Difference between revisions of "FAQAnar:A.2.19 - Quelles vues éthiques les anarchistes tiennent-ils ?"

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Anarchist viewpoints on ethics vary considerably, although all share a common belief in the need for an individual to develop within themselves their own sense of ethics. All anarchists agree with Max Stirner that an individual must free themselves from the confines of existing morality and question that morality -- "I decide whether it is the right thing for me; there is no right outside me." [The Ego and Its Own, p. 189]
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Les points de vue anarchistes sur l'[[éthique]] varient fortement, bien que toutes et tous partagent la conviction commune que chaque individu doive développer son propre sens de l'éthique. Tou(te)s les anarchistes s'accordent avec [[Max Stirner]], à savoir qu'un individu doit se libérer des contraintes de la morale existante et interroger cette morale : « Je décide si cela est la bonne chose pour moi ; il n'y a pas d'autre droit en dehors de moi. »<ref>« I decide whether it is the right thing for me; there is no right outside me. »<br>[[Max Stirner]], ''The Ego and Its Own'', p. 189.</ref>
  
Few anarchists, however, would go so far as Stirner and reject any concept of social ethics at all (saying that, Stirner does value some universal concepts although they are egoistic ones). Such extreme moral relativism is almost as bad as moral absolutism for most anarchists (moral relativism is the view that there is no right or wrong beyond what suits an individual while moral absolutism is that view that what is right and wrong is independent of what individuals think).
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Toutefois, quelques anarchistes seulement iraient aussi loin que Stirner et rejetteraient tout concept d'éthique sociale (cela va sans dire, Stirner considère certains concepts universels, bien qu'ils soient des concepts égoïstes). Pour la plupart des anarchistes, un tel niveau de '''relativisme moral''' est presque aussi mauvais que l''''absolutisme moral'''<ref>Le '''''relativisme moral''''' stipule qu'il n'y a pas de bon ou de mauvais à part ce qui convient à un individu tandis que l''''''absolutisme moral''''' stipule que ce qui est vrai ou faux est indépendant de ce que pensent les individus.</ref>.
  
It is often claimed that modern society is breaking up because of excessive "egoism" or moral relativism. This is false. As far as moral relativism goes, this is a step forward from the moral absolutism urged upon society by various Moralists and true-believers because it bases itself, however slimly, upon the idea of individual reason. However, as it denies the existence (or desirability) of ethics it is but the mirror image of what it is rebelling against. Neither option empowers the individual or is liberating.
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On prétend souvent que la société moderne s'effondre à cause d'un « égoïsme » excessif ou d'un relativisme moral. C'est faux. Aller vers le relativisme moral éloigne de l'absolutisme moral. Ce-dernier est encouragé par divers moralistes et vrais croyants car il se base lui-même, subtilement certes, sur l'idée de la raison individuelle. Cependant, puisqu'il réfute l'existence (ou l'attraction) de l'éthique, le relativisme moral est tout sauf le reflet de ce contre quoi il se rebelle. Aucune des deux options (le relativisme et l'absolutisme moraux) ne renforce ou ne libère l'individu.
  
Consequently, both of these attitudes hold enormous attraction to authoritarians, as a populace that is either unable to form an opinion about things (and will tolerate anything) or who blindly follow the commands of the ruling elite are of great value to those in power. Both are rejected by most anarchists in favour of an evolutionary approach to ethics based upon human reason to develop the ethical concepts and interpersonal empathy to generalise these concepts into ethical attitudes within society as well as within individuals. An anarchistic approach to ethics therefore shares the critical individual investigation implied in moral relativism but grounds itself into common feelings of right and wrong. As Proudhon argued:
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Par conséquent, ces deux attitudes sont extrêmement attirantes pour les autoritaires, en tant que population qui est incapable de forger sa propre opinion à propos des choses (et qui tolèreront n'importe quoi) et qui suit aveuglement les commandements d'une classe dirigeante. Les autoritaires sont bien entendus très précieux aux yeux de ceux qui sont au pouvoir. Les anarchistes rejettent les deux attitudes en faveur d'une approche évolutionniste de l'éthique basée sur la capacité humaine de développer les concepts éthiques et l'empathie pour généraliser ces concepts en attitudes éthiques au sein de la société autant que chez chaque individu. Une approche libertaire de l'éthique reprend donc l'enquête individuelle critique implicite au relativisme moral mais repose sur des sentiments communs de vrai et de faux. Comme [[Pierre-Joseph Proudhon]] le dit :
  
    "All progress begins by abolishing something; every reform rests upon denunciation of some abuse; each new idea is based upon the proved insufficiency of the old idea."
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::« Tout progrès commence par une abolition, toute réforme s'appuie sur la dénonciation d'un abus, toute idée nouvelle repose sur l'insuffisance démontrée de l'ancienne. »<ref>[[Pierre-Joseph Proudhon]], ''Idée générale de la révolution au XIX<sup>e</sup> siècle'', p. 103. À lire sur [http://www.archive.org/details/idegnraled00prouuoft archive.org].</ref>
  
Most anarchists take the viewpoint that ethical standards, like life itself, are in a constant process of evolution. This leads them to reject the various notions of "God's Law," "Natural Law," and so on in favour of a theory of ethical development based upon the idea that individuals are entirely empowered to question and assess the world around them -- in fact, they require it in order to be truly free. You cannot be an anarchist and blindly accept anything! Michael Bakunin, one of the founding anarchist thinkers, expressed this radical scepticism as so:
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La plupart des anarchistes adoptent le point de vue que les standards éthiques, comme la vie, sont en constante évolution. Cela les amène à rejeter les diverses notions de « ''Loi divine'' », « ''Loi naturelle'' » et autres, et à s'approprier la théorie du développement éthique basé sur l'idée que les individus sont entièrement habilités à mettre en doute et à évaluer le monde qui les entoure. En fait, ils réclament cette capacité pour être réellement libre. On ne pas être anarchiste et accepter aveuglement n'importe quoi ! [[Michel Bakounine]], un des théoriciens fondateurs de l'anarchisme, exprime ainsi ce scepticisme radical :  
  
    "No theory, no ready-made system, no book that has ever been written will save the world. I cleave to no system. I am a true seeker."
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::« Nulle théorie, nul système pré-établi, nul livre jamais écrit ne sauvera le monde. Je suis fidèle à l'absence de système. Je suis un vrai chercheur. »<ref>[[Michel Bakounine]], cité par E. H. Carr in ''Michel Bakunin'', p. 175.</ref>
  
Any system of ethics which is not based on individual questioning can only be authoritarian. Erich Fromm explains why:
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Tout système éthique non-basé sur le questionnement individuel ne peut être qu'autoritaire. [[Erich Fromm]] explique pourquoi :
  
