Difference between revisions of "Anarchisme"

From Anarchopedia
Jump to: navigation, search
(Philosophie)
m (Organisation sociale: corr. orthog.)
Line 68: Line 68:
 
<center><code>'''- Pour plus de détails, voir l'article : [[Organisation]] -'''</code></center>
 
<center><code>'''- Pour plus de détails, voir l'article : [[Organisation]] -'''</code></center>
  
Les anarchistes pensent qu'une fois la société libérée<ref>"''[l'anarchie se propose] la libération de l'humanité actuellement asservie, au triple point de vue économique, politique et social''" [[Malatesta]]</ref> des entraves artificielles qu'impose l'[[autorité]],  un « [[ordre]] » s'organiserait librement, et de maniére [[spontanéisme|spontané]] et/ou [[volontarisme|volontaire]]. L'[[anarchie]] est d'ailleurs souvent énoncé comme «''Le plus haut degré de liberté et d'ordre auquel l'humanité puisse parvenir''»<ref>proudhon, dans (?)</ref>, « ''la plus haute expression de l’ordre'' »<ref>[[Élisée Reclus]] dans un [http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=442 Discours à la séance solennelle de rentrée du 22 octobre 1895 de l’Université Nouvelle de Bruxelles]</ref>, ou comme «'' l'ordre moins le pouvoir ''» <ref>[[Léo Ferré]], dans (?)</ref>.  
+
Les anarchistes pensent qu'une fois la société libérée<ref>"''[l'anarchie se propose] la libération de l'humanité actuellement asservie, au triple point de vue économique, politique et social''" [[Malatesta]]</ref> des entraves artificielles qu'impose l'[[autorité]],  un « [[ordre]] » s'organiserait librement, et de manière [[spontanéisme|spontané]] et (ou) [[volontarisme|volontaire]]. L'[[anarchie]] est d'ailleurs souvent énoncé comme «''Le plus haut degré de liberté et d'ordre auquel l'humanité puisse parvenir''»<ref>proudhon, dans (?)</ref>, « ''la plus haute expression de l’ordre'' »<ref>[[Élisée Reclus]] dans un [http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=442 Discours à la séance solennelle de rentrée du 22 octobre 1895 de l’Université Nouvelle de Bruxelles]</ref>, ou comme «'' l'ordre moins le pouvoir ''» <ref>[[Léo Ferré]], dans (?)</ref>.  
  
La question essentielle étant la réalisation de la [[liberté]] et de la [[solidarité]] au sein de la société, et l'organisation sociale permettant d'instaurer cette possibilité<ref>"''Croyant, sous l'influence de l'éducation autoritaire reçue, que l'autorité est l'âme de l'organisation sociale, pour combattre celle-là ils ont combattu et nié celle-ci (...). L'erreur fondamentale des anarchistes adversaires de l'organisation est de croire qu'une organisation n'est pas possible sans autorité - et de préférer, une fois admise cette hypothése, renoncer à toute organisation plutôt que d'accepter la moindre autorité (...). Si nous croyions qu'il ne pourrait pas y avoir d'organisation sans autorité, nous serions des autoritaires, parce que nous préférerions encore l'autorité qui entrave et rend triste la vie à la désorganisation qui la rend impossible''" [[Malatesta]]. Lire également [http://www3.sympatico.ca/emile.henry/fayoll22.htm "L’ordre et la liberté" de Fayolle]</ref>.  
+
La question essentielle étant la réalisation de la [[liberté]] et de la [[solidarité]] au sein de la société, et l'organisation sociale permettant d'instaurer cette possibilité<ref>"''Croyant, sous l'influence de l'éducation autoritaire reçue, que l'autorité est l'âme de l'organisation sociale, pour combattre celle-là ils ont combattu et nié celle-ci (...). L'erreur fondamentale des anarchistes adversaires de l'organisation est de croire qu'une organisation n'est pas possible sans autorité - et de préférer, une fois admise cette hypothèse, renoncer à toute organisation plutôt que d'accepter la moindre autorité (...). Si nous croyions qu'il ne pourrait pas y avoir d'organisation sans autorité, nous serions des autoritaires, parce que nous préférerions encore l'autorité qui entrave et rend triste la vie à la désorganisation qui la rend impossible''" [[Malatesta]]. Lire également [http://www3.sympatico.ca/emile.henry/fayoll22.htm "L’ordre et la liberté" de Fayolle]</ref>.  
  
