Difference between revisions of "Anarchisme"

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Catégorie:Anarchisme L'anarchisme[1] est une philosophie qui prône l'abolition de l'autorité et de l'institution de la domination, et qui appelle à la réalisation (par la lutte et l'association) d'une société libertaire.

FAQ anarchiste
Anarchy-symbol.svg
« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
A - Qu'est-ce que l'anarchisme ?

Introduction
A.1 - Qu'est ce que l'Anarchisme ?



A.2 - Que représente l'Anarchisme?



A.3 - Quelles sortes d'anarchisme existe-t-il ?



A.4 - Qui sont les penseurs reconnus dans l'anarchisme ?



A.5 - Quels sont les exemples "d'anarchie en action" ?



Sommaire complet et détaillé

Étymologie et usages

Anarchisme
Anarchie.png
« la plus haute expression de l’ordre »
Fondements

Action directe • Autogestion • Fédéralisme
Liberté • Révolte • Solidarité

Tendances

sociale : collectiviste • individualiste
économique : mutualiste • communiste
politique : syndicaliste • communaliste • associationiste

Histoire de l'anarchisme

Précurseurs de l'anarchisme
Chronologie de l'anarchisme
Presse anarchiste
Association internationale des travailleurs
Congrès de Saint-Imier
Fédération jurassienne
Commune de Paris
1er mai
Illégalisme
Révolution mexicaine
Makhnovtchina • Révolte de Kronstadt
Révolution espagnole
Mai 68

Organisations

Alternative libertaire
Anarchists Against the Wall
CNT-AIT-E • CNT-AIT-F • CNT-V • CGA • Fédération anarchiste
NEFAC
GARAS
OCL • OLS • OSL

Anarchistes

Pierre-Joseph Proudhon • Max Stirner
Michel Bakounine • Pierre Kropotkine
Errico Malatesta • Sébastien Faure
Emma Goldman

Luttes sociales

Anti-capitalisme • féministe
Anti-fascisme • Abolition des prisons
Écologisme

- Pour plus de détails, voir l'article : Anarchie - ce que l'anarchisme n'est pas -

Le terme anarchisme est issu du grec ancien anarkhia. "An" est la marque du privatif (sans - privé de - absence de, ...) et "arkhê" définit ce qui se rapporte à l'autorité, au pouvoir et au rapport social de domination "commandement / obéïssance". Le suffixe isme désigne une philosophie.

Étymologiquement, l’anarchie peut également être expliquée comme l'absence de tout principe premier/transcendental, de toute cause supérieure (Dieu, Nature, Loi, Droit, Nation, Peuple, ...). L'anarchie est une maniére immanente d'être au monde, sans intermédiaire de principe.

Parfois, le mot anarchisme (ou anarchie) est utilisé usuellement, à tort, pour décrire les partisans du chaos, du désordre, des guerres civiles. Cependant, de telles situations correspondraient plutôt à un état d'anomie.

Les anarchistes ne prônent donc absolument pas l'absence d'ordre[2], de règles et de structures organisées, mais un ordre libre[3], organisé et multiple, sans determinisme autoritaire...

Pour éviter une mauvaise compréhension des idées de l'anarchisme, par la confusion entretenue entre anarchie et anomie[4], les anarchistes utilisent parfois le terme d'« acratie » [5] ou du terme libertaire[6], comme synonymes d'anarchi.st.e.

L'anarchisme exprime, en soi, une valeur négative (le refus de l'autorité[7]), alors que libertaire exprime une valeur positive (appel à la liberté[8]). Son usage, parmi les anarchistes, est souvent relatif au contexte, mais l'un et l'autre, malgré que leur sens sémantique aille sur deux plans opposés, sont complémentaires. Faire une différence entre anarchisme et libertaire (ou libertarisme[9]) est devenu un non sens historique.

Philosophie

Depuis les débuts de l'humanité, de nombreuses manifestations des idées libertaires prendront forme, à travers l'action de différents groupes et individus (voir Précurseurs de l'anarchisme). Cependant, les premiéres manifestations modernes de l'anarchisme (en tant que philosophie) est généralement énoncée comme commençant aux alentours de la révolution française[10] par des individus souvent énoncés comme des Précurseurs de l'anarchisme. La publication, en 1840, du livre "qu'est ce que la propriété ?" de Proudhon[11], marquera la naissance, par un premier pas, d'un positionnement anarchiste :

« - Qu'êtes vous donc ? - Je suis anarchiste. [...] quoique très ami de l'ordre, je suis dans toute la force du terme, anarchiste. »[12]

Dans les œuvres suivantes, il initiera des idées thématiques (fédéralisme, autogestion, mutualisme etc.) qui influenceront le développement ultérieur de l'ensemble de l'anarchisme.

