Difference between revisions of "Célestin Freinet"

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'''Célestin Freinet''' ([[16 octobre]] [[1896]], [[Gars]] - [[1966]]) est un [[pédagogue]] [[France|français]]. Il est considéré comme le père des activités d'art et d'éveil à l'école, mais c'est en réalité son épouse [[Élise Freinet]] qui fut à l'initiative de l'Art Enfantin. Freinet inventa une pédagogie rigoureuse fondée sur des techniques (plan de travail, production de textes libres, imprimerie, individualisation du travail, enquêtes et conférences, ateliers d'expression-création, correspondance scolaire, éducation corporelle, réunion de coopérative). Il expérimenta sa conception de l'enseignement en fondant une école à Vence (publique depuis 1991).
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'''Célestin Freinet''' ([[16 octobre]] [[1896]], Gars - [[1966]]) est un pédagogue français. Il est considéré comme le père des activités d'art et d'éveil à l'école, mais c'est en réalité son épouse [[Élise Freinet]] qui fut à l'initiative de l'Art Enfantin. Freinet inventa une pédagogie rigoureuse fondée sur des techniques (plan de travail, production de textes libres, imprimerie, individualisation du travail, enquêtes et conférences, ateliers d'expression-création, correspondance scolaire, éducation corporelle, réunion de coopérative). Il expérimenta sa conception de l'enseignement en fondant une école à Vence (publique depuis 1991).
  
  
 
==Biographie==
 
==Biographie==
Freinet est né en 1896 dans le petit village de [[Gars]] (06). Il a fait ses études à [[Grasse]] (école primaire supérieure) et à l'[[école normale d'instituteurs]] de [[Nice]].
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Freinet est né en 1896 dans le petit village de Gars (06). Il a fait ses études à Grasse (école primaire supérieure) et à l'école normale d'instituteurs de Nice.
  
Il devient [[instituteur]] peu après la [[Première Guerre mondiale]], en [[1920]] et se lancera dans le renouveau pédagogique. Blessé à la poitrine lors de la guerre, aphone, il ne pouvait faire la classe de façon traditionnelle. Divers voyages lui permettront d'admirer des méthodes inconnues en [[France]]. Il devient en particulier l'ami du pédagogue suisse et chrétien [[Adolphe Ferrière]] (qui, lui, était sourd). Il s'en distingue cependant par son [[anticléricalisme]] et ses options libertaires. Cependant il avait visité en [[1922]] des écoles libertaires de [[Hambourg]], et n'avait guère trouvé probante cette pédagogie, trop individualiste et trop peu organisée, formulant ainsi des reproches assez voisins de ceux du pédagogue américain [[John Dewey]].
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Il devient instituteur peu après la Première Guerre mondiale, en [[1920]] et se lancera dans le renouveau pédagogique. Blessé à la poitrine lors de la guerre, aphone, il ne pouvait faire la classe de façon traditionnelle. Divers voyages lui permettront d'admirer des méthodes inconnues en France. Il devient en particulier l'ami du pédagogue suisse et chrétien [[Adolphe Ferrière]] (qui, lui, était sourd). Il s'en distingue cependant par son [[anticléricalisme]] et ses options libertaires. Cependant il avait visité en [[1922]] des écoles libertaires de Hambourg, et n'avait guère trouvé probante cette pédagogie, trop individualiste et trop peu organisée, formulant ainsi des reproches assez voisins de ceux du pédagogue américain [[John Dewey]].
  
