Difference between revisions of "FAQAnar:A.2.15 - Que dites-vous de la nature humaine ?"
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Ces trois aspects suggèrent, à notre avis, la viabilité d'une société anarchiste. La capacité innée de penser par soi-même rend automatiquement toute forme de hiérarchie illégitime, et notre besoin de relations sociales implique que nous pouvons nous organiser sans État. Le profond malheur et l'aliénation qui affligent la société moderne révèlent que la [[centralisation]] et l'[[autoritarisme]] du [[capitalisme]] et de l'État réprouvent certains de nos besoins innés. En réalité, comme dit plus haut, pendant la majeure partie de son existence, l'être humain a vécu dans des communautés anarchistes, sans hiérarchie ou presque. Notre société moderne appellent ces individus des « sauvages » ou des « primitifs » par pure arrogance. Donc qui peut encore dire que les anarchistes sont contre la « nature humaine » ? Les anarchistes ont au contraire accumulé beaucoup de preuves que cela n'est pas le cas. | Ces trois aspects suggèrent, à notre avis, la viabilité d'une société anarchiste. La capacité innée de penser par soi-même rend automatiquement toute forme de hiérarchie illégitime, et notre besoin de relations sociales implique que nous pouvons nous organiser sans État. Le profond malheur et l'aliénation qui affligent la société moderne révèlent que la [[centralisation]] et l'[[autoritarisme]] du [[capitalisme]] et de l'État réprouvent certains de nos besoins innés. En réalité, comme dit plus haut, pendant la majeure partie de son existence, l'être humain a vécu dans des communautés anarchistes, sans hiérarchie ou presque. Notre société moderne appellent ces individus des « sauvages » ou des « primitifs » par pure arrogance. Donc qui peut encore dire que les anarchistes sont contre la « nature humaine » ? Les anarchistes ont au contraire accumulé beaucoup de preuves que cela n'est pas le cas. | ||
+ | Quant au fait que les anarchistes demanderaient trop de la « nature humaine », c'est en fait le plus souvent les non-anarchistes qui lui réclament le plus. Ainsi, « tandis que nos opposants semblent admettre qu'il y ait une sorte de sel de la terre<ref>Vient du proverbe « Le sel de la terre » qui désigne les gens bons et généreux.</ref> — les dirigeants, les employeurs, les leaders — qui, heureusement, empêchent les mauvais — les dominés, les exploités, les menés — de devenir encore plus mauvais qu'ils ne le sont déjà » nous, les anarchistes, « continuons de dire que les dirigeants et les dirigés sont tous corrompus par l'autorité » et que « les exploiteurs et les exploités sont corrompus par l'exploitation. » Donc « il y a une différence, et une flagrante. Nous admettons les imperfections de la nature humaine, mais nous ne faisons pas d'exception pour les dirigeants. Ils dominent, quelque fois inconsciemment, et à cause du fait que nous ne faisons pas d'exception, ils disent que nous sommes des rêveurs. »<ref>Piotr Kropotkine, ''Op. Cit.'', p. 83.</ref> Si la nature humaine est si mauvaise, alors confier le pouvoir à certaines personnes en espérant que cela amènera la justice et la liberté est tout simplement utopiste. | ||
− | + | De plus, comme on l'a noté auparavant, les anarchistes expliquent que les organisations hiérarchiques révèlent les pires côtés de la « nature humaine. » Les oppresseurs ''et'' les opprimés sont affectés de façon négative par les relations autoritaires ainsi produites. « C’est le propre du privilège et de toute position privilégiée » dit Bakounine, « que de tuer l’esprit et le cÅ“ur des hommes. L’homme privilégié soit politiquement, soit économiquement, est un homme intellectuellement et moralement dépravé. Voilà une loi sociale qui n’admet aucune exception, et qui s’applique aussi bien à des nations tout entières qu’aux classes, aux compagnies et aux individus. C’est la loi de l’égalité, condition suprême de la liberté et de l’humanité. »<ref>Michel Bakounine, ''Op. Cit.'', p. 31.</ref> Et tandis que les privilégiés deviennent corrompus par le pouvoir, les sans-pouvoir (en général) deviennent serviles de cÅ“ur et d'esprit (heureusement, l'esprit humain est tel qu'il y aura toujours des rebelles sans compter l'oppression, car qui dit oppression dit résistance et, par conséquent, espoir). Alors les anarchistes trouvent étrange que les non-anarchistes justifient la hiérarchie selon la « nature humaine » (pervertie) qu'elle produit. | |