La philosophie anarchiste "nous enseigne que nous pouvons vivre dans une société libérée de toute contrainte"[13]. Les rapports sociaux autoritaires (commandement / obéissance[14]), qui sont, de fait, aliénants, oppressifs, nuisibles, générateurs de désordre, et qui entravent inutilement les libertés et initiatives individuelles et collectives[15], tant au niveau politique[16], économique[17] et social seraient également amenés à disparaître :

« Selon nous, tout ce qui tend à détruire l'oppression économique et politique, tout ce qui sert à élever le niveau moral et intellectuel des hommes, à leur donner conscience de leurs droits et de leurs forces et à les persuader d'en faire usage eux-mêmes, tout ce qui provoque la haine contre l'oppression et suscite l'amour entre les hommes, nous approche de notre but et est, donc, un bien, sujet à un calcul quantitatif afin d'obtenir, avec une force donnée, le maximum d'effet positif »[18]

Dans cette perspective d'émancipation vers une société libertaire, les sociétés et institutions autoritaires, caractérisées par l'injustice sociale, sont à abolir :

« Ã‰tats, Constitutions, Églises, etc., se sont toujours évanouis dès que l'individu a levé la tête, car l'individu est l'ennemi irréconciliable de tout ce qui tend à submerger sa volonté sous une volonté générale, de tout lien, c'est-à-dire de toute chaîne »[19]

On retrouve, dans l'anarchie, une recherche et une volonté de liberté, de bien-être, d'harmonie et d'émancipation individuelle et sociale :

« Nous désirons la liberté et le bien-être de tous les hommes, de tous les hommes sans exception. Nous voulons que chaque être humain puisse se développer et vivre le plus heureusement possible. Et nous croyons que cette liberté et ce bien-être ne pourront être donnés ni par un homme ni par un parti, mais tous devront en découvrir en eux-mêmes les conditions, et les conquérir. Nous considérons que seule la plus complète application du principe de la solidarité peut détruire la lutte, l'oppression et l'exploitation, et la solidarité ne peut naître que du libre accord, de l'harmonisation spontanée et voulue des intéressés » [18].

Le passage à l'anarchie implique alors une rupture radicale avec l'ordre autoritaire, ceci par une révolution sociale :

« La révolution sociale est une route à parcourir [...] Elle ne pourra s'arrêter que lorsqu'elle aura accompli sa course et aura atteint le but à conquérir : l'Individu libre dans l'humanité libre »[20]

Au delà de ces positions et luttes anti-autoritaires, les anarchistes projettent l'organisation[21] d'une société fédéraliste et autogestionnaire, dans laquelle la liberté économique, politique et sociale permettrait à chacun(e)s de réaliser pleinement sa souveraineté individuelle.

Liberté et solidarité

- Pour plus de détails, voir les articles : Liberté, Individualisme, solidarité, socialisme -

Comme a pu l'exposer Bakounine dans ses Å“uvres, la liberté que défendent les anarchistes, est avant tout une relation sociale solidaire[22] , évolutive et volontariste, menant petit à petit, vers une plus grande liberté des individus au sein d'une société[23] en émancipation :

« Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m'entourent, hommes ou femmes, sont également libres. La liberté d'autrui, loin d'être une limite ou une négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens vraiment libre que par la liberté des autres, de sorte que, plus nombreux sont les hommes libres qui m'entourent, et plus étendue et plus large est leur liberté, plus étendue et plus profonde devient la mienne. C'est au contraire l'esclavage des autres qui pose une barrière à ma liberté, ou, ce qui revient au même, c'est leur bestialité qui est une négation de mon humanité parce que, encore une fois, je ne puis me dire libre vraiment que lorsque ma liberté, ou ce qui veut dire la même chose, lorsque ma dignité d'homme, mon droit humain, qui consiste à n'obéir à aucun homme et à ne déterminer mes actes que conformément à mes convictions propres, réfléchit par la conscience également libre de tous, me reviennent confirmés par l'assentiment de tout le monde. Ma liberté personnelle ainsi confirmée par la liberté de tous s'étend à l'infini. »[24].

Les anarchistes, rejetant la liberté bourgeoise et/ou atomiste[25], ou, la solidarité particulariste ou communautariste, revendiquent cependant et absolument la liberté solidaire, la liberté sociale ou la solidarité libertaire :

« Au point de vue barbare, liberté est synonyme d'isolement : celui-là est le plus libre dont l'action est la moins limitée par celle des autres. Au point de vue social, liberté et solidarité sont termes identiques : la liberté de chacun rencontrant dans la liberté d'autrui, non plus une limite mais une auxiliaire, l'homme le plus libre est celui qui a le plus de relations avec ses semblables. »[26].

Proudhon rajoutera et précisera ainsi cette question :

« Il ne s’agit pas de supprimer la liberté individuelle mais de la socialiser »[réf. souhaitée].

Bakounine considère également que pour instaurer un régime de liberté et éviter des régimes d'autorité, la liberté doit se socialiser :

« la liberté sans le socialisme conduit à des privilèges et à l'injustice ; le socialisme sans la liberté conduit à l'esclavage et à la brutalité »[27].