 
====Fédéralisme Libertaire====
 
====Fédéralisme Libertaire====

Revision as of 17:39, 13 March 2008

Catégorie:Anarchisme L'anarchisme[1] est une philosophie qui prône l'abolition de toute forme d'autorité et de domination, et qui appelle à la réalisation (par la lutte et l'association) d'une société libertaire.

Anarchisme
Anarchie.png
« la plus haute expression de l’ordre »
Fondements

Action directe • Autogestion • Fédéralisme
Liberté • Révolte • Solidarité

Tendances

sociale : collectiviste • individualiste
économique : mutualiste • communiste
politique : syndicaliste • communaliste • associationiste

Histoire de l'anarchisme

Précurseurs de l'anarchisme
Chronologie de l'anarchisme
Presse anarchiste
Association internationale des travailleurs
Congrès de Saint-Imier
Fédération jurassienne
Commune de Paris
1er mai
Illégalisme
Révolution mexicaine
Makhnovtchina • Révolte de Kronstadt
Révolution espagnole
Mai 68

Organisations

Alternative libertaire
Anarchists Against the Wall
CNT-AIT-E • CNT-AIT-F • CNT-V • CGA • Fédération anarchiste
NEFAC
GARAS
OCL • OLS • OSL

Anarchistes

Pierre-Joseph Proudhon • Max Stirner
Michel Bakounine • Pierre Kropotkine
Errico Malatesta • Sébastien Faure
Emma Goldman

Luttes sociales

Anti-capitalisme • féministe
Anti-fascisme • Abolition des prisons
Écologisme

FAQ anarchiste
Anarchy-symbol.svg
« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
A - Qu'est-ce que l'anarchisme ?

Introduction
A.1 - Qu'est ce que l'Anarchisme ?



A.2 - Que représente l'Anarchisme?



A.3 - Quelles sortes d'anarchisme existe-t-il ?



A.4 - Qui sont les penseurs reconnus dans l'anarchisme ?



A.5 - Quels sont les exemples "d'anarchie en action" ?



Sommaire complet et détaillé

Étymologie et usages

- Pour plus de détails, voir l'article : Anarchie - ce que l'anarchisme n'est pas -

Le terme anarchisme est issu du grec ancien anarkhia. "An" est la marque du privatif (sans - privé de - absence de, ...) et "arkhê" définit ce qui se rapporte à l'autorité, au pouvoir et au rapport social de domination "commandement / obéïssance". Le suffixe isme désigne une philosophie.

Étymologiquement, l’anarchie peut également être expliquée comme l'absence de tout principe premier/transcendental, de toute cause supérieure (Dieu, Nature, Loi, Droit, Nation, Peuple, ...). L'anarchie est une maniére immanente d'être au monde, sans intermédiaire de principe.

Parfois, le mot anarchisme (ou anarchie) est utilisé usuellement, à tort, pour décrire les partisans du chaos, du désordre, des guerres civiles. Cependant, de telles situations correspondraient plutôt à un état d'anomie.

Les anarchistes[2] ne prônent donc absolument pas l'absence d'ordre[3], de règles et de structures organisées, mais un ordre libre[4], organisé et multiple, sans determinisme autoritaire...

Pour éviter cette confusion, entre anarchie et anomie[5], qui entretient une mauvaise compréhension des idées de l'anarchisme, les anarchistes utilisent parfois le terme d'« acratie » [6] ou du terme libertaire[7], comme synonymes d'anarchi.st.e.

L'anarchisme exprime, en soi, une valeur négative (le refus de l'autorité[8]), alors que libertaire exprime une valeur positive (appel à la liberté[9]). Son usage, parmi les anarchistes, est souvent relatif au contexte, mais l'un et l'autre, malgré que leur sens aille sur deux plans opposés, sont complémentaires. Faire une différence entre anarchisme et libertaire (ou libertarisme[10]) est devenu un non sens historique.

