FAQAnar:A.2.20 - Pourquoi la plupart des anarchistes sont athées ?
Catégorie:Que représente l'Anarchisme?
L'avancement de cette traduction est de 60%. |
C'est un fait avéré que la plupart des anarchistes sont athées. Ils/elles rejettent l'idée de déité et s'opposent à toute forme de religion, en particulier les Églises. De nos jours, dans les pays d'Europe de l'Ouest laïcisés, la religion a perdu sa place dominante au sein de la société. Cela peut rendre le militantisme athée des anarchistes quelque peu étrange. Toutefois, lorsque le rôle néfaste de la religion est compris, l'importance de l’athéisme anarchiste devient évident. C'est à cause du rôle de la religion et de ses institutions que les anarchistes se sont acharné(e)s à la fois à réfuter l'idée de religion et à faire de la propagande pour s'y opposer.
Pourquoi est-ce beaucoup d'anarchistes se disent athées ? La réponse la plus simple est que la plupart des anarchistes sont athées car l'athéisme est une extension logique des idées anarchistes. L'anarchisme prônant le rejet de l'autorité illégitime, il prône par conséquent le rejet de la soi-disant Autorité Suprême, Dieu. L'anarchisme repose sur la raison, la logique et le raisonnement scientifique, et non pas sur la croyance religieuse. Les anarchistes ont plutôt tendance à être sceptiques que croyant(e)s. La plupart des anarchistes considèrent que les Églises sont imprégnées par l'hypocrisie et que les Livres Saints sont des œuvres de fiction, criblées de contradictions, d'absurdités et d'horreurs. L'abaissement des femmes et leur sexisme notoires est infamant. Les hommes sont à peine mieux traités. Nulle part n'est fait mention dans la Bible que les êtres humains ont le droit inhérent à la vie, à la liberté, au bonheur, à la dignité ou à l'auto-gouvernement. Dans la Bible, les humains sont des pécheurs, des vers, des esclaves (figurativement et littéralement, puisque l'esclavage est toléré). Dieu a tous les droits, l'humanité aucun.
Cela n'est guère surprenant, étant donné la nature de la religion. Comme le dit Michel Bakounine :
- « l’idée de Dieu implique l’abdication de la raison et de la justice humaines, elle est la négation la plus décisive de l’humaine liberté et aboutit nécessairement à l’esclavage des hommes, tant en théorie qu’en pratique.
- « À moins donc de vouloir l’esclavage et l’avilissement des hommes, comme le veulent les jésuites, comme le veulent les momiers[1], les piétistes[2] ou les méthodistes protestants, nous ne pouvons, nous ne devons faire la moindre concession ni au Dieu de la théologie ni à celui de la métaphysique. Car dans cet alphabet mystique, qui commence par dire : « A devra fatalement finir par dire Z », qui veut adorer Dieu doit, sans se faire de puériles illusions, renoncer bravement à sa liberté et à son humanité.
- « Si Dieu est, l’homme est esclave ; or l’homme peut, doit être libre, donc Dieu n’existe pas. Je défie qui que ce soit de sortir de ce cercle ; et maintenant, qu’on choisisse. »[3]
Pour la plupart des anarchistes alors, l'athéisme est nécessaire à cause de la nature de la religion. Pour reprendre Bakounine : « Proclamer comme divin tout ce qu’on trouve de grand, de juste, de noble, de beau dans l’humanité, c’est reconnaître implicitement que l’humanité par elle-même aurait été incapable de le produire : ce qui revient à dire qu’abandonnée à elle-même, sa propre nature est misérable, inique, vile et laide. Nous voilà revenus à l’essence de toute religion, c’est-à -dire au dénigrement de l’humanité pour la plus grande gloire de la divinité. » Les anarchistes soutiennent alors que pour rendre justice à notre humanité et au potentiel qu'elle possède, nous devons, sans s'aider du mythe dangereux de Dieu et de tout ce qu'il implique, et « en vue de la liberté humaine, de la dignité humaine et de la prospérité humaine, reprendre au ciel les biens qu’il a dérobés à la terre, pour les rendre à la terre. »[4]
Mais plus que l'avilissement théorique de l'humanité et de sa liberté, la religion entraîne aussi d'autres problèmes, plus pratiques. Premièrement, les religions ont toujours été des sources d'inégalité et d'oppression. Le Christianisme (comme l'Islam) par exemple, a toujours été une force de répression à chaque fois qu'il a été en position de domination politique ou sociale (penser avoir une ligne directe avec Dieu est un bon moyen pour créer une société autoritaire). L'Église a été une force de répression sociale, et la justification de chaque tyran pendant presque deux millénaires. Quand elle en a eu l'occasion, elle a dirigé la société aussi cruellement que n'importe quel despote ou dictateur. Cela n'est guère surprenant :