L'anarchisme, de par ses principaux penseurs, oscillera constamment, avec certaines variations et harmonies, entre liberté individuelle et socialisme, ce qui sera alors nommé du socialisme libertaire, équivalent en fait à anarchisme. La sensibilité individuelle/sociale fait que :

« L'anarchiste est, selon le cas, plus individualiste que sociétaire ou plus sociétaire qu'individualiste [...] [cependant] on ne peut concevoir un libertaire qui ne soit pas individualiste » [28]

Néanmoins, tout individualiste n'est pas, en soi, anarchiste :

« Tous les anarchistes, à quelque tendance qu'ils appartiennent, sont d'une certaine façon des individualistes. Mais la réciproque est loin d'être vraie : tous les individualistes ne sont pas, tant s'en faut, des anarchistes. »[29]

Et comme, tout socialiste n'est pas, en soi, anarchiste :

le socialisme autoritaire pour qui « en général, la réglementation a été la passion commune de tous les socialistes d'avant 1848, moins un seul : Cabet, Louis Blanc, Fouriéristes, saint simoniens, tous avaient la passion d'endoctriner et d'organiser l'avenir, tous ont été plus ou moins autoritaires. Mais voici que Proudhon parut : et dans le fait et d'instinct cent fois plus révolutionnaire que ces socialistes doctrinaires et bourgeois, il s'arma d'une critique aussi profonde et pénétrante qu'impitoyable, pour détruire tous leurs systèmes. Opposant la liberté à l'autorité, contre ces socialistes d'État, il se proclama hardiment anarchiste »[27].

Max Stirner dans son ouvrage "L'unique et sa propriété"[30] se dressera contre toutes les doctrines, tous les dogmes, toutes les idées [31] qui exigent le sacrifice de l'individu à une cause prétendument supérieure à lui-même. Cet ouvrage influencera en partie la philosophie sociale de l'anarchisme, au début du XX éme siécle :

« Stirner a réhabilité l'individu à une époque où, sur le plan philosophique, dominait l'anti-individualisme hégélien et où, sur le plan de la critique sociale, les méfaits de l'égoïsme bourgeois avaient conduit la plupart des réformateurs à mettre l'accent sur son contraire : le mot "socialisme" n'est-il pas né comme antonyme d'"individualisme" ? Stirner exalte la valeur intrinsèque de l'individu « unique », c'est-à-dire à nul autre pareil, tiré par la nature à un seul exemplaire »[28].

Pour les anarchistes, tout part de l'individu et tout doit lui revenir. L'individu est au centre de la société. Cependant, cet individu est en corrélation constante avec la société, il fait partie de cette association et (ou) en est le co-créateur contractuel ; Comme l'énoncait Proudhon :

« Plus d'autorité, cela veut dire [...] accord de l'intérêt de chacun avec l'intérêt de tous, identité de la souveraineté collective et de la souveraineté individuelle »[32] et « comme l'individualisme est le fait primordial de l'humanité, l'association en est le terme complémentaire »[33].

Organisation sociale

- Pour plus de détails, voir l'article : Organisation -

Les anarchistes pensent qu'une fois la société libérée[34] des entraves artificielles qu'impose l'autorité, un « ordre » s'organiserait librement, et de manière spontané et (ou) volontaire. L'anarchie est d'ailleurs souvent énoncé comme «Le plus haut degré de liberté et d'ordre auquel l'humanité puisse parvenir»[35], « la plus haute expression de l’ordre »[36], ou comme « l'ordre moins le pouvoir » [37].

La question essentielle étant la réalisation de la liberté et de la solidarité au sein de la société, et l'organisation sociale permettant d'instaurer cette possibilité[38].

Fédéralisme Libertaire

- Pour plus de détails, voir les articles : Fédéralisme, Internationalisme, liberté politique / autorité politique -

Pour l'union des individus, les libertaires défendent le mode d'organisation associatif :

« Le bien de cette « Société humaine » ne me tient pas au cÅ“ur, à moi l'égoïste ; je ne me dévoue pas pour elle, je ne fais que l'employer ; mais afin de pouvoir pleinement en user, je la convertis en ma propriété, j'en fais ma créature, c'est-à-dire que je l'anéantis et que j'édifie à sa place l'association des Égoïstes." [...] "Ce n'est que dans l'association que votre unicité peut s'affirmer, parce que l'association ne vous possède pas, mais que vous la possédez et que vous vous servez d'elle." [...] "Bref, la société est sacrée et l'association est ta propriété, la société se sert de toi et tu te sers de l'association » [19]
Pour la réunion de groupes associatifs plus étendus, ce mode d'organisation sera développé, sous la forme du fédéralisme et de l'internationalisme :
Congressof1870.JPG
« Nous avons reconnu que le contrat social par excellence était un contrat de fédération, un contrat synallagmatique et commutatif... dont la condition essentielle est que les contractants se réservent toujours une part de souveraineté et d'action plus grande que celle qu'ils abandonnent. » - « Dans un système fédéraliste (...) la liberté aspire à se rendre prépondérante, l'autorité à devenir servante de la liberté; et le principe contractuel à se substituer partout, dans les affaires publiques, au principe autoritaire... » - « La fédération résout toutes les difficultés de l'accord de la liberté et de l'autorité. La révolution française a fondé les prémisses d'un ordre nouveau, dont son héritière, la classe ouvrière, possède le secret. Cet ordre nouveau, le voici : réunir tous les peuples en une « confédération des confédérations » »[39] - « Que d'une nation à l'autre, les travailleurs se tendent la main »[40]