    "Formally, authoritarian ethics denies man's capacity to know what is good or bad; the norm giver is always an authority transcending the individual. Such a system is based not on reason and knowledge but on awe of the authority and on the subject's feeling of weakness and dependence; the surrender of decision making to the authority results from the latter's magic power; its decisions can not and must not be questioned. Materially, or according to content, authoritarian ethics answers the question of what is good or bad primarily in terms of the interests of the authority, not the interests of the subject; it is exploitative, although the subject may derive considerable benefits, psychic or material, from it." [Man For Himself, p. 10]
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::« Formellement, l'éthique autoritaire nie la capacité humaine de savoir ce qui est bon ou mauvais ; ce qui fixe la norme est toujours une autorité transcendant l'individu. Un tel système est basé non pas sur la raison et la connaissance mais sur le respect de l'autorité et sur les sentiments de faiblesse et de dépendance du sujet ; l'abandon de la prise de décision à l'autorité résulte des pouvoirs magiques de cette dernière ; ses décisions ne peuvent pas et ne doivent pas être mises en doutes. Matériellement, ou d'après le fond, l'éthique autoritaire répond à la question de savoir ce qui est bon ou mauvais en premier lieu en fonction des intérêts de l'autorité, et non pas ceux du sujet ; c'est un système basé sur l'exploitation, bien que le sujet puisse en tirer des bénéfices considérables, psychiques ou matériels. »<ref>« Formally, authoritarian ethics denies man's capacity to know what is good or bad; the norm giver is always an authority transcending the individual. Such a system is based not on reason and knowledge but on awe of the authority and on the subject's feeling of weakness and dependence; the surrender of decision making to the authority results from the latter's magic power; its decisions can not and must not be questioned. Materially, or according to content, authoritarian ethics answers the question of what is good or bad primarily in terms of the interests of the authority, not the interests of the subject; it is exploitative, although the subject may derive considerable benefits, psychic or material, from it. »<br>[[Erich Fromm]], ''Man For Himself'' (L'Homme pour lui-même), p. 10.</ref>
  
Therefore Anarchists take, essentially, a scientific approach to problems. Anarchists arrive at ethical judgements without relying on the mythology of spiritual aid, but on the merits of their own minds. This is done through logic and reason, and is a far better route to resolving moral questions than obsolete, authoritarian systems like orthodox religion and certainly better than the "there is no wrong or right" of moral relativism.
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Les anarchistes adoptent donc une approche essentiellement scientifique des problèmes. Ils et elles parviennent à des jugements éthiques sans s'appuyer sur la mythologie ou une quelconque aide spirituelle, mais sur les mérites de leur propre esprit. Tout cela grâce à la logique et à la raison, ce qui est une façon de résoudre les question morales bien meilleure que les systèmes obsolètes et autoritaires tels que la religion et certainement meilleure que l'habituel « il n'y a pas de vrai ou de faux » du relativisme moral.
  
So, what are the source of ethical concepts? For Kropotkin, "nature has thus to be recognised as the first ethical teacher of man. The social instinct, innate in men as well as in all the social animals, - this is the origin of all ethical conceptions and all subsequent development of morality." [Ethics, p. 45]
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Quelles sont les sources des concepts éthiques alors ? Pour [[Piotr Kropotkine]], « La nature est, ainsi, le premier maître qui ait enseigné à l’homme l'éthique, le principe moral. L'instinct social, inné chez l’homme comme chez tous les animaux sociaux, — telle est la source de toutes les notions d'éthique et de toute l'évolution ultérieure de la morale. »<ref>[[Piotr Kropotkine]], ''L'Éthique''. À lire sur [http://raforum.apinc.org/bibliolib/HTML/Kropotkine-Ethique.html raforum.apinc.og].</ref>
  
Life, in other words, is the basis of anarchist ethics. This means that, essentially (according to anarchists), an individual's ethical viewpoints are derived from three basic sources:
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En d'autres termes, la vie est à la base de l'éthique anarchiste. Ce qui signifie que, selon les anarchistes, les points de vue éthiques d'un individu proviennent principalement de trois sources :
  
    1) from the society an individual lives in. As Kropotkin pointed out, "Man's conceptions of morality are completely dependent upon the form that their social life assumed at a given time in a given locality . . . this [social life] is reflected in the moral conceptions of men and in the moral teachings of the given epoch." [Op. Cit., p. 315] In other words, experience of life and of living.
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*de la société dans laquelle l'individu vit. Comme le montre Kropotkine : « Les conceptions humaines de la moralité sont complètement dépendantes de la forme que leur vie sociale prend à un instant donné et à un lieu donné [...] elle [la vie sociale] est reflétée dans les conceptions morales humaines et dans les enseignements moraux de l'époque considérée. »<ref>« Man's conceptions of morality are completely dependent upon the form that their social life assumed at a given time in a given locality [...] this [social life] is reflected in the moral conceptions of men and in the moral teachings of the given epoch. »<br>Piotr Kropotkine, ''Op. Cit.'', p. 315. '''À ressourcer'''</ref>
  
    2) A critical evaluation by individuals of their society's ethical norms, as indicated above. This is the core of Erich Fromm's argument that "Man must accept the responsibility for himself and the fact that only using his own powers can he give meaning to his life . . .there is no meaning to life except the meaning man gives his life by the unfolding of his powers, by living productively." [Man for Himself, p. 45] In other words, individual thought and development.
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*de l'évaluation critique de la part des individus des normes éthiques de la société. C'est l'argument clé d'Erich Fromm : « L'Homme doit accepter sa propre responsabilité et le fait qu'il ne puisse utiliser que ses propres pouvoirs pour donner un sens à sa vie [...] il n'y a pas de sens à la vie à part celui que l'Homme lui donne par la floraison de ses pouvoirs, par vivre sa vie utilement. »<ref>« Man must accept the responsibility for himself and the fact that only using his own powers can he give meaning to his life [...] there is no meaning to life except the meaning man gives his life by the unfolding of his powers, by living productively. »<br>Erich Fromm, ''Op. Cit.''.</ref>
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*des sentiments d'empathie : « la vraie origine du sentiment moral [est] simplement dans le sentiment de sympathie. »<ref> « the true origin of the moral sentiment . . . [is] simply in the feeling of sympathy. »<br>"Anarchist Morality", ''Anarchism'', p. 94.</ref>
  
    3) The feeling of empathy - "the true origin of the moral sentiment . . . [is] simply in the feeling of sympathy." ["Anarchist Morality", Anarchism, p. 94] In other words, an individual's ability to feel and share experiences and concepts with others.  
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Ce dernier facteur est essentiel dans le développement d'un sens de l'éthique. Comme le montre Kropotkine, « plus votre imagination est puissante, mieux vous pourrez vous imaginer ce que sent un être que l’on fait souffrir ; et plus intense, plus délicat sera votre sentiment moral [...] et plus vous serez poussé à agir pour empêcher le mal, l’injure ou l’injustice. Et plus vous serez habitué, par les circonstances, par ceux qui vous entourent, ou par l’intensité de votre propre pensée et de votre propre imagination à agir dans le sens où votre pensée et votre imagination vous poussent — plus ce sentiment moral grandira en vous, plus il deviendra habitude. »<ref>Piotr Kropotkine, ''La Morale anarchiste'', p. 14-15. À lire sur [http://fr.wikisource.org/wiki/La_Morale_anarchiste Wikisource].</ref>
  
This last factor is very important for the development of a sense of ethics. As Kropotkin argued, "[t]he more powerful your imagination, the better you can picture to yourself what any being feels when it is made to suffer, and the more intense and delicate will your moral sense be. . . And the more you are accustomed by circumstances, by those surrounding you, or by the intensity of your own thought and your imagination, to act as your own thought and imagination urge, the more will the moral sentiment grow in you, the more will it became habitual." [Op. Cit., p. 95]
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Ainsi, l'anarchisme est essentiellement basée sur la maxime morale « traite les autres comme tu voudrais être traité<ref name="morale">Cette morale est appelée '''''Éthique de réciprocité''''', ou '''''La règle d'or''''', et se retrouve dans de nombreuses cultures et religions. On peut lui rapprocher l’'''''Impératif catégorique''''' d'Emmanuel Kant, énoncé dans la ''Fondation de la métaphysique des mœurs'' en [[1785]], concept qui s'énonce de plusieurs manières comme « Agis de telle sorte que tu puisses toujours te considérer en même temps comme législateur et comme sujet dans le règne des fins. » ou « Agis toujours de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne d’autrui, toujours en même temps comme une fin, jamais simplement comme un moyen. »</ref>. » Les anarchistes ne sont ni égoïstes ni altruistes quand il s'agit de parler positions morales, ils sont tous simplement humain(e)s.
  
