Difference between revisions of "FAQAnar:A.2.13 - Les anarchistes sont-ils des individualistes ou des collectivistes ?"

From Anarchopedia
Jump to: navigation, search
(traduction 50 %)
(traduction 75 %)
Line 1: Line 1:
{{traduction|50}}
+
{{traduction|75}}
 
[[Catégorie:Que représente l'Anarchisme?]]
 
[[Catégorie:Que représente l'Anarchisme?]]
 
{{faqanarAd}}
 
{{faqanarAd}}
Line 17: Line 17:
 
Tandis que les groupes ne peuvent pas penser, les individus peuvent vivre ou discuter par eux-mêmes. Les groupes et les associations sont des aspects essentiels de la vie individuelle. En fait, comme les groupes génèrent les relations sociales selon leur vraie nature, ils aident à façonner l'individu. En d'autres termes, les groupes structurés d'une manière autoritaire auront un impact négatif sur la [[liberté]] et l'individualité des individus qui les composent. Toutefois, à cause de la nature abstraite de leur « individualisme », les individualistes capitalistes ne peuvent pas voir les différences entre les groupes structurés de manière libertaire et ceux structurés de manière autoritaire — pour eux/elles, ce ne sont que des « groupes ». Ironiquement, à cause de leur vision unilatérale du problème, les « individualistes » en arrivent à soutenir des institutions parmi les plus « collectivistes » — les entreprises capitalistes — et, de plus, éprouvent toujours le besoin de l'État en dépit de leurs fréquentes dénonciations de son existence. Ces contradictions proviennent de la dépendance de l'individualisme capitaliste au contrat individuel dans une société inégale, c'est-à-dire à l'individualisme abstrait.
 
Tandis que les groupes ne peuvent pas penser, les individus peuvent vivre ou discuter par eux-mêmes. Les groupes et les associations sont des aspects essentiels de la vie individuelle. En fait, comme les groupes génèrent les relations sociales selon leur vraie nature, ils aident à façonner l'individu. En d'autres termes, les groupes structurés d'une manière autoritaire auront un impact négatif sur la [[liberté]] et l'individualité des individus qui les composent. Toutefois, à cause de la nature abstraite de leur « individualisme », les individualistes capitalistes ne peuvent pas voir les différences entre les groupes structurés de manière libertaire et ceux structurés de manière autoritaire — pour eux/elles, ce ne sont que des « groupes ». Ironiquement, à cause de leur vision unilatérale du problème, les « individualistes » en arrivent à soutenir des institutions parmi les plus « collectivistes » — les entreprises capitalistes — et, de plus, éprouvent toujours le besoin de l'État en dépit de leurs fréquentes dénonciations de son existence. Ces contradictions proviennent de la dépendance de l'individualisme capitaliste au contrat individuel dans une société inégale, c'est-à-dire à l'individualisme abstrait.
  
 +
En revanche, les anarchistes soutiennent l'« individualisme » social (un synonyme, peut-être plus fidèle, pourrait être « individualité communautaire »). L'anarchisme « insiste sur le fait le centre de gravité de la société est l'individu — qui doit penser par lui-même [ou elle-même], agir librement, et vivre pleinement. [...] S'il [ou Si elle] doit se développer librement et pleinement, il [ou elle] doit être libéré[e] des interférences et de l'oppression d'autrui. [...] Cela n'a rien à voir avec [...] l'"individualisme acharné". Un tel individualisme prédateur est en réalité plus flasque qu'acharné. Au moindre danger qui menace sa sécurité, il se réfugie à l'abri de l'État et implore sa protection. [...] Leur "individualisme acharné" n'est rien d'autre qu'un des faux-semblant que la classe dirigeante fabrique pour masquer le business débridé et l'extorsion politique. »<ref>« insists that the centre of gravity in society is the individual — that he must think for himself, act freely, and live fully. [...] If he is to develop freely and fully, he must be relieved from the interference and oppression of others. [...] [T]his has nothing in common with. . . 'rugged individualism.' Such predatory individualism is really flabby, not rugged. At the least danger to its safety, it runs to cover of the state and wails for protection. [...] Their 'rugged individualism' is simply one of the many pretences the ruling class makes to mask unbridled business and political extortion. »<br>Emma Goldman, ''Op. Cit.'', pp. 442-443.</ref>
  
In contrast, anarchists stress social "individualism" (another, perhaps better, term for this concept could be "communal individuality"). Anarchism "insists that the centre of gravity in society is the individual -- that he [sic] must think for himself, act freely, and live fully. . . . If he is to develop freely and fully, he must be relieved from the interference and oppression of others. . . . [T]his has nothing in common with. . . 'rugged individualism.' Such predatory individualism is really flabby, not rugged. At the least danger to its safety, it runs to cover of the state and wails for protection. . . .Their 'rugged individualism' is simply one of the many pretences the ruling class makes to mask unbridled business and political extortion." [Emma Goldman, Op. Cit., pp. 442-3]
+
Les anarchistes rejettent l'individualisme abstrait ou capitalisme, et ses idées de liberté « absolue » des individus contraints par autrui. Cette théorie fait abstraction du contexte social où la liberté existe et se développe. « La liberté que nous voulons », dit Malatesta, « pour nous-mêmes et pour les autres, n'est pas une liberté absolue, métaphysique et abstraite qui, en pratique, se transforme inévitablement en oppression des plus faibles ; mais la vraie liberté, la liberté possible, qui est la communauté consciente de ses intérêts, la solidarité volontaire. »<ref>« La libertà che noi vogliamo, per noi e per gli altri, non è la liberta assoluta, astratta, metafisica, che in pratica si traduce fatalmente in oppressione del debole; ma è la libertà reale, la liberta possibile, che è la comunanza cosciente degli interessi, la solidarietà volontaria. »<br>Errico Malatesta, ''Op. Cit.''</ref>
  