L'organisation politique fédéraliste se réalise à partir de plusieurs organismes associatifs (syndicats, communes[41], groupements internationaux, etc.), qui conservent leurs libertés propres, et qui s'associent en mandatant l'organisme fédérateur, sur des buts précis et avec des moyens définis. Le fédéralisme libertaire laisse ainsi aux organismes, associés et fédérés, la possibilité, à tout instant, de la révocation ou de l'amendement d'un mandat fédéral, dés que celui-ci n'est pas respecté. Le principe de base étant la recherche de consensus ou de l'unanimité. Trouver un consensus satisfaisant est un processus qui demande en général beaucoup de temps de discussion, mais dès que le mandat impératif est finalement défini et qu'il convient aux associés, celui-ci est ainsi plus aisément applicable :

« Tout individu, toute association, toute commune, toute province, toute région, toute nation ont le droit absolu de disposer d'eux-mêmes, de s'associer de ne point s'associer, de s'allier avec qui ils voudront et de rompre leurs alliances, sans égard aucun pour les soit-disant droits historiques, ni pour les convenances de leurs voisins » - « le droit de la libre réunion et de la sécession également libre est le premier, le plus important de tous les droits politiques, celui sans lequel la confédération ne serait jamais qu'une centralisation masquée »[42].

En pratique, l'organisme confédéré est mandaté par les organismes fédérateurs, et vice versa. c'est un mode d'organisation qui permet d'agir en complémentarité/auxiliarité, sans centre directeur ni marge. Les décisions partent de l'individu et lui reviennent, et chaque groupe reste autonome. La centralisation, qui se crée, devient donc libre et volontaire :

« Ce que nous mettons à la place de la centralisation politique, c'est la centralisation économique »[32] - « Ce qui fait la centralisation d'une société d'hommes libres (...), c'est le contrat. L'unité sociale (...) est le produit de la libre adhésion des citoyens (...). dans toutes ses fonctions et facultés, il faut que la centralisation s'effectue de bas en haut, de la circonférence au centre, et que toutes les fonctions soient indépendantes et se gouvernent chacune par elle-même. Vous avez une centralisation d'autant plus forte que vous en multipliez davantage les foyers. »[43]

D'une certaine façon, lors de groupements informels (luttes, grèves, révoltes, ...), et surtout lors de révolutions sociales, les anarchistes proposent la pratique de la démocratie directe qui, par l'assemblée souveraine, permet de définir rapidement les actions ou les moyens organisationnels à réaliser.

Économies Autogestionnaires

- Pour plus de détails, voir l'article : Économies libertaires, Autogestion, liberté économique / autorité économique -

Les besoins du travailleur (en opposition au besoin capitalistique) se doit d'être la base pour la production. Les anarchistes s'opposent par cela aux économies d'exploitations et de pillages[44] (et notamment au capitalisme qui est l'économie actuelle), dans lequel un propriétaire (maitre / seigneur / patron) exploite/pille des travailleurs (esclave / serf / salarié) pour se faire un surplus de capital au détriment des travailleurs ou de leurs besoins :

« ce ferment reproducteur, ce germe eternel de vie, cette préparation d'un fonds et d'instruments de production, est ce que le capitaliste doit au producteur, et qu'il ne lui rend jamais ; et c'est cette dénégation frauduleuse qui fait l'indigence du travailleur, le luxe de l'oisif et l'inégalité des conditions. C'est en cela surtout que consiste ce que l'on a si bien nommé exploitation de l'homme par l'homme. »[12].

La possession des moyens de production[45], uniquement par ceux (individu ou collectif)[46] qui les travaillent sont des points essentiels de la liberté économique que préconisent les anarchistes.

« Nous, producteurs associés ou en voie d'association, nous n'avons pas besoin de l'État (...). L'exploitation par l'État, c'est toujours de la monarchie, toujours du salariat (...). Nous ne voulons pas plus du gouvernement de l'homme par l'homme que de l'exploitation de l'homme par l'homme. Le socialisme est le contraire du gouvernementalisme (...). Nous voulons que ces associations soient (...) le premier noyau de cette vaste fédération de compagnies et de sociétés, réunies dans le commun lien de la république démocratique et sociale. »[47].

Proudhon considére la nécessité de la « suppression de tous les revenus du capital », et préconise qu'au sein de la commune « l'atelier remplace[ra] le gouvernement », ce que Bakounine poursuivra et confirmera :

« La base de cette organisation est toute trouvée : ce sont les ateliers et la fédération des ateliers; la création des caisses de résistance, instruments de lutte contre la bourgeoisie, et leur fédération non seulement nationale, mais internationale; la création de chambre de travail, comme en belgique » [48].

En opposition à l'exploitation, les anarchistes défendent donc l'autogestion, comme l'affirmation de l'aptitude des humains à s'associer (sans relation d'exploitation) pour gerer ensemble les moyens permettant de répondre à leurs besoins. La condition de base est que les membres d'un projet renoncent à penser, vouloir et décider pour les autres, mais qu'ils se centrent au contraire sur ce qu'ils veulent pour eux-mêmes, qu'ils assument pleinement dès le départ le caractère personnel et situé de leurs demandes. Les rapports sociaux d'autorité disparaissent dès le départ, aux niveaux économique, politique et sociales. Un projet autogéré se doit de se doter de structures permettant à chaque participant de faire connaître et valoir ses besoins et désirs :

« une forme de transaction qui, ramenant à l’unité la divergence des intérêts, identifiant le bien particulier et le bien général, effaçant l’inégalité de nature par celle de l’éducation, résolve toutes les contradictions politiques et économiques ; où chaque individu soit également et synonymement producteur et consommateur, citoyen et prince, administrateur et administré ; où sa liberté augmente toujours, sans qu’il ait besoin d’en aliéner jamais rien. »[32].

