FAQAnar:A.1.2 - Qu'est-ce que "Anarchisme" signifie ?

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FAQ anarchiste
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« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
A - Qu'est-ce que l'anarchisme ?

Introduction
A.1 - Qu'est ce que l'Anarchisme ?



A.2 - Que représente l'Anarchisme?



A.3 - Quelles sortes d'anarchisme existe-t-il ?



A.4 - Qui sont les penseurs reconnus dans l'anarchisme ?



A.5 - Quels sont les exemples "d'anarchie en action" ?



Sommaire complet et détaillé

Catégorie:Qu'est ce que l'Anarchisme? Pour reprendre Pierre Kropotkine, l’anarchisme est « le système non-gouvernemental du socialisme. »[1] En d'autres termes, « l'abolition de l'exploitation et de l'oppression de l'homme par l'homme, c'est-à-dire l'abolition de la propriété privée [i.e. le capitalisme] et du gouvernement. »[2]

L'anarchisme, donc, est une théorie politique dont le but est de créer une société sans hiérarchies politique, économique, ou sociale. Les anarchistes affirment que l'anarchie, l'absence de dirigeants, est une forme de système social viable et qui permet de maximiser la liberté individuelle et l'égalité sociale. Ou, dans le dicton célèbre de Michel Bakounine :
« [L]a liberté sans le socialisme, c’est le privilège, l’injustice ; et [...] le socialisme sans liberté, c’est l’esclavage et la brutalité. »[3]

L'histoire de la société humaine va dans ce sens. La liberté sans égalité n'est que la liberté des puissants, et l'égalité sans liberté est impossible et une justification de l'esclavage.

Alors qu'il y a différents types d'anarchisme (de l'anarchisme individualiste à l'anarcho-communisme - voir la section A.3 pour plus de détails), il y a toujours eu des positions communes au cÅ“ur de chacun d'entre eux - l'opposition au gouvernement et au capitalisme. Dans les termes de l'anarchiste individualiste Benjamin Tucker, l'anarchisme insiste « sur l'abolition de l'État et l'abolition de l'usure ; sur l'absence du gouvernement de l'homme par l'homme, et sur l'absence de l'exploitation de l'homme par l'homme. »[4]. Tous les anarchistes voient le profit, les intérêts et la rente comme de l'usure (c'est-à-dire comme de l'exploitation) et s'opposent donc à eux et aux conditions qui permettent leur existence, tout comme ils s'opposent au gouvernement et à l'État.

Plus généralement, comme le disait L. Susan Brown, le "lien unificateur" de l'anarchisme « est la condamnation universelle de la hiérarchie et de la domination, et la volonté de se battre pour la liberté des individus humains. »[5] Pour les anarchistes, une personne ne peut être libre si elle est soumise à l'État et à l'autorité capitaliste. Ce que Voltairine de Cleyre résumait ainsi :
« L'anarchisme [..] enseigne la possibilité d'une société dans laquelle les besoins vitaux pourraient être pleinement comblés pour tous, et dans laquelle les opportunités d'aboutissement du développement du corps et de l'esprit serait l'héritage de tous [...] [Il] enseigne que l'injuste organisation actuelle de la production et de la distribution des richesses doit finalement être entièrement détruite, et remplacée par un système qui assure à tous la liberté de travailler sans être sous la coupe d'un maître à qui il [ou elle] devrait rendre le fruit de son travail, ce qui garantira sa liberté d'accès aux ressources et aux moyens de production [...] De la soumission aveugle, il fait le mécontentement; de l'inconsciemment inassouvi, il fait le consciemment inassouvi [...] L'anarchisme a pour but de faire prendre conscience de l'oppression, de créer le désir d'une société meilleure, et de montrer la nécessité d'une guerre incessante contre le capitalisme et l'État. »[6]

Ainsi donc, l'anarchisme est une théorie politique qui préconise la création de l'anarchie, une société basée sur la maxime : « pas de dirigeant ». Pour accomplir ceci, « [en] commun avec tous les socialistes, les anarchistes sont convaincus que la propriété privée des terres, du capital, et des machines a fait son temps; que c'est condamné à disparaître: et que tout ce que requiert la production doit, et deviendra la propriété commune de la société, et sera gérée en commun par les producteurs de richesses. Et [...] ils soutiennent que l'idée d'une organisation politique de la société est une condition pour que les fonctions du gouvernement soient réduites au maximum [...] [et] que le but final d'une société est de réduire les fonctions du gouvernement à néant - c'est à dire, une société sans gouvernement, l'an-archie. »[7]

Donc l'anarchisme est à la fois positif et négatif. Il analyse et critique la société actuelle, tandis que dans le même temps il offre la vision d'une nouvelle société potentielle - une société qui subvient à certains besoins humains que la société actuelle nie. Ces besoins, les plus basiques, sont la liberté, l'égalité et la solidarité, ce qui sera discuté dans la section A.2.

