FAQAnar:J.5.10 - Pourquoi les anarchistes supportent-ils les coopératives ?

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FAQ anarchiste
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« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
J - Que font les anarchistes ?

Introduction
J.1 - Les anarchistes sont-ils impliqués dans les luttes sociales ?



J.2 - Qu'est-ce que l'action directe ?



J.3 - Quelles formes d'organisations les anarchistes mettent-ils en place ?



J.4 - Quelles tendances dans la société aident l'activité anarchistes ?



J.5 - Quelles organisations sociales alternatives les anarchistes créent-ils ?



J.6 - Quelles méthodes éducatives les anarchistes défendent-ils pour les enfants ?



J.7 - Qu'est-ce que les anarchistes signifient par « révolution sociale » ?



Sommaire complet et détaillé

Catégorie:Que font les anarchistes ? Le soutien aux coopératives est un trait commun dans les écrits anarchistes. En effet, le soutien des anarchistes pour les coopératives est aussi vieille que l'utilisation du terme pour décrire nos idées anarchistes. Alors pourquoi les anarchistes soutiennent-ils les coopératives ? Fondamentalement, c'est parce que la coopérative est considérée comme un exemple de la future organisation sociale que les anarchistes veulent dans le présent. Comme Bakounine l'a fait valoir, "le système coopératif... Porte en lui le germe de l'avenir économique" [La philosophie de Bakounine, p. 385].

Les anarchistes supportent tous les types de coopératives - logement, nourriture, unions de credit et union productives. Toutes les formes de coopération sont utiles, car elles habituent leurs membres à travailler ensemble pour leur bénéfice commun ainsi qu'assurer une vaste expérience dans la gestion de leurs propres affaires. En tant que tel, toutes les formes de coopératives sont des exemples utiles d'auto-gestion et d'anarchie en action (dans une certaine mesure). Toutefois, ici nous allons nous concentrer sur les coopératives de production, c'est-à-dire le lieu de travail coopératif. La raison en est que le lieu de travail coopératif, potentiellement, pourrait remplacer le mode de production capitaliste avec une basé sur l'association, non salarié, du travail. Tant que le capitalisme existe au sein de l'industrie et de l'agriculture, aucune somme d'autres sortes de coopératives ne mettra fin à ce système. Le capital et la richesse s'accumulent par l'oppression et l'exploitation sur le lieu de travail, donc aussi longtemps que l'esclavage salarié existe, l'anarchie n'existera pas.

Les coopératives sont des "germes de l'avenir" en raison de deux faits. Tout d'abord, les coopératives sont basées sur chaque travailleur, chaque voix. En d'autres termes, ceux qui font le travail gérent le lieu de travail dans lequel ils le font (c'est-à-dire qu'elles sont fondées sur l'auto-gestion des travailleurs dans une certaine forme). Ainsi, les coopératives sont un exemple d'organisation démocratique directement "horizontale" que les anarchistes soutiennent et sont donc un exemple d'"anarchie en action" (même si, c'est dans une manière imparfaite) au sein de l'économie. En outre, ce sont un exemple d'entr'aide et d'auto-activité de la classe ouvrière. Au lieu de compter sur les autres à fournir du travail, les coopératives montrent que la production peut être effectuée sans l'existence d'une classe de maîtres qui emploient une catégorie de preneurs d'ordre.

Les lieux de travail coopératifs présentent également une preuve de la viabilité d'une "économie" anarchiste. Il est bien établi que les coopératives sont généralement plus productives et plus efficaces que leurs équivalents capitalistes. Cela indique que les lieux de travail hiérarchiques ne sont pas nécessaires afin de produire des marchandises utiles et, en fait, peut être préjudiciable. En effet, ça indique également que le marché capitaliste ne fait pas allouer efficacement les ressources (comme nous le verrons dans la section J.5.12). Alors, pourquoi les coopératives devraient être plus efficaces?

Tout d'abord il y a les effets positifs de l'augmentation de la liberté associée aux coopératives.