Les libertaires, selon les tendances, considèrent que la société anarchiste peut se construire en autogestion selon une économie mutuelliste, collectiviste ou communiste :

« Dans chaque localité, dans chaque milieu sera résolu le degré de communisme ou de collectivisme ou de mutuellisme qui pourra être atteint »[49]

Plus récemment, le mouvement écologiste préconise une économie d'auto-subsistance ou de décroissance.

L'économie anarchiste mutualiste[50] est développé initialement par proudhon (et ses successeurs, dont James Guillaume), elle défend l'autogestion fédéraliste et propose l'échange équitable entre deux parties solidaires[51]. Selon cette proposition économique, le travail, fondement de la société, devient le levier (l'atelier remplacant le gouvernement.) de la politique, le réalisateur de la liberté :

« le principe de mutualité [...] est [...] bien certainement le lien le plus fort et le plus subtil qui puisse se former entre les hommes. Ni système de gouvernement, ni communauté ou association, ni religion, ni serment, ne peuvent à la fois, en unissant aussi intimement les hommes, leur assurer pareille liberté »[52]

Cette tendance socialiste intégrera, dés le début de sa création, à l'association internationale des travailleurs. Plus tard, elle sera minoré par la proposition collectiviste (qui s'inspirera du mutualisme en y précisant un collectivisme révolutionnaire). Nombreux mutualistes proudhoniens seront convaincus par les arguments collectiviste de bakounine, et s'y associeront. Cependant, des libertaires continueront à défendre la théorie mutualiste libertaire.

Varlin et bakounine développeront donc au sein de l'AIT, à partir de leur intégration en 1868, l'idée d'une collectivisation des moyens de production par les associations ouvriéres. Le collectivisme libertaire, propose l'autogestion de ces associations et que la répartition se fasse selon des valeurs égalitaires, de par l'adage « Ã€ chacun le produit de son travail ». le coût du travail étant alors mesuré à l'heure ou à la tache. La valeur dépendant des régles pratiqués localement, et par des bons de travail adaptés :

« Je ne suis point communiste parce que le communisme[53] concentre et fait absorber toutes les puissances de la société dans l'État, parce qu'il aboutit nécessairement à la centralisation de la propriété entre les mains de l'État. [...] Je veux l'organisation de la société et de la propriété collective ou sociale de bas on haut, par la voie de la libre association, et non du haut en bas par le moyen de quelque autorité que ce soit. Voilà dans quel sens je suis collectiviste et pas du tout communiste.[54].

Plus tard, fin 1876, des anarchistes des sections italiennes[55] préconiseront une économie communiste[56] anarchiste (en complément[57]et/ou pour le dépassement du collectivisme anti-autoritaire). Un grand nombre de mouvements anarchiste s'associeront alors à cette perspective autogestionnaire communiste (à l'exception des anarchistes espagnols qui jusqu'en 1932 défendront le collectivisme). Le communisme libertaire, part de l'adage « Ã€ chacun selon ses besoins, de chacun selon ses capacités », et veut, d'un point de vue économique, partir du besoin des individus afin de produire par la suite le nécessaire pour y répondre :

« anarchie et communisme, loin de hurler de se trouver ensemble, hurleraient de ne pas se trouver ensemble, car ces deux termes, synonymes de liberté et d’égalité, sont les deux termes nécessaires et indivisibles de la révolution. (...) Nous devons être communistes, car c’est dans le communisme que nous réaliserons la vraie égalité. Nous devons être communistes, parce que le peuple, qui ne comprend pas les sophismes collectivistes[58], comprend parfaitement le communisme comme les amis Reclus et Kropotkine l’ont déjà fait remarquer. Nous devons être communistes, parce que nous sommes des anarchistes, parce que l’anarchie et le communisme sont les deux termes nécessaires de la révolution. »[59]

Révolte et Lutte Anti-Autoritaire

- Pour plus de détails, voir l'article : Révolte -

À travers l'histoire du mouvement libertaire, les anarchistes permettront le développement des pratiques libertaire au travers de la diffusion de sa presse et de sa littérature subversive (Proudhon, Bakounine, ...)[60], de par leurs activités de résistance directe, de révoltes et de luttes au sein de la société :

« L'homme s'est émancipé, il s'est séparé de l'animalité et s'est constitué comme homme ; il a commencé son histoire et son dévellopement proprement humain par un acte de désobéissance et de science, c'est à dire par la révolte et par la pensée » [61]

L'implantation locale du mouvement au sein des divers lieux de lutte (localités ou entreprises), ou de vie, se fera en parallèle. Cette révolte contre l'injustice sociale que produisent les régimes d'autorité, est profondément ancré chez les anarchistes :

« L'anarchisme est né d'une révolte morale contre l'injustice sociale »[18].

