Anarchisme

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Catégorie:Anarchisme L'anarchisme est une philosophie qui prône l'abolition de toute forme d'autorité et de domination, et qui appelle à la réalisation (par la lutte et l'association) d'une société libertaire.

Anarchisme
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« la plus haute expression de l’ordre »
Fondements

Action directe • Autogestion • Fédéralisme
Liberté • Révolte • Solidarité

Tendances

sociale : collectiviste • individualiste
économique : mutualiste • communiste
politique : syndicaliste • communaliste • associationiste

Histoire de l'anarchisme

Précurseurs de l'anarchisme
Chronologie de l'anarchisme
Presse anarchiste
Association internationale des travailleurs
Congrès de Saint-Imier
Fédération jurassienne
Commune de Paris
1er mai
Illégalisme
Révolution mexicaine
Makhnovtchina • Révolte de Kronstadt
Révolution espagnole
Mai 68

Organisations

Alternative libertaire
Anarchists Against the Wall
CNT-AIT-E • CNT-AIT-F • CNT-V • CGA • Fédération anarchiste
NEFAC
GARAS
OCL • OLS • OSL

Anarchistes

Pierre-Joseph Proudhon • Max Stirner
Michel Bakounine • Pierre Kropotkine
Errico Malatesta • Sébastien Faure
Emma Goldman

Luttes sociales

Anti-capitalisme • féministe
Anti-fascisme • Abolition des prisons
Écologisme

FAQ anarchiste
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« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
A - Qu'est-ce que l'anarchisme ?

Introduction
A.1 - Qu'est ce que l'Anarchisme ?



A.2 - Que représente l'Anarchisme?



A.3 - Quelles sortes d'anarchisme existe-t-il ?



A.4 - Qui sont les penseurs reconnus dans l'anarchisme ?



A.5 - Quels sont les exemples "d'anarchie en action" ?



Sommaire complet et détaillé

Étymologie et usages

- Pour plus de détails, voir l'article : Anarchie - ce que l'anarchisme n'est pas -

Le terme anarchisme est issu du grec ancien anarkhia. "An" est la marque du privatif (sans - privé de - absence de, ...) et "arkhê" définit ce qui se rapporte à l'autorité, au pouvoir et au rapport social de domination "commandement / obéïssance". Le suffixe isme désigne une doctrine.

Étymologiquement, l’anarchie peut également être expliquée comme l'absence de tout principe premier/transcendental, de toute cause supérieure (Dieu, Nature, Loi, Droit, Nation, Peuple, ...). L'anarchie est une maniére immanente d'être au monde, sans intermédiaire de principe.

Parfois, le mot anarchisme (ou anarchie) est utilisé usuellement, à tort, pour décrire les partisans du chaos, du désordre, des guerres civiles. Cependant, de telles situations correspondraient plutôt à un état d'anomie.

Les anarchistes[1] ne prônent donc absolument pas l'absence d'ordre[2], de règles et de structures organisées, mais un ordre libre[3], organisé et multiple, sans determinisme autoritaire...

Pour éviter cette confusion, entre anarchie et anomie[4], qui entretient une mauvaise compréhension des idées de l'anarchisme, les anarchistes utilisent parfois le terme d'« acratie » [5] ou du terme libertaire[6], comme synonymes d'anarchi.st.e.

L'anarchisme exprime, en soi, une valeur négative (le refus de l'autorité[7]), alors que libertaire exprime une valeur positive (appel à la liberté[8]). Son usage, parmi les anarchistes, est souvent relatif au contexte, mais l'un et l'autre, malgré que leur sens soit identique, sont complémentaires. Faire une différence entre anarchisme et libertaire (ou libertarisme[9]) est devenu un non sens historique.