So, anarchism is based (essentially) upon the ethical maxim "treat others as you would like them to treat you under similar circumstances." Anarchists are neither egoists nor altruists when it come to moral stands, they are simply human.
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Comme le note Kropotkine, l’''égoïsme'' et l’''altruisme'' partagent les mêmes racines — « malgré les grandes différences entre ses deux actions dans leur conséquence sur l'humanité, la motivation est la même. C'est la quête du plaisir. »<ref>Piotr Kropotkine, ''Op. Cit.'', p. 85. '''À ressourcer'''.</ref>
  
As Kropotkin noted, "egoism" and "altruism" both have their roots in the same motive -- "however great the difference between the two actions in their result of humanity, the motive is the same. It is the quest for pleasure." [Op. Cit., p. 85]
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Pour les anarchistes, le sens de l'éthique d'une personne doit se développer par lui-même et requiert le plein usage des capacités mentales de cette personne en tant que partie d'un groupe social, partie d'une communauté. Puisque le capitalisme et toutes les autres formes d'autorité affaiblissent l'imagination et réduisent le nombre d'exutoires pour exercer sa raison, à cause du poids mort de la hiérarchie et de la dislocation de la communauté, il n'est pas étonnant que la vie dans une société capitaliste soit marquée par un âpre mépris d'autrui et un par un manque de comportement éthique.
  
For anarchists, a person's sense of ethics must be developed by themselves and requires the full use of an individual's mental abilities as part of a social grouping, as part of a community. As capitalism and other forms of authority weaken the individual's imagination and reduce the number of outlets for them to exercise their reason under the dead weight of hierarchy as well as disrupting community, little wonder that life under capitalism is marked by a stark disregard for others and lack of ethical behaviour.
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À cela s'ajoute le rôle joué par l'inégalité au sein de notre société. Sans égalité, il ne peut y avoir de vraie éthique :
  
Combined with these factors is the role played by inequality within society. Without equality, there can be no real ethics for "Justice implies Equality. . . only those who consider others as their equals can obey the rule: 'Do not do to others what you do not wish them to do to you.' A serf-owner and a slave merchant can evidently not recognise . . . the 'categorial imperative' [of treating people as ends in themselves and not as means] as regards serfs [or slaves] because they do not look upon them as equals." Hence the "greatest obstacle to the maintenance of a certain moral level in our present societies lies in the absence of social equality. Without real equality, the sense of justice can never be universally developed, because Justice implies the recognition of Equality." [Peter Kropotkin, Evolution and Environment, p. 88 and p. 79]
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::« La Justice suppose l'Égalité [...] seuls ceux qui considèrent les autres comme des égaux peuvent obéir à cette loi : 'Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse<ref name="morale" />.' Un "possesseur" de serfs et un marchand d'esclaves ne reconnaissent évidemment pas [...] l'impératif catégorique<ref name="morale" /> envers les serfs ou les esclaves car ils ne les considèrent pas comme des égaux. » D'où « le plus grand obstacle au maintien d'un certain niveau moral dans nos sociétés actuelles est l'absence d'égalité sociale. Sans une égalité réelle, le sens de la justice ne pourra être universellement développé, car la Justice suppose la reconnaissance de l'Égalité. »<ref>« Justice implies Equality. . . only those who consider others as their equals can obey the rule: 'Do not do to others what you do not wish them to do to you.' A serf-owner and a slave merchant can evidently not recognise . . . the 'categorial imperative' [of treating people as ends in themselves and not as means] as regards serfs [or slaves] because they do not look upon them as equals. » « greatest obstacle to the maintenance of a certain moral level in our present societies lies in the absence of social equality. Without real equality, the sense of justice can never be universally developed, because Justice implies the recognition of Equality. »<br>Piotr Kropotkine, ''Evolution and Environment'', p. 88 et 79. '''À ressourcer'''.</ref>
  
Capitalism, like any society, gets the ethical behaviour it deserves..
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Le capitalisme, comme toute société, reçoit les comportements éthiques qu'il mérite.
  
In a society which moves between moral relativism and absolutism it is little wonder that egoism becomes confused with egotism. By disempowering individuals from developing their own ethical ideas and instead encouraging blind obedience to external authority (and so moral relativism once individuals think that they are without that authority's power), capitalist society ensures an impoverishment of individuality and ego. As Erich Fromm puts it:
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Au sein d'une société qui oscille entre le relativisme moral et l'absolutisme moral, rien d'étonnant à ce que l'égoïsme tende à se confondre avec l'égotisme<ref>L'égotisme est la tendance à parler de soi-même. Le terme ne possède pas de connotation négative, à l'inverse de l'égoïsme, qui est le fait de n'être préoccupé que par son intérêt. Un journal intime est une forme de pratique égotiste, par exemple.</ref>. La société capitaliste s'assure un appauvrissement de l'individualité et de l'ego en affaiblissant les individus, c'est-à-dire en les empêchant de développer leurs propres idées éthiques et en les encourageant à l'obéissance aveugle envers l'autorité externe. Comme le dit Erich Fromm :  
  
    "The failure of modern culture lies not in its principle of individualism, not in the idea that moral virtue is the same as the pursuit of self-interest, but in the deterioration of the meaning of self-interest; not in the fact that people are too much concerned with their self-interest, but that they are not concerned enough with the interest of their real self; not in the fact that they are too selfish, but that they do not love themselves." [Man for Himself, p. 139]
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::« L'échec de la culture moderne ne repose pas dans son principe individualiste, ni dans l'idée que vertu morale et recherche de son propre intérêt sont identiques, mais dans la détérioration du sens d'intérêt personnel ; non dans le fait que les gens soient trop intéressés par leur intérêt personnel, mais dans celui qu'ils ne soient pas assez concernés avec leur propre ''moi'' ; non dans le fait qu'ils soient trop égoïstes, mais dans celui qu'ils ne s'aiment pas assez. »<ref>« The failure of modern culture lies not in its principle of individualism, not in the idea that moral virtue is the same as the pursuit of self-interest, but in the deterioration of the meaning of self-interest; not in the fact that people are too much concerned with their self-interest, but that they are not concerned enough with the interest of their real self; not in the fact that they are too selfish, but that they do not love themselves. »<br>Erich Fromm, ''Op. Cit.'', p. 139.</ref>
  