Elle les conduira à lutter, par l'entr'aide ou en solidarité, contre ces régimes, et pour l'avènement d'une société libertaire où la justice sociale[62] serait mise en application :

« Lorsque nous combattons la société actuelle, nous opposons, à la morale bourgeoise individualiste, la morale de la lutte et de la solidarité, et nous cherchons à établir des institutions qui correspondent à notre conception des rapports entre les hommes »[63]

C'est pourquoi les anarchistes proposent l'abolition de ce système autoritaire, en commencant par l'usage de différents moyens de luttes[64] permettant de l'affaiblir, et de maniére inversement proportionnel, de solidariser les révoltés[65]. Une telle lutte prend souvent la forme d'une action directe :

« [Cela] veut dire action des ouvriers eux-mêmes, c'est-à-dire action directement exercée par les interessés. C'est le travailleur qui accomplit lui-même son effort ; il l'exerce personnellement sur les puissances qui le dominent, pour obtenir d'elles les avantages réclamés. Par l'action directe, l'ouvrier créé lui-même sa lutte ; c'est lui qui la conduit, décidé à ne pas s'en rapporter à d'autres qu'à lui-même du soin de le libérer »[66].

Résistance et Action Directe

- Pour plus de détails, voir l'article : résistance et action directe -

La résistance passive à l'autorité se fait naturellement au sein des sociétés autoritaires (de maniére volontaire ou spontané), les individus trainent des pieds, ils font de l'obstruction au sein de leur lieu de travail (baisse d'activité, arrêts maladies, etc...), ils oublient de participer aux affaires decrétés par l'État, etc. Les anarchistes pensent que toutes ces résistances passives du quotidien pourraient devenir une résistance consciente et active, pouvant ainsi alors mener à des Action directes affaiblissant l'autorité et permettant la réalisation de la volonté réélle (liberté politique, économique et sociale) des individus et des associations là où ils se trouvent.

La résistance à l'oppression est une constante chez les anarchistes. Que l'oppression soit politique, économique ou morale, les anarchistes se refusent à toute capitulation devant ces autorités :

« tout anarchiste [...] comprend les fatalités économiques qui obligent aujourd'hui l'homme à lutter contre l'homme [...] Mais [...] sans la révolte de l'individu, s'associant à d'autres individus révoltés pour résister au milieu et chercher à le transformer, ce milieu ne changerait jamais. »[63].

les organisations nées de la collaboration entre individus et susceptibles de tenir les institutions autoritaires, l'État[67], le Capital et l'Église en échec, sont considérées avec bienveillance, pour autant évidemment qu'elles ne participent pas à une nouvelle oppression.

Le mouvement anarchiste développera au sein de la société de nombreuses associations permettant l'union de toutes ces résistances. Des Causeries populaires ou des bourses du travail seront organisées comme lieu de débat et de diffusion de la culture alternative, et comme moyen d'organiser la lutte ouvriére. Des Squats et des Colonies libertaires (Cecilia, Aiglemont, Vaux, St-Maur, Cempuis, la métropole socialiste d'occident[68] ...) se développeront également comme lieu de vie alternative, en marge de la société autoritaire, ou comme une contre-société. Les École modernes (école de la ruche, l'Escuela Moderna de Ferrer en Espagne, l'École moderne à New-York par Berkman et plusieurs autres, ...) seront créés afin de développer l'expérience d'une éducation libertaire. Les coopératives (Cosme, ...) comme lieu d'organisation des échanges alimentaires, etc.

Résistance sociale

L'autorité morale étant un support pour que les autorités économiques et politiques puissent s'organiser, la praxis libertaire se développera au sein de ces sociétés afin de combattre ces relais moralisant de l'autorité.

Pour la mouvance anarchiste, la religion (et son dieu) est un des relais de l'autorité, et doit être anéantie :

« Du moment que Dieu, l'Être parfait et suprême, se pose vis-à-vis de l'humanité, les intermédiaires divins, les élus, les inspirés de Dieu sortent de terre pour éclairer, pour diriger et pour gouverner en son nom l'espèce humaine (...) l'idée de Dieu implique l'abdication de la raison et de la justice humaines, elle est la négation la plus décisive de l'humaine liberté et aboutit nécessairement à l'esclavage des hommes, tant en théorie qu'en pratique. [...] Si Dieu est, l'homme est esclave ; or l'homme peut, doit être libre, donc Dieu n'existe pas. »[24].

Les anarchistes seront généralement Athés, et de farouches anticléricaux. Cet athéisme et cet anticléricalisme leur sera tellement reconnu que la devise "Ni Dieu Ni Maitre" leur sera attribué[69]. L'école est le lieu, par excellence, où l'autorité se reproduit par une éducation autoritaire, de par un rapport hiérarchique de maitre/éléve, par lequel l'éléve doit se soumettre[70], et par des connaissances orientés (notamment en histoire) dans lequel le systéme en place est preservé de toute critique (par négation, par occultation...), formant ainsi de bons citoyens.