Philosophie

Depuis l'aube de l'humanité, de nombreuses manifestations des idées libertaires prendront forme à travers différentes sociétés et individus, par ce qui est souvent énoncé comme des Précurseurs de l'anarchisme. Cependant la naissance de l'anarchisme (en tant que philosophie) est généralement énoncée comme commençant à la publication, en 1840, du livre "qu'est ce que la propriété ?" de Proudhon[11], dans laquelle il se déclarera anarchiste :

« - Qu'êtes vous donc ? - Je suis anarchiste. [...] quoique très ami de l'ordre, je suis dans toute la force du terme, anarchiste. »[12]

Dans les œuvres suivantes, il développera des thématiques (fédéralisme, autogestion, mutualisme etc.) qui influenceront le développement de l'ensemble du mouvement anarchiste.

À la source de la philosophie anarchiste, on retrouve une recherche et une volonté de liberté, de bien-être, d'harmonie et d'émancipation individuelle et sociale :

« Nous désirons la liberté et le bien-être de tous les hommes, de tous les hommes sans exception. Nous voulons que chaque être humain puisse se développer et vivre le plus heureusement possible. Et nous croyons que cette liberté et ce bien-être ne pourront être donnés ni par un homme ni par un parti, mais tous devront en découvrir en eux-mêmes les conditions, et les conquérir. Nous considérons que seule la plus complète application du principe de la solidarité peut détruire la lutte, l'oppression et l'exploitation, et la solidarité ne peut naître que du libre accord, de l'harmonisation spontanée et voulue des intéressés » [13].

Cette philosophie "nous enseigne que nous pouvons vivre dans une société libérée de toute contrainte"[14]. Les rapports sociaux autoritaires (commandement / obéissance[15]), qui sont, de fait, aliénants, oppressifs, nuisibles, générateurs de désordre, et qui entravent inutilement les libertés et initiatives individuelles et collectives[16], tant au niveau politique[17], économique[18] et social[19] seraient également amenés à disparaître de maniére radicale.

Le passage à l'anarchie implique une lutte sociale menant à une rupture radicale avec l'ordre autoritaire :

« La révolution sociale est une route à parcourir [...] Elle ne pourra s'arrêter que lorsqu'elle aura accompli sa course et aura atteint le but à conquérir : l'Individu libre dans l'humanité libre »[20]

Dans cette perspective d'émancipation vers une société libertaire, les sociétés et institutions autoritaires, caractérisées par l'injustice sociale, sont à abolir :

« Ã‰tats, Constitutions, Églises, etc., se sont toujours évanouis dès que l'individu a levé la tête, car l'individu est l'ennemi irréconciliable de tout ce qui tend à submerger sa volonté sous une volonté générale, de tout lien, c'est-à-dire de toute chaîne »[21]

Au delà de ces positions et luttes anti-autoritaires, les anarchistes projettent l'organisation[22] d'une société fédéraliste et autogestionnaire, dans laquelle la liberté économique, politique et sociale permettrait à chacun(e)s de réaliser pleinement sa souveraineté individuelle.

Liberté et solidarité

- Pour plus de détails, voir les articles : Liberté, Individualisme, solidarité, socialisme -

Comme a pu l'exposer Bakounine dans ses œuvres, la liberté que défendent les anarchistes, est avant tout une relation sociale solidaire[23] , évolutive et volontariste, menant petit à petit, vers une plus grande liberté des individus au sein d'une société[24] en auto-libération:

« Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m'entourent, hommes ou femmes, sont également libres. La liberté d'autrui, loin d'être une limite ou une négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens vraiment libre que par la liberté des autres, de sorte que, plus nombreux sont les hommes libres qui m'entourent, et plus étendue et plus large est leur liberté, plus étendue et plus profonde devient la mienne. C'est au contraire l'esclavage des autres qui pose une barrière à ma liberté, ou, ce qui revient au même, c'est leur bestialité qui est une négation de mon humanité parce que, encore une fois, je ne puis me dire libre vraiment que lorsque ma liberté, ou ce qui veut dire la même chose, lorsque ma dignité d'homme, mon droit humain, qui consiste à n'obéir à aucun homme et à ne déterminer mes actes que conformément à mes convictions propres, réfléchit par la conscience également libre de tous, me reviennent confirmés par l'assentiment de tout le monde. Ma liberté personnelle ainsi confirmée par la liberté de tous s'étend à l'infini. »[25].

