Difference between revisions of "FAQAnar:A.2.6 - Pourquoi la solidarité est importante pour les anarchistes ?"

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Revision as of 19:44, 23 May 2011

Catégorie:Que représente l'Anarchisme?

FAQ anarchiste
Anarchy-symbol.svg
« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
A - Qu'est-ce que l'anarchisme ?

Introduction

A.1 - Qu'est ce que l'Anarchisme ?


A.1.1 - Qu'est-ce que "Anarchie" signifie ?
A.1.2 - Qu'est-ce que "Anarchisme" signifie ?
A.1.3 - Pourquoi l'Anarchisme est appelé aussi socialisme libertaire ?
A.1.4 - Les Anarchistes sont-ils socialistes ?
A.1.5 - D'où vient l'anarchisme ?


A.2 - Que représente l'Anarchisme?


A.2.1 - Quelle est l'essence de l'anarchisme ?
A.2.2 - Pourquoi les anarchistes prônent-ils la liberté ?
A.2.3 - Les Anarchistes sont-ils en faveur de l'organisation ?
A.2.4 - Les Anarchistes sont-ils en faveur de la liberté "absolue" ?
A.2.5 - Pourquoi les anarchistes sont-ils en faveur de l'égalité ?
A.2.6 - Pourquoi la solidarité est importante pour les anarchistes ?
A.2.7 - Pourquoi les anarchistes plaident-ils pour l'émancipation individuelle ?
A.2.8 - Est-il possible d'être un anarchiste sans s'opposer à la hiérarchie ?
A.2.9 - Quelle sorte de société les anarchistes veulent-ils ?
A.2.10 - Qu'est-ce que la suppression de la hiérarchie signifiera et amènera ?
A.2.11 - Pourquoi la plupart des anarchistes soutiennent-ils la démocratie directe ?
A.2.12 - Le consensus est-il une alternative pour s'organiser en démocratie ?
A.2.13 - Les anarchistes sont-ils des individualistes ou des collectivistes ?
A.2.14 - Pourquoi le volontarisme n'est pas suffisant ?
A.2.15 - Que dites-vous de la nature humaine ?
A.2.16 - L'anarchisme exige-t-il des personnes "parfaites" pour qu'une société anarchiste puisse exister ?
A.2.17 - Est-ce que la plupart des gens ne sont pas trop stupides pour qu'une société libre puisse exister ?
A.2.18 - Est-ce que les anarchistes supportent le terrorisme ?
A.2.19 - Quelles vues éthiques les anarchistes tiennent-ils ?
A.2.20 - Pourquoi la plupart des anarchistes sont athées ?


A.3 - Quelles sortes d'anarchisme existe-t-il ?


A.3.1 - Quelles sont les différences entre les individualistes et les socialistes anarchistes ?
A.3.2 - Y-a-t-il des différents types d'anarchisme socialiste ?
A.3.3 - Quels sortes d'écologisme anarchiste y a t il ?
A.3.4 - Est-ce que l'anarchisme est pacifiste ?
A.3.5 - Qu'est-ce que l'anarcha-feminisme ?
A.3.6 - Quelle est la culture Anarchiste ?
A.3.7 - Existe-t-il des anarchistes religieux ?
A.3.8 - Qu'est-ce que "anarchisme sans adjectif" ?
A.3.9 - Qu'est ce que l'anarcho-primitivisme ?


A.4 - Qui sont les penseurs reconnus dans l'anarchisme ?


A.5 - Quels sont des exemples "d'anarchie en action" ?


A.5.1 - La commune de Paris
A.5.2 - Les martyrs de Haymarket
A.5.3 - La création des unions syndicales
A.5.4 - Les anarchistes dans la Révolution russe
A.5.5 - Les anarchistes dans les occupations d'usines en Italie
A.5.6 - L'anarchisme et la révolution en Espagne
A.5.7 - Révolte en France en Mai/Juin 1968

Sommaire complet et détaillé


La solidarité, ou l’entraide, est l'idée clé de l'anarchisme. C'est le lien entre l'individu et la société, le moyen par lequel les individus peuvent travailler ensemble pour répondre à leurs intérêts communs dans un environnement qui soutient et encourage la liberté et l’égalité. Pour les anarchistes, l'entraide est un élément fondamental de la nature humaine, une source à la fois de force et de bonheur, et une condition fondamentale d'une existence pleinement humaine.