Sa [[pédagogie]] n'est pas en adéquation avec la conception républicaine de l'école, incarnée dans ses dialogues dans le personnage de « Monsieur Long », sorte de rationaliste et de moderniste ridicule. Elle insiste, comme celle de [[John Dewey|Dewey]], sur le rôle du travail et de la coopération dans l'apprentissage et l'insertion de l'école dans la vie locale. Freinet théorise également le « tâtonnement pédagogique ». Il assimile l'autorité du maître à une violence. Quand le travail de l'écolier est correctement organisé, il passionne l'élève et il n'est plus besoin de discipline. Cette pédagogie est d'inspiration [[socialisme|socialiste]], mais aussi volontiers [[Naturalisme (philosophie)|naturaliste]] et anti-[[intellectualisme|intellectualiste]] (d'où le personnage, opposé à celui de Monsieur Long, du « Père Mathieu », [[berger]] de son état, qui représente la nature et le bon sens, l'équilibre avec le monde et ses  « invariants »).  
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Sa pédagogie n'est pas en adéquation avec la conception républicaine de l'école, incarnée dans ses dialogues dans le personnage de « Monsieur Long », sorte de rationaliste et de moderniste ridicule. Elle insiste, comme celle de [[John Dewey|Dewey]], sur le rôle du travail et de la coopération dans l'apprentissage et l'insertion de l'école dans la vie locale. Freinet théorise également le « tâtonnement pédagogique ». Il assimile l'autorité du maître à une violence. Quand le travail de l'écolier est correctement organisé, il passionne l'élève et il n'est plus besoin de discipline. Cette pédagogie est d'inspiration [[Socialisme|socialiste]], mais aussi volontiers naturaliste et anti-intellectualiste (d'où le personnage, opposé à celui de Monsieur Long, du « Père Mathieu », berger de son état, qui représente la nature et le bon sens, l'équilibre avec le monde et ses  « invariants »).  
  
L'[[éducation]] traditionnelle exagère le rôle des connaissances et des performances intellectuelles. On peut la comparer à l'[[industrie]], par opposition à la [[nature]] et à l'[[artisanat]]. L'enfant est une « plante », qu'il faut aider à se développer harmonieusement, en respectant certains « invariants » de la pédagogie. Freinet a critiqué également la pédagogie du [[jeu]], comme d'ailleurs le philosophe [[Émile Chartier|Alain]]. C'est parce que l'enfant est dépouillé de responsabilités réelles que son activité se réfugie dans le jeu. Freinet distingue d'ailleurs le « jeu-haschich » du « jeu-travail », moins critiquable, et enfin du « travail-jeu », c'est-à-dire du travail non aliéné, en accord avec la spontanéité de l'enfant. Il faut rattacher cela à sa conception volontiers [[vitalisme|vitaliste]] de l'enfant, comme énergie ascendante de la vie.
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L'éducation traditionnelle exagère le rôle des connaissances et des performances intellectuelles. On peut la comparer à l'industrie, par opposition à la nature et à l'artisanat. L'enfant est une « plante », qu'il faut aider à se développer harmonieusement, en respectant certains « invariants » de la pédagogie. Freinet a critiqué également la pédagogie du jeu, comme d'ailleurs le philosophe Alain. C'est parce que l'enfant est dépouillé de responsabilités réelles que son activité se réfugie dans le jeu. Freinet distingue d'ailleurs le « jeu-haschich » du « jeu-travail », moins critiquable, et enfin du « travail-jeu », c'est-à-dire du travail non aliéné, en accord avec la spontanéité de l'enfant. Il faut rattacher cela à sa conception volontiers vitaliste de l'enfant, comme énergie ascendante de la vie.
  
Il crée en [[1935]] son école à [[Vence]] après avoir été déplacé d'office de [[Saint-Paul de Vence]] où il enseignait, suite à un conflit avec le maire et les notables, conflit qui prend rapidement l'ampleur d'une affaire nationale. À cette occasion, il a maille à partir avec le ministre de l'éducation nationale, [[Anatole de Monzie]], l'auteur des <!--"très raisonnables" cela mériterait une longue discussion !--> ''instructions de [[1925]] sur l'enseignement de la philosophie''.  
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Il crée en [[1935]] son école à Vence après avoir été déplacé d'office de [[Saint-Paul de Vence]] où il enseignait, suite à un conflit avec le maire et les notables, conflit qui prend rapidement l'ampleur d'une affaire nationale. À cette occasion, il a maille à partir avec le ministre de l'éducation nationale, [[Anatole de Monzie]], l'auteur des <!--"très raisonnables" cela mériterait une longue discussion !--> ''instructions de [[1925]] sur l'enseignement de la philosophie''.  
  