Les coopératives, par l'abolition de l'esclavage salarié, de toute évidence, augmente la liberté de ceux qui y travaillent. Les membres prennent une part active dans la gestion de leur vie et les relations sociales autoritaire sont remplacés par des relations libertaires. Sans surprise, cette liberté a également conduit à une augmentation de la productivité - comme le travail salarié est plus productif que l'esclavage, le travail est associé de manière plus productive que l'esclavage salarié. Rien d'étonnant Kropotkine a fait valoir que "la seule garantie pour ne pas être spolié des fruits de son travail [est] de posséder l'instrument de travail... l'homme ne produit réellement que lorsqu'il travaille en toute liberté, qu'il a un certain choix dans ses occupations, qu'il n'a pas de surveillant pour le gêner et qu'enfin, il voit son travail lui profiter, ainsi qu'à d'autres qui font comme lui, et non pas à un fainéant quelconque" [La Conquête du Pain, p. 145].

Il y a aussi les avantages positifs liés à la participation (c'est-à-dire l'auto-gestion, la liberté en d'autres mots). Dans une coopérative de travail auto-géré, les travailleurs sont directement impliqués dans la prise de décision et de sorte que ces décisions sont enrichis par les compétences, les expériences et les idées de tous les membres du lieu de travail. Selon les termes de Colin Ward :

"Vous pouvez être en situation d'autorité, ou vous pouvez être une autorité, ou vous pouvez avoir l'autorité. La première découle de votre rang dans une certaine chaîne de commandement, la deuxième découle des connaissances, et la troisième d'une sagesse spéciale. Mais la connaissance et la sagesse ne sont pas distribués par ordre de classement, et ils ne sont pas le monopole d'une seule personne dans quelque entreprise. La fantastique inefficacité de toute organisation hiérarchique - de toute usine, au bureau, à l'université, dans l'entrepôt ou à l'hôpital - est le résultat de deux caractéristiques presque invariables. C'est que la connaissance et la sagesse de la population au bas de la pyramide ne trouve pas de place dans la prise de décision à la direction de la hiérarchie de l'institution. Souvent, c'est consacré à faire fonctionner l'institution en dépit de la structure formelle de direction, ou alternativement de saboter les fonctions apparentes de l'institution, car il ne s'agit pas de leur choix. L'autre, c'est qu'ils préfèreraint ne pas être là de toute façon : ils sont là par nécessité économique plutôt que par identification à une tâche commune qui met en place son propre mouvement et une direction fonctionnelle. "Peut-être le plus grand crime du système industriel, est la façon dont il déjoue systématiquement les investissements du génie de la majorité de ses travailleurs" [Anarchy in Action, p. 41].

En outre, comme les travailleurs sont propriétaires de leur lieu de travail, ils ont un intérêt à développer les compétences et les capacités de leurs membres et, évidemment, cela signifie aussi qu'il y a peu de conflits dans le lieu de travail. Contrairement aux entreprises capitalistes, il n'y a pas besoin de conflits entre patrons et esclaves salariés concernant les charges de travail, les conditions ou la division de la valeur créée entre eux. Tous ces facteurs vont accroître la qualité, la quantité et l'efficacité du travail et augmente ainsi l'utilisation efficace des ressources disponibles et les installations de l'introduction de nouvelles techniques et technologies. Deuxièmement, l'accroissement de l'efficacité des coopératives résulte des avantages associés à la coopération elle-même. Non seulement la coopération accroît le bassin de connaissances et les capacités disponibles dans le lieu de travail et enrichit cette source de communication et d'interaction, elle veille également à ce que la main-d'œuvre travaille ensemble au lieu de la concurrence et donc de perdre du temps et de l'énergie. Comme Alfie Kohn le note (en matière d'enquêtes de société en co-opération):

"Dean Tjosvold de Simon Frazer... a mené [des études] dans des entreprises de services publics, des usines de fabrication, des firmes d'ingénierie, et de nombreux autres types d'organisations. Maintes et maintes fois, Tjosvold a constaté que 'la coopération apporte une force de travail motivée' alors que 'la compétition sérieurse porte atteinte à la coordination'... Pendant ce temps, le gourou du management... T. Edwards Demming, a déclaré que la pratique d'avoir des employés les uns contre les autres est 'injuste [et] destructeur. On ne peut pas se permettre plus longtemps ce non-sens... [Nous avons besoin de] travailler ensemble sur des problèmes de société, [mais] des avis annuels de performance, de rémunération incitative, [ou] les primes ne peuvent pas vivre avec le travail en équipe... Qu'est-ce qui prend la joie de l'apprentissage... [ou de] quelque chose ? Essayer d'être numéro un ' " [No Contest, p. 240]. (La question de la coopération et de la participation dans les entreprises capitalistes seront discutées dans la section J.5.12).