Erich Fromm, un célèbre psychologue socialiste humaniste, montre que « le désir humain de connaître et d'expérimenter des unions avec d'autres est enraciné dans les conditions spécifiques de l'existence qui caractérisent l'espèce humaine et est une des plus fortes motivations du comportement humain. »[1]

Ainsi les anarchistes considèrent le désir de former des « unions » (pour reprendre le terme de Max Stirner) avec d'autres individus comme un besoin naturel. Ces unions, ou associations, doivent être basées sur l'égalité et l'individualité pour pleinement satisfaire ceux qui les rejoignent, c'est-à-dire qu'elles doivent être organisées de façon anarchiste : volontaire, décentralisée et non-hiérarchique.

La solidarité — la coopération entre individus — est nécessaire à la vie et est loin d'être un déni de liberté. La solidarité, observait Malatesta, « est le seul environnement dans lequel l'être humain peut exprimer sa personnalité et atteindre son développement optimal et prendre plaisir aux meilleurs bien-être possibles. » Cela, « issu à la fois des individus pour le bien-être commun et de tous pour le bien-être de chaque individu, » « la liberté de chacun de ne pas être limité, mais complété — en fait trouver la véritable raison d'être — par la liberté de chacun. »[2] En d'autres termes, la solidarité et la coopération signifient se traiter les un(e)s les autres en égaux/ales, refuser de traiter les autres comme une fin en soi et créer des relations en faveur de la liberté pour tous plutôt qu'une minorité dirige la masse. Emma Goldman a repris ce thème, notant « quel magnifique résultat cette force unique de l'individualité humaine réalise quand elle est renforcée par la coopération avec d'autres individualités [...] la coopération — à l'opposé des luttes et conflits fratricides — a Å“uvré pour la survie et l'évolution des espèces. Seule l'entraide et la coopération volontaire [...] peuvent créer la base d'une vie individuelle et associative libre. » [3]

La solidarité signifie s'associer ensemble en égaux pour satisfaire nos intérêts et besoins communs. Les formes d'association non-basées sur la solidarité (c'est-à-dire celles basées sur l'inégalité) broient les individualités de celles et ceux qui y sont soumis(es). Comme Ret Marut le montre, la solidarité, la reconnaissance des intérêts communs, est nécessaire à la liberté :

« L'amour le plus noble, le plus pur et le plus vrai de l'être humain est l'amour de soi. Je veux être libre ! J'espère être heureux ! Je veux apprécier toutes les beautés du monde. Mais ma liberté n'est garantie que quand tous ceux qui m'entourent sont eux aussi libres. Je ne peux être heureux que quand tous ceux qui m'entourent sont heureux. Je ne peux être joyeux que quand les personnes que je vois et que je rencontre regardent le monde avec les yeux remplis de joie. Et je ne peux être rassasié de plaisir que quand j'ai la certitude que les autres, eux aussi, sont rassasiés comme je le suis. Et pour cette raison, c'est une question de satisfaction personnelle, juste pour moi-même, quand je me rebelle contre tous les dangers qui menacent ma liberté et mon bonheur. »[4]

Être solidaires signifie que nous reconnaissons, comme le slogan du syndicat américain Industrial Workers of the World, que « blesser un de nous est nous blesser tous. » Ainsi, la solidarité est le moyen de protéger notre individualité et notre liberté et est une expression de notre intérêt personnel. Comme Alfie Kohn le montre :

« Quand nous pensons à la coopération [...] nous tentons d'associer ce concept avec un idéalisme flou. [...] Cela peut venir de la confusion entre la coopération et l'altruisme. [...] La coopération structurée défie la dichotomie usuelle égoïsme/altruisme. Elle lie les choses de telle façon que quand je t'aides je m'aide moi-même. Même si ma motivation première était égoïste, nos destins sont maintenant liés. Nous coulons ensemble ou nous nageons ensemble. La coopération est une stratégie astucieuse et très performante — un choix pragmatique qui fait que les choses faites au travail ou à l'école sont plus efficaces que celles faites par compétition. [...] Il existe aussi de bonnes preuves que la coopération conduit plus facilement à une bonne santé psychologique et à lier des personnes entre elles que la compétition. »[5]