Les anarchistes, rejetant la liberté bourgeoise[26], et/ou atomiste[27], ou, la solidarité particulariste, ou communautariste, revendiquent cependant et absolument la liberté solidaire ou la solidarité libertaire :

« Au point de vue social, liberté et solidarité sont termes identiques : la liberté de chacun rencontrant dans la liberté d'autrui, non plus une limite mais une auxiliaire, l'homme le plus libre est celui qui a le plus de relations avec ses semblables. »[28].

Proudhon rajoutera et précisera ainsi cette question :

« Il ne s’agit pas de supprimer la liberté individuelle mais de la socialiser ».

Bakounine considère également que pour instaurer un régime de liberté et éviter des régimes d'autorité, la liberté doit se socialiser :

« la liberté sans le socialisme conduit à des privilèges et à l'injustice ; le socialisme sans la liberté conduit à l'esclavage et à la brutalité »[29].

L'anarchisme, de par ses principaux penseurs, oscillera constamment, avec certaines variations et harmonies, entre liberté individuelle et socialisme[30], ce qui sera alors nommé du socialisme libertaire, équivalent en fait à anarchisme. Cependant la sensibilité individuelle/sociale fait que :

« L'anarchiste est, selon le cas, plus individualiste que sociétaire ou plus sociétaire qu'individualiste [...] [cependant] on ne peut concevoir un libertaire qui ne soit pas individualiste » [31]

Max Stirner dans son ouvrage "L'unique et sa propriété" (Å“uvre redécouverte à la fin du XIXe siècle) se dressera contre toutes les doctrines, tous les dogmes, toutes les idées [32] qui exigent le sacrifice de l'individu à une cause prétendument supérieure à lui-même, influencera en partie la philosophie sociale de l'anarchisme :

« Stirner a réhabilité l'individu à une époque où, sur le plan philosophique, dominait l'anti-individualisme hégélien et où, sur le plan de la critique sociale, les méfaits de l'égoïsme bourgeois avaient conduit la plupart des réformateurs à mettre l'accent sur son contraire : le mot "socialisme" n'est-il pas né comme antonyme d'"individualisme" ? Stirner exalte la valeur intrinsèque de l'individu « unique », c'est-à-dire à nul autre pareil, tiré par la nature à un seul exemplaire »[31].

Pour les anarchistes, tout part de l'individu et tout doit lui revenir. L'individu est au centre de la société. Cependant, cet individu est en corrélation constante avec la société, il fait partie de cette association et (ou) en est le co-créateur contractuel ; Comme l'énoncait Proudhon :

« Plus d'autorité, cela veut dire [...] accord de l'intérêt de chacun avec l'intérêt de tous, identité de la souveraineté collective et de la souveraineté individuelle »[33] et « comme l'individualisme est le fait primordial de l'humanité, l'association en est le terme complémentaire »[34].

Organisation sociale

- Pour plus de détails, voir l'article : Organisation -

Les anarchistes pensent qu'une fois la société libérée[35] des entraves artificielles qu'impose l'autorité, un « ordre » s'organiserait librement, et de manière spontané et (ou) volontaire. L'anarchie est d'ailleurs souvent énoncé comme «Le plus haut degré de liberté et d'ordre auquel l'humanité puisse parvenir»[36], « la plus haute expression de l’ordre »[37], ou comme « l'ordre moins le pouvoir » [38].

La question essentielle étant la réalisation de la liberté et de la solidarité au sein de la société, et l'organisation sociale permettant d'instaurer cette possibilité[39].

Fédéralisme Libertaire

- Pour plus de détails, voir les articles : Fédéralisme, Internationalisme, liberté politique / autorité politique -

Pour l'union des individus, les libertaires défendent le mode d'organisation associatif :

« Le bien de cette « Société humaine » ne me tient pas au cÅ“ur, à moi l'égoïste ; je ne me dévoue pas pour elle, je ne fais que l'employer ; mais afin de pouvoir pleinement en user, je la convertis en ma propriété, j'en fais ma créature, c'est-à-dire que je l'anéantis et que j'édifie à sa place l'association des Égoïstes." [...] "Ce n'est que dans l'association que votre unicité peut s'affirmer, parce que l'association ne vous possède pas, mais que vous la possédez et que vous vous servez d'elle." [...] "Bref, la société est sacrée et l'association est ta propriété, la société se sert de toi et tu te sers de l'association » [21]