Therefore, strictly speaking, anarchism is based upon an egoistic frame of reference - ethical ideas must be an expression of what gives us pleasure as a whole individual (both rational and emotional, reason and empathy). This leads all anarchists to reject the false division between egoism and altruism and recognise that what many people (for example, capitalists) call "egoism" results in individual self-negation and a reduction of individual self-interest. As Kropotkin argues:
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Ainsi, à proprement parler, l'anarchisme repose sur un référentiel égoïste — les idées éthiques doivent être l'expression de ce qui nous donne du plaisir en tant qu'individu entier (à la fois rationnel et émotionnel, c'est-à-dire utilisant la raison et l'empathie). Cela amène les anarchistes à rejeter la fausse division entre égoïsme et altruisme et à reconnaître que ce que beaucoup (comme par exemple, les capitalistes) appellent "égoïsme" est en fait l'auto-négation de l'individu et la diminution de ses intérêts personnels. Comme le dit Kropotkine :  
  
    "What was it that morality, evolving in animal and human societies, was striving for, if not for the opposition to the promptings of narrow egoism, and bringing up humanity in the spirit of the development of altruism? The very expressions 'egoism' and 'altruism' are incorrect, because there can be no pure altruism without an admixture of personal pleasure - and consequently, without egoism. It would therefore be more nearly correct to say that ethics aims at the development of social habits and the weakening of the narrowly personal habits. These last make the individual lose sight of society through his regard for his own person, and therefore they even fail to attain their object, i.e. the welfare of the individual, whereas the development of habits of work in common, and of mutual aid in general, leads to a series of beneficial consequences in the family as well as society." [Ethics, pp. 307-8]
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::« À quoi aspire et à quoi a toujours aspiré la morale, au cours de son élaboration au sein des sociétés animales et humaines, si ce n'est à combattre les tendances étroites de l'égoïsme et à éduquer l'humanité en vue du développement des tendances altruistes ? Les termes mêmes d'«égoïsme» et d'«altruisme» sont impropres, car il n'existe pas d'altruisme pur, dépourvu de tout élément de jouissance personnelle, par conséquent d'égoïsme. Il serait, par conséquent, plus exact de dire que les doctrines morales, l'éthique, visent au développement des habitudes de sociabilité et à l'atténuation des habitudes étroitement personnelles, dans lesquelles sa propre personnalité cache à l'homme la société et qui, en raison de cela, manquent leur but même, qui est le bien de l'individu. Au contraire, l'extension de l'habitude du travail en commun et, en général, de l'entr'aide [sic], amène une série de conséquences bienfaisantes pour la famille et pour la société. »<ref>Piotr Kropotkine, ''L'Éthique'', chapitre 12.</ref>
  
Therefore anarchism is based upon the rejection of moral absolutism (i.e. "God's Law," "Natural Law," "Man's Nature," "A is A") and the narrow egotism which moral relativism so easily lends itself to. Instead, anarchists recognise that there exists concepts of right and wrong which exist outside of an individual's evaluation of their own acts.
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Donc l'anarchisme repose sur le rejet d'absolutisme moral (c'est-à-dire sur les « Loi divine », « Loi naturelle », « Nature humaine », et autres « A est A »<ref>Principe d'identité d'[[Aristote]], aussi énoncé comme « ce qui est est » et « ce qui n'est pas n'est pas », qui stipule qu'une chose est identique à elle-même.</ref>) et de l'égotisme étroit dans lequel le relativisme moral se complaît si facilement. À la place, les anarchistes reconnaissent qu'il existe des concepts de ''vrai'' et de ''faux'' en dehors de l'évaluation de ses propres actes par un individu.
  
This is because of the social nature of humanity. The interactions between individuals do develop into a social maxim which, according to Kropotkin, can be summarised as "[i]s it useful to society? Then it is good. Is it hurtful? Then it is bad." Which acts human beings think of as right or wrong is not, however, unchanging and the "estimate of what is useful or harmful . . . changes, but the foundation remains the same." ["Anarchist Morality", Op. Cit., p. 91 and p. 92]
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Cela est dû est à la nature sociale de l'humanité. Les interactions entre individus se développent bien en une maxime sociale qui, selon Kropotkine, peut être résumée ainsi : « Est-ce utile à la société ? Alors c’est ''bon''. — Est-ce ''nuisible'' ? Alors c’est ''mauvais''. » Ce qui stipule, toutefois, que ce que les êtres humains pensent du ''bien'' et du ''mal'' n'est pas immuable et « l’appréciation de ce qui est utile ou nuisible à la race change, mais le fond reste immuable. »<ref>Piotr Kropotkine, ''La Morale anarchiste'', p. 12 et 13.</ref>
  
This sense of empathy, based upon a critical mind, is the fundamental basis of social ethics - the 'what-should-be' can be seen as an ethical criterion for the truth or validity of an objective 'what-is.' So, while recognising the root of ethics in nature, anarchists consider ethics as fundamentally a human idea - the product of life, thought and evolution created by individuals and generalised by social living and community.
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Ce sens de l'empathie basée sur un esprit critique, est la base fondamentale de l'éthique sociale - le ''’ce-qui-devrait-être’'' peut être vu comme critère éthique de la veracité ou de la validité d'un ''’ce-qui-est’'' objectif. Donc, si ils/elles reconnaissent les racines naturelles de l'éthique, les anarchistes considèrent que l'éhique est fondamentalement une idée humaine — le produit de la vie, de la pensée et de l'évolution créées par les individus et généralisées au corps social et à la communauté.
  
So what, for anarchists, is unethical behaviour? Essentially anything that denies the most precious achievement of history: the liberty, uniqueness and dignity of the individual.
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Mais alors, qu'est-ce qu'un comportement immoral, pour les anarchistes ? Principalement tout ce qui renie les accomplissements les plus fondamentaux de l'Histoire : la liberté, l'unicité et la dignité de l'individu.
  
Individuals can see what actions are unethical because, due to empathy, they can place themselves into the position of those suffering the behaviour. Acts which restrict individuality can be considered unethical for two (interrelated) reasons.
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Les individus peuvent savoir quelles actions sont immorales grâce à l'empathie, qui leur permet de se mettre à la place de celui/celle ou ceux/celles qui souffrent (d'un comportement, d'une action, etc.). Les actions qui restraignent l'individualité peuvent être considérées comme immorales pour deux raisons :
  
Firstly, the protection and development of individuality in all enriches the life of every individual and it gives pleasure to individuals because of the diversity it produces. This egoist basis of ethics reinforces the second (social) reason, namely that individuality is good for society for it enriches the community and social life, strengthening it and allowing it to grow and evolve. As Bakunin constantly argued, progress is marked by a movement from "the simple to the complex" or, in the words of Herbert Read, it "is measured by the degree of differentiation within a society. If the individual is a unit in a corporate mass, his [or her] life will be limited, dull, and mechanical. If the individual is a unit on his [or her] own, with space and potentiality for separate action . . .he can develop - develop in the only real meaning of the word - develop in consciousness of strength, vitality, and joy." ["The Philosophy of Anarchism," Anarchy and Order, p. 37]
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Premièrement, la protection et le développement de l'individualité dans son ensemble enrichissent la vie de chaque individu et procurent du plaisir aux autres grâce à la diversité qu'ils produisent. Cette base égoïste de l'éthique renforce la seconde raison, celle-ci sociale : l'individualité est bénéfique à la société car elle enrichit, renforce et permet l'évolution et la croissance de la communauté et de la vie sociale. Comme Bakounine n'a eu de cesse de le répéter, le progrès s'inscrit dans un mouvement du « simple vers le complexe », ou, pour citer [[Herbert Read]], le progrès « est mesuré par le degré de différenciation au sein de la société. Si l'individu est une unité de la masse sociétale, il/elle aura une vie limitée, monotone et mécanique. Si l'individu est une unité de sa propre personne, avec un espace et un potentiel permettant des actions à part [...] il/elle peut se développer - se développer est le seul vrai sens de ce mot - se développer en ayant conscience de sa force, de sa vitalité et de sa joie. »<ref>« is measured by the degree of differentiation within a society. If the individual is a unit in a corporate mass, his [or her] life will be limited, dull, and mechanical. If the individual is a unit on his [or her] own, with space and potentiality for separate action . . .he can develop - develop in the only real meaning of the word - develop in consciousness of strength, vitality, and joy. »<br>[[Herbert Read]], ''The Philosophy of Anarchism'', Anarchy and Order, p. 37.</ref>
  