Philosophie

À la source de la philosophie anarchiste, on retrouve une recherche et une volonté de bien-être[10], d'harmonie et d'émancipation individuelle et sociale [11], vis à vis de toutes autorités[12] (politique[13], économique[14], social[15]). Cette philosophie "nous enseigne que nous pouvons vivre dans une société libéré de toute contrainte"[16][17]. Les rapports sociaux autoritaire (commandement / obéissance), qui sont, de fait, aliénants, oppressifs, nuisibles, générateurs de désordre, et qui entravent inutilement les libertés et initiatives individuelles et collectives[18], seraient également amenés à disparaître de maniére radicale.

Le passage à l'anarchie implique une lutte sociale[19] menant à une rupture radicale avec l'ordre autoritaire. Dans cette perspective d'émancipation vers une société libertaire, les sociétés et institutions autoritaire[20], caractérisé par l'injustice sociale, sont à abolir.

Au delà de ces positions et luttes anti-autoritaires, les anarchistes projettent l'organisation[21] d'une société fédéraliste et autogestionnaire, dans laquelle la liberté économique, politique et sociale permettrait à chacun(e)s de réaliser pleinement sa souveraineté individuelle.

Liberté et Organisation

- Pour plus de détails, voir l'article : Liberté -

Les anarchistes pensent qu'une fois la société libérée[22] des entraves artificielles qu'impose l'autorité, un « ordre » s'organiserait librement, et de maniére spontané ou volontaire. L'anarchie est d'ailleurs souvent énoncé comme «Le plus haut degré de liberté et d'ordre auquel l'humanité puisse parvenir»[23], « la plus haute expression de l’ordre »[24], ou comme « l'ordre moins le pouvoir » [25].

Individu et Société

- Pour plus de détails, voir les articles : souveraineté individuelle, liberté sociale / autorité sociale -

Les anarchistes revendiquent la liberté individuelle, au sein d'un ordre social libre[26]. La question essentielle étant la réalisation de la souveraineté individuelle au sein de la société, et l'organisation sociale permettant d'instaurer cette possibilité[27]. Proudhon énonce ainsi cette question : "Il ne s’agit pas de supprimer la liberté individuelle mais de la socialiser".

Comme peut l'exposer bakounine, la liberté que défendent les anarchistes, est avant tout une relation sociale solidaire[28] , évolutive et volontariste, menant petit à petit, vers une plus grande liberté des individus au sein de la société : "Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m'entourent, hommes ou femmes, sont également libres. La liberté d'autrui, loin d'être une limite ou une négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens vraiment libre que par la liberté des autres, de sorte que, plus nombreux sont les hommes libres qui m'entourent, et plus étendue et plus large est leur liberté, plus étendue et plus profonde devient la mienne. C'est au contraire l'esclavage des autres qui pose une barrière à ma liberté, ou, ce qui revient au même, c'est leur bestialité qui est une négation de mon humanité parce que, encore une fois, je ne puis me dire libre vraiment que lorsque ma liberté, ou ce qui veut dire la même chose, lorsque ma dignité d'homme, mon droit humain, qui consiste à n'obéir à aucun homme et à ne déterminer mes actes que conformément à mes convictions propres, réfléchit par la conscience également libre de tous, me reviennent confirmés par l'assentiment de tout le monde. Ma liberté personnelle ainsi confirmée par la liberté de tous s'étend à l'infini."[29]. Bakounine considére également que pour instaurer un régime de liberté et éviter des régimes d'autorité, la liberté doit s'associer au principe d'égalité (et inversement) : "la liberté sans le socialisme conduit à des priviléges et à l'injustice ; le socialisme sans la liberté conduit à l'esclavage et à la brutalité"[30].

Max Stirner dans son ouvrage "L'unique et sa propriété" (oeuvre redécouverte à la fin du XIX éme siécle) se dressera contre toutes les doctrines, tous les dogmes, toutes les idées [31] qui exigent le sacrifice de l'individu à une cause prétenduement supérieure à lui-même, influencera en partie la philosophie sociale de l'anarchisme par la réhabilitation de l'individu[32].