− | + | Malheureusement, encore trop de gens le font. Cela continue de nos jours. Par exemple, avec l'apparition de la « sociobiologie », certains prétendent (avec toutefois bien peu de preuves) que le capitalisme est un produit de notre « nature », qui est déterminée par nos gènes. Ces prétentions sont juste une nouvelle variation de l'argument de la « nature humaine » et ont, sans surprise, été reprises par les pouvoirs en place. En considérant le manque latent de preuve, leur soutien à cette « nouvelle » doctrine ne doit être que le résultat de son utilité pour le pouvoir — c'est-à -dire qu'il est toujours utile d'avoir une base « objective » et « scientifique » pour rationaliser les inégalités de richesse et de pouvoir.<ref>Pour de plus amples précisions sur ce sujet, lire ''Not in Our Genes: Biology, Ideology and Human Nature'' (Pas dans nos gènes : la biologie, l'idéologie et la nature humaine) de Steven Rose, R.C. Lewontin et Leon J. Kamin.</ref> | |
− | + | Mais nous ne disons par pour autant que cette théorie ne contient pas une once de vérité. Comme le note le scientifique [[Stephen Jay]], « l'étendue de notre comportement potentiel est circoncit par notre bilogie » et si c'est ce que la sociobiologie veut dire « par contrôle génétique, alors nous ne pouvons qu'être en désaccord. » Toutefois, ce n'est pas ce qui est dit. C'est plutôt une forme de « déterminisme biologique » que défend la sociobiologie. Dire qu'il existe des gènes spécifiques pour des traits humains spécifiques dit relativement peu sur « la violence, le sexisme et la méchanceté générale sont d'origine biologique puisqu'ils représentent un sous-ensemble de l'étendue des comportements possibles » comme le sont « la paix, l'égalité et la gentillesse. » Et ainsi « nous pourrions voir leur influence croître si nous créions des structures sociales qui leur permettraient de prospérer. » Cette hypothèse est déjà avancée dans les travaux des sociobiologistes eux-mêmes, qui « reconnaissent la diversité » des cultures humaines tandis qu'ils « excluent souvent les "exceptions" inconfortables, les considérant comme des aberrations temporaires et futiles. » Il est surprenant, surtout si vous croyez que « les guerres, voire les génocides, à répétition ont façonné notre existence génétique, que l'existence de peuples non-agressifs est embarrassant. »<ref>« the range of our potential behaviour is circumscribed by our biology [...] by genetic control, then we can scarcely disagree [...] biological determinism [...] violence, sexism, and general nastiness are biological since they represent one subset of a possible range of behaviours [...] peacefulness, equality, and kindness [...] we may see their influence increase if we can create social structures that permit them to flourish. [...] acknowledge diversity [...] often dismiss[ing] the uncomfortable 'exceptions' as temporary and unimportant aberrations [...] repeated, often genocidal warfare has shaped our genetic destiny, the existence of nonaggressive peoples is embarrassing. »<br>[[Stephen Jay]], ''Ever Since Darwin'' (Toujours depuis Darwin), p. 252, p. 257 et p. 254.</ref> | |
− | + | Comme le darwinisme social qui l'a précédée, la sociobiologie procède en projetant en premier les idées dominantes de la société actuelle sur la nature (souvent inconsciemment, ce qui fait que les scientifiques trouvent « normales » et « naturelles » les idées en question). [[Murray Bookchin]] fait référence à cela comme « la projection subtile de valeurs humaines conditionnées historiquement » sur la nature plutôt qu'une « objectivité scientifique. » Les théories de la nature humaine ainsi produites sont transférées sur la société et l'Histoire, et utilisées pour « prouver » que les principes du capitalisme (la hiérarchie, l'autorité, la compétition, etc.) sont des lois externes, auxquels on fait ensuite appel comme justification pour le ''statu quo'' ! | |
