Difference between revisions of "FAQAnar:A.2.11 - Pourquoi la plupart des anarchistes soutiennent-ils la démocratie directe ?"

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Bien évidemment, les anarchistes choisissent la dernière option, l'[[association]], comme seul moyen qu'ont les individus pour travailler ensemble comme des êtres humains libres et égaux, en respectant l'unicité et la liberté de chacun. Il n'y a qu'à travers la démocratie directe que les individus peuvent s'exprimer, exercer leur pensée critique et l'auto-gouvernement, et ainsi développer pleinement leur aptitudes intellectuelles, éthiques et sociales. Pour cela, il vaut parfois mieux faire partie d'une minorité que d'être soumis continument à la volonté d'un chef. Quelle est-donc la théorie derrière la démocratie directe anarchiste ?
 
Bien évidemment, les anarchistes choisissent la dernière option, l'[[association]], comme seul moyen qu'ont les individus pour travailler ensemble comme des êtres humains libres et égaux, en respectant l'unicité et la liberté de chacun. Il n'y a qu'à travers la démocratie directe que les individus peuvent s'exprimer, exercer leur pensée critique et l'auto-gouvernement, et ainsi développer pleinement leur aptitudes intellectuelles, éthiques et sociales. Pour cela, il vaut parfois mieux faire partie d'une minorité que d'être soumis continument à la volonté d'un chef. Quelle est-donc la théorie derrière la démocratie directe anarchiste ?
  
Comme le notait [[Bertrand Russell], les anarchistes « ne veulent pas abolir les gouvernements dans leur sens d'appareils de décisions collectives : ce qu'ils veulent abolir c'est le système grâce auquel une décision est imposée à ceux qui s'y opposent.»<ref>[[Bertrand Russell], ''Roads to Freedom'' (Les routes de la Liberté), p. 85.</ref> Les anarchistes voient l'autogestion comme le moyen d'atteindre cela. Une fois qu'un individu a rejoint une communauté ou un lieu de travail, il ou elle devient un(e) "citoyen(ne)" (par sa volonté d'un monde meilleur) de cette association. Celle-ci est organisée autour d'assemblées composées de tous/tes les membres ou, dans le cas de grands lieux de travail ou de grandes villes, de sous-groupes fonctionnels, comme des bureaux spécifiques ou des comités de quartiers. Dans ces assemblées, de concert avec les autres citoyen(ne)s, les teneurs des obligations politiques de chaque citoyen(ne) sont définies. Dans cette association, les gens doivent porter des jugements critiques et faire des choix, c'est-à-dire de gérer leur propre activité. Plutôt que de promettre d'obéir (comme dans les organisations [[hiérarchie|hiérarchiques]], comme l'[[État]] ou les entreprises [[capitalisme|capitalistes]]), les individus participent en prenant leurs propres décisions collectives, leurs propres engagements auprès de leurs camarades. Cela signifie que l'obligation politique n'a pas pour but de placer l'entité au-dessus du groupe ou de la société, comme l'État ou l'entreprise capitaliste, mais de différencier un(e) citoyen(ne) des autres citoyen(ne)s membres.
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Comme le notait [[Bertrand Russell]], les anarchistes « ne veulent pas abolir les gouvernements dans leur sens d'appareils de décisions collectives : ce qu'ils veulent abolir c'est le système grâce auquel une décision est imposée à ceux qui s'y opposent.»<ref>[[Bertrand Russell]], ''Roads to Freedom'' (''Les routes de la Liberté''), p. 85.</ref> Les anarchistes voient l'autogestion comme le moyen d'atteindre cela. Une fois qu'un individu a rejoint une communauté ou un lieu de travail, il ou elle devient un(e) "citoyen(ne)" (par sa volonté d'un monde meilleur) de cette association. Celle-ci est organisée autour d'assemblées composées de tous/tes les membres ou, dans le cas de grands lieux de travail ou de grandes villes, de sous-groupes fonctionnels, comme des bureaux spécifiques ou des comités de quartiers. Dans ces assemblées, de concert avec les autres citoyen(ne)s, les teneurs des obligations politiques de chaque citoyen(ne) sont définies. Dans cette association, les gens doivent porter des jugements critiques et faire des choix, c'est-à-dire de gérer leur propre activité. Plutôt que de promettre d'obéir (comme dans les organisations [[hiérarchie|hiérarchiques]], comme l'[[État]] ou les entreprises [[capitalisme|capitalistes]]), les individus participent en prenant leurs propres décisions collectives, leurs propres engagements auprès de leurs camarades. Cela signifie que l'obligation politique n'a pas pour but de placer l'entité au-dessus du groupe ou de la société, comme l'État ou l'entreprise capitaliste, mais de différencier un(e) citoyen(ne) des autres citoyen(ne)s membres.
  