Anarchism rejects the abstract individualism of capitalism, with its ideas of "absolute" freedom of the individual which is constrained by others. This theory ignores the social context in which freedom exists and grows. "The freedom we want," Malatesta argued, "for ourselves and for others, is not an absolute metaphysical, abstract freedom which in practice is inevitably translated into the oppression of the weak; but it is a real freedom, possible freedom, which is the conscious community of interests, voluntary solidarity." [Anarchy, p. 43]
+
Une société basée sur l'individualisme entraîne une inégalité de pouvoir entre les individus contractants et implique par conséquent le besoin d'une [[autorité]] basée sur des lois au-dessus d'eux/elles et d'une coercition organisée pour faire respecter les contrats qu'ils/elles ont pris entre eux/elles. Cette conséquence est évidente pour le capitalisme et, encore plus, dans la théorie du « '''contrat social''' » qui régit le développement de l'État. Dans cette théorie, on suppose que les individus sont « libres » quand ils/elles sont isolé(e)s les un(e)s des autres, puisqu'ils/elles étaient originellement dans l'« '''état de nature'''. » Une fois qu'ils/elles ont rejoint la société, ils/elles créent prétendument un « [[contrat]] » et un État pour administrer ces contrats. Toutefois, outre le fait qu'il ne s'agisse que d'une fantaisie sans base réelle (les êtres humains ont toujours été des animaux sociaux), cette « théorie » n'est en réalité qu'une justification de l'État pour obtenir de plus grands pouvoirs sur la société ; et n'est en fait qu'une justification du système capitaliste, qui requiert un État fort. Cette théorie imite aussi les résultats des relations économiques capitalistes sur lesquelles elle repose. Dans le capitalisme, les individus contractent « librement » des accords entre eux/elles, mais, en pratique, le propriétaire domine l'ouvrier tant que le contrat est en place (voir les sections [[FAQAnar:A.2.14 - Pourquoi le volontarisme n'est pas suffisant ?|A.2.14]] et [[FAQAnar:B.4 - Comment le capitalisme affecte-t-il la liberté ?|B.4]] pour plus de précisions).
  
A society based on abstract individualism results in an inequality of power between the contracting individuals and so entails the need for an authority based on laws above them and organised coercion to enforce the contracts between them. This consequence is evident from capitalism and, most notably, in the "social contract" theory of how the state developed. In this theory it is assumed that individuals are "free" when they are isolated from each other, as they allegedly were originally in the "state of nature." Once they join society, they supposedly create a "contract" and a state to administer it. However, besides being a fantasy with no basis in reality (human beings have always been social animals), this "theory" is actually a justification for the state's having extensive powers over society; and this in turn is a justification of the capitalist system, which requires a strong state. It also mimics the results of the capitalist economic relations upon which this theory is built. Within capitalism, individuals "freely" contract together, but in practice the owner rules the worker for as long as the contract is in place. (See sections A.2.14 and B.4 for further details).
 
  
 
Thus anarchists reject capitalist "individualism" as being, to quote Kropotkin, "a narrow and selfish individualism" which, moreover, is "a foolish egoism which belittles the individual" and is "not individualism at all. It will not lead to what was established as a goal; that is the complete broad and most perfectly attainable development of individuality." The hierarchy of capitalism results in "the impoverishment of individuality" rather than its development. To this anarchists contrast "the individuality which attains the greatest individual development possible through the highest communist sociability in what concerns both its primordial needs and its relationships with others in general." [Selected Writings on Anarchism and Revolution, p. 295, p. 296 and p. 297] For anarchists, our freedom is enriched by those around us when we work with them as equals and not as master and servant.
 
Thus anarchists reject capitalist "individualism" as being, to quote Kropotkin, "a narrow and selfish individualism" which, moreover, is "a foolish egoism which belittles the individual" and is "not individualism at all. It will not lead to what was established as a goal; that is the complete broad and most perfectly attainable development of individuality." The hierarchy of capitalism results in "the impoverishment of individuality" rather than its development. To this anarchists contrast "the individuality which attains the greatest individual development possible through the highest communist sociability in what concerns both its primordial needs and its relationships with others in general." [Selected Writings on Anarchism and Revolution, p. 295, p. 296 and p. 297] For anarchists, our freedom is enriched by those around us when we work with them as equals and not as master and servant.

Revision as of 00:51, 2 August 2010