Troisièmement, il y a les avantages associés à l'augmentation de l'égalité. Les études prouvent que la performance des entreprises se détériore lorsque les écarts de rémunérations deviennent excessives. Dans une étude de plus de 100 entreprises (production de tout, allant des outils de cuisine aux essieux de camions), les chercheurs ont constaté que plus il y a un écart de salaire entre les gestionnaires et les travailleurs, plus il y a une baisse de qualité de leur produit. [Douglas Cowherd and David Levine, "Product Quality and Pay Equity," Administrative Science Quarterly no. 37 (June 1992), pp. 302-30]. Les entreprises avec de plus grandes inégalités ont été prises avec un haut taux de roulement du personnel. L'étude de l'auteur David Levine, a déclaré : "Ces organisations ne sont pas en mesure de maintenir un milieu de travail de personnes avec des objectifs communs" [cité par John Byrne dans "How high can CEO pay go?" Business Week, April 22, 1996]

(En fait, les effets négatifs de l'inégalité des revenus peut être considérée au niveau national aussi. Les Économistes Torsten Persson et Guido Tabellini ont effectués une analyse statistique approfondie de l'historique de l'inégalité et de la croissance, et ont constatés que les pays avec plus d'égalité de revenus font généralement l'expérience d'une croissance productive plus rapide ["Is Inequality Harmful for Growth?", American Economic Review no. 84, June 1994, pp. 600-21]. De nombreuses autres études ont également confirmé leurs conclusions. La vie réélle même réfute les hypothèses du capitalisme - l'inégalité nuit à tous , même à l'économie capitaliste qui la produit).

Ceci est à prévoir. Les travailleurs, voyant de plus en plus la valeur qu'ils créent être monopolisé par des cadres dirigeants et une élite fortunée et non réinvestie dans l'entreprise pour garantir leurs perspectives d'emploi, ne seront guère enclin à faire cet effort supplémentaire ou cette attention sur la qualité de leur travail. Les gestionnaires qui ont recours à la menace du chômage pour en extraire davantage de leurs effectifs sont en train de créer une fausse économie. Alors qu'ils reportent à la baisse les bénéfices à court terme en raison de cette stratégie d'adaptation (et s'enrichissant eux-mêmes dans le processus) les pressions exercées sur le système apportera de durs effets à long terme - à la fois en termes de crise économique (comme le revenu devient tellement biaisé, créant des problèmes de réalisation et les limites d'adaptation sont mises face à la concurrence internationale) et de fracture sociale.

Comme on peut l'imaginer, les coopératives de travail ont tendance à être plus égalitaires que celles capitalistes. C'est parce que dans les entreprises capitalistes, les revenus de la haute direction, doivent être justifié (en pratique) pour un petit nombre de personnes (à savoir, les actionnaires avec d'importants stocks-options dans l'entreprise), qui sont généralement très riches et donc, non seulement ont peu à perdre dans l'octroi de salaires énormes mais sont également prédisposés à voir les cadres supérieurs comme étant très semblable à eux-mêmes et sont donc en droit à des revenus comparables. En revanche, les revenus de la haute direction dans des sociétés controlés par les travailleurs doivent être justifiées par la force de travail dont les membres ont l'expérience dans la relation entre la gestion des revenus et le leur directement, et qui, sans aucun doute, sont prédisposés à voir leurs cadres dirigeants comme étant des travailleurs comme eux-mêmes et qui ont des comptes à leur rendre. Une telle atmosphère égalitaire aura un impact positif sur la production et l'efficacité en tant que les travailleurs verront que la valeur qu'ils créent n'est pas accumulé par d'autres, mais répartis selon le travail réellement effectué (et non contrôlé par le pouvoir). Dans les coopératives de Mondragon, par exemple, le maximum de différence de rémunération est de 14 à 1 (une augmentation de 3 à 1 en réponse à des pressions extérieures, après bien des débats, avec le différentiel maximum de 9 à 1) alors que (aux Etats-Unis) la moyenne des PDG sont payés à plus de 140 fois supérieur à la moyenne des travailleurs d'usine (en hausse de 41 fois en 1960).

