FAQAnar:D.1.3 - L'intervention de l'État, est-elle socialiste ?

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FAQ anarchiste
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« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
D - Comment l'étatisme et le capitalisme affecte-t-il la société ?

Introduction
D.1 - Pourquoi l'intervention de l'État se produit-elle ?



D.2 - Quelle influence la richesse a sur la politique ?



D.3 - Quel effet le pouvoir de l’argent a-t-il sur les medias ?



D.4 - Quel est le rapport entre le capitalisme et la crise écologique ?



D.5 - Que cause l'impérialisme ?



D.6 - Les anarchistes sont-ils contre le nationalisme ?
D.7 - Est-ce que des anarchistes sont opposés aux luttes de libération nationales ?
D.8 - Que cause le militarisme et quels sont ses effets ?



D.9 - Quel est le rapport entre la polarisation des richesses et le gouvernement autoritaire ?



D.10 - Comment le capitalisme affecte-t-il la technologie ?
D.11 - Quelles causes expliquent l'apparition du racisme ?



Sommaire complet et détaillé

Non. Le socialisme libertaire concerne la libération de l’individu et son auto-gestion de ses activités. Obtenir de l’état qu’il agissent pour nous est à l’opposé de ces idéaux. En outre, la question implique que le socialisme est relié à son nemesis, l’étatisme, et que le socialisme signifie encore plus de contrôle et de centralisation bureaucratiques. L’identification du socialisme avec l’état est quelque chose dont les apologistes aussi bien stalinistes que capitalistes ont considéré comme acquis. Cependant, comme nous le verrons dans la section H.3, le « socialisme d’état » est en réalité juste un capitalisme d’état — la transformation du monde en « un bureau et une usine » (pour employer l’expression de Lénine). Il n’est pas surprenant que la plupart des personnes raisonnables se joignent aux anarchistes en le rejetant. Qui veut travailler sous un système dans lequel, si on n’aime pas le patron, (c.-à-d. l’état), on ne peut pas même démissionner ?

La théorie selon laquelle l’intervention de l’état est « socialiste » prend l’idéologie de laissez-faire du capitalisme pour argent comptant, en ne se rendant pas compte que c’est une idéologie plutôt que la réalité. Le capitalisme est un système dynamique et évolue avec le temps, mais ceci ne signifie pas qu’en s’éloignant de son point de départ théorique il nie sa nature essentielle et devient socialiste. Le capitalisme est né de l’intervention de l’état, et excepté une période très courte de laissez-faire qui a fini dans la crise, a toujours dépendu de l’intervention de l’état pour son existence.

L’affirmation que l’intervention de l’état est « socialiste » ignore également les réalités de la concentration de puissance sous le capitalisme. Le vrai socialisme égalise la puissance en la redistribuant au peuple, mais comme Noam Chomsky le précise, « [dans] une société fortement inégalitaire, il est peu probable que les programmes de gouvernement soient égalitaires. Plutôt, on peut prévoir qu’ils seront conçus et manÅ“uvrés par des puissances privées pour leurs propres avantages ; et à un degré significatif cette prédiction est réelle » [ The Chomsky Reader, p. 184 ]. « Le socialisme égale l’assistance sociale » est un non-sens.

De même, en Grande-Bretagne, la nationalisation d’ approximativement 20% de l’économie (la partie la moins lucrative de celle-ci, d’ailleurs) en 1945 par le gouvernement travailliste était le résultat des peurs de la classe dirigeante, et pas du socialisme. Comme Quintin Hogg, un Tory M.P. d’alors, le disait, "Si vous ne donnez pas au peuple des réformes sociales il va vous donner des révolution sociales." Les souvenirs des quasi-révolutions à travers l’Europe au sortir de la première guerre mondiale étaient évidemment dans beaucoup d’esprits, des deux côtés. On ne craignait pas ces nationalisations comme du "socialisme." Comme les anarchistes d’alors le remarquèrent, "Les vrais avis des capitalistes peuvent être vus dans l’état de la bourse des valeurs et dans les rapports des industriels [ plutôt ] que sur les bancs du Front Tory ... [ et de ceci nous ] voyons que la classe possedante n’est pas du tout contrariée par les actes et les tendances du parti travailliste" [Vernon Richards, ed., Neither Nationalisation nor Privatisation — Selections from Freedom 1945-1950, p. 9].