+ | « Ce que cette procédure réalise », note Bookchin, « c'est renforcer les hiérarchies sociales humaines en justifiant la domination des hommes et des femmes par des aspects innés de l'"ordre naturel". La domination humaine est par conséquent transcrite dans le code génétique et est biologiquement immuable. »<ref>« the subtle projection of historically conditioned human values [...] scientific objectivity. [...] What this procedure does accomplish is reinforce human social hierarchies by justifying the command of men and women as innate features of the 'natural order.' Human domination is thereby transcribed into the genetic code as biologically immutable. »<br>[[Murray Bookchin]], ''The Ecology of Freedom'' (L'Écologie de la Liberté), p. 92 et 95.</ref> Étonnamment, beaucoup de gens supposés intelligents prennent ce tour de passe-passe au sérieux. | ||
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This can be seen when "hierarchies" in nature are used to explain, and so justify, hierarchies in human societies. Such analogies are misleading for they forget the institutional nature of human life. As Murray Bookchin notes in his critique of sociobiology, a "weak, enfeebled, unnerved, and sick ape is hardly likely to become an 'alpha' male, much less retain this highly ephemeral 'status.' By contrast, the most physically and mentally pathological human rulers have exercised authority with devastating effect in the course of history." This "expresses a power of hierarchical institutions over persons that is completely reversed in so-called 'animal hierarchies' where the absence of institutions is precisely the only intelligible way of talking about 'alpha males' or 'queen bees.'" ["Sociobiology or Social Ecology", Which way for the Ecology Movement?, p. 58] Thus what makes human society unique is conveniently ignored and the real sources of power in society are hidden under a genetic screen. | This can be seen when "hierarchies" in nature are used to explain, and so justify, hierarchies in human societies. Such analogies are misleading for they forget the institutional nature of human life. As Murray Bookchin notes in his critique of sociobiology, a "weak, enfeebled, unnerved, and sick ape is hardly likely to become an 'alpha' male, much less retain this highly ephemeral 'status.' By contrast, the most physically and mentally pathological human rulers have exercised authority with devastating effect in the course of history." This "expresses a power of hierarchical institutions over persons that is completely reversed in so-called 'animal hierarchies' where the absence of institutions is precisely the only intelligible way of talking about 'alpha males' or 'queen bees.'" ["Sociobiology or Social Ecology", Which way for the Ecology Movement?, p. 58] Thus what makes human society unique is conveniently ignored and the real sources of power in society are hidden under a genetic screen. |
Revision as of 22:41, 27 August 2010
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Catégorie:Que_représente_l'Anarchisme?
L'anarchisme, bien loin d'ignorer la « nature humaine », est la seule théorie politique qui donne à ce concept la plus profonde réflexion. Trop souvent, la « nature humaine » est lancée comme dernière ligne de défense contre l'anarchisme, car on pense que les anarchistes ne peuvent répliquer. Cependant, ce n'est pas le cas.
Avant tout, la « nature humaine » est un concept complexe. Si, par « nature humaine », on veut signifier « ce que les humains font », il est alors évident que la nature humaine est contradictoire — amour et haine, compassion et absence de pitié, paix et violence, ainsi de suite — ces sentiments ou états ont toujours été exprimés ou ressentis par les êtres humains et sont donc tous des produits de la « nature humaine ». Bien sûr, cette « nature humaine » peut changer avec les évolutions sociales. Par exemple, l'esclavage a été considéré comme une part de la « nature humaine » et « normal » pendant des milliers d'années. L'homosexualité était parfaitement normale pour les Grecs anciens mais l'Église chrétienne l'a par la suite condamnée. La guerre n'est devenue une partie de la « nature humaine » qu'une fois que les États se furent développés. Comme l'explique Noam Chomsky :
« Les individus sont certainement capables de faire le mal. [...] Mais les individus sont capables de toutes sortes de choses. La nature humaine a beaucoup de voies à sa disposition pour se réaliser, les humains possèdent de nombreuses capacités et options. Lesquelles dévoilent leur nature dépend dans une large mesure des structures institutionnelles. Si nos institutions permettaient aux tueurs pathologiques d'avoir libre cours, ils dirigeraient le monde. La seule façon de survivre serait alors de laisser ces éléments de votre nature se manifester.