- « Dieu étant tout, le monde réel et l’homme ne sont rien. Dieu étant la vérité, la justice, le bien, le beau, la puissance et la vie, l’homme est le mensonge, l’iniquité, le mal, la laideur, l’impuissance et la mort. Dieu étant le maître, l’homme est l’esclave. Incapable de trouver par lui-même la justice, la vérité et la vie éternelle, il ne peut y arriver qu’au moyen d’une révélation divine. Mais qui dit révélation, dit révélateurs, messies, prophètes, prêtres et législateurs inspirés par Dieu même ; et ceux-là une fois reconnus comme les représentants de la Divinité sur la terre, comme les saints instituteurs de l’humanité, élus par Dieu même pour la diriger dans la voie du salut, ils doivent nécessairement exercer un pouvoir absolu. Tous les hommes leur doivent une obéissance illimitée et passive, car contre la Raison divine il n’y a point de raison humaine, et contre la Justice de Dieu il n’y a point de justice terrestre qui tienne. »[5]
Le Christianisme n'a fait que détourner ces concepts initiaux de tolérance, d’amour et de paix, lorsqu'il n'avait pas de pouvoir politique, vers l'apologie des puissants quand il l'a obtenu. C'est la seconde raison pour laquelle les anarchistes s'opposent aux Églises : même quand elles n'ont pas été une source d'oppression, elles l'ont justifiée et ont facilité sa prolongation. Elles ont maintenu la classe ouvrière en esclavage pendant des générations en consacrant la loi d'autorité terrestre[6] et en enseignant à cette même classe ouvrière de ne pas se révolter contre cette autorité terrestre. Les dirigeants terrestres ont reçu leur légitimité du Dieu céleste, qu'elle soit politique (les dirigeants sont au pouvoir par volonté divine) ou économique (les riches ont été récompensé(e)s). La Bible prône l'obéissance, l'élevant en vertu. Des évolutions plus récentes, comme l'éthique travailleuse protestante, ont aussi contribué à l'envoûtement de la classe ouvrière.
Le fait que cette religion soit utilisée pour servir les intérêts des puissants peut être illustré assez facilement grâce à son histoire. Elle conditionne les opprimé(e)s à accepter humblement leur place en étant dociles et en attendant de recevoir leur récompense au Ciel. Comme le montre Emma Goldman, le Christianisme (comme toute religion en général) « ne contient rien de dangereux pour le régime de l'autorité et de la richesse ; il prône le sacrifice de soi, l'abnégation, la pénitence et le regret, et est tout à fait inerte face à toute [in]dignité, tout outrage fait à l'Humanité. »[7]
Troisièmement, la religion a toujours été une force conservatrice au sein de la société. Cela n'est guère surprenant, puisqu'elle se base non sur l'enquête et l'analyse du monde réel, mais plutôt sur la répétition des vérités léguées d'en-haut et inscrites dans quelques livres sacrés. Le théisme est donc « la théorie de la spéculation » alors que l'athéisme est « la science de la démonstration. » « Le premier se raccroche aux nuages métaphysiques de l'Au-delà , tandis que le second est profondément enraciné dans le sol. C'est la Terre, non le Ciel, que l'Homme doit secourir s'il doit vraiment être sauvé. » L'athéisme « exprime l'expansion et la croissance de l'esprit humain » tandis que le théisme « est statique et fixé. » C'est « l'absolutisme du théisme, son influence pernicieuse sur l'Humanité, son effet paralysant sur la pensée et l'action, que combat l'athéisme avec tout son pouvoir. »[8]
Comme le dit la Bible, « C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez »[9] Nous, les anarchistes, sommes d'accord, mais, à l'inverse de l'Église, nous appliquons cette vérité à la religion aussi. C'est pourquoi nous sommes, pour la plupart, athées. Nous reconnaissons le rôle destructeur de l'Église, et les effets nocifs des monothéismes organisés sur les gens. Comme Goldman le résume, la religion « est la conspiration de l'ignorance contre la raison, de l'obscurité contre la lumière, de la soumission et de l'esclavage contre l'indépendance et la liberté ; du déni de la force et de la beauté contre l'affirmation d'une vie joyeuse et glorieuse. »[10]
Donc, au vu des fruits de l'Église, les anarchistes soutiennent qu'il est temps de la déraciner et de planter des nouveaux arbres, les arbres de la raison et de la liberté.
That said, anarchists do not deny that religions contain important ethical ideas or truths. Moreover, religions can be the base for strong and loving communities and groups. They can offer a sanctuary from the alienation and oppression of everyday life and offer a guide to action in a world where everything is for sale. Many aspects of, say, Jesus' or Buddha's life and teachings are inspiring and worth following. If this were not the case, if religions were simply a tool of the powerful, they would have long ago been rejected. Rather, they have a dual-nature in that contain both ideas necessary to live a good life as well as apologetics for power. If they did not, the oppressed would not believe and the powerful would suppress them as dangerous heresies.