This defence of individuality is learned from nature. In an ecosystem, diversity is strength and so biodiversity becomes a source of basic ethical insight. In its most basic form, it provides a guide to "help us distinguish which of our actions serve the thrust of natural evolution and which of them impede them." [Murray Bookchin, The Ecology of Freedom, p. 442]
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Cette défense de l'individualité nous provient de la Nature. Dans un écosystème donné, la diversité est la force et donc la biodiversité devient une source de compréhension éthique basique. Dans sa forme la plus basique, elle nous guide pour « nous aider à faire la différence entre nos actions qui servent à la portée de l'évolution naturelle et celles qui la ralentissent. »<ref>« help us distinguish which of our actions serve the thrust of natural evolution and which of them impede them. »<br>[[Murray Bookchin]], ''The Ecology of Freedom'', p. 442.</ref>
  
So, the ethical concept "lies in the feeling of sociality, inherent in the entire animal world and in the conceptions of equity, which constitutes one of the fundamental primary judgements of human reason." Therefore anarchists embrace "the permanent presence of a double tendency - towards greater development on the one side, of sociality, and, on the other side, of a consequent increase of the intensity of life which results in an increase of happiness for the individuals, and in progress - physical, intellectual, and moral." [Kropotkin, Ethics, pp. 311-2 and pp. 19-20]
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Ainsi, la base du concept d'éthique « se trouve [dans] le sentiment social, propre au règne animal tout entier, et [dans] la notion d'équité, qui constitue un des jugements primaires fondamentaux de l'intelligence humaine. » Par conséquent, les anarchistes embrassent « l'existence constante d'une double tendance : d'une part, la tendance à la sociabilité ; de l'autre, et comme résultat de cette dernière, l'aspiration à une intensité plus grande de la vie, par conséquent à un bonheur plus grand de l’individu, à son rapide progrès au point de vue physique, intellectuel et moral. »<ref>Piotr Kropotkine, ''L'Éthique'', chapitres 12 et 2.</ref>
  
Anarchist attitudes to authority, the state, capitalism, private property and so on all come from our ethical belief that the liberty of individuals is of prime concern and that our ability to empathise with others, to see ourselves in others (our basic equality and common individuality, in other words).
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L'attitude anarchiste à l'égard de l'autorité, de l'État, du capitalisme, de la propriété privée vient de notre croyance éthique que la liberté de l'individu prime sur le reste et de notre capacité à l'empathie (de notre égalité basique et de notre individualité commune, en d'autres termes).
 
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Thus anarchism combines the subjective evaluation by individuals of a given set of circumstances and actions with the drawing of objective interpersonal conclusions of these evaluations based upon empathic bounds and discussion between equals. Anarchism is based on a humanistic approach to ethical ideas, one that evolves along with society and individual development. Hence an ethical society is one in which "[d]ifference among people will be respected, indeed fostered, as elements that enrich the unity of experience and phenomenon . . . [the different] will be conceived of as individual parts of a whole all the richer because of its complexity." [Murray Bookchin, Post Scarcity Anarchism, p. 82]
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Par conséquent l'anarchisme combine l'évaluation subjective de la part des individus d'une série donnée de circonstances et d'actions avec le fait de tirer des conclusions interpersonnelles objectives de ces évaluations basées sur des liens empathiques et des discussions entre individus égaux. L'anarchisme est basé sur une approche humaniste des idées éthiques, qui évolue avec la société et le développement individuel. Donc une société éthique « les différences entre les gens seront respectées, en fait promues, en tant qu'éléments qui enrichissent l'unité de l'expérience et de l'événement [les gens différents] seront perçus comme parties individuelles d'un tout d'autant plus riche du fait de sa complexité. »<ref>« [d]ifference among people will be respected, indeed fostered, as elements that enrich the unity of experience and phenomenon . . . [the different] will be conceived of as individual parts of a whole all the richer because of its complexity. »<br>Murray Bookchin, ''Post Scarcity Anarchism'', p. 82.</ref>
  
 
==Notes et références==
 
==Notes et références==

Revision as of 16:37, 12 March 2011

Catégorie:Que représente l'Anarchisme?

FAQ anarchiste
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« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
A - Qu'est-ce que l'anarchisme ?

Introduction

A.1 - Qu'est ce que l'Anarchisme ?


A.1.1 - Qu'est-ce que "Anarchie" signifie ?
A.1.2 - Qu'est-ce que "Anarchisme" signifie ?
A.1.3 - Pourquoi l'Anarchisme est appelé aussi socialisme libertaire ?
A.1.4 - Les Anarchistes sont-ils socialistes ?
A.1.5 - D'où vient l'anarchisme ?


A.2 - Que représente l'Anarchisme?


A.2.1 - Quelle est l'essence de l'anarchisme ?
A.2.2 - Pourquoi les anarchistes prônent-ils la liberté ?
A.2.3 - Les Anarchistes sont-ils en faveur de l'organisation ?
A.2.4 - Les Anarchistes sont-ils en faveur de la liberté "absolue" ?
A.2.5 - Pourquoi les anarchistes sont-ils en faveur de l'égalité ?
A.2.6 - Pourquoi la solidarité est importante pour les anarchistes ?
A.2.7 - Pourquoi les anarchistes plaident-ils pour l'émancipation individuelle ?
A.2.8 - Est-il possible d'être un anarchiste sans s'opposer à la hiérarchie ?
A.2.9 - Quelle sorte de société les anarchistes veulent-ils ?
A.2.10 - Qu'est-ce que la suppression de la hiérarchie signifiera et amènera ?
A.2.11 - Pourquoi la plupart des anarchistes soutiennent-ils la démocratie directe ?
A.2.12 - Le consensus est-il une alternative pour s'organiser en démocratie ?
A.2.13 - Les anarchistes sont-ils des individualistes ou des collectivistes ?
A.2.14 - Pourquoi le volontarisme n'est pas suffisant ?
A.2.15 - Que dites-vous de la nature humaine ?
A.2.16 - L'anarchisme exige-t-il des personnes "parfaites" pour qu'une société anarchiste puisse exister ?
A.2.17 - Est-ce que la plupart des gens ne sont pas trop stupides pour qu'une société libre puisse exister ?
A.2.18 - Est-ce que les anarchistes supportent le terrorisme ?
A.2.19 - Quelles vues éthiques les anarchistes tiennent-ils ?
A.2.20 - Pourquoi la plupart des anarchistes sont athées ?


A.3 - Quelles sortes d'anarchisme existe-t-il ?