Pour la réunion de groupes associatifs plus étendus, ce mode d'organisation sera dévellopé, sous la forme du fédéralisme et de l'internationalisme :

« Nous avons reconnu que le contrat social par excellence était un contrat de fédération, un contrat synallagmatique et commutatif... dont la condition essentielle est que les contractants se réservent toujours une part de souveraineté et d'action plus grande que celle qu'ils abandonnent. » - « Dans un système fédéraliste (...) la liberté aspire à se rendre prépondérante, l'autorité à devenir servante de la liberté; et le principe contractuel à se substituer partout, dans les affaires publiques, au principe autoritaire... » - « La fédération résout toutes les difficultés de l'accord de la liberté et de l'autorité. La révolution française a fondé les prémisses d'un ordre nouveau, dont son héritiére, la classe ouvriére, posséde le secret. Cet ordre nouveau, le voici : réunir tous les peuples en une « confédération des confédérations » »[40] - « Que d'une nation à l'autre, les travailleurs se tendent la main »[41]

L'organisation politique fédéraliste se réalise à partir de plusieurs organismes associatifs (syndicats, communes[42], groupements internationaux, etc.), qui conservent leurs libertés propres, et qui s'associent en mandatant l'organisme fédérateur, sur des buts précis et avec des moyens définis. Cependant, le fédéralisme libertaire laisse aux organismes, associés et fédérés, la possibilité, à tout instant, de la révocation ou de l'amendement d'un mandat fédéral. Le principe de base étant la recherche de consensus ou de l'unanimité. Trouver un consensus satisfaisant est un processus qui demande en général beaucoup de temps de discussion, mais dés que le mandat impératif est finalement défini et qu'il convient aux intéressés, celui-ci est ainsi plus aisément applicable :

« Tout individu, toute association, toute commune, toute province, toute région, toute nation ont le droit absolu de disposer d'eux-mêmes, de s'associer de ne point s'associer, de s'allier avec qui ils voudront et de rompre leurs alliances, sans égard aucun pour les soit-disants droits historiques, ni pour les convenances de leurs voisins » - « le droit de la libre réunion et de la sécession également libre est le premier, le plus important de tous les droits politiques, celui sans lequel la confédération ne serait jamais qu'une centralisation masqué »[43].

En pratique, l'organisme confédéré est mandaté par les organismes fédérateurs, et vice versa. c'est un mode d'organisation qui permet d'agir en complémentarité, sans centre directeur ni marge. Les décisions partent de l'individu et lui reviennent, et chaque groupe reste autonome. La centralisation, qui se créé, devient libre et volontaire :

« Ce que nous mettons à la place de la centralisation politique, c'est la centralisation économique »[33] - « Ce qui fait la centralisation d'une société d'hommes libres (...), c'est le contrat. L'unité sociale (...) est le produit de la libre adhésion des citoyens (...). dans toutes ses fonctions et facultés, il faut que la centralisation s'effectue de bas en haut, de la circonférence au centre, et que toutes les fonctions soient indépendantes et se gouvernent chacune par elle-même. Vous avez une centralisation d'autant plus forte que vous en multipliez davantage les foyers. »[44]

D'une certaine façon, lors de groupements informels (luttes, gréves, révoltes, révolutions) les anarchistes proposent la pratique de la démocratie directe qui, par l'assemblée souveraine, permet de définir rapidement les actions à effectuer.

Économies Autogestionnaires

- Pour plus de détails, voir l'article : Économies libertaires, Autogestion, liberté économique / autorité économique -

Les besoins du travailleur (en opposition au besoin capitalistique) se doit d'être la base pour la production. Les anarchistes s'opposent par cela aux économies d'exploitations et de pillages[45] (et notamment au capitalisme qui est l'économie actuelle), dans lequel un propriétaire (maitre / seigneur / patron) exploite/pille des travailleurs (esclave / serf / salarié) pour se faire un surplus de capital au détriment des travailleurs ou de leurs besoins :

« ce ferment reproducteur, ce germe eternel de vie, cette préparation d'un fonds et d'instruments de production, est ce que le capitaliste doit au producteur, et qu'il ne lui rend jamais ; et c'est cette dénégation frauduleuse qui fait l'indigence du travailleur, le luxe de l'oisif et l'inégalité des conditions. C'est en cela surtout que consiste ce que l'on a si bien nommé exploitation de l'homme par l'homme. »[12].