Depuis que Dieu et ses saints sont tombés largement aux oublis, la nation est devenue l'idée moralisatrice et mystificatrice, remplacant Dieu, qu'entretient l'État Moderne[71] pour s'assurer un appui dans la population. Les anarchistes dénoncent cette mystification de l'unité, cachant par cela une volonté interclassistes de gommer les différences sociales derriére une idée de nation "une et indivisible", c'est ce qui arrivera dans les démocraties libérales et avec force caricaturale, en italie fasciste ou en divers pays socialistes (d'État) : http://pagesperso-orange.fr/libertaire/motscle/217.gif

« [le principe de la nation], principe ambigü, plein d'hypocrisie et de piéges, principe d'État historique, ambitieux au principe, bien plus grand, bien plus simple, et le seul légitime , de la liberté : chacun, individu ou corps collectif, étant ou devant être libre, a le droit d'être lui-même, et personne n'a celui de lui imposer son costume, ses coutumes, sa langue, ses opinions et ses lois ; chacun doit être absolument libre chez soi. [...] Toutes ces idées étroites, ridicules, liberticides et par conséquent criminelles de grandeur, d'ambition et de gloire nationale, bonnes seulement pour la monarchie et pour l'oligarchie, aujourd'hui également bonnes pour la grande bourgeoisie, parce qu'elles leur servent à tromper les peuples et à les ameuter les uns contre les autres pour mieux les asservir »[54] - « rien n'est plus absurde et en même temps plus néfaste, plus mortel pour le peuple que de faire du pseudo principe de la nationalité l'idéal de toutes les apirations populaires [...] la question nationale, selon nous, doit s'éffacer entièrement devant les grands problêmes de la lutte sociale »

Face aux guerres nationales (l'idée de nation rabaché, en temps de paix, étant son appui), et pour ne pas participer à des massacres orchestrés par la grande muette, les anarchistes, de par leur antimilitarisme, suggérent dés que possible la Désertion ou l'Insoumission. Pour les militaires intégrés, pour ceux considérant les ordres ou les buts des bélligérants injustes (repression des gréves, colonialisme, hégémonie nationale, ...) l'usage de la mutinerie (ici dans le cadre militaire - et non carcéral, même si cela est également un des moyens de résistance -) est un moyen de libération et de solidarisation avec les masses populaires opprimés.

La démocratie libérale tentera de faire croire à l'illusion electorale du suffrage universel, lequel prétend alors représenter les personnes vivant dans la surface nationale dont le parlement a arbitrairement le pouvoir :

« Nous repoussons toute législation, toute autorité, toute influence privilégiée, patentée, officielle et légale, même sortie du suffrage universel, convaincus qu'elle ne peut jamais tourner qu'au profit d'une minorité dominante et exploitante contre les intérêts de l'immense majorité asservie. Voilà en quoi nous sommes anarchistes. »[24]

En cela, les anarchistes répondent, généralement[18], par l'Abstention électorale, ou par un désinteret pour ce genre de farces :

« Loin d’être un «non-acte» de démissionnaire, l’abstention consciente est un acte responsable de refus d’un système de domination où le droit de vote constitue l’acte public d’allégeance du plus grand nombre au pouvoir de quelques uns. L’histoire récente des social-démocraties montre combien le rituel électoral, qui devait garantir la liberté et les moyens de vie pour chacun d’entre nous, n’a fait que renforcer le pouvoir d’une caste de possédants et l’exploitation de l’immense majorité des êtres humains. Parce que nous sommes pour l’abolition de ce système autoritaire où la propriété et le profit servent de valeur morale, et parce que nous savons qu’un monde de solidarité, de partage - riche de sa diversité - est possible, nous appelons à la lutte contre le pouvoir par l’abstention et l’action directe. »[72]
Résistance économique

L'oppression économique, qu'impose le capitalisme, engendre toutes sortes de résistances au sein de la classe ouvriére.

Dans la position de consommateur potentiel, Les actions de Boycott seront utilisés pour sanctionner directement un acteur économique, de l'exploitation et du pillage, dans sa production et/ou sa distribution. Par exemple, faire des actions de boycott, en solidarité avec les travailleurs, pour protester contre les conditions de travail des salariés d'une entreprise ; des écologistes appellent au boycott contre des produits de multinationales qui polluent (en n'achetant pas les produits de ces multinationales - OGM, pesticides -). En tant que citoyen, face à l'État qui impose ses impots, la pratique de la désobéissance civile sera exercé par thoreau. Il refusera de payer des taxes à l'État, d'une part, parce que celles-ci étaient prévues pour payer la guerre des États-unis contre le méxique, et d'autre part, afin de protester contre l'esclavage qui est alors en vigueur aux États-unis ; ce terme sera utilisé et affirmé plus tard par divers mouvements (anti-OGM, anti-nucléaire, ...) pour résister à des actions légales de l'État (jugées illégitimes par les acteurs de la résistance) :

« Tous les hommes reconnaissent le droit à la révolution, c’est-à-dire le droit de refuser fidélité et allégeance au gouvernement et le droit de lui résister quand sa tyrannie ou son incapacité sont notoires et intolérables. (...) lorsqu’un sixième de la population d’une nation qui se prétend le havre de la liberté est composé d’esclaves (...) je pense qu’il n’est pas trop tôt pour les honnêtes gens de se soulever et de passer à la révolte. »[73]