A.3.1 - Quelles sont les différences entre les individualistes et les socialistes anarchistes ?
A.3.2 - Y-a-t-il des différents types d'anarchisme socialiste ?
A.3.3 - Quels sortes d'écologisme anarchiste y a t il ?
A.3.4 - Est-ce que l'anarchisme est pacifiste ?
A.3.5 - Qu'est-ce que l'anarcha-feminisme ?
A.3.6 - Quelle est la culture Anarchiste ?
A.3.7 - Existe-t-il des anarchistes religieux ?
A.3.8 - Qu'est-ce que "anarchisme sans adjectif" ?
A.3.9 - Qu'est ce que l'anarcho-primitivisme ?


A.4 - Qui sont les penseurs reconnus dans l'anarchisme ?


A.5 - Quels sont des exemples "d'anarchie en action" ?


A.5.1 - La commune de Paris
A.5.2 - Les martyrs de Haymarket
A.5.3 - La création des unions syndicales
A.5.4 - Les anarchistes dans la Révolution russe
A.5.5 - Les anarchistes dans les occupations d'usines en Italie
A.5.6 - L'anarchisme et la révolution en Espagne
A.5.7 - Révolte en France en Mai/Juin 1968

Sommaire complet et détaillé


Les points de vue anarchistes sur l'éthique varient fortement, bien que toutes et tous partagent la conviction commune que chaque individu doive développer son propre sens de l'éthique. Tou(te)s les anarchistes s'accordent avec Max Stirner, à savoir qu'un individu doit se libérer des contraintes de la morale existante et interroger cette morale : « Je décide si cela est la bonne chose pour moi ; il n'y a pas d'autre droit en dehors de moi. »[1]

Toutefois, quelques anarchistes seulement iraient aussi loin que Stirner et rejetteraient tout concept d'éthique sociale (cela va sans dire, Stirner considère certains concepts universels, bien qu'ils soient des concepts égoïstes). Pour la plupart des anarchistes, un tel niveau de relativisme moral est presque aussi mauvais que l'absolutisme moral[2].

On prétend souvent que la société moderne s'effondre à cause d'un « Ã©goïsme » excessif ou d'un relativisme moral. C'est faux. Aller vers le relativisme moral éloigne de l'absolutisme moral. Ce-dernier est encouragé par divers moralistes et vrais croyants car il se base lui-même, subtilement certes, sur l'idée de la raison individuelle. Cependant, puisqu'il réfute l'existence (ou l'attraction) de l'éthique, le relativisme moral est tout sauf le reflet de ce contre quoi il se rebelle. Aucune des deux options (le relativisme et l'absolutisme moraux) ne renforce ou ne libère l'individu.

Par conséquent, ces deux attitudes sont extrêmement attirantes pour les autoritaires, en tant que population qui est incapable de forger sa propre opinion à propos des choses (et qui tolèreront n'importe quoi) et qui suit aveuglement les commandements d'une classe dirigeante. Les autoritaires sont bien entendus très précieux aux yeux de ceux qui sont au pouvoir. Les anarchistes rejettent les deux attitudes en faveur d'une approche évolutionniste de l'éthique basée sur la capacité humaine de développer les concepts éthiques et l'empathie pour généraliser ces concepts en attitudes éthiques au sein de la société autant que chez chaque individu. Une approche libertaire de l'éthique reprend donc l'enquête individuelle critique implicite au relativisme moral mais repose sur des sentiments communs de vrai et de faux. Comme Pierre-Joseph Proudhon le dit :

« Tout progrès commence par une abolition, toute réforme s'appuie sur la dénonciation d'un abus, toute idée nouvelle repose sur l'insuffisance démontrée de l'ancienne. »[3]

La plupart des anarchistes adoptent le point de vue que les standards éthiques, comme la vie, sont en constante évolution. Cela les amène à rejeter les diverses notions de « Loi divine », « Loi naturelle » et autres, et à s'approprier la théorie du développement éthique basé sur l'idée que les individus sont entièrement habilités à mettre en doute et à évaluer le monde qui les entoure. En fait, ils réclament cette capacité pour être réellement libre. On ne pas être anarchiste et accepter aveuglement n'importe quoi ! Michel Bakounine, un des théoriciens fondateurs de l'anarchisme, exprime ainsi ce scepticisme radical :

« Nulle théorie, nul système pré-établi, nul livre jamais écrit ne sauvera le monde. Je suis fidèle à l'absence de système. Je suis un vrai chercheur. »[4]

Tout système éthique non-basé sur le questionnement individuel ne peut être qu'autoritaire. Erich Fromm explique pourquoi :

« Formellement, l'éthique autoritaire nie la capacité humaine de savoir ce qui est bon ou mauvais ; ce qui fixe la norme est toujours une autorité transcendant l'individu. Un tel système est basé non pas sur la raison et la connaissance mais sur le respect de l'autorité et sur les sentiments de faiblesse et de dépendance du sujet ; l'abandon de la prise de décision à l'autorité résulte des pouvoirs magiques de cette dernière ; ses décisions ne peuvent pas et ne doivent pas être mises en doutes. Matériellement, ou d'après le fond, l'éthique autoritaire répond à la question de savoir ce qui est bon ou mauvais en premier lieu en fonction des intérêts de l'autorité, et non pas ceux du sujet ; c'est un système basé sur l'exploitation, bien que le sujet puisse en tirer des bénéfices considérables, psychiques ou matériels. »[5]

Les anarchistes adoptent donc une approche essentiellement scientifique des problèmes. Ils et elles parviennent à des jugements éthiques sans s'appuyer sur la mythologie ou une quelconque aide spirituelle, mais sur les mérites de leur propre esprit. Tout cela grâce à la logique et à la raison, ce qui est une façon de résoudre les question morales bien meilleure que les systèmes obsolètes et autoritaires tels que la religion et certainement meilleure que l'habituel « il n'y a pas de vrai ou de faux » du relativisme moral.

Quelles sont les sources des concepts éthiques alors ? Pour Piotr Kropotkine, « La nature est, ainsi, le premier maître qui ait enseigné à l’homme l'éthique, le principe moral. L'instinct social, inné chez l’homme comme chez tous les animaux sociaux, — telle est la source de toutes les notions d'éthique et de toute l'évolution ultérieure de la morale. »[6]

En d'autres termes, la vie est à la base de l'éthique anarchiste. Ce qui signifie que, selon les anarchistes, les points de vue éthiques d'un individu proviennent principalement de trois sources :

  • de la société dans laquelle l'individu vit. Comme le montre Kropotkine : « Les conceptions humaines de la moralité sont complètement dépendantes de la forme que leur vie sociale prend à un instant donné et à un lieu donné [...] elle [la vie sociale] est reflétée dans les conceptions morales humaines et dans les enseignements moraux de l'époque considérée. »[7]
  • de l'évaluation critique de la part des individus des normes éthiques de la société. C'est l'argument clé d'Erich Fromm : « L'Homme doit accepter sa propre responsabilité et le fait qu'il ne puisse utiliser que ses propres pouvoirs pour donner un sens à sa vie [...] il n'y a pas de sens à la vie à part celui que l'Homme lui donne par la floraison de ses pouvoirs, par vivre sa vie utilement. »[8]
  • des sentiments d'empathie : « la vraie origine du sentiment moral [est] simplement dans le sentiment de sympathie. »[9]

Ce dernier facteur est essentiel dans le développement d'un sens de l'éthique. Comme le montre Kropotkine, « plus votre imagination est puissante, mieux vous pourrez vous imaginer ce que sent un être que l’on fait souffrir ; et plus intense, plus délicat sera votre sentiment moral [...] et plus vous serez poussé à agir pour empêcher le mal, l’injure ou l’injustice. Et plus vous serez habitué, par les circonstances, par ceux qui vous entourent, ou par l’intensité de votre propre pensée et de votre propre imagination à agir dans le sens où votre pensée et votre imagination vous poussent — plus ce sentiment moral grandira en vous, plus il deviendra habitude. »[10]

Ainsi, l'anarchisme est essentiellement basée sur la maxime morale « traite les autres comme tu voudrais être traité[11]. » Les anarchistes ne sont ni égoïstes ni altruistes quand il s'agit de parler positions morales, ils sont tous simplement humain(e)s.