L'individualisme est prégnant dans tout l'anarchisme, allant d'une tendance à l'individualisme social (nommé habituellement de "sociétaire", "altruiste" ou de "socialiste libertaire", dont bakounine est en quelque sorte la référence), à une tendance à l'individualisme égoïste (nommé couramment d'"égoïstes" ou tout simplement d'"anarchistes individualistes", dont Stirner est généralement la référence). En effet, pour les anarchistes, tout part de l'individu et tout doit lui revenir. l'individu est au centre de la société. Cependant, cet individu est en corrélation constante avec la société, il fait parti de cette association et/ou en est le co-créateur contractuel[33] ; Comme l'énoncait Proudhon: "Plus d'autorité, cela veut dire [...] accord de l'intérêt de chacun avec l'intérêt de tous, identité de la souveraineté collective et de la souveraineté individuelle" et "comme l' individualisme est le fait primordial de l' humanité, l'association en est le terme complémentaire". Néanmoins, comme l'énonce Daniel Guérin, la sensibilité individuelle/sociale fait que "L'anarchiste est, selon le cas, plus individualiste que sociétaire ou plus sociétaire qu'individualiste [...] [cependant] on ne peut concevoir un libertaire qui ne soit pas individualiste" [34]


Fédéralisme Libertaire

- Pour plus de détails, voir les articles : Fédéralisme, liberté politique / autorité politique -

Pour l'union des individus, les libertaires défendent le mode d'organisation associatif[35]. Pour la réunion de groupes associatifs plus étendus, ce mode d'organisation sera repris et dévellopé, sous la forme du fédéralisme[36].

Le fédéralisme que prônent les anarchistes, est une forme d'organisation politique qui se réalise à partir de plusieurs organismes associatifs (syndicats, communes, groupements, etc.), qui conservent leurs libertés propres, et qui s'associent en mandatant l'organisme fédérateur, sur des buts précis et avec des moyens définis.

Cependant, le fédéralisme libertaire laisse aux organismes, associés et fédérés, la possibilité, à tout instant, de la révocation ou de l'amendement d'un mandat fédéral. Le principe de base étant la recherche de consensus ou de l'unanimité. Trouver un consensus satisfaisant est un processus qui demande en général beaucoup de temps de discussion, mais dés que le mandat impératif est finalement défini et qu'il convient aux intéressés, celui-ci est ainsi plus aisément applicable.

En pratique, l'organisme confédéré est mandaté par les organismes fédérateurs, et vice versa. c'est un mode d'organisation qui permet d'agir en complémentarité, sans centre ni marge. Les décisions partent de l'individu et lui reviennent, et chaque groupe reste autonome.

Économies Autogestionnaires

- Pour plus de détails, voir l'article : Économies libertaires, Autogestion, liberté économique / autorité économique -

L'abolition de la propriété privée[37] et la possession des moyens de production[38], uniquement par ceux (individu ou collectif) qui les travaillent sont des points essentiels de la liberté économique que préconisent les anarchistes. Proudhon considére la nécessité de la "suppression de tous les revenus du capital", et préconise qu'au sein de la commune "l'atelier remplace[ra] le gouvernement"[39][40]. En cela, seul le travail (en opposition au capital) se doit d'être la base pour la production et pour la répartition selon les besoins. Les anarchistes s'opposent par cela aux économies autoritaires (et notamment au capitalisme qui est l'économie actuelle), dans lequel un propriétaire (maitre / seigneur / patron) exploite des travailleurs (esclave / serf / salarié) pour se faire une plus-value de capital au détriment de ceux qui ont produits[41][42] ou qui ont des besoins à satisfaire.