La possession des moyens de production[46], uniquement par ceux (individu ou collectif)[47] qui les travaillent sont des points essentiels de la liberté économique que préconisent les anarchistes.

« Nous, producteurs associés ou en voie d'association, nous n'avons pas besoin de l'État (...). L'exploitation par l'État, c'est toujours de la monarchie, toujours du salariat (...). Nous ne voulons pas plus du gouvernement de l'homme par l'homme que de l'exploitation de l'homme par l'homme. Le socialisme est le contraire du gouvernementalisme (...). Nous voulons que ces associations soient (...) le premier noyau de cette vaste fédération de compagnies et de sociétés, réunies dans le commun lien de la république démocratique et sociale. »[48].

Proudhon considére la nécessité de la « suppression de tous les revenus du capital », et préconise qu'au sein de la commune « l'atelier remplace[ra] le gouvernement », ce que Bakounine poursuivra et confirmera :

« La base de cette organisation est toute trouvée : ce sont les ateliers et la fédération des ateliers; la création des caisses de résistance, instruments de lutte contre la bourgeoisie, et leur fédération non seulement nationale, mais internationale; la création de chambre de travail, comme en belgique » [49].

En opposition à l'exploitation, les anarchistes défendent donc l'autogestion, comme l'affirmation de l'aptitude des humains à s'associer (sans relation d'exploitation) pour gerer ensemble les moyens permettant de répondre à leurs besoins. La condition de base est que les membres d'un projet renoncent à penser, vouloir et décider pour les autres, mais qu'ils se centrent au contraire sur ce qu'ils veulent pour eux-mêmes, qu'ils assument pleinement dès le départ le caractère personnel et situé de leurs demandes. Les rapports sociaux d'autorité disparaissent dès le départ, aux niveaux économique, politique et sociales. Un projet autogéré se doit de se doter de structures permettant à chaque participant de faire connaître et valoir ses besoins et désirs :

« une forme de transaction qui, ramenant à l’unité la divergence des intérêts, identifiant le bien particulier et le bien général, effaçant l’inégalité de nature par celle de l’éducation, résolve toutes les contradictions politiques et économiques ; où chaque individu soit également et synonymement producteur et consommateur, citoyen et prince, administrateur et administré ; où sa liberté augmente toujours, sans qu’il ait besoin d’en aliéner jamais rien. »[33].

Les libertaires, selon les tendances, considèrent que la société anarchiste peut se construire en autogestion selon une économie mutuelliste, collectiviste ou communiste :

« Dans chaque localité, dans chaque milieu sera résolu le degré de communisme ou de collectivisme ou de mutuellisme qui pourra être atteint »[50]

Plus récemment, le mouvement écologiste préconise une économie d'auto-subsistance ou de décroissance.

L'économie anarchiste mutualiste[51] est développé initialement par proudhon (et ses successeurs, dont James Guillaume), elle défend l'autogestion fédéraliste et propose l'échange équitable entre deux parties[52]. Selon cette proposition économique, le travail, fondement de la société, devient le levier (l'atelier remplacant le gouvernement.) de la politique, le réalisateur de la liberté :

« le principe de mutualité [...] est [...] bien certainement le lien le plus fort et le plus subtil qui puisse se former entre les hommes. Ni système de gouvernement, ni communauté ou association, ni religion, ni serment, ne peuvent à la fois, en unissant aussi intimement les hommes, leur assurer pareille liberté »

Cette tendance socialiste intégrera, dés le début de sa création, à l'association internationale des travailleurs. Plus tard, elle sera minoré par la proposition collectiviste (qui s'inspirera du mutualisme en y précisant un collectivisme révolutionnaire). Nombreux mutualistes proudhoniens seront convaincus par les arguments collectiviste de bakounine, et s'y associeront. Cependant, des libertaires continueront à défendre la théorie mutualiste libertaire.