« Si nos institutions faisaient de l'avidité la seule propriété des êtres humains et encourageaient la pure avidité aux dépends des autres émotions et engagements humains, nous aurions une société basée sur l'avidité, avec tout ce qui s'ensuit. Une société différente pourrait être organisée de telle manière que d'autres sortes de sentiments et d'émotions, par exemple, au hasard, la solidarité, le soutien, la sympathie deviennent dominants. Ainsi vous obtiendriez différents aspects de la nature humaine et de la personnalité qui se révéleraient. »[1]
Donc l'environnement joue un rôle primordial dans la définition de la « nature humaine », de la façon dont elle se développe et de ses aspects qui s'expriment. En réalité, un des mythes les plus tenaces à propos de l'anarchisme est que nous pensons que la nature humaine est fondamentalement bonne. En fait, nous pensons plutôt que la nature humaine est fondamentalement sociable. Comment elle se développe et s'exprime dépend du type de société dans laquelle nous vivons et que nous créons. Une société hiérarchique façonnera les gens détestables et produit une « nature humaine » radicalement différente de celle produite par une société libertaire. Donc, « quand nous entendons des hommes [et des femmes] dirent que les Anarchistes s'imaginent les hommes [et les femmes] d'une bien meilleure façon qu'ils [ou elles] le sont en réalité, nous nous demandons simplement comment des gens si intelligents peuvent répéter ces absurdités. Ne disons-nous pas continuellement que la seule façon de rendre les hommes [et les femmes] moins rapaces, moins égoïstes, moins ambitieux et moins serviles en même temps est d'éliminer ces conditions qui favorisent l'expansion de l'égoïsme et de la rapacité, de la servilité et de l'ambition ? »[2]
Ainsi, l'utilisation de la « nature humaine » comme argument contre l'anarchisme est superficiel et, finalement, rien de plus qu'une esquive. C'est une excuse pour ne pas penser. « Chaque idiot », comme le dit Emma Goldman, « du roi au policier, de l'ecclésiastique qui aurait pris la grosse tête au dilettante en sciences, croit pouvoir parler avec autorité de la nature humaine. Plus il se rapproche du charlatan mental, plus son insistance sur la pourriture et la faiblesse de la nature humaine est grande. Pourtant, comment peut-on parler de cela aujourd'hui, quand chaque âme est en prison, quand chaque cœur est enchainé, blessé et mutilé ? » Changeons de société, créons un meilleur environnement social et après nous pourrons juger ce qui est produit nos natures et ce qui est produit par le système autoritaire. Pour cette raison, l'anarchisme « se dresse pour la libération de l'esprit humain du dominion de la religion ; la libération du corps humain du dominion de la propriété ; la libération des fers et des restrictions du gouvernement. » Pour « la liberté, le développement, l'occasion, et, au-dessus de tout, la paix et le repos, seuls peuvent nous apprendre les vrais facteurs dominants de la nature humaine et toutes ses merveilleuses possibilités. »[3]
Cela ne veut pas dire que les êtres humains sont infiniment plastiques. Aucun individu ne naît avec l'esprit comme une table rase[4] (état vierge) en attendant d'être formé par la société. Comme le montre Noam Chomky : « Je ne pense pas qu'il soit possible de donner un crédit rationnel au concept d'aliénation par le travail sur cette hypothèse [que la nature humaine n'est rien d'autre qu'un produit historique], ni qu'il soit possible de produire quelque chose comme une justification morale à son implication dans certains changements sociaux, sauf sur la base d'hypothèses à propos de la nature humaine et sur comment des modifications de la structure de la société la rendraient plus adaptée à certains de nos besoins fondamentaux qui font partie de notre nature essentielle. »[5] Nous ne voulons pas entrer dans le débat sur les caractéristiques humaines qui sont ou non « innées ». Tout ce que nous diront est que les êtres humains ont la capacité innée de penser et d'apprendre — ce qui est évident, d'après nous — et que les humains sont des créatures sociales, qui ont besoin de la compagnie d'autrui pour se sentir complètes et pour prospérer. De plus, ils ont la capacité de reconnaître et de s'opposer à l'injustice et à l'oppression. D'ailleurs, Michel Bakounine confie à l'être humain « deux facultés précieuses : la faculté de penser et la faculté, le besoin de se révolter. »[6]
Ces trois aspects suggèrent, à notre avis, la viabilité d'une société anarchiste. La capacité innée de penser par soi-même rend automatiquement toute forme de hiérarchie illégitime, et notre besoin de relations sociales implique que nous pouvons nous organiser sans État. Le profond malheur et l'aliénation qui affligent la société moderne révèlent que la centralisation et l'autoritarisme du capitalisme et de l'État réprouvent certains de nos besoins innés. En réalité, comme dit plus haut, pendant la majeure partie de son existence, l'être humain a vécu dans des communautés anarchistes, sans hiérarchie ou presque. Notre société moderne appellent ces individus des « sauvages » ou des « primitifs » par pure arrogance. Donc qui peut encore dire que les anarchistes sont contre la « nature humaine » ? Les anarchistes ont au contraire accumulé beaucoup de preuves que cela n'est pas le cas.