Les anarchistes défendent donc l'autogestion, comme l'affirmation de l'aptitude des humains à s'associer (sans relation d'exploitation) pour gerer ensemble les moyens permettant de répondre à leurs besoins. La condition de base est que les membres d'un projet renoncent à penser, vouloir et décider pour les autres, mais qu'ils se centrent au contraire sur ce qu'ils veulent pour eux-mêmes, qu'ils assument pleinement dès le départ le caractère personnel et situé de leurs demandes. Les rapports sociaux d'autorité disparaissent dès le départ, aux niveaux économique, politique et sociales. Un projet autogéré se doit de se doter de structures permettant à chaque participant de faire connaître et valoir ses besoins et désirs.

Les libertaires, selon les tendances, considèrent que la société anarchiste peut se construire selon une économie mutuelliste, collectiviste ou communiste[43], et plus récemment le mouvement écologiste préconise une économie d'auto-subsistance ou de décroissance.

L'économie anarchiste mutualiste[44] est développé initialement par proudhon (et ses successeurs, dont James Guillaume), elle défend l'autogestion fédéraliste et propose l'échange équitable entre deux parties[45]. Selon cette proposition économique, le travail, fondement de la société, devient le levier (l'atelier remplacant le gouvernement.) de la politique, le réalisateur de la liberté. Cette tendance socialiste intégrera l'association internationale des travailleurs, puis, plus tard, elle sera minoré par la proposition collectiviste (qui s'inspirera du mutualisme en y associant un collectivisme révolutionnaire). Nombreux mutualistes proudhoniens seront convaincus par les arguments collectiviste de bakounine, et s'y associeront. Cependant, des libertaires continueront à défendre le mutualisme libertaire (comme moyen transitoire au sein de la société capitaliste pour aller vers une société socialiste libertaire).

Varlin et bakounine développeront au sein de l'AIT l'idée d'une économie collectiviste. Le collectivisme libertaire, propose l'autogestion et selon des valeurs égalitaires de la société, de par l'adage « Ã€ chacun le produit de son travail ». le coût du travail étant alors mesuré à l'heure ou à la tache. (à développer)

Plus tard, fin 1876, des anarchistes des sections italiennes (Costa, Malatesta, Cafiero et Covelli), au sein du "Bulletin de la Fédération jurassienne" (N° 49), organe de l'AIT anti-autoritaire, préconiseront une économie communiste anarchiste (en opposition ou en complément[46] au collectivisme anti-autoritaire). Un grand nombre de mouvement anarchiste s'associeront alors à cette perspective autogestionnaire communiste (à l'exception des anarchistes espagnols qui jusqu'en 1932 défendront le collectivisme). Le communisme libertaire, part de l'adage « Ã€ chacun selon ses besoins, de chacun selon ses capacités », et veut, d'un point de vue économique, partir du besoin des individus afin de produire par la suite le nécessaire pour y répondre.

L'Écologisme libertaire, mouvement ancien[47] mais réactualisé depuis les années 1960's[48], rejette toute forme d'économie industrielle et d'exploitation du monde naturel (mouvement proche de certaines composantes communautaire) dans une mesure plus ou moins importante, et forment un autre pôle économique de la pensée anarchiste. Les anarchistes écologistes proposent, selon la tendance, soit le retour à la nature sous forme de société "primitive", soit la mise sous controle, par les individus associés, de la technologie, ceci par une économie autogéré d'auto-suffisance.

Révolte et Lutte Anti-Autoritaire

- Pour plus de détails, voir l'article : Révolte -

Cette révolte[49], contre l'injustice sociale[50] que produisent les régimes d'autorité, est profondément ancré chez les anarchistes. Elle les conduit à lutter, souvent par l'entr'aide ou la solidarité[51], contre ces régimes, et pour l'avènement d'une société libertaire (Voir Liberté et organisation) où la justice sociale[52] serait mise en application.

C'est pourquoi les anarchistes proposent l'abolition de ce système autoritaire, en commencant par l'organisation de différents moyens de luttes[53] permettant de l'affaiblir, et de maniére inversement proportionnel, de solidariser les révoltés[54]. Une telle lutte prend souvent la forme d'une action directe.