Varlin et bakounine développeront donc au sein de l'AIT, à partir de leur intégration en 1868, l'idée d'une collectivisation des moyens de production par les associations ouvriéres. Le collectivisme libertaire, propose l'autogestion de ces associations et que la répartition se fasse selon des valeurs égalitaires, de par l'adage « Ã€ chacun le produit de son travail ». le coût du travail étant alors mesuré à l'heure ou à la tache. La valeur dépendant des régles pratiqués localement, et par des bons de travail adaptés :

« Je ne suis point communiste parce que le communisme concentre et fait absorber toutes les puissances de la société dans l'État, parce qu'il aboutit nécessairement à la centralisation de la propriété entre les mains de l'État. [...] Je veux l'organisation de la société et de la propriété collective ou sociale de bas on haut, par la voie de la libre association, et non du haut en bas par le moyen de quelque autorité que ce soit. Voilà dans quel sens je suis collectiviste et pas du tout communiste.[53][54].

Plus tard, fin 1876, des anarchistes des sections italiennes[55] préconiseront une économie communiste[56] anarchiste (en complément[57]et/ou pour le dépassement du collectivisme anti-autoritaire). Un grand nombre de mouvements anarchiste s'associeront alors à cette perspective autogestionnaire communiste (à l'exception des anarchistes espagnols qui jusqu'en 1932 défendront le collectivisme). Le communisme libertaire, part de l'adage « Ã€ chacun selon ses besoins, de chacun selon ses capacités », et veut, d'un point de vue économique, partir du besoin des individus afin de produire par la suite le nécessaire pour y répondre :

« anarchie et communisme, loin de hurler de se trouver ensemble, hurleraient de ne pas se trouver ensemble, car ces deux termes, synonymes de liberté et d’égalité, sont les deux termes nécessaires et indivisibles de la révolution. (...) Nous devons être communistes, car c’est dans le communisme que nous réaliserons la vraie égalité. Nous devons être communistes, parce que le peuple, qui ne comprend pas les sophismes collectivistes, comprend parfaitement le communisme comme les amis Reclus et Kropotkine l’ont déjà fait remarquer. Nous devons être communistes, parce que nous sommes des anarchistes, parce que l’anarchie et le communisme sont les deux termes nécessaires de la révolution. »[58][59]

Révolte et Lutte Anti-Autoritaire

- Pour plus de détails, voir l'article : Révolte -

À travers l'histoire du mouvement libertaire, les anarchistes permettront le développement des pratiques libertaire au travers de la diffusion de sa presse et de sa littérature subversive (Proudhon, Bakounine, ...)[60], de par leurs activités de résistance directe, de révoltes et de luttes au sein de la société :

« L'homme s'est émancipé, il s'est séparé de l'animalité et s'est constitué comme homme ; il a commencé son histoire et son dévellopement proprement humain par un acte de désobéissance et de science, c'est à dire par la révolte et par la pensée » [61]

L'implantation locale du mouvement au sein des divers lieux de lutte (localités ou entreprises), ou de vie, se fera en parallèle. Cette révolte contre l'injustice sociale que produisent les régimes d'autorité, est profondément ancré chez les anarchistes :

« L'anarchisme est né d'une révolte morale contre l'injustice sociale »[62].

Elle les conduira à lutter, souvent par l'entr'aide ou la solidarité, contre ces régimes, et pour l'avènement d'une société libertaire où la justice sociale[63] serait mise en application :

« Lorsque nous combattons la société actuelle, nous opposons, à la morale bourgeoise individualiste, la morale de la lutte et de la solidarité, et nous cherchons à établir des institutions qui correspondent à notre conception des rapports entre les hommes »[64]

C'est pourquoi les anarchistes proposent l'abolition de ce système autoritaire, en commencant par l'organisation de différents moyens de luttes[65] permettant de l'affaiblir, et de maniére inversement proportionnel, de solidariser les révoltés[66]. Une telle lutte prend souvent la forme d'une action directe :

« [Cela] veut dire action des ouvriers eux-mêmes, c'est-à-dire action directement exercée par les interessés. C'est le travailleur qui accomplit lui-même son effort ; il l'exerce personnellement sur les puissances qui le dominent, pour obtenir d'elles les avantages réclamés. Par l'action directe, l'ouvrier créé lui-même sa lutte ; c'est lui qui la conduit, décidé à ne pas s'en rapporter à d'autres qu'à lui-même du soin de le libérer »[67].

Résistance et Action Directe