglie di donare tutta la sua documentazione in suo possesso (frutto dei lasciti di [[Camillo Berneri|padre]] e [[Giovanna Caleffi|madre]]) ad [[Aurelio Chessa]], il quale pian piano costituirà l'importante [[Archivio Chessa-Berneri]] <ref>[http://www.archivioberneri.it/ Archvio Berneri-Chessa]</ref>.
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==Bibliographie==
  
Morta il [[19 luglio]] [[1998]] a Parigi dopo una grave malattia, Giliana Berneri riposa presso il cimitero di Saint-Laurent-Nouan.
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*Berneri Giliana, in ''Dizionario Biografico degli Anarchici Italiani'', I, Pise, BFS [[2003]].
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*Fiamma Chessa, ''Le donne di casa Berneri'', BAP, n.12, [[1999]].
  
== Bibliografia ==
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==Notes et références==
*Berneri Giliana, in ''Dizionario Biografico degli Anarchici Italiani'', I, Pisa, BFS 2003
+
*Fiamma Chessa, ''Le donne di casa Berneri'', BAP, n.12, 1999
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== Voci correlate ==
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*[[Personalità_anarchiche#Donne|Donne anarchiche]]
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==Note==
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<references/>
 
<references/>
[[Categoria:Anarchici|Berneri, Giliana]]
 
[[Categoria:Anarchici italiani|Berneri, Giliana]]
 
[[Categoria:Antifascisti|Berneri, Giliana]]
 
[[Categoria:Medicina|Berneri, Giliana]]
 

Revision as of 23:22, 3 March 2010

Giliana Berneri (Florence, 3 octobre 1919 - Paris, 19 juillet 1998), est une anarchiste italienne, fille de Camillo Berneri et de Giovanna Caleffi et sœur de Marie Louise Berneri.

Biographie

Giliana Berneri avec sa mère Giovanna Caleffi (au centre et à sa droite) et sa sœur Marie Louise.

Giliana Berneri naît à Florence le 3 octobre 1919. Elle est la fille de Giovanna Caleffi et de Camillo Berneri et la sœur de Marie Louise, trois figures importantes de l'anarchisme italien et européen en général. Au moment de sa naissance, son père, Camillo Berneri, est un militant anarchiste, quand il rentre chez lui, ils commencent à bouger de ville en ville.

Les persécutions fascistes et l'exil en France

En 1926, les persécutions fascistes deviennent de plus en plus fréquentes, et son père persécuté par le régime à causes de ses idées est contraint de fuir en France, où il est rejoint par sa femme, Giovanna Caleffi et ses deux filles, Marie Louise et Giliana. Petit à petit, toute la famille s'installe à Saint-Maure-des-Fossés (Val-de-Marne). Là-bas, en 1933, Giovanna ouvre une droguerie (au 20 rue de Terre-Neuve), qui servira un temps de refuge sûr pour les anarchistes fugitifs italiens, qui permet à la famille de survivre financièrement. Grâce à cette petite activité, les deux filles Berneri réussissent à étudier et à rester actives culturellement parlant.

En juillet 1936, son père part pour la Catalogne, en Espagne, pour participer à la Révolution espagnole qu'ils suivent avec intérêt. L'intention de Camillo Berneri est de constituer une colonne italienne. L'OVRA (Organizzazione di Vigilanza e Repressione dell'Antifascismo, Organisation de vigilance et de répression de l'antifascisme, la police secrète du régime fasciste italien de Mussolini) signale Giliana comme une activiste engagée dans la levée de fonds pour les révolutionnaires espagnols dans la volonté d'un fuoriuscitismo[1] antifasciste italien (en collaborant avec Giustizia e Libertà[2]). La mort de Camillo le 5 mai 1937 est un bouleversement dramatique dans la vie de Giliana et de Marie Louise et de leur mère Giovanna. Mais la douleur est plus intense pour Giliana qui doit être internée dans la clinique Les Ormeaux de Saint-Gervais-les-Bains (Haute-Savoie).

Se remettant de la douleur, Giliana s'emploie en 1939 à libérer Ernesto Bonomini, un anarchiste détenu dans le camp d'internement de Rieucros, à Mende (Lozère), qu'elle aide à fuir aux USA. La même année, elle est signalée dans la Rubrica di frontiera (Rubrique des frontières) comme « anarchiste à arrêter. »

L'après-guerre

Camillo Berneri, le père de Giliana.

Une fois la terrible dictature fasciste et la guerre terminées, Giliana, sa mère et le nouveau compagnon de celle-ci Cesare Zaccaria participent à Carrare (Toscane), du 15 au 19 septembre 1945, au congrès constitutif de la Fédération Anarchiste Italienne (Federazione Anarchica Italiana) [3].

Giliana participe au renouveau du mouvement anarchiste français dans les années 40 et 50, estimée et considérée par tous ses camarades non seulement pour nom de famille, mais par dessus tout pour sa capacité dialectique et son ton posé et rassurant. Giliana refuse un poste au sein du mouvement pour faire partie activement du "Groupe Ve arrondissement", qui deviendra ensuite "Groupe Sacco et Vanzetti puis finalement "Groupe Kronstadt".

