FAQAnar:A.3.3 - Quels sortes d'écologisme anarchiste y a-t-il ?
Catégorie:Quelles sortes d'anarchisme existe-t-il ?
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L'accent mis sur les idées anarchistes comme solutions à la crise écologique est une tendance commune au sein de la plupart des courants anarchistes aujourd'hui. Cette tendance remonte toutefois à la fin du XIXe siècle avec les travaux de Piotr Kropotkine et Élisée Reclus. Pour ce dernier par exemple, « une harmonie secrète existe entre la Terre et le peuple qu'elle nourrit, et quand des sociétés imprudentes violent cette harmonie, elles finissent toujours par le regretter. » De la même manière, aucun(e) écologiste actuel(le) ne contestera le fait que « l'homme [ou la femme] vraiment civilisé comprend que sa nature est liée aux intérêts de tous les autres êtres humains, ainsi qu'à la Nature. Il [ou elle] répare les dégâts causés par ses prédécesseurs et travaille à améliorer son domaine. »[1]
Quant à Kropotkine, pour lui une société anarchiste serait basée sur une confédération de communautés qui intégrerait tout autant les travaux manuels et qu'intellectuels, comme l'industrie décentralisée et intégrée et l'agriculture (voir à ce sujet son œuvre classique Champs, usines et ateliers). Cette conception de l'économie ce qui est petit est beau a été proposée presque 70 ans avant de devenir un credo du mouvement écologiste naissant. De plus, dans son livre Entraide, Kropotkine explique comment la coopération au sein d'une espèce et entre chaque espèce et son environnement est généralement plus bénéfique pour l'espèce que ne l'est la compétition. Les écrits de Kropotkine, ainsi que ceux de William Morris, des frères Reclus (qui étaient tous deux, comme Kropotkine, des géographes mondialement reconnus) et de beaucoup d'autres ont posé les fondations de l'intérêt actuel des anarchistes aux problèmes environnementaux.
Cependant, bien qu'il y ait de nombreux thèmes écologistes dans la l'anarchisme classique, ce n'est que récemment que les similarités entre les pensées écologiste et anarchiste ont commencé à attirer l'attention. Cela est principalement dû à la publication d’Écologie et pensée révolutionnaire, le livre de Murray Bookchin en 1965. En fait, c'est sans exagération que l'on peut dire que les idées et les écrits de Murray Bookchin ont placé les questions écologiques et climatiques au cœur de l'anarchisme, et les idéaux et analyses anarchistes au sein de nombreux aspects du mouvement écologiste.
Avant d'aborder les différents types d'anarchisme écologique (aussi appelé écoanarchisme, anarchisme bio ou anarchisme vert), il serait intéressant d'expliquer ce qu'ont exactement en commun l'anarchisme et l'écologie. Selon Murray Boockchin, « les écologistes et les anarchistes mettent tous l'accent sur la spontanéité » et « pour les écologistes et les anarchistes, une unité toujours croissante est acquise en cultivant les différences. Un tout en expansion est créé par la diversification et l'enrichissement de ses parties. » De plus, « à la manière des écologistes qui cherchent à agrandir la portée d'un écosystème et à promouvoir les interactions libres entre les espèces, les anarchistes cherchent à agrandir la portée des expérimentations sociales et à se débarrasser des fers qui entravent leur développement. »[2]