Comme le note Kropotkine, l’égoïsme et l’altruisme partagent les mêmes racines — « malgré les grandes différences entre ses deux actions dans leur conséquence sur l'humanité, la motivation est la même. C'est la quête du plaisir. »[12]

Pour les anarchistes, le sens de l'éthique d'une personne doit se développer par lui-même et requiert le plein usage des capacités mentales de cette personne en tant que partie d'un groupe social, partie d'une communauté. Puisque le capitalisme et toutes les autres formes d'autorité affaiblissent l'imagination et réduisent le nombre d'exutoires pour exercer sa raison, à cause du poids mort de la hiérarchie et de la dislocation de la communauté, il n'est pas étonnant que la vie dans une société capitaliste soit marquée par un âpre mépris d'autrui et un par un manque de comportement éthique.

À cela s'ajoute le rôle joué par l'inégalité au sein de notre société. Sans égalité, il ne peut y avoir de vraie éthique :

« La Justice suppose l'Égalité [...] seuls ceux qui considèrent les autres comme des égaux peuvent obéir à cette loi : 'Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse[11].' Un "possesseur" de serfs et un marchand d'esclaves ne reconnaissent évidemment pas [...] l'impératif catégorique[11] envers les serfs ou les esclaves car ils ne les considèrent pas comme des égaux. » D'où « le plus grand obstacle au maintien d'un certain niveau moral dans nos sociétés actuelles est l'absence d'égalité sociale. Sans une égalité réelle, le sens de la justice ne pourra être universellement développé, car la Justice suppose la reconnaissance de l'Égalité. »[13]

Le capitalisme, comme toute société, reçoit les comportements éthiques qu'il mérite.

Au sein d'une société qui oscille entre le relativisme moral et l'absolutisme moral, rien d'étonnant à ce que l'égoïsme tende à se confondre avec l'égotisme[14]. La société capitaliste s'assure un appauvrissement de l'individualité et de l'ego en affaiblissant les individus, c'est-à-dire en les empêchant de développer leurs propres idées éthiques et en les encourageant à l'obéissance aveugle envers l'autorité externe. Comme le dit Erich Fromm :

« L'échec de la culture moderne ne repose pas dans son principe individualiste, ni dans l'idée que vertu morale et recherche de son propre intérêt sont identiques, mais dans la détérioration du sens d'intérêt personnel ; non dans le fait que les gens soient trop intéressés par leur intérêt personnel, mais dans celui qu'ils ne soient pas assez concernés avec leur propre moi ; non dans le fait qu'ils soient trop égoïstes, mais dans celui qu'ils ne s'aiment pas assez. »[15]

Ainsi, à proprement parler, l'anarchisme repose sur un référentiel égoïste — les idées éthiques doivent être l'expression de ce qui nous donne du plaisir en tant qu'individu entier (à la fois rationnel et émotionnel, c'est-à-dire utilisant la raison et l'empathie). Cela amène les anarchistes à rejeter la fausse division entre égoïsme et altruisme et à reconnaître que ce que beaucoup (comme par exemple, les capitalistes) appellent "égoïsme" est en fait l'auto-négation de l'individu et la diminution de ses intérêts personnels. Comme le dit Kropotkine :

« Ã€ quoi aspire et à quoi a toujours aspiré la morale, au cours de son élaboration au sein des sociétés animales et humaines, si ce n'est à combattre les tendances étroites de l'égoïsme et à éduquer l'humanité en vue du développement des tendances altruistes ? Les termes mêmes d'«égoïsme» et d'«altruisme» sont impropres, car il n'existe pas d'altruisme pur, dépourvu de tout élément de jouissance personnelle, par conséquent d'égoïsme. Il serait, par conséquent, plus exact de dire que les doctrines morales, l'éthique, visent au développement des habitudes de sociabilité et à l'atténuation des habitudes étroitement personnelles, dans lesquelles sa propre personnalité cache à l'homme la société et qui, en raison de cela, manquent leur but même, qui est le bien de l'individu. Au contraire, l'extension de l'habitude du travail en commun et, en général, de l'entr'aide [sic], amène une série de conséquences bienfaisantes pour la famille et pour la société. »[16]

Donc l'anarchisme repose sur le rejet d'absolutisme moral (c'est-à-dire sur les « Loi divine », « Loi naturelle », « Nature humaine », et autres « A est A »[17]) et de l'égotisme étroit dans lequel le relativisme moral se complaît si facilement. À la place, les anarchistes reconnaissent qu'il existe des concepts de vrai et de faux en dehors de l'évaluation de ses propres actes par un individu.

Cela est dû est à la nature sociale de l'humanité. Les interactions entre individus se développent bien en une maxime sociale qui, selon Kropotkine, peut être résumée ainsi : « Est-ce utile à la société ? Alors c’est bon. — Est-ce nuisible ? Alors c’est mauvais. » Ce qui stipule, toutefois, que ce que les êtres humains pensent du bien et du mal n'est pas immuable et « l’appréciation de ce qui est utile ou nuisible à la race change, mais le fond reste immuable. »[18]

Ce sens de l'empathie basée sur un esprit critique, est la base fondamentale de l'éthique sociale - le ’ce-qui-devrait-être’ peut être vu comme critère éthique de la veracité ou de la validité d'un ’ce-qui-est’ objectif. Donc, si ils/elles reconnaissent les racines naturelles de l'éthique, les anarchistes considèrent que l'éhique est fondamentalement une idée humaine — le produit de la vie, de la pensée et de l'évolution créées par les individus et généralisées au corps social et à la communauté.

Mais alors, qu'est-ce qu'un comportement immoral, pour les anarchistes ? Principalement tout ce qui renie les accomplissements les plus fondamentaux de l'Histoire : la liberté, l'unicité et la dignité de l'individu.