Quant au fait que les anarchistes demanderaient trop de la « nature humaine », c'est en fait le plus souvent les non-anarchistes qui lui réclament le plus. Ainsi, « tandis que nos opposants semblent admettre qu'il y ait une sorte de sel de la terre[7] — les dirigeants, les employeurs, les leaders — qui, heureusement, empêchent les mauvais — les dominés, les exploités, les menés — de devenir encore plus mauvais qu'ils ne le sont déjà » nous, les anarchistes, « continuons de dire que les dirigeants et les dirigés sont tous corrompus par l'autorité » et que « les exploiteurs et les exploités sont corrompus par l'exploitation. » Donc « il y a une différence, et une flagrante. Nous admettons les imperfections de la nature humaine, mais nous ne faisons pas d'exception pour les dirigeants. Ils dominent, quelque fois inconsciemment, et à cause du fait que nous ne faisons pas d'exception, ils disent que nous sommes des rêveurs. »[8] Si la nature humaine est si mauvaise, alors confier le pouvoir à certaines personnes en espérant que cela amènera la justice et la liberté est tout simplement utopiste.
De plus, comme on l'a noté auparavant, les anarchistes expliquent que les organisations hiérarchiques révèlent les pires côtés de la « nature humaine. » Les oppresseurs et les opprimés sont affectés de façon négative par les relations autoritaires ainsi produites. « C’est le propre du privilège et de toute position privilégiée » dit Bakounine, « que de tuer l’esprit et le cœur des hommes. L’homme privilégié soit politiquement, soit économiquement, est un homme intellectuellement et moralement dépravé. Voilà une loi sociale qui n’admet aucune exception, et qui s’applique aussi bien à des nations tout entières qu’aux classes, aux compagnies et aux individus. C’est la loi de l’égalité, condition suprême de la liberté et de l’humanité. »[9] Et tandis que les privilégiés deviennent corrompus par le pouvoir, les sans-pouvoir (en général) deviennent serviles de cœur et d'esprit (heureusement, l'esprit humain est tel qu'il y aura toujours des rebelles sans compter l'oppression, car qui dit oppression dit résistance et, par conséquent, espoir). Alors les anarchistes trouvent étrange que les non-anarchistes justifient la hiérarchie selon la « nature humaine » (pervertie) qu'elle produit.