Par conséquent l'intérêt des anarchistes pour le développement libre, la diversité et la spontanéité se reflète dans les idées et préoccupations anarchistes. De par leur nature propre, la hiérarchie, la centralisation, l'État et la concentration des richesses réduisent la diversité et le développement libre des individus et des communautés, et ainsi affaiblissent l'écosystème social tout autant que les écosystèmes réels auxquels les sociétés humaines appartiennent. Comme le montre Boockhin, « le message re-constructif écologiste [est que] nous devons conserver et promouvoir la diversité » mais, au sein de la société capitaliste moderne, « tout ce qui est spontané, créatif et individualisé est limité par le standardisé, le régulé et le massifié. »[3] Dès lors, de bien des points de vue, l'anarchisme peut être considéré comme l'application des idées écologiques à la société, puisque l'anarchisme vise à donner du pouvoir aux individus et aux communautés. Un pouvoir politique, social et économique décentralisé pour que les individus et la vie sociale puissent se développer librement et se diversifier. C'est pour cela que Brian Morris avance que « la seule tradition politique qui complète et qui se connecte totalement à l'écologie — de manière authentique — est l'anarchisme. »[4]
Quels sont donc les types d'écologisme anarchistes ? Tandis que la plupart des formes modernes de l'anarchisme considèrent qu'elles possèdent une dimension écologique, la tendance éco-anarchiste se focalise sur deux points : l’écologie sociale et le "primitivisme". De plus, certains anarchistes, peu nombreux, sont influencé(e)s par l’écologie profonde. L'écologie sociale est de loin le courant le plus influent et qui rassemble le plus de partisans. Cette tendance est associée avec les idées et les travaux de Murray Bookchin, qui a écrit des textes à propos de l'écologisme à partir des années 50 et qui, dans les années 60, a combiné ces problèmes avec l'anarchisme social révolutionnaire. Parmi ses travaux, citons Post-Scarcity Anarchism, Toward an Ecological Society ou encore The Ecology of Freedom.
L'écologie sociale situe les racines de la crise écologique dans les problèmes de domination entre les personnes. La domination de la nature est vue comme le fruit de la domination au sein de la société, mais cette domination n'atteint des proportions de crise qu'au sein d'une société capitaliste. Pour citer Bookchin :
- « L'idée que l'Homme doive dominer la nature est directement issue de la domination de l'Homme par l'Homme. [...] Notre planète s'est réduite à une ressource à exploiter à partir du moment où les liens organiques au sein de la communauté [...] se sont dissouts dans les relations de marché. Ces tendances centenaires se trouvent exacerbées par le capitalisme moderne. La société bourgeoise — à cause de sa nature compétitive inhérente — ne fait pas qu'opposer les humains entre eux : elle fait aussi s'opposer l'humanité entière et la Nature. De la même façon que les êtres humains se sont changés en marchandise, chaque aspect de la Nature est devenue un produit, une ressource qui atteint d'être manufacturée et commercialisée gratuitement. [...] La spoliation de l'esprit humain par le marché est comparable à la spoliation de la Terre par le capital. »[5]
« Dans la mesure où l'écologie cultive une conscience anti-hiérarchique et une sensibilité, une structure et une stratégie de changement social tournée vers la non-domination, elle peut garder sa vraie identité d'expression d'un nouvel équilibre entre l'humanité et la Nature, ainsi que son but qui est une vraie société écologique. », poursuit Bookchin. Les partisans de l'écologie sociale différent de ce que Bookchin appelle l'environnementalisme : tandis que les premiers « cherchent à éliminer le concept de domination de la Nature par l'être humain en élimant la domination de l'Homme par l'Homme, l'environnementalisme se pose comme courant "instrumentaliste" ou technique, dans lequel la Nature n'est que habitude passive, un ensemble d'objets et de forces externes qui doivent être corvéables pour une utilisation humaine, quelle que soit cette utilisation. L'environnementalisme [...] ne remet pas en cause les concepts sous-jacents de la société actuelle, notamment celui selon lequel l'être humain devrait dominer la Nature. Bien au contraire, en développant des techniques afin de réduire les dangers causés par cette domination, il la facilite. »[6]
