FAQAnar:A.2 - Que représente l'Anarchisme?

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FAQ anarchiste
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« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
A - Qu'est-ce que l'anarchisme ?

Introduction
A.1 - Qu'est ce que l'Anarchisme ?



A.2 - Que représente l'Anarchisme?



A.3 - Quelles sortes d'anarchisme existe-t-il ?



A.4 - Qui sont les penseurs reconnus dans l'anarchisme ?



A.5 - Quels sont les exemples "d'anarchie en action" ?



Sommaire complet et détaillé

Ces quelques mots de Percy Bysshe Shelley donnent une idée de ce que représente l’anarchisme dans la pratique et quels idéaux le motivent :

« L’homme à l’âme vertueuse ne commande pas, ni n’obéit : Le pouvoir, comme une ruineuse pestilence, Pollue tout ce qu’il touche, et l’obéissance, le fléau de tout génie, vertu, liberté, et vérité, Fait des hommes des esclaves et de l’humanité Un automate mécanisé. »

Comme les vers de Shelley le suggèrent, les anarchistes accordent une grande importance à la liberté, la désirant à la fois pour eux-mêmes et pour les autres. Ils considèrent également l’individualité — ce qui fait à d’une personne un être unique — comme étant l’aspect le plus important de l’humanité. Ils reconnaissent, cependant, que l’individualité n’existe pas dans le vide mais est un phénomène social. A l’extérieur de la société, l’individualité est impossible, puisqu’on a besoin des autres pour se développer, grandir, et subvenir à ses besoins.

D’ailleurs, entre le développement individuel et social il y a un effet de réciprocité : les individus se développent dans et sont formés par une société particulière, alors qu’en même temps ils aident à former et changer des aspects de cette société (aussi bien que lui-même et d’autres individus) par leurs actions et pensées. Une société qui ne serait pas basée sur des individus libres, leurs espoirs, leurs rêves et leurs idées serait vide et morte. Ainsi, « La fabrication d’un être humain ... est un processus collectif, un processus dans lequel la communauté et les individus participent également." [Murray Bookchin, The Modern Crisis, p. 79] En conséquence, toute théorie politique qui se base purement sur le social ou sur l’individu est fausse.

Afin que l’individualité puisse se développer de la meilleure manière possible, les anarchistes considèrent comme essentiel de créer une société basée sur trois principes : la liberté, la solidarité et l’égalité, qui sont interdépendantes.

La liberté est essentielle pour la pleine maturation de l’intelligence humaine, de la créativité, et de la dignité. Être dominé par les autres est se voir nié la chance de penser et agir par soi-même, qui est la seule manière de se développer et de développer son individualité. La domination étouffe également l’innovation et la responsabilité personnelle, menant au conformisme et à la médiocrité. Ainsi la société qui maximise le developpement de l’individualité sera nécessairement basée sur l’association volontaire, et pas sur la coercition ni l’autorité. Pour citer Proudhon, « Tous associés et tous libres. » Ou, comme Luigi Galleani le note, l’anarchisme est « l’autonomie de l’individu dans la liberté d’association » [The End of Anarchism ?, p. 35] (Voir la section A.2.2 - Pourquoi les anarchistes mettent-ils l’accent sur la liberté ?).

Si la liberté est essentielle pour le plein développement de l’individualité, alors il est essentielle pour la liberté que l’égalité soit réelle. Il ne peut y avoir aucune vraie liberté dans une société avec des inégalités brutes de puissance, de richesses, et de privilèges, stratifiée en classes et hiérarchisée. Car dans une telle société seuls quelques uns — ceux du dessus de la hiérarchie — sont relativement libres, alors que le reste sont des semi-esclaves. Par conséquent, sans égalité, la liberté devient une farce — au mieux la « liberté » de choisir son maître (ou patron), comme sous le capitalisme. D’ailleurs, même l’élite dans de telles conditions n’est pas vraiment libre, parce qu’elle doit vivre dans une société rendue laide et stérile par la tyrannie et l’aliénation éxercée sur la majorité. Et puisque l’individualité se développe pleinement seulement avec les contacts les plus importants avec d’autres individus libres, les membres de l’élite sont limités dans les possibilités pour leur propre développement par la pénurie d’individus libres avec qui interagir. (Voir également la section A.2.5 - Pourquoi les anarchistes sont-ils en faveur de l’égalité ?)

Enfin, la solidarité signifie l’aide mutuelle : travailler volontairement et coopérativement avec d’autres qui partagent les mêmes buts et intérêts. Mais sans liberté et égalité, la société devient une pyramide de classes concurrentes, basée sur la domination des classes inférieures par les strates les plus hautes. Dans une telle société, comme nous le savons en observant les nôtres, c’est « domine ou soit dominé », « les loups se mangent entre eux », et « chacun pour soi ». Ainsi « l’individualisme brut » est favorisé aux dépens du sentiment de la communauté, avec des classes basses maltraitées par celles se trouvant au-dessus d’elles et des classes hautes craignant la révolte de celes qui se trouvent en dessous d’elles. Dans de telles conditions, il ne peut y a aucune solidarité à l’echelle de la société, mais seulement une forme partielle de solidarité à l’intérieur des classes dont les intérêts sont opposés, ce qui affaiblit la société dans l’ensemble. (Voir également la section A.2.6 - Pourquoi la solidarité est-elle importante pour les anarchistes ?)

Il convient de noter que la solidarité n’implique pas le dévouement ou la négation de soi. Comme Errico Malatesta le dit clairement :

« Nous sommes tous des égoïstes, nous cherchons tous notre propre satisfaction. Mais l’anarchiste trouve sa plus grande satisfaction dans la lutte pour le bien de tous, pour l’accomplissement d’une société dans laquelle il peut être un frère parmi des frères, et parmi des personnes en bonne santé, intelligentes, instruites, et heureuses. Mais celui qui s’adapte, qui est satisfait de vivre parmi des esclaves et de tirer bénéfice du travail des esclaves, n’est pas, et ne peut pas être, un anarchiste. » [Life and Ideas, p. 23]

Pour des anarchistes, la vraie richesse, ce sont les gens vivant avec nous sur notre planète.

En outre, honorer l’individualité ne signifie pas que les anarchistes sont des idéalistes, pensant que les gens ou les idées se développent en dehors de la société. L’individualité et les idées se développent dans la société, en réponse à des expériences et des interactions matérielles et intellectuelles, que les gens analysent et interprètent activement. L’anarchisme est, donc, une théorie materialiste, reconnaissant que les idées se développent via l’interaction sociale et l’activité mentale des individus (Voir Dieu et l’Etat de Michael Bakunin pour une discussion classique comparant l’idéalisme et le matérialisme).

Ceci signifie qu’une société d’anarchiste sera la création d’êtres humains, d’un quelconque dieu ou de tout autre principe transcendental, puisque « Rien ne s’arrange jamais soi-même, et moins encore dans les relations humaines. C’est [sic] des hommes qui font des arrangements, et ils le font selon leurs attitudes et leurs compréhensions des choses. » [Alexander Berkman, ABC of Anarchism, page 42]

Par conséquent, l’anarchisme se base sur la puissance des idées et de la capacité des personnes d’agir et de transformer leurs vies, en se basant sur ce qu’elles considèrent comme juste. En d’autres termes, la liberté.

Notes et références