Et, au sein dune société hiérarchique, la solidarité est importante d'abord pour la satisfaction qu'elle nous donne, mais aussi parce qu'elle est nécessaire pour résister à ceux qui détiennent le pouvoir. Il est intéressant ici de citer Malatesta :

« Les masses opprimées qui ne se sont jamais complétement résignées à l'oppression et à la pauvreté, et qui [...] montrent une soif de justice, de liberté et de bien-être, commencent à comprendre qu'elles ne seront pas capables d'obtenir leur émancipation sans union et sans solidarité avec tous les opprimés, avec tous ceux qui sont exploités partout dans le monde. »[6]

En se levant tous ensembles, nous pouvons être plus forts et obtenir tout ce que nous voulons. Au final, en s'organisant en groupes, nous pouvons commencer à gérer nos affaires collectives ensembles et nous remplacer nos chefs une bonne fois pour toutes. « Les unions [...] multiplieront les moyens individuels et sécuriseront les propriétés assaillies. »[7] En agissant avec solidarité, nous pouvons aussi remplacer le système actuel par un qui correspond plus à nos attentes et à nos espérances : « l'union fait la force. »[8]

La solidarité est ainsi le moyen par lequel nous pouvons obtenir et garder notre liberté. Nous nous mettons d'accord pour travailler ensemble pour ne pas à avoir à travailler pour un autre. En acceptant de partager, nous diversifions nos options, et ainsi nous pouvons plus en profiter. L'entraide est mon intérêt personnel, c'est-à-dire que je vois l'avantage que j'ai en parvenant à des accords avec d'autres, accords basés sur le respect mutuel et l'égalité sociale ; si je domine quelqu'un, cela veut dire que les conditions autorisent la domination, et ainsi je serais probablement dominé à mon tour.

Comme Max Stirner l'avait vu, la solidarité est le moyen de s'assurer que notre liberté est renforcée et qu'elle est défendue de ceux qui ont le pouvoir et veulent nous dominer : « Vous ne valez rien alors ? », demande-t-il. « ÃŠtes-vous tenu de laisser n'importe qui faire ce qu'il veut de vous ? Défendez-vous et personne ne vous touchera. Si des millions de gens sont derrière vous, vous supportent, alors vous avez une force formidable et vous vaincrez sans difficulté. »[9]

Par conséquent la solidarité est fondamentale pour les anarchistes car c'est le moyen grâce auquel la liberté peut être créée et défendue des menaces du pouvoir. La solidarité est une force et un produit de notre nature en tant qu'êtres humains. Cependant, la solidarité ne doit pas être confondue avec le fait de se transformer en « mouton de Panurge », qui est le fait de suivre passivement un leader. Pour être efficace, la solidarité doit être créée par des personnes libres, qui coopèrent en égaux. Le « grand NOUS » n'est pas la solidarité, bien que le désir de devenir un « mouton de Panurge » est le produit de notre besoin de solidarité et d'union. C'est en fait une « solidarité » corrompue par la société hiérarchique, au sein de laquelle les gens sont conditionnés pour obéir aveuglément aux leaders.

Notes et références

  1. Erich Fromm, To Be or To Have (Être ou avoir), p. 107
  2. Errico Malatesta, Anarchy (Anarchie), p. 29.
  3. Emma Goldman, Red Emma Speaks (Emma la rouge parle), p. 118.
  4. Ret Marut (alias B. Traven), The BrickBurner magazine cité par Karl S. Guthke, B. Traven: The life behind the legends (B. traven : La vie derrière les légendes), pp. 133-134.
  5. Alfie Kohn, No Contest: The Case Against Competition, p. 7.
  6. Errico Malatesta, Anarchy (L'Anarchie), p. 33.
  7. Max Stirner, The Ego and Its Own (L'Ego et ce qui lui appartient), p. 258.
  8. Alexandre Berkman, What is Anarchism? (Qu'est-ce que l'anarchisme ?), p. 74.
  9. Max Stirner, cité par Luigi Galleani dans The End of Anarchism? (La fin de l'anarchisme), p. 79, traduction différente dans The Ego and Its Own, p. 197.