Résistance et Action Directe

- Pour plus de détails, voir l'article : résistance et action directe -

La résistance à l'oppression est une constante chez les anarchistes[55]. Que l'oppression soit politique, économique ou morale, les anarchistes se refusent à toute capitulation devant des autorités de la morale, de l'économie ou de la politique. Et ils tendent à montrer la nocivité de l'autorité[56] et la nécessité de supprimer, détruire, les institutions qui la porte[57], ceci en les désertant ou en les combattant ; les organisations nées de la collaboration entre individus et susceptibles de tenir l'État[58], le Capital et l'Église en échec, sont considérées avec bienveillance, pour autant évidemment qu'elles ne participent pas à une nouvelle oppression.

La résistance passive, à l'autorité, se fait naturellement (de maniére volontaire ou spontané), les individus trainent des pieds au sein des sociétés autoritaires, ils font de l'obstruction au sein de leur lieu de travail (baisse d'activité, arrêts maladies, etc...), oublient de déclarer certains points aux administrations, etc. Les anarchistes veulent que toutes ces résistances passives du quotidien deviennent une résistance consciente et active, pouvant ainsi alors mener à des Action directes affaiblissant l'autorité et permettant graduellement la réalisation de la volonté réélle (liberté politique, économique et sociale) des individus et des associations là où ils se trouvent.

L'autorité sociale étant un support pour que les autorités économiques et politiques (et réciproquement) puissent s'organiser, la philosophie et la pratique libertaire se développera au sein de ces sociétés afin de combattre ces relais sociaux de l'autorité.

Au niveau social, les révoltes de Mai 68 et les mouvements contre-culturels (mouvement beatnik ou Hippie, et les Punks) initieront un renouveau des questions sociales sur ce qui fonde l'autorité sociale. Les Situationnistes, notamment, exposeront leur point de vue radical. Par ailleurs, diverses recherches anthropologiques (pierre Clastres, etc) et sociologiques (épistémologie, Paul Feyerabend, linguistique, Noam chomsky) montreront les mécanismes de transmission coercitives du savoir qui tiennent la société dans des relations autoritaires, et la nécessité de dénoncer et de créer la resistance devant ces méthodes de perpetuation de l'autorité[59]. Les sciences sociales pouvant alors être un moyen de résistance, en tant que conscientisation des rapports sociaux.

Depuis la moitié du XIXe siècle, le patriarcat est vu comme une des manifestations de la hiérarchie dans nos sociétés, l'anarchiste dejacque considérera d'ailleurs "cette question de l'émancipation de la femme" comme "la question d'émancipation de l'être humain des deux sexes". Emma Goldman et Voltairine de Cleyre et d'autres auteurs développeront cette question du féminisme au sein de l'anarchisme, celui ci prendra une grande ampleur à partir des années 60's. En essence, cette théorie voit la lutte anarchiste contre l'autorité patriarcal comme une composante essentielle de la lutte féministe et vice-versa.

Au niveau économique, le sabotage sera une forme de résistance des plus connues (et qui sera popularisé par Émile Pouget), consistant à qui voulait un congé, ou qui voulait travailler moins (ex: lutter contre le patron pour moins d'heures de travail), jetait un sabot dans les machines d'une usine ou d'une ferme, et ainsi ne travaillait plus jusqu'à ce que la machine soit réparé. Plus tard, le terme "sabotage" prendra d'autres sens, l'assimilant à de l'illégalisme. Dans une volonté assez similaire au sabotage, la grève générale[60] est, pour les travailleurs, un outil de blocage et de résistance à la pression productiviste et un moyen de lutte permettant aux ouvriers de prendre confiance en eux face au pouvoir patronal (& co).