Fin XIX et début XX ème siècle, le mouvement anarchiste, aprés sa minoration au sein du mouvement ouvrier, reprendra une dynamique révolutionnaire avec son implication dans le mouvement syndical. L'anarcho-syndicalisme proposera diverses variantes quant aux méthodes que prendra l'organisation ouvriére dans la lutte révolutionnaire au sein du systéme économique[74]. le syndicalisme révolutionnaire (mouvement largement influencé par les écrits de Émile Pouget, Fernand Pelloutier, etc.)[75] proposera l'apolitisme[76] et l'action directe. Le sabotage et l'obstructionnisme seront des formes de résistance (popularisé par Émile Pouget), consistant à stopper ou ralentir le travail de production afin de mettre les exploiteurs à négocier de nouvelles conditions de travail (ex: lutter pour moins d'heures de travail, congés, etc), lorsque ce n'est pas pour réprimer et en conséquence radicaliser les groupes ouvriers. Pour les travailleurs, le meilleur moyen associant un outil de résistance de masse à la pression productiviste et un moyen de lutte permettant aux ouvriers de se prendre en main face au pouvoir patronal (& co), et un moyen pour préparer la révolution sociale, serait la grève générale expropriatrice et insurrectionnelle[77] :

«  La grève générale m’a toujours paru un excellent moyen pour ouvrir la révolution sociale. Toutefois, gardons-nous bien de tomber dans l’illusion néfaste qu’avec la grève générale, l’insurrection armée devient une superfétation. [...] Ou bien l’ouvrier, crevant de faim après trois jours de grève, rentrera à l’atelier, la tête basse, et nous compterons une défaite de plus. Ou bien il voudra s’emparer des produits de vive force. Qui trouvera-t-il devant lui pour l’en empêcher ? Des soldats, des gendarmes, sinon des bourgeois eux-mêmes et alors il faudra bien que la question se résolve à coups de fusils et de bombes. Ce sera l’insurrection, et la victoire restera au plus fort. [...] Préparons-nous donc à cette insurrection inévitable, au lieu de nous borner à préconiser la grève générale comme une panacée s’appliquant à tous les maux. [...] Il faudra donc s’emparer par la force des moyens d’approvisionnement, et cela tout de suite, sans attendre que la grève se soit développée en insurrection. [...] Encore une fois, l’organisation ouvrière, la grève, la grève générale, l’action directe, le boycottage, le sabotage et l’insurrection armée elle-même, ce ne sont là que des moyens. L’anarchie est le but. »[18].

Toutes ces résistances économiques et sociales actives, selon leur force, permettent de freiner les avancées de l'autorité au sein de la société, et permettent de rendre visible ces volontés de résistance, et les idées sociales qui les soutendent. L'autorité évidemment se défend par tous les moyens (politique, économique, médiatique, éducatif...) dont elle dispose. La répression (médiatique, économique, policiére, militaire, etc) est souvent la seule réponse des autorités (selon le type de situation et de gouvernement) à ces mouvements. Néanmoins, l'entr'aide entre tous les révoltés est un facteur essentiel pour parer la répression des autorités et pour hater l'avénement d'une révolution sociale.

Révolution Sociale

- Pour plus de détails, voir l'article : révolution sociale -

Des anarchistes considèrent qu'il faut, au delà de toutes ces résistances actives (à fédérer), préparer moralement, politiquement et économiquement la révolution sociale à venir, ceci afin de s'acheminer vers l'anarchie, et que les individus/sociétés soient prêts à prendre leur liberté en s'organisant sans maîtres et selon leurs besoins et désirs :

« la préparer au sens de faire avancer le processus évolutionnaire, d'éclairer le peuple sur les maux de la société actuelle et de le convaincre qu'une vie sociale fondé sur la liberté est désirable et possible, juste et pratique ; de la préparer en faisant clairement prendre conscience aux masses de ce dont elles ont besoin et de comment l'obtenir » [13]

La nocivité de l'autorité[78] induit la nécessité de supprimer, détruire, les institutions qui la porte :

« Une seule voie vous est ouverte si vous voulez donner tort aux puissants : c'est la force ; dépouillez-les de leur puissance, vous les aurez réellement mis dans leur tort et privés de leurs droits ; sinon, vous ne pouvez rien, vous vous ferez de la bile en silence ou vous serez sacrifiés comme des fous encombrants. (...) S'il y a derrière toi quelques millions d'autres pour te protéger, vous formez ensemble une puissance importante et vous aurez facilement la victoire. »[19]

Au delà des volontées politiques (fédéralisme, mandatement impératif, ...), économiques (autogestion, mutualisme, collectivisme, communisme, ...) et sociales (souveraineté individuelle, autonomie...) que désirent les anarchistes au quotidien, ils proposent donc de nombreux moyens révolutionnaire tendant à mener à l'anarchie. La révolution sociale créé les conditions de changements économiques et politiques répondant aux besoins des évolutions de la société. La société, dans toute sa complexité, est alors actrice et ordonnatrice de l'évolution sociale qu'elle veut se donner :

« il ne faut pas que tu confondes la révolution sociale et l'anarchie. La révolution, au cours de certaines de ses étapes, prend la forme d'un violent soulévement ; l'anarchie est la condition sociale de la liberté et de la paix. La révolution est le moyen qui permettra d'établir l'anarchie, mais elle n'est pas l'anarchie elle-même. Elle ouvrira la voie à l'anarchie, établira les conditions qui rendront possible une vie en liberté » [13]
Insurrection et expropriation