Il mettra au point une pédagogie originale, basée sur l'expression libre des enfants : texte libre, dessin libre, correspondance interscolaire, imprimerie et journal scolaire, etc., à laquelle son nom restera attaché : la [[pédagogie Freinet]] qui se perpétue de nos jours. Cependant, il faut signaler que la pédagogie Freinet contemporaine est très influencée par le courant de la [[pédagogie institutionnelle]], qui insiste sur le rôle de la parole et du [[débat]], quand Célestin Freinet pensait avant tout en termes d'organisation du travail et de coopération. Dans certaines techniques Freinet, telles qu'elles sont aujourd'hui pratiquées, on ne retrouve pas la philosophie qui les a inspirées. En revanche, l'école Freinet de Vence s'efforce de préserver l'esprit et les techniques inventées par Freinet. Cette école est dirigée par Carmen Montès, qui fut choisie en 1975 par Élise Freinet. Élise Freinet fit venir en 1978 Brigitte Konecny, qui pratique la méthode naturelle de lecture au CP.
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Il mettra au point une pédagogie originale, basée sur l'expression libre des enfants : texte libre, dessin libre, correspondance interscolaire, imprimerie et journal scolaire, etc., à laquelle son nom restera attaché : la [[pédagogie Freinet]] qui se perpétue de nos jours. Cependant, il faut signaler que la pédagogie Freinet contemporaine est très influencée par le courant de la pédagogie institutionnelle, qui insiste sur le rôle de la parole et du débat, quand Célestin Freinet pensait avant tout en termes d'organisation du travail et de coopération. Dans certaines techniques Freinet, telles qu'elles sont aujourd'hui pratiquées, on ne retrouve pas la philosophie qui les a inspirées. En revanche, l'école Freinet de Vence s'efforce de préserver l'esprit et les techniques inventées par Freinet. Cette école est dirigée par Carmen Montès, qui fut choisie en 1975 par Élise Freinet. Élise Freinet fit venir en 1978 Brigitte Konecny, qui pratique la méthode naturelle de lecture au CP.
  
En [[France]], on a parfois exagéré la nouveauté de son inspiration, par ignorance de l'histoire de la pédagogie, en particulier des apports de Dewey, ou de la pédagogie suisse. On sait que Freinet avait déjà lu certains textes de Dewey entre 1922 et 1925. On tend à accuser Freinet, à tort, de tous les errements de la pédagogie. Il diffuse sa première innovation, le texte libre imprimé par les enfants eux-mêmes, grâce aux conférences qu'il anime. C'est une sorte d'expression limite de la philosophie des [[siècle des Lumières|Lumières]], qui insiste sur l'autonomie au risque de sous-estimer l'importance de la culture et de l'enracinement historique (voir les critiques d'[[Hannah Arendt]]). En revanche, on peut créditer Freinet de préoccupations [[écologie|écologiques]] avant la lettre. D'ailleurs, Célestin et Élise Freinet ont conçu en 1934-1935 leur école comme une "réserve d'enfants" située dans un milieu paysage (lire à ce sujet la thèse de doctorat de [[Henri Go]], Université de Rennes 2, 2005, ''Vers une nouvelle forme scolaire ? Une étude de l'école Freinet de Vence'').
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En France, on a parfois exagéré la nouveauté de son inspiration, par ignorance de l'histoire de la pédagogie, en particulier des apports de Dewey, ou de la pédagogie suisse. On sait que Freinet avait déjà lu certains textes de Dewey entre 1922 et 1925. On tend à accuser Freinet, à tort, de tous les errements de la pédagogie. Il diffuse sa première innovation, le texte libre imprimé par les enfants eux-mêmes, grâce aux conférences qu'il anime. C'est une sorte d'expression limite de la philosophie des Lumières, qui insiste sur l'autonomie au risque de sous-estimer l'importance de la culture et de l'enracinement historique (voir les critiques d'[[Hannah Arendt]]). En revanche, on peut créditer Freinet de préoccupations [[Écologie|écologiques]] avant la lettre. D'ailleurs, Célestin et Élise Freinet ont conçu en 1934-1935 leur école comme une "réserve d'enfants" située dans un milieu paysage (lire à ce sujet la thèse de doctorat de [[Henri Go]], Université de Rennes 2, 2005, ''Vers une nouvelle forme scolaire ? Une étude de l'école Freinet de Vence'').
  