La désobéissance civile sera énoncé et pratiqué par thoreau dans un refus de payer des taxes à l'État, prévus pour payer la guerre contre le méxique, et pour protester contre l'esclavage en vigueur dans les États-unis ; ce terme sera utilisé et affirmé plus tard par divers mouvements pour résister à des actions légales de l'État, mais jugées illégitimes par les acteurs de la résistance (anti-OGM, anti-nucléaire, ...). Le Boycott est assez similaire à la désobeissance civile, mais est plutôt utilisé pour sanctionner directement un acteur économique dans sa production et sa distribution. Par exemple, des écologistes utilisent le boycott contre des multinationales qui polluent (en n'achetant pas les produits de ces multinationales - OGM, pesticides -). Un peu dans la même idée que les deux précédentes pratiques, l'Abstention électorale est une résistance active qui tend à délégitimer le pouvoir du suffrage universel, lequel prétend représenter les personnes vivant dans la surface dont le parlement a arbitrairement le pouvoir.

La Désertion ou l'Insoumission sont les moyens, durant une période de guerre, permettant de ne pas participer à des massacres orchestrés par la grande muette... La mutinerie (ici dans le cadre militaire - et non carcéral, même si cela est également un des moyens de résistance -) étant le moyen de libération pour ceux en faisant parti, ou considérant les ordres injustes.

Toutes ces résistances économiques et sociales actives permettent de freiner les avancées de l'autorité au sein de la société, et permettent de rendre visible ces volontés de résistance, et les idées sociales qui les soutendent. L'autorité évidemment se défend par tous les moyens (politique, économique, social, médiatique, ...) dont elle dispose. La répression (médiatique, économique, policiére, militaire, etc), est souvent la seule réponse des autorités (selon le type de gouvernement), à ces mouvements. Néanmoins, l'entr'aide entre tous les révoltés[61] est un facteur essentiel pour parer la répression des autorités, pour hater l'avénement d'une révolution sociale.

Révolution Sociale

- Pour plus de détails, voir l'article : révolution sociale -

Des anarchistes considèrent qu'il faut, au delà de toutes ces résistances actives (à fédérer), préparer moralement, politiquement et économiquement la révolution sociale[62] à venir, ceci afin de s'acheminer vers l'anarchie, et que les individus/sociétés soient prêts à prendre leur liberté en s'organisant sans maîtres et selon leurs besoins et désirs.

Au delà des volontées politiques (fédéralisme, autogestion, ...), économiques (mutualisme, collectivisme, communisme, ...) et sociales (souveraineté individuelle, autonomie...) que désirent les anarchistes au quotidien, ils proposent donc de nombreux moyens révolutionnaire tendant à mener à l'anarchie. La révolution sociale créé les conditions de changements économiques et politiques répondant aux besoins des évolutions de la société. La société, dans toute sa complexité, est alors actrice et ordonnatrice de l'évolution sociale qu'elle veut se donner.

Durant la seconde moitié du XIX éme siécle, le communalisme et l'insurrection seront couramment énoncés par les libertaires comme des moyens révolutionnaire, dont l'insurrection serait la rupture nécessaire avec l'ordre existant et la commune serait l'organisation de base à la réalisation de l'anarchie. Bakounine sera un fervent adepte de l'insurrection communaliste. La commune de paris montrera les possibilitées de telles positions. Plus tard, dans les années 1870's, malatesta, avec d'autres compagnons, experimenteront en italie, dans le benevent, la libération de diverses communes, en brûlant les registres et en proclamant le communisme libertaire. Plus tard, Malatesta proposera le graduellisme révolutionnaire comme méthode d'acheminement vers l'anarchie. Durant la révolution russe, en ukraine, Makhno et ses partisans insurrectionnels permettront de libérer diverses communes (Dans les années 1920's, il énoncera avec d'autres partisans, le plateformisme). Aprés les années 1970's, Wolfi Landstreicher et Alfredo M. Bonanno réaffirmeront l'insurectionnalisme anarchiste.