And, indeed, repression has been the fate of any group that has preached a radical message. In the middle ages numerous revolutionary Christian movements and sects were crushed by the earthly powers that be with the firm support of the mainstream church. During the Spanish Civil War the Catholic church supported Franco's fascists, denouncing the killing of pro-Franco priests by supporters of the republic while remaining silent about Franco's murder of Basque priests who had supported the democratically elected government (Pope John Paul II is seeking to turn the dead pro-Franco priests into saints while the pro-Republican priests remain unmentioned). The Archbishop of El Salvador, Oscar Arnulfo Romero, started out as a conservative but after seeing the way in which the political and economic powers were exploiting the people became their outspoken champion. He was assassinated by right-wing paramilitaries in 1980 because of this, a fate which has befallen many other supporters of liberation theology, a radical interpretation of the Gospels which tries to reconcile socialist ideas and Christian social thinking.
Nor does the anarchist case against religion imply that religious people do not take part in social struggles to improve society. Far from it. Religious people, including members of the church hierarchy, played a key role in the US civil rights movement of the 1960s. The religious belief within Zapata's army of peasants during the Mexican revolution did not stop anarchists taking part in it (indeed, it had already been heavily influenced by the ideas of anarchist militant Ricardo Flores Magon). It is the dual-nature of religion which explains why many popular movements and revolts (particularly by peasants) have used the rhetoric of religion, seeking to keep the good aspects of their faith will fighting the earthly injustice its official representatives sanctify. For anarchists, it is the willingness to fight against injustice which counts, not whether someone believes in god or not. We just think that the social role of religion is to dampen down revolt, not encourage it. The tiny number of radical priests compared to those in the mainstream or on the right suggests the validity of our analysis.
It should be stressed that anarchists, while overwhelmingly hostile to the idea of the Church and an established religion, do not object to people practising religious belief on their own or in groups, so long as that practice doesn't impinge on the liberties of others. For example, a cult that required human sacrifice or slavery would be antithetical to anarchist ideas, and would be opposed. But peaceful systems of belief could exist in harmony within in anarchist society. The anarchist view is that religion is a personal matter, above all else -- if people want to believe in something, that's their business, and nobody else's as long as they do not impose those ideas on others. All we can do is discuss their ideas and try and convince them of their errors.
To end, it should noted that we are not suggesting that atheism is somehow mandatory for an anarchist. Far from it. As we discuss in section A.3.7, there are anarchists who do believe in god or some form of religion. For example, Tolstoy combined libertarian ideas with a devote Christian belief. His ideas, along with Proudhon's, influences the Catholic Worker organisation, founded by anarchists Dorothy Day and Peter Maurin in 1933 and still active today. The anarchist activist Starhawk, active in the current anti-globalisation movement, has no problems also being a leading Pagan. However, for most anarchists, their ideas lead them logically to atheism for, as Emma Goldman put it, "in its negation of gods is at the same time the strongest affirmation of man, and through man, the eternal yea to life, purpose, and beauty." [Red Emma Speaks, p. 248]
Notes et références
- ↑ Protestant dissident de Suisse romande.
- ↑ Membre du courant protestant du piétisme, qui repose plus sur la spiritualité et la piété que sur la connaissance des Écritures.
- ↑ Michel Bakounine, Dieu et l'État.
- ↑ Michel Bakounine, Op. Cit.
- ↑ Michel Bakounine, Op. Cit.
- ↑ Par exemple dans le Christianisme où l'on différencie autorité divine et autorité terrestre.
- ↑ « contains nothing dangerous to the regime of authority and wealth; it stands for self-denial and self-abnegation, for penance and regret, and is absolutely inert in the face of every [in]dignity, every outrage imposed upon mankind. »
Emma Goldman, Red Emma Speaks, p. 234. - ↑ « the theory of speculation » while atheism is « the science of demonstration. » The « one hangs in the metaphysical clouds of the Beyond, while the other has its roots firmly in the soil. It is the earth, not heaven, which man must rescue if he is truly to be saved. » Atheism, then, « expresses the expansion and growth of the human mind » while theism « is static and fixed. » It is « the absolutism of theism, its pernicious influence upon humanity, its paralysing effect upon thought and action, which Atheism is fighting with all its power. »
Emma Goldma, Op. Cit., pp. 246-247. - ↑ Matthieu, 7 16, traduction du chanoine Crampon. Les désigne ici les faux prophètes. Le verset signifie que nous sommes capables de différencier les faux prophètes des vrais grâce à leurs actions et à leurs dires.
- ↑ « is the conspiracy of ignorance against reason, of darkness against light, of submission and slavery against independence and freedom; of the denial of strength and beauty, against the affirmation of the joy and glory of life. »
Emma Goldma, Op. Cit., p. 240.
|