L'écologie sociale offre la vision d'une société en harmonie avec la Nature, celle « qui implique un renversement fondamental de toutes les tendances qui ont marqué le développement de la technologie capitaliste et de la société bourgeoise : la spécialisation minutieuse des machines et du travail, la concentration des ressources et des peuples dans de gigantesques entreprises industrielles ou dans des entités urbaines, la stratification et la bureaucratisation de la nature et de l'être humain. » Une telle écotopie[7]« établirait des éco-communautés entièrement nouvelles artistiquement moulées dans les écosystèmes où elles seraient implantées. » Faisant écho à Kropotkine, Bookchin explique que « ces éco-communautés [...] pourraient faire disparaître la déchirure entre la ville et la campagne, entre le corps et l'esprit, en fusionnant le travail intellectuel et le travail manuel, l'industrie et l'agriculture, grâce à une rotation — ou une diversification — des tâches professionnelles. » Cette société serait basée sur l'utilisation d'une technologie verte et appropriée, une « nouvelle forme de technologie — ou éco-technologie — composée de machines flexibles et polyvalentes qui permettraient de privilégier la durabilité et la qualité, plutôt que l'obsolescence actuelle, caractérisée par la production massive de biens de mauvaise qualité et la circulation rapide de marchandises hors de prix. [...] Cette éco-technologie utiliserait les capacités énergétiques illimitées de la Nature — le soleil et le vent, les marées et les voies d'eau navigables, les différentiels de température de la Terre et l'abondance de l'hydrogène — pour fournir l'éco-communauté en matériaux et déchets non-polluants qui pourraient être recyclés. »[8]
Pour Bookchin, une société écologique « est plus qu'une société qui essaye de compenser le déséquilibre qui existe entre l'humanité et le monde naturel. Une telle vision anémique de la fonction d'une société, en la réduisant à de simples problèmes techniques ou politiques, ne rend pas honneur aux problèmes soulevés par la critique écologique : les problèmes écologiques s'en trouvent réduits à des approches purement technique et instrumentale. L'écologie sociale est, avant tout, une sensibilité qui inclut — en plus d'une critique de la hiérarchie et de la domination — une perspective de reconstruction [...] guidée par une éthique qui promeut la variété sans structurer les différences de manière hiérarchique. [...] Les préceptes de cette éthique sont la participation et la différenciation. »[9]
Ainsi les adeptes de l'écologie sociale considèrent qu'il est essentiel de combattre non pas la civilisation mais la hiérarchie et le capitalisme comme sources des problèmes écologiques. C'est un des points clés qui les différencient des anarchistes primitivistes, qui sont beaucoup plus critiques envers tous les aspects de la vie moderne. Certains allant même jusqu'à appeler à la « fin de la civilisation », en incluant toutes les formes de technologie et d'organisation à grande échelle. Nous aborderons ces idées dans la section A.3.9.
Il faut toutefois noter que le reste des anarchistes critiquent la participation des anarchistes écologistes sociaux aux élections municipales[10], même si les premiers/ères partagent les analyses et les suggestions des second(e)s. Pour les écologistes sociaux, il s'agit d'un moyen pour créer des assemblées autogérées et un contre-pouvoir à l'État. Le reste du mouvement anarchiste les considèrent comme des réformistes, naïfs/naïves quant aux possibilités d'utiliser les élections pour apporter un changement social (voir à ce sujet la section J.5.14). Il préfère se tourner vers l'action directe pour promouvoir les idées anarchistes et écologistes, rejetant les élections, perçu comme une voie sans issue qui n'aboutit qu'à diluer les idées radicales et corrompre les personnes qui s'y impliquent (voir la section J.2 - Qu'est-ce que l'action directe ?).