 
== Å’uvres ==
 
== Å’uvres ==

Revision as of 01:58, 14 September 2007

Freinet, Célestin

Célestin Freinet (16 octobre 1896, Gars - 1966) est un pédagogue français. Il est considéré comme le père des activités d'art et d'éveil à l'école, mais c'est en réalité son épouse Élise Freinet qui fut à l'initiative de l'Art Enfantin. Freinet inventa une pédagogie rigoureuse fondée sur des techniques (plan de travail, production de textes libres, imprimerie, individualisation du travail, enquêtes et conférences, ateliers d'expression-création, correspondance scolaire, éducation corporelle, réunion de coopérative). Il expérimenta sa conception de l'enseignement en fondant une école à Vence (publique depuis 1991).


Biographie

Freinet est né en 1896 dans le petit village de Gars (06). Il a fait ses études à Grasse (école primaire supérieure) et à l'école normale d'instituteurs de Nice.

Il devient instituteur peu après la Première Guerre mondiale, en 1920 et se lancera dans le renouveau pédagogique. Blessé à la poitrine lors de la guerre, aphone, il ne pouvait faire la classe de façon traditionnelle. Divers voyages lui permettront d'admirer des méthodes inconnues en France. Il devient en particulier l'ami du pédagogue suisse et chrétien Adolphe Ferrière (qui, lui, était sourd). Il s'en distingue cependant par son anticléricalisme et ses options libertaires. Cependant il avait visité en 1922 des écoles libertaires de Hambourg, et n'avait guère trouvé probante cette pédagogie, trop individualiste et trop peu organisée, formulant ainsi des reproches assez voisins de ceux du pédagogue américain John Dewey.

Sa pédagogie n'est pas en adéquation avec la conception républicaine de l'école, incarnée dans ses dialogues dans le personnage de « Monsieur Long », sorte de rationaliste et de moderniste ridicule. Elle insiste, comme celle de Dewey, sur le rôle du travail et de la coopération dans l'apprentissage et l'insertion de l'école dans la vie locale. Freinet théorise également le « tâtonnement pédagogique ». Il assimile l'autorité du maître à une violence. Quand le travail de l'écolier est correctement organisé, il passionne l'élève et il n'est plus besoin de discipline. Cette pédagogie est d'inspiration socialiste, mais aussi volontiers naturaliste et anti-intellectualiste (d'où le personnage, opposé à celui de Monsieur Long, du « Père Mathieu », berger de son état, qui représente la nature et le bon sens, l'équilibre avec le monde et ses « invariants »).

L'éducation traditionnelle exagère le rôle des connaissances et des performances intellectuelles. On peut la comparer à l'industrie, par opposition à la nature et à l'artisanat. L'enfant est une « plante », qu'il faut aider à se développer harmonieusement, en respectant certains « invariants » de la pédagogie. Freinet a critiqué également la pédagogie du jeu, comme d'ailleurs le philosophe Alain. C'est parce que l'enfant est dépouillé de responsabilités réelles que son activité se réfugie dans le jeu. Freinet distingue d'ailleurs le « jeu-haschich » du « jeu-travail », moins critiquable, et enfin du « travail-jeu », c'est-à-dire du travail non aliéné, en accord avec la spontanéité de l'enfant. Il faut rattacher cela à sa conception volontiers vitaliste de l'enfant, comme énergie ascendante de la vie.

Il crée en 1935 son école à Vence après avoir été déplacé d'office de Saint-Paul de Vence où il enseignait, suite à un conflit avec le maire et les notables, conflit qui prend rapidement l'ampleur d'une affaire nationale. À cette occasion, il a maille à partir avec le ministre de l'éducation nationale, Anatole de Monzie, l'auteur des instructions de 1925 sur l'enseignement de la philosophie.