Au même moment, en 1946, Giliana est diplômée de médecine à Paris, d'abord spécialisée en pédiatrie puis en psychanalyse, et exercera la profession de médecin jusqu'en 1989. D'une certaine façon, Giliana réalisa ce qu'était si intéressant pour son père, en mettant en avant une vision et une tradition proprement familiale :

« Je n'ai pas étudié la médecine par un concours de circonstances qui m'en a empêché, mais toute ma culture, qui est plus médicale qu'on ne l'imagine, est biologique, physiologique et psychiatrique. (Depuis des années j'étudie la psychologie anormale.) Cet intérêt de la médecine est aussi une tradition familiale. Mon arrière-grand-père, mon grand-père, mon oncle et ma cousine sont médecins : quatre générations, donc. »
Camillo Berneri à Niccolò Converti.[4]

Malgré la fin du régime fasciste, la police "démocratique" italienne continue de suivre les mouvements de Giliana : en 1948, malgré qu'elle ait déjà acquis la nationalité française, son fichier indique : « n'a pas donné plus de nouvelles et on pense qu'elle se trouve à l'étranger. »

Après la mort prématurée de sa sÅ“ur Marie Louise, survenue en 1949, Giliana s'emploie pendant un certain temps avec sa mère à la constitution et la gestion de ce qui sera appelée la « Communauté Maria Luisa Berneri », une colonie de vacances d'été pour les enfants d'anarchistes de toutes nationalités, créée en souvenir de Marie Louise.

Le 11 mars 1950, après cinq années de concubinage, elle épouse Serge Senninger, un ex-communiste converti à l'anarchisme en 1944 à l'occasion d'une participation à une conférence anarchiste de War Commentary (Commentaires de guerre, un journal antimilitariste britannique fondé par Marie Louise Berneri entre autres), tenue à Londres par Freedom Press, où il rencontre Marie Louise à quelques occasions, laquelle lui présente ensuite Giliana à Paris. Il fait partie du Comité National en tant que secrétaire général du Bureau de Propagande. De leur union naitront Hélène en 1950 et Franck en 1955.

Les conflits internes dans l'anarchisme français

En France, elle participe à de nombreuses initiatives et conférences avec plusieurs intellectuels et artistes, parmi lesquels Albert Camus et Georges Brassens, et collabore au journal Le Libertaire (fondé par Louise Michel et Sébastien Faure en 1895, organe de la Fédération Anarchiste à partir de 1944, puis de la Fédération Communiste Libertaire à partir de 1953).

Gilian, avec Georges Fontenis, participe en 1950 à la fondation, au sein de la Fédération Anarchiste, de l'organisation Pensées et Batailles, dans le but de se souvenir du travail de Camillo Berneri. Ensemble, ils partagent l'idée que les anarchistes peuvent facilement nouer des relations avec plus authentiques du mouvement communiste, en refusant l'autoritarisme stalinien.

Au congrès de la Fédération Anarchiste (du 23 au 25 mai 1953), la dérive autoritaire entraîne une fracture interne et la naissance de la Fédération Communiste Libertaire. Les cinq membres, dont Giliana, du "Groupe Kronstadt" qui s'alignent autant sur les positions de la Fédération Anarchiste que sur celles de l'organisation Pensées et Batailles sont expulsés de ce deux groupes. Giliana pense que tout cela n'est rien qu'une manœuvre pour substituer à la pensée de son père celle de Georges Fontaines.

La fin du militantisme anarchiste

Profondément désillusionnée par autant d'intrigues au sein du mouvement anarchiste français, continue de militer pour le "Groupe Kronstadt" jusqu'à son transfert à Montreuil-sous-Bois, puis décide d'abandonner définitivement l'activisme anarchiste.

Giliana à maintenir des rapports épistolaires avec un groupe restreint d'amis et de camarades. En 1962, la mort de sa mère l'atteint profondément et cette douleur va s'ajouter à celles subies lors de la mort de son père et de sa sœur. À ce moment, elle décide de léguer toute la documentation en sa possession (fruit de l'héritage de son père et de sa mère) à Aurelio Chessa qui peu à peu constitue l'importante Archive Chessa-Berneri[5].

Elle meurt le 19 juillet 1998 à Paris après une grave maladie. Elle repose au cimetière de Saint-Laurent-Nouan (Loir-et-Cher).

Bibliographie

  • Berneri Giliana, in Dizionario Biografico degli Anarchici Italiani, I, Pise, BFS 2003.
  • Fiamma Chessa, Le donne di casa Berneri, BAP, n.12, 1999.

Notes et références

  1. Terme italien que l'on pourrait traduire par exilisme politique et qui désigne un ensemble d'activités et d'initiatives pratiquées par les exilé(e)s politiques qui donnent vie à une opposition au gouvernement qui les a banni.
  2. En français Justice et Liberté, mouvement politique italien créé à Paris en 1929 par un groupe d'exilés antifascistes.
  3. Archivio FAI
  4. « Non ho studiato medicina per un complesso di circostanze che me lo ha impedito, ma quasi tutta la mia cultura, che è più medica di quella che immagini, è biologica, fisiologica e psichiatrica. (Da anni sto studiando problemi di psicologia anormale). Quella della medicina è anche una tradizione di famiglia. Mio bisnonno, mio nonno, mio zio e una mia cugina sono stati e sono medici: quattro generazioni, dunque. »
    da "CentroStudiLibertari", bolletino n° 12
  5. Archvio Berneri-Chessa