L'anarchisme allie une analyse critique et l'espoir, puisque, comme Bakounine le notait (dans sa période pré-anarchiste), « [l]a joie de la destruction est en même temps la joie créatrice. »[8] On ne peut construire une meilleure société sans comprendre ce qui ne va pas dans la société présente.

Cependant, il faut souligner que l'anarchisme est plus qu'une simple analyse ou que la vision d'une société meilleure. Il aussi enraciné dans les luttes, luttes des opprimés pour retrouver leur liberté. En d'autres termes, il propose un moyen de réaliser un nouveau système basé sur les besoins des gens, et non sur le pouvoir, et qui place la planète avant le profit. Pour reprendre l'anarchiste écossais Stuart Christie :
« L'anarchisme est un mouvement pour la liberté humaine. Il est pragmatique, démocratique et égalitaire [...] L'anarchisme a commencé - et continue - un combat direct par les sous-privilégiés contre leur oppression et leur exploitation. Il s'oppose aussi bien à l'émergence insidieuse d'un pouvoir étatique qu'à la pernicieuse éthique de l'individualisme possessif, qui, ensemble ou séparément, ne servent au bout du compte que les intérêts de quelques uns aux dépends du reste.
« L'anarchisme est autant une théorie qu'une pratique de vie. Philosophiquement, il a pour but un accord maximal entre l'individu, la société, et la nature. Pratiquement, il nous sert à organiser et à vivre nos vies de façon à rendre les politiciens, les gouvernements, les États et leurs fonctionnaires superflus. Dans une société anarchiste, le respect mutuel de la souveraineté individuelle devra être organisé par des relations non coercitives dans lesquelles se définiront naturellement des communautés, où les moyens de production et de distribution seront mis en commun.
« Les anarchistes ne sont pas des rêveurs obsédés par des principes abstraits et des constructions théoriques [...] Les anarchistes sont tout à fait conscients qu'une société parfaite ne peut pas se faire en un jour. En effet, la lutte dure pour toujours ! Cependant, c'est une vision qui fournit l'épée pour lutter contre les choses telles qu'elles sont, et pour les choses telles qu'elles pourraient être.
« En fin de compte, seule la lutte détermine le résultat, et le chemin vers une communauté plus significative doit commencer avec la volonté de résister à toute forme d'injustice. Plus généralement, cela signifie combattre toute exploitation et refuser la légitimité de toute autorité coercitive. Si les anarchistes ont un article de foi inébranlable, c'est le fait qu'une fois que l'habitude de toujours à s'en remettre aux politiciens ou aux idéologues est perdue, et que celle de résistance à la domination est acquise, alors les gens ordinaires ont la capacité d'organiser chaque aspect de leur vie dans leur propre intérêt, n'importe où et n'importe quand, librement et justement.
« Les anarchistes ne restent pas les bras croisés lors des luttes populaires, non plus qu'ils essayent de les dominer. Ils cherchent à contribuer pratiquement dès qu'ils peuvent, et aussi à aider le plus possible le développement individuel et la solidarité de groupe. Il est possible de reconnaître les idées anarchistes concernant les relations volontaires, la participation égalitaire dans le processus de décision, l'aide mutuelle et une critique relative à toutes les formes de dominations dans les mouvements philosophiques, sociaux et révolutionnaires, partout et de tout temps. »[9]

L'anarchisme est simplement l'expression théorique de notre capacité d'organisation et à faire fonctionner une société sans patrons ni politiciens. Il permet à la classe ouvrière et aux autres personnes opprimées de devenir conscientes de notre puissance en tant que classe, de défendre nos intérêts immédiats, et de se battre pour révolutionner la société dans son ensemble. C'est uniquement en faisant cela que nous pourrons créer une société faite pour que l'être humain puisse y vivre.