Alors, que pensent les anarchistes de l’intervention de l’état ? Habituellement nous sommes contre, bien que la plupart d’entre nous pense que des services de santé d’état et des allocations de chômage (par exemple) sont plus socialement utile que la production d’armes, et, à défaut de solutions plus anarchistes, meilleures que l’alternative du capitalisme "du marché libre". Ceci ne signifie pas que nous sommes heureux avec l’intervention de l’état, qui mine dans la pratique la débrouillardise de classe ouvrière, l’aide mutuelle et l’autonomie. En outre, l’intervention de l’état de nature "sociale" est souvent paternaliste, faite par et pour "la classe moyenne" (c.-à-d. des professionnels, des managers et des "experts" auto-proclamés). Cependant, tant qu’une contre-culture viable de l’anarchie n’est pas réé, nous n’avons pas d’autre options que de "soutenir" le moindre mal (mais ne faisons pas d’erreur, c’est un mal).

Ceci ne doit pas faire oublier que de beaucoup de manières un tel "appui" de l’état peut être employé en tant que moyens de regagner une partie de la puissance et du travail volés à nous par des capitalistes en premier lieu. L’intervention de l’état peut nous donner plus d’options que nous n’en aurions autrement. Si l’action d’état ne pouvait pas être employée de cette façon, il est douteux que les capitalistes et leurs "experts" employés passeraient tellement de temps à essayer de la miner et la limiter. Comme la classe capitaliste emploie heureusement l’état pour imposer sa puissance et ses droits de propriété, que les masses laborieuses l’utilise autant qu’elles le peuvent doit être prévu. Cela étant, ceci n’aveugle pas les anarchistes vis-à-vis des aspects négatifs de l’état providence et d’autres formes de l’intervention de l’état (voir la section J.5.15 pour les perspectives anarchistes sur l’état providence).

Un problème avec l’intervention de l’état, comme Kropotkin l’a vu, est que l’absorption par l’état des fonctions sociales a "necessairement favorisé le développement d’un individualisme déchainé et fermé d’esprit. Comme la proportion des engagements de l’état s’est développé, les citoyens ont été évidemment soulagés de leurs engagements vis-à-vis de chacun d’entre eux" [ Mutual Aid, p. 183 ]. Dans le cas des "fonctions sociales" de l’état comme le service de santé national britannique, bien qu’ils aient été créés comme resultant de l’atomisation sociale provoquée par capitalisme, ils ont tendu à renforcer l’individualisme et le manque de responsabilité personnelle et sociale qui a produit le besoin d’une telle action en premier lieu. (Les formes de la communauté et de débrouillardise sociale et leurs précédents historiques seront abordés dans la section J.5.16).

L’exemple des industries nationalisées est un bon indicateur de la nature non-socialiste de l’intervention de l’état. La nationalisation a signifié le remplacement du bureaucrate capitaliste par bureaucrate d’état, avec peu de vraies améliorations pour ceux soumis au "nouveau" régime. Au plus fort des nationalisations d’après-guerre du parti travailliste britannique, les anarchistes précisaient sa nature anti-socialiste. La nationalisation "consolidait en réalité la vieille classe individuelle des capitalistes en une nouvelle et efficace classe de directeurs pour mener ... un capitalisme d’état" en "installant les industriels vraiment créateurs dans des positions de gestionnaire autoritaires" [Vernon Richards, Op. Cit., p. 10].

Les anarchistes sont en faveur d’activités auto-dirigées et d’actions directes pour obtenir des améliorations et pour défendre des réformes dans présent. En organisant des grèves et des protestations, nous pouvons améliorer nos vies. Ceci ne signifie pas qu’en utilisant l’action directe pour obtenir des lois favorables ou que celles qui ne le soient pas soient abrogées est une perte de temps. Loin de là. Cependant, à moins que les gens du commun emploient leurs propres organisations pour imposer la loi, l’état et les employeurs honoreront n’importe quelle loi détestée purement dans l’infraction. En faisant confiance à l’état, la protection individuelle sociale contre les concentrations du marché et de puissance devient fantomatique. En fin de compte, ce que l’état donne (ou est forcé de donner), il peut s’en débarrasser mais ce que nous créons et faisons fonctionner nous-mêmes est toujours sensible à nos désirs et nos intérêts. Nous avons vu à quel point le bien-être d’état est vulnérable aux pressions de la classe capitaliste pour voir que c’est un truisme.