Il mettra au point une pédagogie originale, basée sur l'expression libre des enfants : texte libre, dessin libre, correspondance interscolaire, imprimerie et journal scolaire, etc., à laquelle son nom restera attaché : la pédagogie Freinet qui se perpétue de nos jours. Cependant, il faut signaler que la pédagogie Freinet contemporaine est très influencée par le courant de la pédagogie institutionnelle, qui insiste sur le rôle de la parole et du débat, quand Célestin Freinet pensait avant tout en termes d'organisation du travail et de coopération. Dans certaines techniques Freinet, telles qu'elles sont aujourd'hui pratiquées, on ne retrouve pas la philosophie qui les a inspirées. En revanche, l'école Freinet de Vence s'efforce de préserver l'esprit et les techniques inventées par Freinet. Cette école est dirigée par Carmen Montès, qui fut choisie en 1975 par Élise Freinet. Élise Freinet fit venir en 1978 Brigitte Konecny, qui pratique la méthode naturelle de lecture au CP.

En France, on a parfois exagéré la nouveauté de son inspiration, par ignorance de l'histoire de la pédagogie, en particulier des apports de Dewey, ou de la pédagogie suisse. On sait que Freinet avait déjà lu certains textes de Dewey entre 1922 et 1925. On tend à accuser Freinet, à tort, de tous les errements de la pédagogie. Il diffuse sa première innovation, le texte libre imprimé par les enfants eux-mêmes, grâce aux conférences qu'il anime. C'est une sorte d'expression limite de la philosophie des Lumières, qui insiste sur l'autonomie au risque de sous-estimer l'importance de la culture et de l'enracinement historique (voir les critiques d'Hannah Arendt). En revanche, on peut créditer Freinet de préoccupations écologiques avant la lettre. D'ailleurs, Célestin et Élise Freinet ont conçu en 1934-1935 leur école comme une "réserve d'enfants" située dans un milieu paysage (lire à ce sujet la thèse de doctorat de Henri Go, Université de Rennes 2, 2005, Vers une nouvelle forme scolaire ? Une étude de l'école Freinet de Vence).

Å’uvres

  • Élise et Célestin Freinet, Correspondance, PUF, 2004. Édité par Madeleine Freinet.
  • Å’uvres pédagogiques, Seuil, 1994. Édition en deux tomes établie par Madeleine Freinet.
    • Tome 1 : L’éducation du travail - Essai de psychologie sensible appliquée à l’éducation.
    • Tome 2 : L’école moderne française - Les dits de Mathieu - Méthode naturelle de lecture – Les invariants pédagogiques - Méthode naturelle de dessin - Les genèses.

Les invariants

En 1964, deux ans avant sa mort, Freinet rédige les "invariants".

"C'est une nouvelle gamme des valeurs scolaires que nous voudrions ici nous appliquer à établir, sans autre parti pris que nos préoccupations de recherche de la vérité, à la lumière de l'expérience et du bon sens. Sur la base de ces principes que nous tiendrons pour invariants, donc inattaquables et sûrs, nous voudrions réaliser une sorte de Code pédagogique … "