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Bien que les individus instaurent collectivement les règles qui régissent leur association, et qu'ils y soient liés en tant que membres de cette association, ils sont supérieurs à ces règles car elles peuvent toujours être modifiées ou abrogées. Collectivement, les "citoyens" associés ensemble constituent une "[[autorité]]" politique, mais comme cette "autorité" est basée sur des relations horizontales entre elles/eux plutôt que des relations verticales entre elles/eux et une élite, l'"autorité" est non-hiérarchique ("rationnelle" ou "naturelle", voir la [[FAQAnar:B.1 - Pourquoi les anarchistes sont opposés à l'autorité et à la hiérarchie ?|section B.1 - Pourquoi les anarchistes sont opposés à l'autorité et à la hiérarchie ?]]. Ainsi, [[Proudhon]] explique :
  
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« Ce que nous mettons à la place des lois, ce sont les contrats. — Point de lois votées ni à la majorité ni à l'unanimité ; chaque citoyen, chaque commune ou corporation fait la sienne. »<ref>[[Pierre-Joseph Proudhon]], ''Idée générale de la Révolution au XIX<sup>e</sup> siècle'', p. 283-284. À lire sur [http://books.google.fr/books?id=jbonAAAAYAAJ&printsec=frontcover&dq=id%C3%A9e+g%C3%A9n%C3%A9rale+de+la+r%C3%A9volution&source=bl&ots=A55gFHJMeF&sig=bYppaKK7C5Qfz0SDPnoalISfk6E&hl=fr&ei=6J8zTOblAc_vOYz4xc8C&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&ved=0CBsQ6AEwAQ#v=onepage&q&f=false Google Books].</ref>
  
Although the assembled people collectively legislate the rules governing their association, and are bound by them as individuals, they are also superior to them in the sense that these rules can always be modified or repealed. Collectively, the associated "citizens" constitute a political "authority", but as this "authority" is based on horizontal relationships between themselves rather than vertical ones between themselves and an elite, the "authority" is non-hierarchical ("rational" or "natural," see section B.1 - "Why are anarchists against authority and hierarchy?" - for more on this). Thus Proudhon:
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Un tel système ne signifie pas, bien sûr, que tout le monde participe à chaque décision nécessaire, quelque soit sa trivialité. Comme toute décision peut être présentée devant l'assemblée (si l'assemblée le décide, peut-être incitée en cela par certain(e)s de ses membres), en pratique, certaines activités (et certaines décisions purement fonctionnelles) seraient prises en charge par une administration élue par l'assemblée. Car, pour reprendre un activiste anarchiste espagnol, « une telle collectivité ne peut pas rédiger une simple lettre ou additionner une suite de nombres ou faire des centaines de tâches qu'un individu seul peut faire.» D'où le besoin de « mettre en place une administration. » Cela suppose une association « organisée sans conseil directif ou sans aucun bureau hiérarchique [qui] se rencontre en assemblée générale une fois par semaine ou plus souvent, pour mettre en place tous les moyens nécessaires pour son progrès et pour nommer une commission aux fonctions purement administratives. » Toutefois, cette assemblée « dresse une ligne de conduite définitive pour cette commission ou lui confère un mandat urgent  [et ainsi] serait parfaitement anarchiste. Il s'ensuit que déléguer ces tâches à des individus qualifiés, qui savent à l'avance comment procéder [...] ne signifie pas que la collectivité abandonne sa propre liberté. »<ref>« A collectivity as such cannot write a letter or add up a list of figures or do hundreds of chores which only an individual can perform. » Thus the need « to organise the administration. » Supposing an association is « organised without any directive council or any hierarchical offices » which « meets in general assembly once a week or more often, when it settles all matters needful for its progress » it still « nominates a commission with strictly administrative functions. » However, the assembly « prescribes a definite line of conduct for this commission or gives it an imperative mandate » and so « would be perfectly anarchist. » As it « follows that delegating these tasks to qualified individuals, who are instructed in advance how to proceed, . . . does not mean an abdication of that collectivity's own liberty. »<br>[[Jose Llunas Pujols]], cité par [[Max Nettlau]], ''A Short History of Anarchism'' (''Une brève histoire de l'anarchie''), p. 187.</ref> On rejoint, il faut le noter, les idées de Proudhon, notamment le fait qu'au sein des associations de travailleurs « les fonctions sont électives, et les réglements soumis à l'adoption des associés. »<ref>Pierre-Joseph Proudhon, ''Op. Cit.'', p. 256.</ref>
  