Les individus peuvent savoir quelles actions sont immorales grâce à l'empathie, qui leur permet de se mettre à la place de celui/celle ou ceux/celles qui souffrent (d'un comportement, d'une action, etc.). Les actions qui restraignent l'individualité peuvent être considérées comme immorales pour deux raisons :

Premièrement, la protection et le développement de l'individualité dans son ensemble enrichissent la vie de chaque individu et procurent du plaisir aux autres grâce à la diversité qu'ils produisent. Cette base égoïste de l'éthique renforce la seconde raison, celle-ci sociale : l'individualité est bénéfique à la société car elle enrichit, renforce et permet l'évolution et la croissance de la communauté et de la vie sociale. Comme Bakounine n'a eu de cesse de le répéter, le progrès s'inscrit dans un mouvement du « simple vers le complexe », ou, pour citer Herbert Read, le progrès « est mesuré par le degré de différenciation au sein de la société. Si l'individu est une unité de la masse sociétale, il/elle aura une vie limitée, monotone et mécanique. Si l'individu est une unité de sa propre personne, avec un espace et un potentiel permettant des actions à part [...] il/elle peut se développer - se développer est le seul vrai sens de ce mot - se développer en ayant conscience de sa force, de sa vitalité et de sa joie. »[19]

Cette défense de l'individualité nous provient de la Nature. Dans un écosystème donné, la diversité est la force et donc la biodiversité devient une source de compréhension éthique basique. Dans sa forme la plus basique, elle nous guide pour « nous aider à faire la différence entre nos actions qui servent à la portée de l'évolution naturelle et celles qui la ralentissent. »[20]

Ainsi, la base du concept d'éthique « se trouve [dans] le sentiment social, propre au règne animal tout entier, et [dans] la notion d'équité, qui constitue un des jugements primaires fondamentaux de l'intelligence humaine. » Par conséquent, les anarchistes embrassent « l'existence constante d'une double tendance : d'une part, la tendance à la sociabilité ; de l'autre, et comme résultat de cette dernière, l'aspiration à une intensité plus grande de la vie, par conséquent à un bonheur plus grand de l’individu, à son rapide progrès au point de vue physique, intellectuel et moral. »[21]

L'attitude anarchiste à l'égard de l'autorité, de l'État, du capitalisme, de la propriété privée vient de notre croyance éthique que la liberté de l'individu prime sur le reste et de notre capacité à l'empathie (de notre égalité basique et de notre individualité commune, en d'autres termes).

Par conséquent l'anarchisme combine l'évaluation subjective de la part des individus d'une série donnée de circonstances et d'actions avec le fait de tirer des conclusions interpersonnelles objectives de ces évaluations basées sur des liens empathiques et des discussions entre individus égaux. L'anarchisme est basé sur une approche humaniste des idées éthiques, qui évolue avec la société et le développement individuel. Donc une société éthique « les différences entre les gens seront respectées, en fait promues, en tant qu'éléments qui enrichissent l'unité de l'expérience et de l'événement [les gens différents] seront perçus comme parties individuelles d'un tout d'autant plus riche du fait de sa complexité. »[22]

Notes et références

  1. « I decide whether it is the right thing for me; there is no right outside me. »
    Max Stirner, The Ego and Its Own, p. 189.
  2. Le relativisme moral stipule qu'il n'y a pas de bon ou de mauvais à part ce qui convient à un individu tandis que l'absolutisme moral stipule que ce qui est vrai ou faux est indépendant de ce que pensent les individus.
  3. Pierre-Joseph Proudhon, Idée générale de la révolution au XIXe siècle, p. 103. À lire sur archive.org.
  4. Michel Bakounine, cité par E. H. Carr in Michel Bakunin, p. 175.
  5. « Formally, authoritarian ethics denies man's capacity to know what is good or bad; the norm giver is always an authority transcending the individual. Such a system is based not on reason and knowledge but on awe of the authority and on the subject's feeling of weakness and dependence; the surrender of decision making to the authority results from the latter's magic power; its decisions can not and must not be questioned. Materially, or according to content, authoritarian ethics answers the question of what is good or bad primarily in terms of the interests of the authority, not the interests of the subject; it is exploitative, although the subject may derive considerable benefits, psychic or material, from it. »
    Erich Fromm, Man For Himself (L'Homme pour lui-même), p. 10.
  6. Piotr Kropotkine, L'Éthique. À lire sur raforum.apinc.og.
  7. « Man's conceptions of morality are completely dependent upon the form that their social life assumed at a given time in a given locality [...] this [social life] is reflected in the moral conceptions of men and in the moral teachings of the given epoch. »
    Piotr Kropotkine, Op. Cit., p. 315. À ressourcer
  8. « Man must accept the responsibility for himself and the fact that only using his own powers can he give meaning to his life [...] there is no meaning to life except the meaning man gives his life by the unfolding of his powers, by living productively. »
    Erich Fromm, Op. Cit..
  9. « the true origin of the moral sentiment . . . [is] simply in the feeling of sympathy. »
    "Anarchist Morality", Anarchism, p. 94.
  10. Piotr Kropotkine, La Morale anarchiste, p. 14-15. À lire sur Wikisource.
  11. 11.0 11.1 11.2 Cette morale est appelée Éthique de réciprocité, ou La règle d'or, et se retrouve dans de nombreuses cultures et religions. On peut lui rapprocher l’Impératif catégorique d'Emmanuel Kant, énoncé dans la Fondation de la métaphysique des mÅ“urs en 1785, concept qui s'énonce de plusieurs manières comme « Agis de telle sorte que tu puisses toujours te considérer en même temps comme législateur et comme sujet dans le règne des fins. » ou « Agis toujours de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne d’autrui, toujours en même temps comme une fin, jamais simplement comme un moyen. »
  12. Piotr Kropotkine, Op. Cit., p. 85. À ressourcer.
  13. « Justice implies Equality. . . only those who consider others as their equals can obey the rule: 'Do not do to others what you do not wish them to do to you.' A serf-owner and a slave merchant can evidently not recognise . . . the 'categorial imperative' [of treating people as ends in themselves and not as means] as regards serfs [or slaves] because they do not look upon them as equals. » « greatest obstacle to the maintenance of a certain moral level in our present societies lies in the absence of social equality. Without real equality, the sense of justice can never be universally developed, because Justice implies the recognition of Equality. »
    Piotr Kropotkine, Evolution and Environment, p. 88 et 79. À ressourcer.
  14. L'égotisme est la tendance à parler de soi-même. Le terme ne possède pas de connotation négative, à l'inverse de l'égoïsme, qui est le fait de n'être préoccupé que par son intérêt. Un journal intime est une forme de pratique égotiste, par exemple.
  15. « The failure of modern culture lies not in its principle of individualism, not in the idea that moral virtue is the same as the pursuit of self-interest, but in the deterioration of the meaning of self-interest; not in the fact that people are too much concerned with their self-interest, but that they are not concerned enough with the interest of their real self; not in the fact that they are too selfish, but that they do not love themselves. »
    Erich Fromm, Op. Cit., p. 139.
  16. Piotr Kropotkine, L'Éthique, chapitre 12.
  17. Principe d'identité d'Aristote, aussi énoncé comme « ce qui est est » et « ce qui n'est pas n'est pas », qui stipule qu'une chose est identique à elle-même.
  18. Piotr Kropotkine, La Morale anarchiste, p. 12 et 13.
  19. « is measured by the degree of differentiation within a society. If the individual is a unit in a corporate mass, his [or her] life will be limited, dull, and mechanical. If the individual is a unit on his [or her] own, with space and potentiality for separate action . . .he can develop - develop in the only real meaning of the word - develop in consciousness of strength, vitality, and joy. »
    Herbert Read, The Philosophy of Anarchism, Anarchy and Order, p. 37.
  20. « help us distinguish which of our actions serve the thrust of natural evolution and which of them impede them. »
    Murray Bookchin, The Ecology of Freedom, p. 442.
  21. Piotr Kropotkine, L'Éthique, chapitres 12 et 2.
  22. « [d]ifference among people will be respected, indeed fostered, as elements that enrich the unity of experience and phenomenon . . . [the different] will be conceived of as individual parts of a whole all the richer because of its complexity. »
    Murray Bookchin, Post Scarcity Anarchism, p. 82.