Par conséquent, nous voyons que les coopératives prouvent (à un plus ou moindre degré) les avantages (et les relations entre les deux) des principes clés anarchistes tels que la liberté, l'égalité, la solidarité et l'auto-gestion. Leur application, que ce soit toutes ensemble ou en partie, a un impact positif sur l'efficacité et le travail - et, comme nous le verrons dans la section J.5.12, le marché capitaliste bloque activement la propagation de techniques plus efficaces de production au lieu de les favoriser. Même par ses propres normes, le capitalisme est condamné - ne pas encourager l'utilisation efficace des ressources et place activement des obstacles dans le développement des "ressources".

De tout ceci, pour voir clairement la raison pour laquelle les coopératives sont soutenues par les anarchistes. Nous sommes "convaincus que la coopérative peut, potentiellement, remplacer le capitalisme et porte en elle les germes de l'émancipation économique... Les travailleurs apprennent de cette précieuse expérience la façon dont s'organisent et conduisent eux-mêmes l'économie, sans anges gardiens, l'état ou leurs anciens employeurs" [Michael Bakunin, Bakunin sur Anarchism, p. 399]. Les coopératives nous donnent un aperçu utile sur les possibilités d'une économie libre, socialiste. Même au sein de l'économie capitaliste hiérarchique, les coopératives nous montrent qu'un avenir meilleur est possible et que la production peut être organisé d'une façon coopérative et que ce faisant, nous pouvons récolter les avantages individuels et sociaux de travailler ensemble comme des égaux.

Toutefois, cela ne signifie pas que tous les aspects du mouvement coopératif trouve la faveur des anarchistes. Comme Bakounine l'a souligné, "il y a deux sortes de coopératives : la coopération bourgeoise, qui tend à créer une classe privilégiée, une sorte de nouvelle bourgeoisie collective organisée dans une société de stockage : et la coopération vraiment socialiste, la co-opération de l'avenir qui, pour cette raison, est pratiquement impossible de réalisation à l'heure actuelle" [Op. Cit., P. 385]. En d'autres termes, tandis que les coopératives sont le germe de l'avenir, dans le présent, ils sont souvent limités par le milieu capitaliste, ils se trouvent et réduisent leur vision juste à la survie dans le système actuel.

Pour la plupart des anarchistes, l'expérience des coopératives a prouvé sans aucun doute, cependant, excellent en principe et utile dans la pratique, si elles sont maintenues dans le cercle étroit de l'existence "bourgeoise", ils ne peuvent pas devenir dominant et libérer les masses. Ce point est soutenu dans la section J.5.11 et sera ignoré ici. En vue de développer pleinement, les coopératives doivent faire partie d'un mouvement social plus large qui inclut le syndicalisme de communauté et industriel et la création d'un cadre social anarchiste qui peut encourager la "co-operation vraiment socialiste" et décourager la "coopération bourgeoise". Comme Murray Bookchin l'a correctement fait valoir, "déplacé d'un cadre municipaliste libertaire [ou autres anarchistes] et le mouvement révolutionnaire axé sur la réalisation d'objectifs municipaliste [ou communaliste] comme un double pouvoir contre les corporations et l'Etat, les denrées alimentaires [et d'autres formes de] coopératives ne sont guère plus que des entreprises bénigne que le capitalisme et l'État peut facilement tolérer sans crainte de défi" [Democracy and Nature no. 9, p. 175].

Par conséquent, bien que les coopératives sont un aspect important des idées et de la pratique anarchiste, elles ne font pas le tout ou la fin de toutes nos activités. En l'absence d'un mouvement social plus large qui crée toute (ou du moins la plupart) la société future dans la coquille de l'ancienne, les coopératives ne pourront jamais arrêter la croissance du capitalisme ou transcender l'étroitesse des horizons de l'économie capitaliste.

source[edit]

traduction copié de "faqanar".