Ce n'est pas une philosophie abstraite. Les idées anarchistes sont mises en pratique tous les jours. Partout où les gens opprimés se lèvent pour leurs droits, agissent pour défendre leur liberté, pratiquent la solidarité et la coopération, se battent contre l'oppression, s'organisent sans meneurs ni chefs, l'esprit de l'anarchisme vit. Les anarchistes cherchent simplement à renforcer ces tendances libertaires et à les mener à leur pleine réalisation. Comme nous le discuterons dans la section J, les anarchistes appliquent leurs idées de plusieurs façons au sein du capitalisme, dans le but de le changer de la meilleure façon jusqu'à ce que nous soyons complètement sortis de lui. La section I énonce ce par quoi nous voulons le remplacer, c'est-à-dire des buts de l'anarchisme.

Notes et références[edit]

  1. Pierre Kropotkine, Anarchism, p.46. À ressourcer.
  2. Errico Malatesta, Verso l'anarchia (Vers l'Anarchie), in La questione sociale du 9 décembre 1899.
  3. Michel Bakounine, Fédéralisme, Socialisme et Antithéologisme, in Œuvres Tome I, p. 59.
  4. « on the abolition of the State and the abolition of usury; on no more government of man by man, and no more exploitation of man by man. »
    Benjamin Tucker, cité par Eunice Schuster in Native American Anarchism, p.140.
  5. « is a universal condemnation of hierarchy and domination and a willingness to fight for the freedom of the human individual. »
    L. Susan Brown, The Politics of Individualism, p.108.
  6. « Anarchism [...] teaches the possibility of a society in which the needs of life may be fully supplied for all, and in which the opportunities for complete development of mind and body shall be the heritage of all. [...] [It] teaches that the present unjust organisation of the production and distribution of wealth must finally be completely destroyed, and replaced by a system which will insure to each the liberty to work, without first seeking a master to whom he [or she] must surrender a tithe of his [or her] product, which will guarantee his liberty of access to the sources and means of production. [...] Out of the blindly submissive, it makes the discontented; out of the unconsciously dissatisfied, it makes the consciously dissatisfied. [...] Anarchism seeks to arouse the consciousness of oppression, the desire for a better society, and a sense of the necessity for unceasing warfare against capitalism and the State. »
    Voltairine de Cleyre, Anarchy! An Anthology of Emma Goldman's Mother Earth, pp. 23-24.
  7. Pierre Kropotkine, Op. Cit., p.46. À ressourcer.
  8. Michel Bakounine, La réaction en Allemagne, fragment, par un Français, in Die Deutschen Jahrbücher (Annales allemandes ), 1842.
  9. « Anarchism is a movement for human freedom. It is concrete, democratic and egalitarian. [...] Anarchism began -- and remains -- a direct challenge by the underprivileged to their oppression and exploitation. It opposes both the insidious growth of state power and the pernicious ethos of possessive individualism, which, together or separately, ultimately serve only the interests of the few at the expense of the rest.
    « Anarchism is both a theory and practice of life. Philosophically, it aims for the maximum accord between the individual, society and nature. Practically, it aims for us to organise and live our lives in such a way as to make politicians, governments, states and their officials superfluous. In an anarchist society, mutually respectful sovereign individuals would be organised in non-coercive relationships within naturally defined communities in which the means of production and distribution are held in common.
    « Anarchists are not dreamers obsessed with abstract principles and theoretical constructs. [...] Anarchists are well aware that a perfect society cannot be won tomorrow. Indeed, the struggle lasts forever! However, it is the vision that provides the spur to struggle against things as they are, and for things that might be. [...]
    « Ultimately, only struggle determines outcome, and progress towards a more meaningful community must begin with the will to resist every form of injustice. In general terms, this means challenging all exploitation and defying the legitimacy of all coercive authority. If anarchists have one article of unshakeable faith, it is that, once the habit of deferring to politicians or ideologues is lost, and that of resistance to domination and exploitation acquired, then ordinary people have a capacity to organise every aspect of their lives in their own interests, anywhere and at any time, both freely and fairly.
    « Anarchists do not stand aside from popular struggle, nor do they attempt to dominate it. They seek to contribute practically whatever they can, and also to assist within it the highest possible levels of both individual self-development and of group solidarity. It is possible to recognise anarchist ideas concerning voluntary relationships, egalitarian participation in decision-making processes, mutual aid and a related critique of all forms of domination in philosophical, social and revolutionary movements in all times and places. »
    Stuart Christie, My Granny made me an Anarchist, pp. 162-163.

Sources[edit]