En dernier lieu, il existe le courant de l'écologie profonde. Beaucoup d'anarchistes le rejettent à cause de sa nature bio-centrée et le considèrent comme anti-humain. Peu d'anarchistes pensent, à la différence des anarchistes profonds, que les êtres humains, en tant que tels, sont la cause de la crise écologique. Murrayt Bookchin a été particulièrement virulent dans sa critique de l'écologie profonde et des idées anti-humaines qui y sont souvent associées[11]. David Watson, lui aussi, a écrit contre l'écologie profonde[12]. Pour la plupart des anarchistes, c'est le système actuel qui est le problème, non les gens, et seuls les gens peuvent changer le système. Selon Murray Bookchin :
- « [Les problèmes de l'écologie profonde] découlent d'une tendance autoritaire vers un biologisme grossier qui utilise la loi naturelle pour dissimuler un manque d'humanité en constante augmentation et pour camoufler une profonde ignorance de la réalité sociale en fermant les yeux sur le fait que nous parlons du capitalisme, non d'une abstraction appelée Humanité ou Société. »[13]
Par conséquent, comme le montre Morris, « en se concentrant entièrement sur la catégorie humanité, les écologistes profonds ignorent ou passent complètement sous silence les origines sociales des problèmes écologiques ou, inversement, biologise des problèmes essentiellement sociaux. » Réduire la critique et les analyses écologiques à des protestations simplistes envers l'être humain conduit à ignorer les causes réelles et les dynamiques de la destruction de la Nature et, ainsi, à avancer qu'une fin à cette destruction ne peut être trouvée. On peut difficilement blâmer les gens quand la vaste majorité d'entre eux n'a aucun mot à dire sur les décisions qui affectent leur vie, leurs communautés, les industries et les écosystèmes. C'est plutôt le système économique et social qui place les profits et le pouvoir au-dessus des peuples et de la planète qui est à critiquer. En se focalisant sur l’Humanité (et ainsi en ne distinguant pas les riches des pauvres, les hommes des femmes, les Blancs des Noirs, les exploiteurs des exploités, les oppresseurs des oppressés) l'écologie profonde passe outre le système dans lequel nous vivons, et ignore les causes institutionnelles des problèmes écologiques. Cette vision peut être « à la fois réactionnaire et autoritaire dans ses implications, et substituer l'étude critique des vrais problèmes sociaux par une compréhension naïve de la Nature. »[14]
Confrontés à un flot incessant de critiques de la part des anarchistes envers certains porte-paroles du mouvement écologiste profond, de nombreux partisans de cette pensée se sont éloignés des idées anti-humaines associées à leur mouvement. L'écologie profonde, ne particulier l'organisation américaine Earth First! (EF!), a considérablement changé au cours du temps, et EF! a maintenant des relations étroites avec le syndicat américain Industrial Workers of the World (IWW). Bien que l'écologie profonde ne soit pas un courant de l'anarchisme vert, les deux mouvements partagent de nombreuses idées et l'écologie profonde est de mieux en mieux acceptée par les anarchistes avec le rejet par EF! de ses quelques idées misanthropiques et par la reconnaissance que la hiérarchie, et non les êtres humains, est le problème. À ce sujet, le livre Defending the Earth présente une discussion entre Murray Bookchin et le leader d'Earth First! Dave Foreman.
Notes et références[edit]
- ↑ Élisée Reclus, cité par George Woodcock in Introduction, Marie Fleming, The Geography of Freedom, p. 15.
- ↑ Murray Bookchin, Post-Scarity Anarchism, p. 36.