Malheureusement, encore trop de gens le font. Cela continue de nos jours. Par exemple, avec l'apparition de la « sociobiologie », certains prétendent (avec toutefois bien peu de preuves) que le capitalisme est un produit de notre « nature », qui est déterminée par nos gènes. Ces prétentions sont juste une nouvelle variation de l'argument de la « nature humaine » et ont, sans surprise, été reprises par les pouvoirs en place. En considérant le manque latent de preuve, leur soutien à cette « nouvelle » doctrine ne doit être que le résultat de son utilité pour le pouvoir — c'est-à -dire qu'il est toujours utile d'avoir une base « objective » et « scientifique » pour rationaliser les inégalités de richesse et de pouvoir.[10]
Mais nous ne disons par pour autant que cette théorie ne contient pas une once de vérité. Comme le note le scientifique Stephen Jay, « l'étendue de notre comportement potentiel est circoncit par notre bilogie » et si c'est ce que la sociobiologie veut dire « par contrôle génétique, alors nous ne pouvons qu'être en désaccord. » Toutefois, ce n'est pas ce qui est dit. C'est plutôt une forme de « déterminisme biologique » que défend la sociobiologie. Dire qu'il existe des gènes spécifiques pour des traits humains spécifiques dit relativement peu sur « la violence, le sexisme et la méchanceté générale sont d'origine biologique puisqu'ils représentent un sous-ensemble de l'étendue des comportements possibles » comme le sont « la paix, l'égalité et la gentillesse. » Et ainsi « nous pourrions voir leur influence croître si nous créions des structures sociales qui leur permettraient de prospérer. » Cette hypothèse est déjà avancée dans les travaux des sociobiologistes eux-mêmes, qui « reconnaissent la diversité » des cultures humaines tandis qu'ils « excluent souvent les "exceptions" inconfortables, les considérant comme des aberrations temporaires et futiles. » Il est surprenant, surtout si vous croyez que « les guerres, voire les génocides, à répétition ont façonné notre existence génétique, que l'existence de peuples non-agressifs est embarrassant. »[11]
Comme le darwinisme social qui l'a précédée, la sociobiologie procède en projetant en premier les idées dominantes de la société actuelle sur la nature (souvent inconsciemment, ce qui fait que les scientifiques trouvent « normales » et « naturelles » les idées en question). Murray Bookchin fait référence à cela comme « la projection subtile de valeurs humaines conditionnées historiquement » sur la nature plutôt qu'une « objectivité scientifique. » Les théories de la nature humaine ainsi produites sont transférées sur la société et l'Histoire, et utilisées pour « prouver » que les principes du capitalisme (la hiérarchie, l'autorité, la compétition, etc.) sont des lois externes, auxquels on fait ensuite appel comme justification pour le statu quo ! « Ce que cette procédure réalise », note Bookchin, « c'est renforcer les hiérarchies sociales humaines en justifiant la domination des hommes et des femmes par des aspects innés de l'"ordre naturel". La domination humaine est par conséquent transcrite dans le code génétique et est biologiquement immuable. »[12] Étonnamment, beaucoup de gens supposés intelligents prennent ce tour de passe-passe au sérieux.
This can be seen when "hierarchies" in nature are used to explain, and so justify, hierarchies in human societies. Such analogies are misleading for they forget the institutional nature of human life. As Murray Bookchin notes in his critique of sociobiology, a "weak, enfeebled, unnerved, and sick ape is hardly likely to become an 'alpha' male, much less retain this highly ephemeral 'status.' By contrast, the most physically and mentally pathological human rulers have exercised authority with devastating effect in the course of history." This "expresses a power of hierarchical institutions over persons that is completely reversed in so-called 'animal hierarchies' where the absence of institutions is precisely the only intelligible way of talking about 'alpha males' or 'queen bees.'" ["Sociobiology or Social Ecology", Which way for the Ecology Movement?, p. 58] Thus what makes human society unique is conveniently ignored and the real sources of power in society are hidden under a genetic screen.
The sort of apologetics associated with appeals to "human nature" (or sociobiology at its worse) are natural, of course, because every ruling class needs to justify their right to rule. Hence they support doctrines that defined the latter in ways appearing to justify elite power -- be it sociobiology, divine right, original sin, etc. Obviously, such doctrines have always been wrong . . . until now, of course, as it is obvious our current society truly conforms to "human nature" and it has been scientifically proven by our current scientific priesthood!
The arrogance of this claim is truly amazing. History hasn't stopped. One thousand years from now, society will be completely different from what it is presently or from what anyone has imagined. No government in place at the moment will still be around, and the current economic system will not exist. The only thing that may remain the same is that people will still be claiming that their new society is the "One True System" that completely conforms to human nature, even though all past systems did not.
Of course, it does not cross the minds of supporters of capitalism that people from different cultures may draw different conclusions from the same facts -- conclusions that may be more valid. Nor does it occur to capitalist apologists that the theories of the "objective" scientists may be framed in the context of the dominant ideas of the society they live in. It comes as no surprise to anarchists, however, that scientists working in Tsarist Russia developed a theory of evolution based on cooperation within species, quite unlike their counterparts in capitalist Britain, who developed a theory based on competitive struggle within and between species. That the latter theory reflected the dominant political and economic theories of British society (notably competitive individualism) is pure coincidence, of course.