  • Invariant n°1 : L'enfant est de la même nature que nous.
  • Invariant n°2 : Etre plus grand ne signifie pas forcément être au-dessus des autres.
  • Invariant n°3 : Le comportement scolaire d'un enfant est fonction de son état physiologique, organique et constitutionnel.
  • Invariant n°4 : Nul - l'enfant pas plus que l'adulte - n'aime être commandé d'autorité.
  • Invariant n°5 : Nul n'aime s'aligner, parce que s'aligner, c'est obéir passivement à un ordre extérieur.
  • Invariant n°6 : Nul n'aime se voir contraint à faire un certain travail, même si ce travail ne lui déplaît pas particulièrement. C'est la contrainte qui est paralysante.
  • Invariant n°7 : Chacun aime choisir son travail, même si ce choix n'est pas avantageux.
  • Invariant n°8 : Nul n'aime tourner à vide, agir en robot, c'est-à-dire faire des actes, se plier à des pensées qui sont inscrites dans des mécaniques auxquelles il ne participe pas.
  • Invariant n°9 : Il nous faut motiver le travail.
  • Invariant n°10 : Plus de scolastique.
    • Invariant 10 bis : Tout individu veut réussir. L'échec est inhibiteur, destructeur de l'allant et de l'enthousiasme.
    • Invariant 10 ter : Ce n'est pas le jeu qui est naturel à l'enfant, mais le travail.
  • Invariant n°11 : La voie normale de l'acquisition n'est nullement l'observation, l'explication et la démonstration, processus essentiel de l'École, mais le tâtonnement expérimental, démarche naturelle et universelle.
  • Invariant n°12 : La mémoire, dont l'École fait tant de cas, n'est valable et précieuse que lorsqu'elle est vraiment au service de la vie
  • Invariant n°13 : Les acquisitions ne se font pas comme l'on croit parfois, par l'étude des règles et des lois, mais par l'expérience. Etudier d'abord ces règles et ces lois, en français, en art, en mathématiques, en sciences, c'est placer la charrue devant les bÅ“ufs.
  • Invariant n°14 : L'intelligence n'est pas, comme l'enseigne la scolastique, une faculté spécifique fonctionnant comme en circuit fermé, indépendamment des autres éléments vitaux de l'individu
  • Invariant n°15 : L'École ne cultive qu'une forme abstraite d'intelligence, qui agit, hors de la réalité vivante, par le truchement de mots et d'idées fixées par la mémoire.
  • Invariant n°16 : L'enfant n'aime pas écouter une leçon ex cathedra
  • Invariant n° 17 : L'enfant ne se fatigue pas à faire un travail qui est dans la ligne de sa vie, qui lui est pour ainsi dire fonctionnel.
  • Invariant n° 18 : Personne, ni enfant ni adulte, n'aime le contrôle et la sanction qui sont toujours considérés comme une atteinte à sa dignité, surtout lorsqu'ils s'exercent en public.
  • Invariant n° 19 : Les notes et les classements sont toujours une erreur
  • Invariant n° 20 : Parlez le moins possible
  • Invariant n° 21 : L'enfant n'aime pas le travail de troupeau auquel l'individu doit se plier comme un robot. Il aime le travail individuel ou le travail d'équipe au sein d'une communauté coopérative
  • Invariant n° 22 : L'ordre et la discipline sont nécessaires en classe.
  • Invariant n° 23 : Les punitions sont toujours une erreur. Elles sont humiliantes pour tous et n'aboutissent jamais au but recherché. Elles sont tout au plus un pis-aller.
  • Invariant n° 24 : La vie nouvelle de l'École suppose la coopération scolaire, c'est-à-dire la gestion par les usagers, l'éducateur compris, de la vie et du travail scolaire.
  • Invariant n° 25 : La surcharge des classes est toujours une erreur pédagogique.
  • Invariant n° 26 : La conception actuelle des grands ensembles scolaires aboutit à l'anonymat des maîtres et des élèves; elle est, de ce fait, toujours une erreur et une entrave.
  • Invariant n° 27 : On prépare la démocratie de demain par la démocratie à l'École. Un régime autoritaire à l'École ne saurait être formateur de citoyens démocrates.
  • Invariant n° 28 : On ne peut éduquer que dans la dignité. Respecter les enfants, ceux-ci devant respecter leurs maîtres est une des premières conditions de la rénovation de l'École
  • Invariant n° 29 : L'opposition de la réaction pédagogique, élément de la réaction sociale et politique est aussi un invariant avec lequel nous aurons, hélas! à compter sans que nous puissions nous-mêmes l'éviter ou le corriger.
  • Invariant n° 30 : Il y a un invariant aussi qui justifie tous nos tâtonnements et authentifie notre action : c'est l'optimiste espoir en la vie.


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