- ↑ « the reconstructive message of ecology. . . [is that] we must conserve and promote variety » ; « [a]ll that is spontaneous, creative and individuated is circumscribed by the standardised, the regulated and the massified. »
Murray Bookchin, Op. Cit., p. 35 et p. 26. - ↑ « the only political tradition that complements and, as it were, integrally connects with ecology -- in a genuine and authentic way -- is that of anarchism. »
Brian Morris, Ecology and Anarchism, p. 132. - ↑ « The notion that man must dominate nature emerges directly from the domination of man by man. . . But it was not until organic community relations. . . dissolved into market relationships that the planet itself was reduced to a resource for exploitation. This centuries-long tendency finds its most exacerbating development in modern capitalism. Owing to its inherently competitive nature, bourgeois society not only pits humans against each other, it also pits the mass of humanity against the natural world. Just as men are converted into commodities, so every aspect of nature is converted into a commodity, a resource to be manufactured and merchandised wantonly . . . The plundering of the human spirit by the market place is paralleled by the plundering of the earth by capital. »
Murray Bookchin, Op. Cit., pp. 24-25. - ↑ « Only insofar, as the ecology consciously cultivates an anti-hierarchical and a non-domineering sensibility, structure, and strategy for social change can it retain its very identity as the voice for a new balance between humanity and nature and its goal for a truly ecological society. » « seeks to eliminate the concept of the domination of nature by humanity by eliminating domination of human by human, environmentalism reflects an 'instrumentalist' or technical sensibility in which nature is viewed merely as a passive habit, an agglomeration of external objects and forces, that must be made more 'serviceable' for human use, irrespective of what these uses may be. Environmentalism . . . does not bring into question the underlying notions of the present society, notably that man must dominate nature. On the contrary, it seeks to facilitate that domination by developing techniques for diminishing the hazards caused by domination. »
Murray Bookchin, Towards an Ecological Society, p. 77. - ↑ Néologisme signifiant utopie écologique. Le terme biotopie est parfois employé.
- ↑ « involves a fundamental reversal of all the trends that mark the historic development of capitalist technology and bourgeois society -- the minute specialisation of machines and labour, the concentration of resources and people in gigantic industrial enterprises and urban entities, the stratification and bureaucratisation of nature and human beings. » « establish entirely new eco-communities that are artistically moulded to the eco-systems in which they are located. » « Such an eco-community . . . would heal the split between town and country, between mind and body by fusing intellectual with physical work, industry with agricultural in a rotation or diversification of vocational tasks. » « new kind of technology -- or eco-technology -- one composed of flexible, versatile machinery whose productive applications would emphasise durability and quality, not built in obsolescence, and insensate quantitative output of shoddy goods, and a rapid circulation of expendable commodities . . . Such an eco-technology would use the inexhaustible energy capacities of nature -- the sun and wind, the tides and waterways, the temperature differentials of the earth and the abundance of hydrogen around us as fuels -- to provide the eco-community with non-polluting materials or wastes that could be recycled. »
Murray Bookchin, Op. Cit., pp. 68-69. - ↑ « is more than a society that tries to check the mounting disequilibrium that exists between humanity and the natural world. Reduced to simple technical or political issues, this anaemic view of such a society's function degrades the issues raised by an ecological critique and leads them to purely technical and instrumental approaches to ecological problems. Social ecology is, first of all, a sensibility that includes not only a critique of hierarchy and domination but a reconstructive outlook . . . guided by an ethics that emphasises variety without structuring differences into a hierarchical order . . . the precepts for such an ethics . . . [are] participation and differentiation. »
Murray Bookchin, The Modern Crisis, pp. 24-25. - ↑ Du moins aux États-Unis.
- ↑ Lire à ce propos son ouvrage Which Way for the Ecology Movement?
- ↑ Lire son ouvrage How Deep is Deep Ecology?, écrit sous le pseudonyme de George Bradford.
- ↑ « [Deep Ecology's problems] stem from an authoritarian streak in a crude biologism that uses 'natural law' to conceal an ever-diminishing sense of humanity and papers over a profound ignorance of social reality by ignoring the fact it is capitalism we are talking about, not an abstraction called 'Humanity' and 'Society.' »
Murray Bookchin, The Philosophy of Social Ecology, p. 160. - ↑ « by focusing entirely on the category of 'humanity' the Deep Ecologists ignore or completely obscure the social origins of ecological problems, or alternatively, biologise what are essentially social problems. » « both reactionary and authoritarian in its implications, and substitutes a naive understanding of 'nature' for a critical study of real social issues and concerns. »
Brian Morris, Op. Cit., p. 135.
==Sources==