    "In place of laws, we will put contracts [i.e. free agreement]. - No more laws voted by a majority, nor even unanimously; each citizen, each town, each industrial union, makes its own laws." [The General Idea of the Revolution, pp. 245-6]
 
 
Such a system does not mean, of course, that everyone participates in every decision needed, no matter how trivial. While any decision can be put to the assembly (if the assembly so decides, perhaps prompted by some of its members), in practice certain activities (and so purely functional decisions) will be handled by the association's elected administration. This is because, to quote a Spanish anarchist activist, "a collectivity as such cannot write a letter or add up a list of figures or do hundreds of chores which only an individual can perform." Thus the need "to organise the administration." Supposing an association is "organised without any directive council or any hierarchical offices" which "meets in general assembly once a week or more often, when it settles all matters needful for its progress" it still "nominates a commission with strictly administrative functions." However, the assembly "prescribes a definite line of conduct for this commission or gives it an imperative mandate" and so "would be perfectly anarchist." As it "follows that delegating these tasks to qualified individuals, who are instructed in advance how to proceed, . . . does not mean an abdication of that collectivity's own liberty." [Jose Llunas Pujols, quoted by Max Nettlau, A Short History of Anarchism, p. 187] This, it should be noted, follows Proudhon's ideas that within the workers' associations "all positions are elective, and the by-laws subject to the approval of the members." [Proudhon, Op. Cit., p. 222]
 
  
 
Instead of capitalist or statist hierarchy, self-management (i.e. direct democracy) would be the guiding principle of the freely joined associations that make up a free society. This would apply to the federations of associations an anarchist society would need to function. "All the commissions or delegations nominated in an anarchist society," correctly argued Jose Llunas Pujols, "must be subject to replacement and recall at any time by the permanent suffrage of the section or sections that elected them." Combined with the "imperative mandate" and "purely administrative functions," this "make[s] it thereby impossible for anyone to arrogate to himself [or herself] a scintilla of authority." [quoted by Max Nettlau, Op. Cit., pp. 188-9] Again, Pujols follows Proudhon who demanded twenty years previously the "implementation of the binding mandate" to ensure the people do not "adjure their sovereignty." [No Gods, No Masters, vol. 1, p. 63]
 
Instead of capitalist or statist hierarchy, self-management (i.e. direct democracy) would be the guiding principle of the freely joined associations that make up a free society. This would apply to the federations of associations an anarchist society would need to function. "All the commissions or delegations nominated in an anarchist society," correctly argued Jose Llunas Pujols, "must be subject to replacement and recall at any time by the permanent suffrage of the section or sections that elected them." Combined with the "imperative mandate" and "purely administrative functions," this "make[s] it thereby impossible for anyone to arrogate to himself [or herself] a scintilla of authority." [quoted by Max Nettlau, Op. Cit., pp. 188-9] Again, Pujols follows Proudhon who demanded twenty years previously the "implementation of the binding mandate" to ensure the people do not "adjure their sovereignty." [No Gods, No Masters, vol. 1, p. 63]
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Lastly, we must stress that anarchist support for direct democracy does not mean that this solution is to be favoured in all circumstances. For example, many small associations may favour consensus decision making (see the next section on consensus and why most anarchists do not think that it is a viable alternative to direct democracy). However, most anarchists think that direct democracy within free association is the best (and most realistic) form of organisation which is consistent with anarchist principles of individual freedom, dignity and equality.
 
Lastly, we must stress that anarchist support for direct democracy does not mean that this solution is to be favoured in all circumstances. For example, many small associations may favour consensus decision making (see the next section on consensus and why most anarchists do not think that it is a viable alternative to direct democracy). However, most anarchists think that direct democracy within free association is the best (and most realistic) form of organisation which is consistent with anarchist principles of individual freedom, dignity and equality.
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==Notes et références==
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Revision as of 21:58, 6 July 2010