L'anarcho-syndicalisme proposera diverses variantes quant à la méthode ou à la place que prendra le syndicat ou l'organisation ouvriére dans la lutte révolutionnaire au sein du systéme économique. le syndicalisme révolutionnaire (mouvement largement influencé par les écrits de Émile Pouget, Fernand Pelloutier, etc.)[63] proposera l'apolitisme[64] et l'action directe avec comme idée que le syndicalisme se suffit à lui-même comme moyen de lutte et comme outil post-révolutionnaire (remplacant l'État). La CGT, de france, aura la charte d'amiens (1906) comme idée porteuse d'un syndicalisme révolutionnaire. Par ailleurs, notamment dans la FORA (et en parti au sein de la CNT peu avant la révolution espagnole), le finalisme révolutionnaire (ex : définir la perspective libertaire et communiste de l'organisation) comme méthode et moyen de lutte pour l'accès vers une société anarchiste. Il sera question, dans ce mouvement, de gréve générale expropriatrice, mais également d'insurrections. La révolution espagnole, avec la CNT / FAI, ainsi que la FORA en argentine, réaliseront de nombreuses applications de ces positions.

Lorsque le systéme d'avant la révolution a gardé des partisans et qu'il tend à vouloir reprendre son ancien pouvoir, tout en refusant l'existence de cette révolution et le droit aux individus de s'organiser en autonomie afin de déterminer par eux mêmes leur propre liberté, le recours aux armes par les révolutionnaires est alors nécessaire pour se défendre contre les partisans d'un système oppressif ancien ou nouveau et pour défendre la révolution sociale.


Relations entre courants

Néanmoins, il existe diverses tendances au sein du mouvement anarchiste, parfois anciennes ou récentes, parfois connues ou inconnues... Les tendances de l'anarchisme historique sont également les plus actives politiquement et idéologiquement, et les mieux organisées. Elles peuvent en outre revendiquer un héritage historique très riche, qui a été composé au fil des décennies par un militantisme et un activisme très vivace. Elles constituent encore de nos jours le noyau dur de l'anarchisme actif. Néanmoins, les courants principaux et les plus connus sont les anarcho-syndicalistes, les communistes libertaires, les individualistes libertaires et plus récemment les écologistes libertaires... Ces différentes tendances se rejoignent dans la volonté de mettre en place une société libertaire, où la liberté politique, économique et sociale serait réalisé.

C'est dans l'espace délimité par ces conceptions, forcément peu représentatives de l'ensemble, que se situe la pensée anarchiste.

Aujourd'hui, il existe donc de nombreuses théories anarchistes distinctes. Différents groupes peuvent donc se définir comme anarchistes et néanmoins avoir des positions (au niveau tactique, stratégique, organisationnel, comme au niveau de leur sensibilité politique, économique et social) différentes, voire parfois opposées.

Après la seconde guerre mondiale, apparaissent d'autres approches dans différents domaines : politiques, philosophiques, sociologiques ou littéraires. Ils se démarquent parfois assez radicalement des positions libertaires classiques vues plus haut (voir notamment les Post-modernes).

Cette diversification de la philosophie anarchiste montre que l'anarchisme tend à se diversifier en fonction de l'attachement des penseurs à des sensibilités politiques ou philosophiques différentes. Certes, toutes ces tendances ont en commun de rejeter l'autorité et ses pouvoirs, mais les « programmes » des différents courants sont parfois incompatibles entre eux (mais l'anarchisme n'étant pas monolithique mais fédéraliste, cela n'altère en rien le mouvement).

Au sein du mouvement anarchiste, d'autres mouvements non classiques sont plus ou moins bien accueillis (selon les tendances), certains sont considérés comme un enrichissement de l'anarchisme, d'autres non. Les diverses tendances se rejettent parfois mutuellement (du fait d'analyses et de points de vues différents sur la réalité).

Histoire