Kropotkin's classic work Mutual Aid, for example, was written in response to the obvious inaccuracies that British representatives of Darwinism had projected onto nature and human life. Building upon the mainstream Russian criticism of the British Darwinism of the time, Kropotkin showed (with substantial empirical evidence) that "mutual aid" within a group or species played as important a role as "mutual struggle" between individuals within those groups or species (see Stephan Jay Gould's essay "Kropotkin was no Crackpot" in his book Bully for Brontosaurus for details and an evaluation). It was, he stressed, a "factor" in evolution along with competition, a factor which, in most circumstances, was far more important to survival. Thus co-operation is just as "natural" as competition so proving that "human nature" was not a barrier to anarchism as co-operation between members of a species can be the best pathway to advantage individuals.
To conclude. Anarchists argue that anarchy is not against "human nature" for two main reasons. Firstly, what is considered as being "human nature" is shaped by the society we live in and the relationships we create. This means a hierarchical society will encourage certain personality traits to dominate while an anarchist one would encourage others. As such, anarchists "do not so much rely on the fact that human nature will change as they do upon the theory that the same nature will act differently under different circumstances." Secondly, change "seems to be one of the fundamental laws of existence" so "who can say that man [sic!] has reached the limits of his possibilities." [George Barrett, Objections to Anarchism, pp. 360-1 and p. 360]
For useful discussions on anarchist ideas on human nature, both of which refute the idea that anarchists think human beings are naturally good, see Peter Marshall's "Human nature and anarchism" [David Goodway (ed.), For Anarchism: History, Theory and Practice, pp. 127-149] and David Hartley's "Communitarian Anarchism and Human Nature". [Anarchist Studies, vol. 3, no. 2, Autumn 1995, pp. 145-164]
Notes et références
- ↑ Noam Chomsky, Chronicles of Dissent, p. 158.
- ↑ Piotr Kropotkine, Act for Yourselves, in Freedom, p. 83.
- ↑ Emma Goldman, Red Emma Speaks (Emma la rouge parle), p. 73.
- ↑ Ou Tabula rasa, concept notamment développé par le philosophe anglais John Locke (1632-1704), en particulier dans son ouvrage Essai sur l'entendement humain : l'esprit naît vierge et toute connaissance vient de l'expérience. Ce concept fut très critiqué par le philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804) qui prouve l'existence nécessaire de connaissances a priori dans son ouvrage Critique de la raison pure.
- ↑ Noam Chomsky, Language and Politics (Langage et Poitique), p. 215.
- ↑ Michel Bakounine, Dieu et l'État, p. 9.
- ↑ Vient du proverbe « Le sel de la terre » qui désigne les gens bons et généreux.
- ↑ Piotr Kropotkine, Op. Cit., p. 83.
- ↑ Michel Bakounine, Op. Cit., p. 31.
- ↑ Pour de plus amples précisions sur ce sujet, lire Not in Our Genes: Biology, Ideology and Human Nature (Pas dans nos gènes : la biologie, l'idéologie et la nature humaine) de Steven Rose, R.C. Lewontin et Leon J. Kamin.
- ↑ « the range of our potential behaviour is circumscribed by our biology [...] by genetic control, then we can scarcely disagree [...] biological determinism [...] violence, sexism, and general nastiness are biological since they represent one subset of a possible range of behaviours [...] peacefulness, equality, and kindness [...] we may see their influence increase if we can create social structures that permit them to flourish. [...] acknowledge diversity [...] often dismiss[ing] the uncomfortable 'exceptions' as temporary and unimportant aberrations [...] repeated, often genocidal warfare has shaped our genetic destiny, the existence of nonaggressive peoples is embarrassing. »
Stephen Jay, Ever Since Darwin (Toujours depuis Darwin), p. 252, p. 257 et p. 254. - ↑ « the subtle projection of historically conditioned human values [...] scientific objectivity. [...] What this procedure does accomplish is reinforce human social hierarchies by justifying the command of men and women as innate features of the 'natural order.' Human domination is thereby transcribed into the genetic code as biologically immutable. »
Murray Bookchin, The Ecology of Freedom (L'Écologie de la Liberté), p. 92 et 95.
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